TDF chap.10 - Un fief tranquille

[Crépuscule]

Bénédicte le regardait l'air perdu, il lisait aussi la pitié dans son regard ... puis le visage d'Aleth remplaça celui de Bénédicte ... pis ce fut celui de Thallia ... Jolan bondit en arrière ... convulsant subittement ... ses pensées se portèrent aussitôt vers Dugal, mais il n'y était plus, un monstre immonde se tenait à la place, corps de fauve, queue de scorpion, et au coeur d'une crinière faite de volutes d'ombre, un visage quasi humain si ce n'est une machoire dotée de plusieurs rangées de dents limées en pointe. Il crut reconnaître son père, puis Reswald, non c'était lui avant que ses traits se déforment en ouvrant une large gueule aspirant l'air, appellant quelque chose en lui.

Quelque chose s'agittait en lui ... Jolan se rappella la blessure ... quelque chose bougeait en lui ... un monstre était en lui, la poignard avait déversé son mal en lui et ce dernier ne faisait que croître et l'envahir ... il convulsait .... il devait s'en débarrasser, l'arracher de son ventre ... il tenta d'arracher ses bandages ... "IL EST EN MOI! ... Faut l'en sortir ... le Mal."

Une main se posa sur son épaule,Jolan se retourna, c'était Dugal, le frère d'Aleth, il avait l'âge qu'il aurait dû avoir, la peau blafarde et pourrissante, mais Jolan reconnaissait ses yeux. "Tu devais la protéger" ... une main se posa de nouveau sur son épaule ... Bénédicte était là ,avec la même allure de cadavre, tenant Justice à la main "Tu devais m'apprendre à m'en servir" Elle lui planta l'arme dans le ventre doucement jusqu'à la garde"Il faut anéantir ce mal" Une main sur sa joue, Dame Adrienne lui souriait .."Tue le" Elle le poussa et il chavira en arrière, immergeant dans une baignoire ... un instant il vit un visage l'observant au dessus de l'eau, Aleth tandis qu'il sentait la noirceur en lui se répandre dans ses veines , semblable à du plomb liquide, brûlant tout sur son passage dans son corps, il grelotait, l'entraînant vers le fond, il se débattait mais rien à sa portée pour remonter, la bagnoire était devenu une mer, Aleth au dessus de l'eau pleurait, "Tu as pris la place du Dugal, s'il pouvait être là" ..."à sa place" ajouta la voix de Rhéomar.

Dugal était là dans le bois, l'enfant était là, Bénédicte posait sa main sur l'épaule de Dugal ... quelqu'un l'appela ... l'enfant se retourna vers eux. Une flèche fusa, elle se planta dans le ventre de l'enfant ... une flèche à la hampe rouge ... Jolan tenait l'arc ... une main se posa sur son épaule, Thallia ... il tremblait ... "Tu trembles comme un enfant" disait-elle, une main sur sa joue .... ""Mais la guerre n'épargne personne et encore moins les enfants."


Après quoi, Jolan sombra de nouveau.

Quand Jolan rouvrit les yeux bien plus tard, il vit le soleil par la fenêtre l'éclairer et lui rechauffer le visage. En contre-jour, une jeune femme qui regardait ailleurs. Il porta sa main doucement vers son ventre ... il y avait bien une blessure, une blessure bien réelle.

Sa gorge était douloureuse et sèche, les premiers mots eurent du mal à sortir ;
"Vous ... devant le rayon de soleil ... s'il vous plaît?"

[Iris]

Aleth était un peu soulagée :

" Merci pour votre implication. Nos chevaux sont bien évidemment à votre disposition."

Elle n'allait tout de même pas demander un service et gêner son accomplissement ?

" J'ai quelques courses à faire à Waterford, mais je reviendrai bientôt au château. Si je n'étais pas là, vous pourrez quoi qu'il arrive vous adresser à Mestre Corvin. "

Ne voyant pas quoi ajouter d'autre : "A toute à l'heure." Avant de se rappeler : "Père revient ce soir, je pense qu'il y aura une petite fête, et demain aussi, mais une plus grande à Waterford même. Vous êtes le bienvenu."

Ce n'était pas grand-chose, mais cela lui paraissait le minimum.

Elle prit congé des deux hommes et d'un pas de plus en plus léger, à la limite du trotillement sautillé, elle se dirigea vers le port, d'humeur à trouver les parfums de mer agréable et à voir tout sous un jour lumineux, tandis que le vent jouait dans ses cheveux et faisait danser la soie aux teintes forestières en contraste avec tout ce qui l'entourait.

Le voilà !

