TDF Chap. 12 : Sept jours pour agir

[Casaïr]

Je ne trouvais pas vraiment la réponse de la donzelle satisfaisante, mais il semblait que j'allais devoir m'en contenter, pour le moment. Soupirant, je dis simplement :

"Je te suis."

Elle me précédait dans les couloirs, jusqu'à ce qui devait être une chambre.En l'ouvrant, je devinais plus que je ne voyais clairement un riche mobilier, un lit majestueux, des coussins un peu partout. Tout cela mis ensemble donnait une impression de douceur et de volupté. Tout était fait pour que l'arrivant soit happé par le décor et en condition pour...

C'est là que je l'aperçus. Je ne la voyais pas distinctement, juste sa silhouette, à peine couverte d'un fin voile pour ce que je pouvais discerner. Intimidé malgré moi, je passais devant la fille qui m'avait guidé jusque là sans un mot, fermant la porte sans un bruit derrière moi. Je ne discernais qu'avec peine son visage, et le peu que je devinais m'empêchait de la reconnaitre. Idiot pendant une seconde, je m'inclinais galamment.

"Daignez, ma dame, que j'allume une bougie de plus, afin de me permettre d'admirer le doux visage de celle qui tenait tant à me voir ce soir et dont j'ignore l'identité, afin que je rende grâce à votre beauté comme il convient en cette soirée qui sera, à n'en point douter, des plus mémorables."

[Iris]

Mais que lui arrive-t-il ?

Elle voyait Corwin, et c'était comme si quelqu'un d'autre utilisait ses mots. Alors qu'il lui paraissait si bienveillant et attachant, il devenait à présent inquiétant. Elle jeta un coup d’œil vers la fenêtre : en quoi était-elle faite ? Sur quelle rue donnait-elle ? Pourrait-on l'entendre si elle criait ?

Dans la mesure du possible, elle gardait une distance de sécurité avec Corwin et essayait de ne pas être prise au piège contre un mur. Il n'y avait pas beaucoup d'issue : que le mestre recouvre ses esprits, par la porte ou par la fenêtre.

Elle espérait que parler pourrait ramener Corwin à la raison, au moins un peu, qu'il cesse de paraître aussi dérangeant :

"Tristifer a toujours été égoïste et vous a maltraité durant des années. Il n'y a pas grand-chose de bon à attendre de lui. Mère est favorable à ce que je puisse bénéficier d'une rente."

" Souhaitiez-vous m'entretenir d'autre chose ? Il se fait tard et le voyage fut long."

[DukeTogo]

Les dés ont parlés...

Regardant le plus discrètement possible autour d'elle, Aleth regarda avec une attention toute nouvelle les ouvrants. En guise de fenêtres, des ouvertures plus larges que hautes, idéale pour défendre le lieu à l'arbalète. Avec une tenue de voyage heureusement moins ample qu'une noble robe, il devrait être possible d'en franchir une pour peu qu'on lui en laisse le temps en plus de devoir improviser un marche-pied.

Mestre Corvin fut profondément attristé. Aleth se défiait de lui. Il le savait, il le voyait dans ses yeux. Non, il ne la laisserait pas sortir sans une explication. Ces explications à lui, semblaient irréels. Qui était-il vraiment ?, se demanda la lady en retenant sa respiration à mesure qu'il approchait inexorablement.

"Aleth. Aleth. Pourquoi? Pourquoi ce frère juré? Je... je voulais préserver ton innocence, te protéger. Tout ces hommes, ces chevaliers, ces brigands, ils ne veulent que... Ce n'est pas d'amour que tu as besoin, tu veux qu'on te comprenne, n'est-ce pas? Moi, je te comprends. Non-non, je t'en prie, ne dis rien. Tu n'as pas à t'en vouloir. Je sais. Ils t'ont monté là tête. Tous. C'est eux qui ont voulu t'éloigner de moi. Leur heure viendra. Je suis désolé, je dois partir. C'est la faute du prêtre rouge. J'aurais pu continuer à veiller sur toi."

"Et sur Lysanor."

Le ciel venait de s'écrouler. L'indicible se mêlait à la surprise la plus totale.

"Ne t'inquiètes pas. Je sais que tu es une gentille fille bien élevée. Ce sera notre secret. Tu ne dis pas les secrets, n'est ce pas?"

[Iris]

" Quoi Lysanor ? "

" Et que vient faire Myrosh là-dedans ?"

" Je ne comprends rien à ce que vous dites ?!"

