TDF chap.10 - Un fief tranquille

[DukeTogo]

Le soleil trouva en se levant un château en pleine effervescence. Le lord était sur le retour et serait là le soir même. Il n'y avait pas seulement à préparer un copieux banquet pour le diner... Un cavalier précedait le lord, son fils et ses troupes en annonçant qu'il avait décidé de célébrer les victoires de Rubriant avec la populace de Waterford le lendemain dans l'après-midi.

Sur ordre de Béric, un cheval sellé attendait Aleth qui rejoignit Waterford avec deux cavaliers. Elle retrouva mestre Corvin au chevet de Jolan, venu de bonne heure sur un chariot. L'état du pupille, qui avait passé une nuit difficile, permettait de le ramener au château.
Les secousses du chariot lui extirpèrent quelques râles. Selon le mestre, il dormirait encore un peu et retrouverait ses esprits dans la journée. Corvin discuta avec Aleth en lui demandant ce qui fut décidé pour la petite école. Le projet l'enthousiasmait au plus haut point ainsi que la perspective de pouvoir partager ponctuellement ce nouveau sacerdoce avec elle.

Dame Guenièvre trouva Darren et jugea bon de ne pas le laisser dans ses pensées, supposant sans doute qu'elles étaient sombres. Elle lui demanda de vérifier que les consignes étaient bien transmises, craignant que Tristifer minore le souhait du lord, en commandant par exemple l'assemblage d'une estrade ridicule. Rhéomar voudra sa famille à ses cotés, ainsi que les deux champions et certainement Kieran Orell aussi. Toute sa famille incluait Darren, bien évidemment. Comme il n'y avait rien de bien compliqué à faire le tour des artisans et discuter avec le prévôt des préparatifs, Darren pourrait aller à Waterford quand il le souhaitait et n'y passer qu'un temps bref ou au contraire y passer la journée.

Myrosh resta un moment au bord son lit avant de se lever. Il avait peu dormi ou bien d'un sommeil sans rêve. Il passa machinalement un long bandage autour de sa main pour couvrir la plaie de sa paume ouverte pour verser le sang de Rh'llor sur son épée. Celle-ci avait déjà connu plusieurs flammes divines et avait pris une coloration noire et l'acier était piquée par endroit. Il jugea intérieurement qu'il faudrait en changer prochainement avant qu'elle ne prenne l'aspect de l'épée du Titan de Bravos au moindre choc.

C'est à vous, le jeu est ouvert, ne l'oubliez pas. J'écris un postulat de départ mais vos personnages peuvent bien faire ce qu'il veulent !

[Iris]

Béric avait pris les devants pour l'organisation des soins et le cheval était prêt avant même qu'Aleth fût totalement prête. Elle était habillée à la hâte de sa robe vert tendre couverte de lierre et fila sans petit-déjeuner. Sans un mot, elle suivit le mouvement jusqu'à la demeure des Bartheld où Corvin était déjà présent. Soulagée d'apprendre de bonnes nouvelles -- ou au moins pas de mauvaise nouvelle --, elle accompagna le convoi médical, non sans jeter un oeil du côté de l'auberge.

Jack... elle ne pouvait pas encore filer le retrouver... il y avait à faire avant...

En attendant, elle put se réjouir de l'enthousiasme de Mestre Corvin : il aurait désormais chaque jour une récréation, loin du château. Rien que pour cette joie et cette libération de son ami, la réunion d'hier soir -- aussi pénible fût-elle -- avait valu la peine. Aleth lui fit part de ses espoirs pour la suite : la venue d'un septon (ou d'une septa, Aleth aurait été contente dans tous les cas) de bon tempérament pour compléter l'enseignement. Elle songeait aussi à Gyles... qui ... n'avait pas manifesté son intérêt... ni réagi... mais cela datait d'hier soir... Il faudrait lui reposer la question.