Jack était en conversation avec Robert Garys -- qu'elle ne connaissait guère que de visage. Elle avait bien dû parcourir 50m seule -- sans garde ! --, de quoi être toute retournée de l'impression étrange de marcher juste toute seule. Pour un peu cela lui donnait envie de redécouvrir la bourgade au hasard, mais c'était sans doute imprudent : les patrouilles intensives ne sécurisaient les lieux que de manière limitée.

" Bonjour !" salua-t-elle les deux hommes, joyeuse. Elle précisa venir voir Jack Bulwer mais pouvoir attendre qu'ils aient terminé et resta un peu à l'écart pour qu'ils puissent achever leur conversation sans être trop gênés par sa présence.

Quand enfin Jack vint à sa rencontre, elle hésitait encore sur la meilleure manière de commencer la conversation, envisageant quantité d'options et n'étant pleinement satisfaite d'aucune. Elle arborait un sourire rieur et hésitant, qui devenait rayonnant par instant, avant de retourner se cacher par pudeur derrière un nuage.

" Je voulais vous dire que vous avez une chambre au château. J'ai pris la liberté de vous en faire préparer une."

Liberté... d'autant qu'elle n'avait demandé l'assentiment ni de Mère ni de Tristifer, et la seule personne avertie -- Mestre Corvin -- était d'humeur massacrante.

" Quels sont vos projets pour aujourd'hui ?" commença-t-elle un peu intimidée devant sa propre audace, à la limite de l'inconvenance -- Aborder un homme, de surcroît un garde de nuit, sans chaperon et sur le port ! "Si vous avez le temps, nous pourrions peut-être... je pourrais peut-être vous faire visiter ?" Même s'il n'a manifestement pas besoin de moi pour cela... et qu'il finira peut-être par mieux connaître le domaine que moi...

[Iris]

Lysette commençait à prendre connaissance de son environnement (http://fim.pierstoval.com/viewtopic.php ... 244#p57244). Le changement par rapport à son cadre habituel de travail n'était pas déplaisant. C'était une sorte de cocon tout calme. Le calme... à la réflexion Lysette n'était pas souvent seule... elle avait grandi dans une famille nombreuse, et travaillait désormais comme servante, au milieu de la ruche de la domesticité.

Alors qu'elle se demandait ce qu'elle en pensait, l'infime murmure de Jolan brisant le silence la fit tressaillir. Aussitôt elle se demanda si elle avait fait quelque chose de travers.

"Ne reste pas comme une courge !"

Elle s'approcha du jeune messire à moitié mort : "Mestre Corvin et Lady Aleth m'ont dit de rester avec vous. Vous avez besoin de quelque chose ?"

Il paraissait tellement mal en point, tout brillant de fièvre et tout palot. Ça lui rappelait tonton Robert... qu'était mort d'une vilaine fièvre après une chute et une fracture... Pourvu qu'il ne claque pas pendant qu'elle était en service auprès de lui !

[DukeTogo]

Jet de séduction pour Darren. http://donjon.huckloic.fr

Les jouvencelles de Dame Adrienne frétillaient de bonheur. Roucoulements, sourires ravis et yeux pétillants sanctionnaient la verbe de ser Darren. La curiosité leur fit perdre toute réserve de distance, aussi un bon nombre d'entre elles voulurent voir le chevalier de plus près, toucher cette chevelure d'or et d'argent et vérifier s'il sentait aussi bon qu'il était beau.
Dame Adrienne le regardait également, mais avec moins de gourmandise. Darren savait qu'il ne laissait pas de marbre la gent féminine. Si il lui plaisait, elle n'eut aucune attitude qui le trahissait.

""Irruption dans mon intimité? J'en doute. Je n'ai pas souvenances d'échos de votre bonheur humeur dans mon alcove, Darren Risley. Mmh, quand on parle de Rubriant, on pense au renard du blason Florent." Elle regarda ses filles en lâchant "Cailles et poussins feraient mieux de se méfier du renard au lieu de piailler de joie."
Elles rougirent sans vraiment parvenir à garder leur sérieux. Dame Adrienne eut un sourire amusé devant l'effet provoqué par Darren.

"Doivent-elles vous craindre, ser?"

En posant sa question, la dorniènne avait eut une moue amusée, le sourcil agile, en laissant trainer le dernier mot ponctué par un soupir exhalé de sa gorge hypnotisante. Certaines jouvencelles miaulèrent de bon coeur et d'émerveillement en voyant l'art consommé de leur mentor. D'autres voulaient emmener le chevalier comme s'il eut s'agit d'une poupée à chôyer. Elle céda pour le bonheur des ses filles. Elle jeta un regard en arrière ce qui fit approcher un homme du genre pas commode. "Yorik. Ser Darren est notre invitée ce soir, quelque soit l'heure. Il ne lui sera rien demandé pour..." elle finit sa phrase en toisant Darren "...franchir la première porte."

