TDF chap.10 - Un fief tranquille

[Iris]

Aleth était peinée de l'attitude de Corvin, se demandant avec inquiétude si elle n'avait pas gravement mis en péril leur amitié. Elle parlait trop sans doute, elle ne devrait pas s'épancher ainsi, c'était égoïste et infantile.

Aux prises avec son sermon intérieur, Aleth se précipita vers Jolan sitôt qu'il parut vouloir se réveiller, se penchant pour entendre ce qu'il marmonnait.

Dugal ?...

...tiré...ta main...tu...ta prise...

Elle le contemplait, perdue, mais soulagée qu'il ne maudisse plus les Sept. Mais de quoi parle-t-il ?

Un instant il avait paru se réveiller. " Jolan ? Tu...vas mieux ? ... Mais ... Une oie ?... Je ... ne comprends rien... "

La plus belle femme des Sept Couronne ?... un moment il avait cru qu'il lui déclarait son amour, et ... mais... il parlait d'un enfant ?... il délirait comme auparavant et il était pris d'une vive douleur qui lui fit déchirer ses bandages. Aleth eut un regard en direction de la porte, songeant encore à Corvin avant de se tourner vers Lysette :

" Aidez-moi, nous allons refaire ses bandages. Je vous montre pour que vous puissiez le refaire si nécessaire."

Il fallut redresser doucement Jolan pour défaire totalement les bandages qui faisaient le tour de son torse. Son ami d'enfance était pratiquement nu, entre ses bras, tantôt presque inerte, tantôt crispé et douloureux. C'était une sensation étrange que de veiller sur lui, absent à lui-même, dépendant et fragile. Mais elle eut un choc en voyant l'état de la plaie. Comment pouvait-elle avoir cet aspect ? ... Était -il malade en plus d'être blessé ? Etait-ce un poison ? Mais de quel ordre ? ... La question du poison la faisait immédiatement penser à Floki. En saurait-il sur la question ?

Surmontant sa répulsion, elle essayait de réfléchir. C'était peut-être le paludier ? Quand il avait parlé de l'homme, Darren avait signalé qu'il connaissait les plantes.

Chassant le trouble dans son esprit, elle montra les composantes du bandage : ouates et bandages propres, l'onguent, comment l'étaler sans trop en mettre, et toujours les mains propres, renouer des bandages faisant plusieurs fois le tour de la taille, en les disposant de manière à ce qu'ils maintiennent bien, ni trop ferme, ni trop lâche, la compresse sur la plaie... Mais si l'état de la plaie restait aussi mauvais qu"hier soir, cela signifiait peut-être que le traitement n'était pas parfaitement approprié ?

Apparemment Lysette avait compris dans les grandes lignes, mais Aleth lui fit tout de même promettre de chercher de l'aide si quelque chose n'allait pas.

Ces précautions prises, Aleth laissa la jeune servante improvisée garde-malade pour se consacrer aux "importantes" choses qui l'appelaient à Waterford. C'était cruel de se moquer ainsi. Corvin devait pourtant savoir qu'Aleth n'avait guère que la broderie et les promenades pour s'occuper. Pour une fois elle était heureuse d'avoir de la visite, ce n'était pas gentil de tourner sa joie en dérision.

... de fait de choses importantes, elle songeait à trouver Myrosh ... avec un peu de chance elle pourrait le trouver en même temps que Jack...

[Maëlys]

Fidèle à ses horaires habituels, Béric s'était levé au petit matin, même si la nuit avait été plus courte que d'habitude.
La nouvelle du retour de Lord Rhéomar réjouissait le Dornien, tout comme pas mal de ses hommes il n'en doutait pas, cela permettra enfin à Tristifer de récupérer sa place ...

Le maître d'arme était néanmoins préoccupé par l'état de Jolan, il s'en était fallu de peu pour qu'il y reste. Après l'avoir laissé la nuit chez les Bartheld, il avait fait préparer le nécessaire pour le rapatrier au château, au moins Lady Aleth sera plus proche pour s'en occuper et il aura tout le confort et les soins appropriés.
C'est donc de bonne heure qu'il descendit en ville pour coordonner les hommes de la patrouille, avec l'incident de la veille il était important qu'il soit lui-même présent sur le terrain et qu'il aide dans la mesure du possible les hommes.