Une fois au château, Aleth commença à échafauder son plan de journée. Jolan était installé dans sa chambre, et Mestre Corvin était encore là pour veiller à ce que tout aille bien :

" Père revient ce soir, enfin !" se réjouit-elle (mais pas trop fort, Jolan était là en piteux état)

" Ah Corvin, il y a tant à faire aujourd'hui! " Cette annonce -- que n'aurait pas reniée Tristifer -- ne pouvait être que suivie chez Aleth d'une liste enjouée. " Ranger et décorer la chambre de Jolan, qu'il ait des bouquets de fleurs sauvages et ses roses pour son réveil !" Aleth n'imaginait guère son ami d'enfance aimer les fleurs trop sages des jardins... ses roses mises à part... les gens sont pleins de paradoxe. " Jack Bulwer, le recruteur de la garde de nuit qui nous avait tant aidé à la Trémière est venu nous rendre visite. Je vais lui faire préparer une chambre." Son ton indiquait clairement que le laisser à l'auberge ne convenait pas à celui qu'elle traitait presque comme un invité de marque. Elle songea aussi qu'elle lui préparerait un gros bouquet aussi... mais différent de Jolan... Jack n'avait pas une mine de fleur sauvage... ni de roses... qu'est-ce qui pourrait bien lui aller ?

Réfléchissant un instant, elle reprit son énumération en comptant sur ses doigts, dont deux étaient déjà pris par les tâches susmentionnées : "Chercher Jack à l'auberge, voir Gyles au sujet de l'école et des cours de musique de Lysanor,..." avec une mine plus sombre "...reposer quelques questions logistiques à Floki. J'ai besoin de savoir comment il a reçu son ordre de mission et quand. C'est important pour savoir si le véritable commanditaire est à Villevieille ou à Hautjardin..."

Une seconde, elle calculait : Trémière- Villevieille- Port Réal ?... est-ce que le chef des Manteaux d'or avait pu faire ce crochet ?... non, il n'aurait pas désigné Aleth comme cible pour se venger : elle n'était même pas là lors du combat, comment pourrait-il connaître son nom et la viser, elle, plutôt que ses adversaires ? ... Même si cela paraissait plus que compromis, elle s'accrochait désespérément à l'espoir ténu d'un commanditaire à Hautjardin, quelqu'un qu'elle pourrait démasquer en un temps record --encore une donnée improbable -- et qui permettrait de monnayer la liberté de Darren.

... dommage que la garde de nuit ne recrute pas de femme, sinon elle aurait pu se proposer à la place de Darren et tout aurait été résolu... Dans son esprit la garde de nuit était associée à : voyage lointain, mystère, vêtements en noir et Jack. Cette combinaison n'était pas vraiment un repoussoir pour la jeune lady optimiste.

"Jack pourra peut-être nous aider au sujet du prisonnier, il en sait un peu sur le fameux Balafré. " précisa-t-elle afin de démontrer le sérieux et l'importance de la présence d'un garde de nuit.

Guillerette, Aleth était sur le point de filer pour mettre ses projets à exécution : faire préparer une chambre pour Jack, filer à la boulangerie des Bartheld (acheter son petit-déjeuner), voir si Gyles était déjà réveillé pour lui parler, et direction l'auberge, puis opération "bouquet de fleurs". Tout cela lui paraissait fort bien et si rien ne la retenait, elle galoperait et trottinerait ici et là pour accomplir ses missions avec zèle et efficacité.

[DukeTogo]

Jet d'empathie mythique pour Aleth. Voir http://donjon.huckloic.fr

Aleth remarqua que l'évocation de Jack Bulwer troublait considérablement Corvin. Etait-il jaloux? Avait-il remarqué chez la lady un intérêt particulier pour le Garde de Nuit? Quoi qu'il en soit, il était en proie à une agitation intérieure indéniable à en croire les mouvements nerveux de ses yeux et ses mains crispées.

Quand à Gyles, il n'était qu'un malandrin aux yeux du mestre et sa place n'était pas au château. Que pouvait-il vraiment apporter à Lysanor qu'elle n'ait déjà?

Pour Jolan, on va simplement laisser Crépuscule intervenir selon sa dispo histoire de pas rester bloqué(e) sur une question qui resterait sans réponse. En plus, si ca se trouve, ce farceur serait capable de juste répondre par des "Aaahhh.... c'est.... Attention à..."
Ainsi, tu peux soit (éventuellement) continuer avec Corvin, continuer avec Jolan, aller en ville croiser (par accident) un Men-in-Black, etc.