Darren comprit aussitôt. Il avait entendu des soldats râler qu'il fallait débourser un solde d'un mois pour espérer rentrer dans la maison de la Jouvencelle. De fait, le reste était en sus autant pas à la portée des gens du commun. Le groupe reprit son chemin, sous le regard du chevalier qui souriait joyeusement en réponse aux jouvencelles qui lui lançaient des oeillades dans le but de le fidéliser par avance.

Cecily avait assisté de sa position au tout ce manège et il la trouva renfrognée quand il la rejoignit.

[DukeTogo]

Jack avait du plaisir à retrouver lady Castellane.

Il la remercia un peu gêné pour la chambre.
"Oh, je n'ai pas de projet particulier aujourd'hui, je devrais rester au moins deux jours, je pense." Il acquiesça avec joie l'idée de se promener avec Aleth.

[Maëlys]

Lorsqu'il arriva dans la forge, Béric discerna le forgeron en discussion avec Myrosh. Une fois que celui-ci eut terminé avec le forgeron, il vint s'enquérir de sa santé avant que Lady Aleth ne fasse également irruption. Décidément, il y avait pas mal de monde qui se pressait ici.
Il laissa ainsi Aleth parler à Myrosh tandis qu'il s'approchait du forgeron, demandant de but en blanc :

"Les derniers jours à Waterford arrivent donc ? Même si j'ai pas souvent eu l'occasion de le dire, c'est bien d'avoir un bon forgeron dans une ville ... Du travail de qualité à chaque fois. Pour quand est prévu votre départ Growne ? C'est une belle opportunité pour vous.
Mais je voulais voir pour refaire quelques armes d'entraînement en métal et non en bois, il me faudrait deux jeux complets d'arme longues et d'armes courtes... Pensez-vous pouvoir me fournir ceci avant que votre départ n'arrive ?"

Puis il réfléchit quelques instants avant d'ajouter :

"J'aurai aussi une autre commande plus ... spéciale et qui demandera pas mal de travail ... Cela dépendra du temps qu'il vous reste à Waterford."

Une fois les détails vu avec le forgeron, il retourna à l'extérieur où Myrosh lui apprit son expédition dans les marais. Profitant de l'occasion, il lui répondit :

"Je vous accompagne. On a beau avoir tué une bête on ne sait pas ce qui peut rester par là-bas."

Et puis ... Ce sera l'occasion de parler avec lui qui sait, tout en aidant Jolan dont l'état n'était pas magnifique...

[Crépuscule]

Elle s'approcha du jeune messire à moitié mort : "Mestre Corvin et Lady Aleth m'ont dit de rester avec vous. Vous avez besoin de quelque chose ?"

"De l'eau ... s'il vous plait..."

Tentant de se redresser, sa blessure lui tira une grimace. Son regard se porta ensuite sur la chambre, réalisant qu'il était bien au château. Sa soigneuse s'approchant de lui, il l'a reconnu.

"Je vous reconnais, vous êtes la jeune fille de la cuisine de l'autre soir." Il tenta un petit sourire. "Si vous prenez aussi bien soin de moi que dans la cuisine, alors je n'ai plus rien à craindre. Comment vous vous appelez ? "

Si elle cherchait à partir chercher du monde, il lui demanda :

"Restez un peu, s'il vous plaît, racontez moi ... comment suis-je arrivé ici? Il ... il y a eu d'autres blessés?"

[Iris]

Lysette s'empressa de remplir un gobelet pour Messire Jolan. Quand elle se rendit compte qu'il était tout faiblard et dégoulinait, elle entreprit de l'aider à boire, comme elle avait déjà fait avec son plus jeune frère qu'elle avait si souvent dû garder.

Voilà, le blessé était sauvé ! Et même il récupérait prodigieusement vite sous sa garde vigilante ! ... et il demandait son nom ?... C'était si rare qu'elle en resta interdite une seconde : "Moi c'est Lysette." Elle ne savait pas si elle devait compléter avec quelque chose pour faire bien, mais "Lysette la pipelette", ça faisait pas sérieux.

Pratiquement au garde à vous, elle attendait les ordres du presque mourant.

" Je pars seulement si vous me demandez. C'est que Mestre Corvin et Lady Aleth ont demandé que je reste vous voyez."

D'ailleurs que devrait-elle faire si Jolan lui disait de partir ? Ne serait-elle pas alors en train de désobéir à une plus haute autorité appartenant de plein droit au château ?... Mais Jolan était là depuis si longtemps, il comptait aussi comme habitant du château... Ralalalalala !