Après une partie de ronde effectuée, il se souvint d'un détail qu'il devait déjà peaufiner depuis quelques temps ... Il laissa donc les hommes continuer leur ronde tandis qu'il s'éloignait en direction de la forge, il avait une commande à passer. Autant en profiter tant que le Growne était encore là.

[Thalgrim]

Dans la forge, Myrosh s'approcha du forgeron. Après la vision dont il avait bénéficié dans la rue, il lui était d'autant plus réconfortant de sentir la chaleur envahir son corps, un rappel tangible que la présence de R'hllor ne se limitait pas à ses lieux de culte. Le prêtre regarda un moment le mouvement du marteau martelant la lame avant de prendre la parole.
"Messer Growne, j'aurai besoin de vos services. Il me faudrait une nouvelle épée, celle que je porte montre des signes de faiblesses depuis qu'elle a accueilli la bénédiction du Seigneur de la Lumière. Auriez-vous le temps de m'en fabriquer une? J'ai cru comprendre que votre art était renommé jusqu'à Vieilleville, et je gage qu'il doit être de qualité."

[DukeTogo]

Aleth se rendit en ville accompagnée de deux cavaliers pour la défendre si besoin est. La lady entendit Kieran leur rappeler les consignes. Si des brigands se montrent, l'un les arrête et l'autre galope avec Aleth que ce soit à Waterford ou au château selon la proximité. Le vieux bougon remarqua qu'elle l'avait entendu et s'approcha en claudiquant pour lui parler en privé.

"Hem... D'mon avis, t'es plus une gamine. Une fois à Waterford, si tu veux un ou deux gardes avec toi, tu le demandes. Si t'en demandes pas, ils ont de quoi faire." Kieran haussa les épaules. "Rien à faire des consignes de Tristifer. Il croit quoi? Qu'on chie les soldats par paquet de douze? Dès demain, on va retrouver nos effectifs, c'est pas trop tôt. Après ce qui est arrivé, j'ai convenu avec Béric de faire patrouiller nos hommes le plus possible. Faudrait pas que les salopards qui ont fait ça à Jolan se sentent plus pisser et prennent la confiance. A moins que ce soit des loyalistes trop zélé qu'en avait après lui... Enfin. Ah, et "

Voilà que la lady avait encore un sujet complémentaire pour sa tête déjà pleine de tant et plus de soucis et de considérations. Le mal dont souffrait Jolan, ne pas voir Darren partir pour le Mur, des accomplissements pour Waterford et... Jack Bulwer.

Elle croisa justement sur la grande place Darren et Luc Seldon accompagné de sa femme. Ni le chevalier ni le prévôt ne savait où était le frère juré. Mais Rose savait. C'est ainsi qu'Aleth se dirigea vers le port en faisant mine de ne pas avoir entendu la suggestion lancée à la cantonade par sa nouvelle meilleure amie : que le frère juré emmène donc le prêtre rouge au Mur.

HRP : Myrosh et/ou Béric, vous avez carte blanche pour croiser Aleth quand vous sortez de l'auberge. A vous la main sur ce point car je ne veux pas présumer de votre disponibilité RP (que j'espère vigoureuse, hein, Maëlys ^^)

[Iris]

Aleth se préparait à aller à Waterford pour poursuivre l'exécution de son plan et fut étonnée d'apprendre qu'elle avait droit à deux cavaliers. Depuis quand Tristifer se préoccupait-il de la couver de la sorte ? Était-ce l'agression de Jolan ? Peu importait au fond.

Durant le trajet, Aleth médita sur la possibilité de ne pas demander de garde. Vraiment ?... Cela la tentait terriblement ! Mais ne devenait-elle pas téméraire ?... En plein jour, avec des patrouilles accrues, ce devait être possible de marcher seule... Et puis elle espérait encore trouver Jack à l'auberge et pouvoir passer un peu de temps avec lui... Donc oui ! Elle irait seule et vaillante ! -- en faisant attention tout de même.