Pour les autres, si vous manquez de temps pour vous immerger, un post décrivant des intentions serait déjà pas mal

[Casaïr]

Darren se réveilla de meilleure humeur ce matin. Posant ses pieds sur le sol froid de sa chambre, il se demanda de quoi serait faite la journée et sa curiosité fut rapidement satisfaite : Lord Rheomar devait arriver ce soir. C'était là enfin une bonne nouvelle, surtout au vu des événements récents. Il fit une toilette rapide, s'habilla tout aussi vite, et se rendit dans la grande salle afin d'y prendre son petit-déjeuner. Ce faisant, il tomba sur Dame Guenièvre qui souhaitait le voir vérifier si tout le monde au village savait ce qu'il avait à faire. Hochant la tête gaiement, il salua sa tante avant de s'installer pour manger. Du coin de l'œil, Il aperçut Lysette avant de se remémorer de la matinée de la veille. Grimaçant en songeant au souvenir qu'il avait laissé à la servante, il songea un instant à s'excuser, n'ayant pas vraiment été lui-même à ce moment-là, mais il n'était pas certain que cela en vaille vraiment la peine. Et puis, ce n'était qu'une servante après tout.

Soupirant sur ses états d'âme, il termina son verre avant de se lever et de filer sans demander son reste, se dirigeant d'un bon pas jusqu'aux écuries. Une fois sa monture récupérée, Darren se mit en selle, direction Waterford et la maison des Seldon, afin de vérifier avec eux si les consignes n'étaient pas restées lettres mortes comme semblait le craindre Dame Guenièvre.

[Iris]

Se ravisant son enthousiasme, Aleth adopta une attitude plus mesurée -- modérée aurait pu dire Mère -- mais trop tard, et resta quelques secondes sans parler ni savoir que dire. Elle tenta de répondre au sujet de Gyles, brisant le silence qui s'était installé :

" Vous savez comme Lysanor paraît s'ennuyer de tout. Même si Gyles n'est pas la personne la plus recommandable, il lui rend le sourire. Si elle retrouvait la joie de vivre grâce à lui, ..."

S'apercevant que ses propos n'étaient finalement pas loin de s'appliquer à elle-même, elle reprit : "Lysanor n'est pas portée aux études et elle est une cadette." Enfin, si je ne meurs pas... "Tout semble indiquer qu'elle deviendra belle, mais pour son bien, il vaudrait mieux qu'elle ait des talents à exercer. Musique, chant et danse sont des arts qui pourront lui être utiles. Nous verrons bientôt si c'était une bonne idée."

Préférant ne pas insister, elle s'apprêtait à quitter le chevet de Jolan, sa bonne humeur temporairement rafraîchie. Elle comptait faire préparer la chambre de Jack et partir à la recherche de paniers adaptés à la cueillettes de fleurs et tiges diverses pour les bouquets qu'elle prévoyait, et bien sûr de quoi couper. Elle songeait à faire ses courses à Waterford et cheminer sur les sentiers pour le retour afin de trouver assez de fleurs sauvages pour Jolan.

Corvin... je n'aurais pas dû parler comme je l'ai fait... ce que j'ai dit était-il vraiment grave ?... je croyais... je croyais que je pouvais lui parler librement... enfin... beaucoup... Mais Jolan... je ne me débrouille pas mieux avec lui... Je fais tout de travers. Si je me trompe pour Corvin -- ou Jolan -- que je connais depuis longtemps, je me trompe peut-être encore plus sur Jack ? Au fond, qu'est-ce que je sais de lui ?.. Je... Je sais juste que je suis heureuse qu'il soit là.

[Thalgrim]

Myrosh avait en effet peu dormi. Il avait passé une partie de la nuit au chevet de Jolan, et une fois dans sa chambre, il avait eu bien du mal à trouver le sommeil. Il fit sa prière matinale l'esprit occupé par le sort du jeune Hastwyck, espérant trouver la flamme de la bougie une réponse à ses interrogations muettes.
Le prêtre rouge descendit dans la salle commune perdu dans ses pensées. Tandis qu'il prenait son déjeuner, il entendit certains clients parler du retour du lord et de la fête donné le lendemain en son honneur et celui des vainqueurs de Rubriant. Myrosh fut heureux d'apprendre qu'il aurait enfin l'occasion de voir et de rencontrer le maître des lieux. D'après ce que lui avait dit Aleth la veille, cela avait même des chances de se produire assez rapidement.
Une fois restauré, Myrosh se rendit chez les Bartheld pour prendre des nouvelles de Jolan, où il apprit qu'il avait été emmené au château. Une bonne chambre et la surveillance d'un mestre ne pouvait pas faire de mal au blessé. Le prêtre se dirigea ensuite chez le forgeron, désireux de changer son épée.

