La rouquine continuait d'avancer lentement dans cette brume où perlait encore quelques gouttes. La pluie précédente avait entièrement mouillé ses vêtements mais elle ne le sentait à peine. Sa conscience divaguait entre deux horizons, entre cet espace réel autour d'elle et une bulle de souvenirs qui prenait désormais de plus en plus de place.Métajeu a écrit : Dans un premier temps, je voulais rassurer notre cher Elwin, non je ne snob pas tes posts mais juste que "j'estimais" qu'il était trop tôt pour agir encore.
La chape qui s'était abattue sur son esprit ne cessait de changer, raffermissant son emprise à instants avant de laisser ses sens retrouver leur liberté.
Alors qu'elle marchait, il lui sembla que quelque chose lui agrippa le bras sans qu'elle ne réagisse réellement, peut-être un simple dégagement doux de l'épaule pour esquiver cette emprise. De même, un léger timbre sembla bourdonner non loin de ses oreilles, formant un son quelque peu déformé et difficile à comprendre.
"Maelys. Ca va ? Qu’est ce qui se passe ? Réveille-toi."
Une fois de plus, la voix ne fit que la bercer un peu plus dans les souvenirs qui grandissaient dans son esprit, là en cet instant, ses pensées se redirigeaient vers un homme particulier, au timbre de voix si reconnaissable et qui semblait tellement proche de ce qu'il lui semblait entendre en cette heure.
Par réflexe, elle retourna la tête pour apercevoir une fois de plus son père, se perdant quelques peu dans la brume. Mais juste à côté de lui, une forme émergea au même instant. Une forme qui lui semblait tellement familière, avec une coiffure reconnaissable entre mille, un corps unique et irrémédiablement gravé dans sa mémoire. Elle se figea, interrompant net sa progression, se retournant entièrement pour contempler cette femme, à quelques mètres d'elle.
Sa raison vola en éclat à l'instant où ses yeux se posèrent sur les deux formes qui convergeaient vers la rouquine, cela ne pouvait être qu'eux, perdus dans ces brumes mais cela restait quand même ses "parents", son père avait raison, elle était là également et sûrement que bien d'autres étaient là aussi. La première fois Garn avait essayé de la dissuader, mais là, elle savait que c'était réellement eux.
Les yeux de l'artisane s'embrumèrent, une sorte de boule se forma dans sa gorge, oppressant quelque peu sa respiration et l'empêchant de parler.
Une voix lointaine parvint jusqu'à ses oreilles :
"Ma chérie ! Mais que fais-tu ici ? Que t'est-il arrivé ? Tu as quitté notre village ? Pourquoi ? Le monde est dangereux ! Il ne fallait pas ! Oh laisse-moi te prendre dans mes bras ! ..."
Cette voix qu'elle n'avait pas entendue depuis si longtemps résonna entièrement dans son coeur et dans son âme. Les quelques gouttes qui tombaient encore à travers la brume se déposèrent sur son visage, formant comme les vestiges, ou les prémisses de quelques larmes.
Elle posa un pied devant puis le deuxième le rejoignit. Lentement mais sûrement, elle se rapprochait des deux formes brumeuses.
De ses lèvres s'écoulait un murmure saccadé par les pleurs destiné aux deux formes :
"Maman ? Maman, je viens pour toi, je suis là, tu m'as tellement manqué ! Je ... je ... "