En premier lieu, Aleth se rendit chez les Bartheld pour acheter des viennoiseries et pour laisser un message à Gyles. Elle souhaitait organiser avec lui les cours de musique de Lysanor et d'autres détails, mais ce serait plus facile d'en parler avec lui quand il aurait le temps.

Ensuite, sur la place, Aleth alla saluer les Seldon. Elle accueillit avec un sourire poli l'incitation de Rose à envoyer Myrosh sur le Mur. Apparemment Rose ignorait encore les détails de ce qui s'était passé à Rubriant. Combien de temps faudrait-il que tout Waterford soit averti ? ... Floki en tous cas était au courant. Il avait donc guetté sa chance là-bas de la tuer ?...

Enfin, alors qu'elle se dirigeait vers le port, son attention fut attirée par la rumeur populaire. Des badauds étaient rassemblés autour de la demeure du forgeron en assurant que le prêtre rouge allait enflammer toutes les armes à l'intérieur ! ... Même si elle brûlait avant tout de retrouver l’insaisissable Jack, il était plus urgent d'aller voir Myrosh.

[DukeTogo]

Malgré le peu de lumière dans la forge, Myrosh vit la surprise de Growne sur son visage.

"Hé... C'est vous qu'avez... enflammé votre épée ! Hum... Faites voir." Le forgeron étudia l'épée du prêtre rouge avec attention en se rapprochant d'une fenêtre dont il ouvrit les volets. Maintenant qu'on y voyait mieux, Myrosh fut étonné de voir le nombres d'ustensiles et d'obstacles que le forgeron avait autour de lui. Fallait-il qu'il ait du sang de chouette pour travailler dans cette pénombre?

Growne confirma que la lame pouvait casser en cas de grand choc. Non seulement noirci, l'acier était piquée. Des minuscules petits trous témoignaient d'une température intense, ce qui fit jurer le forgeron. Avec cette épée, Myrosh avait pu battre Darren au tournoi, sans compter la veille au soir. Il l'avait déjà embrasé plusieurs fois en Essos, elle avait bien assez servie.
"Et bien... vous en refaire une, euh... non, je vais pas avoir le temps vu que je pars très bientôt. Et puis, je voudrais finir celle-là, j'espère la réussir comme je voudrais. Mais sinon, je peux vous en vendre une, hein, il m'en reste. Une neuve, ça vous tiendra un moment, que je dis."

Le prix était raisonnable et Myrosh paya sans discuter car il n'était pas sans le sou. Il soupesa une arme puis une seconde pour en vérifier l'équilibre et choisir le pommeau qui lui convenait le mieux. Growne commenta :
"V'connaissez votre affaire. Z'êtes bien gentil de louer mon travail mais non, je suis pas si bon forgeron que ça. J'en connais des meilleurs mais je vais pas faire la fine bouche, hein."

Growne commençait à refermer les volets pendant que Myrosh se dirigeait vers la sortie. Un homme barrait le passage. C'était le dornien qui malgré ses blessures ne connaissait aucun repos...

[Iris]

" Bonjour Myrosh... Béric vous êtes là vous aussi ? "

Décidément !

" Je suis désolée de vous interrompre, j'avais à vous parler Myrosh."

"La blessure de Jolan n'est pas normale. Elle réagit bizarrement, elle continue de suppurer malgré tous les soins prodigués et Jolan délire encore, brûlant de fièvre. Je n'arrive pas à savoir si c'est du poison ou une maladie, ou un peu des deux. Hier, quand Darren m'a raconté votre exploration du marais, il évoquait la présence d'un homme étrange, un ermite, guérisseur à ses heures. Quand nous avons retrouvé Jolan, il avait été sommairement soigné avec une préparation que je n'ai pu identifier. Je me suis demandée si cet ermite avait trouvé Jolan et l'avait ramené à Waterford. Le cas échéant, je me disais qu'il en savait peut-être plus long que nous sur la substance qui continue de ronger Jolan."