[Crépuscule]

Le soleil d'automne luisait au travers de la canopée de la forêt d'ifs qui recouvrait les contreforts des Marches.

Accroupis au milieu de la végétation basse, Jolan le regardait faire avec des yeux attentifs, prêt à intervenir si nécessaire. Le jeune garçon était doué et ne commettait pas de fautes. Il le savait, son père pourrait être fier de lui.

La flèche encochée, l'enfant dressa son arc sans bruit et parvient à le tendre vivement et avec force, malgré le gabarit de l'arme. Les années d'usage et d'entretien régulier de l'arc avait donné un aspect patiné au bois, mais malgré l'âge et la large éraflure qu'il présentait, sa robustesse n'avait jamais fait défaut et ne lui fit pas défaut cette fois ci non plus.

Le trait fendit l'air et acheva sa course dans la palombe qu'il visait. Deux autres s'envolèrent effrayées.

"Joli coup Dugal ! " s'exclama Jolan ravi.

Allongé dans son lit, la tête tournée sur le côté, il marmonna faiblement ces mots.


Ébouriffant les cheveux à la teinte ardente de l'enfant, il lui dit (et marmonna quelques uns de ces mots) :

"Tu as tiré avec ton esprit, pas avec ta main, tu n'as pas oublié, bravo! Allez va mon fils, récupère ta prise."


Alors qu'il regardait Dugal sauter par dessus les fourrés, il sentit un main délicate se poser sur son épaule.

Jolan tourna la tête vers cette personne qui savait se montrer aussi discret que lui. Les yeux grands ouverts, il plongea dans les siens et lui sourit.


Bénédicte lui rendit son sourire et vint se blottir contre lui. Elle resta là en silence, regardant à son tour Dugal qui ramassait le gibier et le levait vers le ciel victorieux.

Jolan lui ne la quittait pas du regard. Ils n'avaient pas besoin de mots, quand elle retourna son regard vers lui de nouveau il savait qu'il ne regrettaient pas leurs choix ni l'un ni l'autre, que cette vie était celle qu'ils avaient tous deux désirés.

"Tu resteras toujours près de moi ?" Demanda-t-elle.
"Je veillerai pour toujours que le feu brûle dans l'âtre de notre foyer comme dans nos coeurs." Souffla-t-il (a qui se trouvait là pour l'entendre)

Les yeux de Jolan semblaient scruter l'invisible entre eux. Il parlait plus distinctement à présent :
"Je vois que quelque chose te soucie. Qui a-t-il ? Tu sais que tu peux me demander ce que tu veux."

...

[DukeTogo]

Corvin avait fait un effort pour hocher la tête à Aleth en commentant d'un ton amer : "Bon, bon, oui... pourquoi pas. J'ai du travail, je vais demander à ce qu'une servante le veille, vous avez des choses importantes à faire en ville."

Peu après, une servante vint. C'était Lysette qui affichait une mine sage, elle si souvent guillerette. Sans doute la compassion pour l'état de santé de Jolan. La lady allait quitter la pièce quand Jolan, le front encore chaud, marmonnait des choses incohérentes comme il l'avait déjà fait plus tôt. Le lait de pavot ne faisait pas divaguer d'habitude. Elle le vit descendre sa main vers sa blessure sous les côtes, agripper son bandage et essayer de l'arracher. L'intervention de la lady fut trop tardive, il fallait maintenant lui en faire un autre. Tout le matériel était déjà là, près du couchage. Lysette la regardait, ne sachant que faire pour l'aider.

***

Dans son délire, Jolan revécu les scènes plusieurs fois et pas toujours fidèle à la vision précédente.
La main d'adulte qui félicita Dugal n'était pas celle de Rhéomar, mais d'un autre père. Un père, voilà ce qu'il voulait à défaut d'un frère. Tous lui échappaient, Rhéomar, Raynald, Reswald, Dugal.
Quand à la main de Bénédicte sur son épaule, elle se posa le plus souvent sur l'épaule de Dugal. "Tu resteras toujours près de moi?" demanda-t'il. La réponse était non, elle lui préférait Jolan qu'elle rejoignait. "Avec toi, je n'ai pas peur. Je sais que tu ne me feras pas de mal."