" Euh... Ben... Vous z'êtes arrivés ce matin très tôt, en charriot avec Lady Aleth et Mestre Corvin. Y vous ont cherché chez les Bartheld. Vous y avez passé la nuit. Avant ça quelqu'un vous a trouvé sur la place, aux pieds du fondateurs, voyez ? Parait que vous étiez presque mort. Enfin voilà..."

"Oh si, y'a le prêtre rouge qu'a mis du feu sur son épée quand on vous a trouvé !"

" Et oui, on vous a retrouvé après la grande réunion de Tristifer à l'auberge. Paraît que la Dame Adrienne et Rose se sont écharpées." Elle avait entendu les commentaires au petit-déjeuner. Si elle avait été plus dans son assiette, elle aurait immédiatement réagi, au lieu de quoi elle racontait en retard... mais à un public captif.

" Ah oui, avant y'a le chevalier blondass... euh... Messire Risley voilà... Il a forcé des cavaliers à l'accompagner dans le marais pour vous chercher. Bien sûr ils vous ont pas trouvé puisque vous étiez sur les pavés de la place. C'est Lady Aleth qui avait demandé au chevalier." précisa-t-elle enfin avec un ton qui suggérait que jamais l'infâme brutasse la blondasse n'aurait put faire preuve spontanément d'une telle grandeur d'âme.

" Mais y'a pas d'autre blessé. Je crois pas. Y devrait y'en avoir ?"

[Iris]

Au moins deux jours ?... Mais ça pouvait aussi être deux jours seulement alors ! Et il n'avait pas de projet particulier... Elle ne voulait pas non plus l'accabler de questions... De quoi parler en premier qui ne tombe pas à plat ? Aleth dirigea ses pas vers un lieu familier : la vieille tour. Depuis la capitainerie du port, ce n'était pas loin.

Elle opta pour un peu de tout et rien informatif :

" L'état de Jolan est stable, mais nous avons encore du mal à trouver le meilleur remède. Quelque chose complique la guérison de sa plaie, peut-être du poison ?... Myrosh et Béric vont tâcher d'en savoir plus."

" Père est annoncé ce soir. Il revient de la Trémière avec Jared, mon frère qui est également l'héritier de notre Maison. Après l'enlèvement de Lady Alyse Hastwyck nous l'avons prise ici, le temps que la défense de la Trémière puisse être réorganisée. Les projets d'investissement de Lord Cendregué ont permis à Lord Hastwyck d'envisager des changements importants. Lady Alyse ne se plait guère ici et est impatiente de retourner chez elle."

La tour en ruine couverte de lierre se profilait. Une famille de mésange voletait. Il devait y a avoir un nid, peut-être dans une ancienne meurtrière ?... Elle tournait et retournait dans son esprit les questions qui la hantaient. Après un silence d'hésitation et de contemplation, elle prit une inspiration pour évoquer un point plus douloureux :

" Il s'est passé beaucoup... beaucoup d'autres choses après que nous nous soyons quittés. Tout est si ... compliqué... mais cela semble bel et bien lié... "

"Nous avons fait un rapport à Haut-jardin pour signaler l'incident. Je vous passe les détails pour aller au plus court. Quelques jours plus tard, nous tombions dans une embuscade. Un archer payé 10 couronnes d'or manqua de me tuer. J'ai encore la marque de sa première flèche, la seconde m'a effleuré le visage."

" Avant-hier nous avons eu vent qu'une seconde tentative d'assassinat se préparait. Les détails sont... compliqués... Le commanditaire de l'archer, un certain Floki a été capturé et croupit dans nos geôles. Il dit être un agent au service de Norbert dit le Balafré de Villevieille qui aurait lui-même reçu l'ordre de quelqu'un d'autre. "

Elle le regarda avec une forme de supplique dans les yeux.

[DukeTogo]

Myrosh informa Béric de son déplacement au marais et récupéra une monture au baraquement militaire qui lui fut fourni sans histoire, d'autant plus que le maître d'armes avait décidé de l'accompagner.

Se dirigeant vers le nord, ils s'arrêtèrent là où Jolan les avait quitté. Cherchant un bon moment, ils finirent par trouver au sol un carquois puis un arc. Heureusement, il n'avait pas plu depuis la veille. Il trouva des traces de pas, dénombrant un total de trois personnes dont Jolan. L'une d'elle appartenait à quelque de plus costaud et plus lourd que le pupille Hastwyck. Il ne trouvèrent rien d'autre pour déterminer où ils étaient partis ensuite. De guerre lasse, ils progressèrent dans les marais. Les repaires laissés sur les chemins de terre leur permirent d'atteindre l'ilot où ils retrouvèrent le paludier. Le grand brasero improvisée brûlait paisiblement.