Après cet exposé d'un bloc, assez tendu, Aleth s'arrêta un instant : "C'est peut-être une impasse, mais ni moi ni mestre Corvin n'avons encore de solution appropriée et j'ai peur que le temps ne presse."

[Thalgrim]

Myrosh hocha la tête lorsque le forgeron mentionna les événement de la veille et le remercia après avoir payé sa nouvelle arme. Tandis que Growne refermait les volets en minimisant ses talents d'artisans, le prêtre eut un sourire.
"En tous cas, si vous n'êtes pas un forgeron d'exception, vous avez d'autres talents.... Peu de gens arriverait à travailler dans une telle pénombre sans commettre de maladresse."
La porte s'ouvrit et Béric apparut sur le seuil, l'air en forme malgré ses blessures. Myrosh la salua et s'enquit de sa santé, heureux de voir un visage amicale en cette sombre journée. Il n'eut guère le temps de demander au maître d'arme ce qui l'amenait chez le forgeron, que la porte de l'échoppe de Growne s'ouvrit encore une fois, laissant entrevoir la fine silhouette de la jeune lady Castellane à contre jour. Décidément, le forgeron était devenu bien populaire depuis qu'il avait annoncé qu'il quitterai prochainement la ville!

Myrosh s'inclina devant Aleth en guise de salut, puis la suivi intrigué lorsqu'elle demanda à lui parler. Ses paroles sur l'état de santé de Jolan ne l'étonnèrent guère, lui même avait vu la blessure du jeune homme n'était pas joli et indiquait une infection ou autre chose de plus sinistre.
"Je comptais justement rendre visite au paludier, maintenant que mes affaires avec messer Growne sont réglées. Lorsque Jolan s'est séparé de nous hier, il comptait faire une reconnaissance dans les marais. Peut-être que cet homme a vu ce qui lui ai arrivé. Et il est en effet probable que ce soit lui qui ai soigné notre ami..... Je ne connais pas assez la région, mais je suppose que si un fermier isolé avait trouvé le jeune Hastwyck blessé, il se serait fait connaître après l'avoir ramené.
Mais je pensais que le mestre et vous aviez trouvé un remède à cette affliction. Vu la situation, je vais me mettre en route sans tarder. Je suppose que vos soldats ne verront pas d'objection si je passe emprunter une nouvelle fois un de vos chevaux?"

[DukeTogo]

Growne avait souri au commentaire de Myrosh et expliqué qu'au contraire, un forgeron ne travaillant pas dans la pénombre faisait du travail à peine passable car c'est à la couleur du fer rougi que l'on devait se fier pour les différentes étapes et que trop de lumière empêchait de saisir le bon moment pour refroidir l'acier.

Il fut ensuite tout à l'écoute de Béric.

Darren avait fini son tour d'inspection et remarqua qu'on l'avait remarqué. Il vit un petit groupe de jeunes femmes - des ladys? - fort charmantes. Elle entourait une femme mature qui avançait comme un chat au milieu des souris. Aucun doute, ce ne pouvait être que dame Adrienne dont il avait tant entendu parler. Ce qu'il avait imaginé était en dessous de la réalité. Au château Cendregué, il avait eu l'occasion de voir des ladys absolument exquises sans oublier Dame Taena Merryweather, une beauté troublante originaire de Myr en Essos. A l'époque, il n'avait pas osé entreprendre de la séduire , se jugeant trop jeune, et en avait nourri beaucoup de regrets par la suite quand il découvrit que les femmes pouvait aimer les jeunes gens comme les hommes aimant les jeunes femmes.
Des regrets... Sans doute en restait-il d'autres à venir. Si aucun miracle ne survenait, il rejoindrait bel et bien le Mur. Il lui serait toujours loisible d'assouvir en chemin ses pulsions en payant une fille de joie mais cela ne l'enchantait guère. Il aimait conquérir l'âme et le coeur plus que le corps. Il eut mieux valu que cette servante qui l'avait titillé au plus mauvais moment s'abstienne. Elle n'avait été qu'un corps croisé au moment où lui même se sentait sans âme.