[Crépuscule]

Aleth se précipita vers Jolan sitôt qu'il parut vouloir se réveiller, se penchant pour entendre ce qu'il marmonnait.

Dugal ?...

...tiré...ta main...tu...ta prise...

Elle le contemplait les yeux ronds. Mais de quoi parle-t-il ?

Les yeux grands ouverts, il la regardait en souriant. Elle sourit, un peu perdue, et ne sachant que penser.

"Je veillerai pour toujours que le feu brûle dans l'âtre de notre foyer comme dans nos cœurs."

Là-dessus eut un mouvement de recul sous la surprise. Lui faisait-il une déclaration d'amour ? Trop stupéfaite, elle ne répondit rien, se contentant de le regarder sans comprendre.

"Je vois que quelque chose te soucie. Qui a-t-il ? Tu sais que tu peux me demander ce que tu veux."

" Jolan ? Tu...vas mieux ?" " Il souriait et ne paraissait plus avoir mal. " Nous avons craint de te perdre cette nuit." Partagée entre la curiosité et la peur d'éveiller de terribles souvenirs, Aleth n'osait pas poser les questions qui lui brûlaient les lèvres.

.

"Tu es si belle quand tu t'inquiètes.
Tu avais peur que je ne rentre pas ?

Tu sais, c'est pas cette belle oie dodue ou quelques palmipèdes qui me feraient oublier la plus belle femme des Septs Couronnes."
Pointant son regard sur le côté.

"Sans oublier ce petit garnement"

[DukeTogo]

En marchant pour aller trouver l'aubergiste, Myrosh eut presque un moment d'étourdissement qui l'obligea à s'adosser contre une maison. En plein jour, il sentit une ombre noire, mauvaise et maligne, tenter de pénétrer sa chair. Un enfant passant en courant à coté de lui le sortit de sa torpeur. Rh'llor ne lui avait rien montré devant les flammes et voilà qu'une vision lui tombait littéralement dessus. Il s'octroyer de boire à sa gourde pour se calmer et calmer son coeur qui battait la chamade. Le forge de Mickael Growne était proche alors autant ne pas changer de chemin.
Les volets étaient fermés et la porte l'était presque également. Il y'eut pourtant le bruit d'un marteau contre une enclume qui confirmait qu'il était bien présent. Myrosh pénétra à l'intérieur ainsi que la lumière du jour. La voix du forgeron héla : "Par ici !" Growne augmenta l'éclairage d'une lampe à huile en ouvrant des parois métalliques la couvrant. La chaleur de la forge fut agréable au prêtre rouge qui se demandait comment Growne pouvait travailler dans une pareille pénombre. Il remarqua qu'il travaillait sur une lame longue.

***

Darren pris la route traversant la portion de forêt qui séparait le château de Waterford. La commune était calme. Il trouva Rose et Luc Seldon chez eux. Elle tint absolument à présenter ses enfants à ce charmant-et-authentique-chevalier-que-voilà. Le prévot confirma à Darren que les consignes seraient respectés. A bien y vérifier, Tristifer avait effectivement exigé une dépense ridicule pour l'estrade. Seldon avait pris sur lui de négocier avec les deux ébénistes de la ville. Ils n'avait pas accepté une somme dérisoire mais il leur avait assuré une très sérieuse réduction pour la dime. Darren jugea que le prévôt était compétent et que la maison Castellane avait de la chance. Ils firent quelques pas pour rejoindre la grande place. Seldon expliqua ce qui était prévu. Comme il n'y aurait pas marché avant plusieurs jours, les étals étaient débarrassés -pour ceux qui n'était pas simplement cassé-. Rose les accompagnait et saisit la première occasion pour interpeller Darren.

"Mais alors, vous, ser Darren, êtes vous un chevalier oint? Est-il vrai ce que l'ont dit? Que l'on entre nu dans le septuaire pour être oint des sept huiles pour être béni et ressortir protéger des dieux?

Darren voyait très bien de quoi elle voulait et savait que non, il n'avait pas été oint. Non pas qu'il n'était pas croyant, mais que ser Bonleu n'était pas porté sur la chose et que du fait, quand il fut son écuyer, ils ne priaient pas beaucoup. Au moment où il allait lui répondre, il remarqua que quelqu'un le regardait : c'était Cecily qui se tenait à l'écart. Un signe pour l'inviter à approcher ne donnait rien car elle semblait ne pas vouloir côtoyer les Seldon.