Gyles l'avait justement rappelé la veille au soir, il lui restait un peu plus d'une lune avant de prendre la route. C'était sans doute bien suffisant pour conquérir cette beauté qui éclipsait Taëna.

[Casaïr]

Les questions de Rose Seldon sur les circonstances de son adoubement arrachèrent un long rire franc au jeune chevalier. Ne voulant pas paraitre trop discourtois, il s'empressa de lui répondre.

"En fait, la cérémonie qui me consacra fut un peu moins... rigoureuse que prévue. Plus par manque de disposition sur le moment que par manque de piété, l'assura-t-il avec un clin d'œil, juste que les circonstances du moment n'étaient pas... non, vous ne m'en ferez pas dire d'avantage, ma chère ! Vous vous y entendez pour délier les langues, j'en suis certain, mais ne croyez pas apprendre tous mes petits secrets en une seule fois !"

Il avait agité de façon théâtrale son index pendant la fin de sa tirade tout en continuant de sourire. Rose semblait fonctionner aux cancans et, pour le peu qu'il pouvait en juger, s'accrochait comme une bernique à son rocher à l'idée qu'elle semblait se faire d'une ascension sociale en faisant mine de s'intéresser à lui plus que nécessaire. Bah, sourit-il en pensée, je peux bien lui laisser ce peu de grain à moudre, à voir ce qu'elle décidera d'en faire !

Pendant le temps où il avait discuté avec la femme du prévôt, il avait remarqué Cecily qui le fixait. Depuis les marais, la nordienne avait laissé une drôle d'impression à Darren comme si elle cachait des choses. Le fait d'être une Snow perdue dans le Bief amenait inévitablement son lot de questions, et elle avait forcément une raison -et un secret- qui l'avait amené à quitter son royaume de naissance, mais partir si loin pouvait signifier tant de choses et leurs contraires qu'il valait sans doute mieux éviter de se poser trop de questions avant de la connaitre mieux. Et il avait possiblement un premier angle d'approche.

Après qu'il eut salué les Seldon, et alors qu'il les quittait en soupirant légèrement pour rejoindre la fille du Nord qui refusait obstinément de le rejoindre malgré ses appels, il aperçut, d'abord du coin de l'œil, ce qu'il prit en premier lieu pour une procession religieuse puis pour un rassemblement de lady. Au milieu, une dame d'une beauté renversante comme il n'en avait vu depuis longtemps. S'arrêtant malgré lui, il prit conscience de qui se trouvait là, devant lui : la tenancière de la Jouvencelle, Dame Adrienne en personne. À écouter les habitants en parler, il s'était demandé si la réputation de sa beauté n'était pas quelque peu exagérée mais, maintenant qu'il la voyait de près, il se dit que la réalité dépassait les descriptions qu'on lui fit d'elle. Se posait maintenant une question : allait-il l'aborder ici ou irait-il d'abord voir Cecily ? Dégainant son sourire comme il l'eut fait de son épée, le chevalier se dit qu'il pouvait toujours faire un crochet "par hasard" près du groupe de jeunes femmes avant de rejoindre la nordienne. Si tant est qu'elle soit toujours disposée à lui parler par après.

S'approchant doucement -on lui avait dit qu'elle se promenait toujours avec une espèce de molosse fait homme-, il s'arrêta à courte distance avant de s'incliner pour saluer.

"J'espère que vous ne trouverez pas trop cavalier mon irruption dans votre intimité, mais il me fallait vérifier par moi-même si ce que l'on m'avait dit sur la beauté des résidentes de la Jouvencelle était vraiment au diapason des descriptions que l'on me fit et, sans vouloir être désobligeant, je dois bien avouer qu'elles étaient en deçà de la réalité." Après une légère pause, il reprit, toujours souriant, toujours regardant Dame Adrienne : "Je ne me suis pas présenté, je suis Darren Risley, le neveu de Dame Guenièvre, de passage à Waterford après un passage aussi court que... brûlant à Rubriant."