Aleth était partagée entre une inquiétude grandissante et le désir de connaître le fin mot de cette histoire.

[DukeTogo]

Corvin se défit de sa besace pour la poser sur la table, non sans faire un petit sourire tranquille à Aleth. Comédie ou apaisement?
Il en sortit du tissu et deux petites bouteilles dont il regarda l'étiquette pour n'en retenir qu'une et enfin répondre à la lady.

"Lysanor? Oui, Lysanor, qui va prendre soin d'elle maintenant que je m'en vais? Quand à ce Myrosh, c'est sa faute. Sa faute si on m'oblige à partir. Mais toi. Toi... Pourquoi tant de hâte à vouloir perdre ta pureté?"

Ce faisant, il versa une bonne dose du contenu de la petite bouteille sur le tissu.

"Ne bouges pas, s'il te plait. Ne rends pas les choses... difficiles."

[Iris]

Fiole... Tissu... Il voulait soit l'endormir soit l'empoisonner. Aucune des deux options ne lui plaisait.

Contrairement à la demande, elle se déplaça de façon à garder une distance de sécurité et inspira ce qu'elle craignait être une de ses dernière bouffée d'air.

Poison.

Qui peut se glisser dans la cellule d'un prisonnier blessé sans attirer l'attention et discrètement mettre fin à ses jours ?

"Il vous était aisé d'empoisonner Floki j'imagine. "

Elle n'en était pas sûre, mais si c'était bien le cas, alors les informations pouvaient circuler entre Waterford et Villevieille par corbeau.

"Depuis combien de temps êtes vous à son service ?"

Quelle était l'ampleur de sa trahison ?

Elle gardait sa dague dissimulée. Corwin ignorait que Béric lui en avait offerte une récemment. Elle se rappelait qu'elle aurait sans doute pu poignarder Ser Arsley avant d'être désarmée. Cette fois elle ne donnerait aucun avertissement et frapperait de toutes ses forces, estimant qu'elle n'aurait probablement pas de seconde chance.

[DukeTogo]

Corvin eut un soupir de dépit quand Aleth l'accusa de l'empoisonnement de Floki.
"Sa mort n'était pas nécessaire. Mais qu'aviez-vous besoin de vouloir l'interroger, encore et encore jusqu'à vouloir le mettre dans les mains de ce maudit frère juré? Je ne pouvais pas prendre de risque..."

La lady se remémora le comportement bizarre du mestre dans la cellule, le regard surpris de Floki en le voyant. Le prisonnier connaissait Corvin. Elle et Darren n'avait rien vu...

"Depuis combien de temps êtes vous à son service ?"

"Depuis qu'il m'a donné ma chaine de mestre. Sans lui, je ne serais toujours qu'un vulgaire acolyte. Seulement, voilà, à cause de ce maudit prêtre rouge et ce bâtard de troubadour, oui, Gyles, ce vaurien qui voulait m'enlever ma Lysanor !"

Corvin hurlait maintenant. Aleth se souvint de la défiance du mestre envers le baladin qui donnait le sourire à sa petite soeur...

"Aleth, j'étais près à trahir l'archimestre quand ils ont essayer de te tuer. Je voulais te protéger. Nous aurions pu partir ensemble. Mais c'est toi, toi qui m'a trahit. Avec ce frère juré, avec ce ser Dulver, ce Cuy ! Oui, c'est toi, c'est ta faute. Je veux bien te pardonner, Aleth. Si tu es gentille, gentille avec moi."

"Ce sera notre secret. Tu ne dis pas les secrets, n'est ce pas?"

Je ne dis pas les secrets. Cette phrase répétée si souvent par Lysanor.

Les sens à l'affut du moindre mauvais geste, Aleth le vit approcher le tissu imbibé en main.

Tu vas faire plusieurs jets :
Sans acharnement de ma part, ton 1° jet sera un jet de Courage ou Dévouement (sous Volonté) diff. 12. Tout ceci est assez choquant pour le PJ. Aleth n'a jamais imaginé une seule seconde que son ami Corvin puisse être un monstre. Là, ça fait quand même beaucoup à encaisser, en plus des malversations très probable sur Lysanor.
Si tu rates ce premier jet, tu as un malus sur les 3 jets suivants : de -1B (que tu ne lance pas) ou de -1D si tu ne dispose pas de B dans la spécialité. Dans ce cas, tu lances tout et tu gardes 1D de moins. C'est peut-être à ce premier jet, assez impactant, que tu pourrais avoir envie de dépenser 1 point...

Le second est Bluff pour cacher le fait de sortir soudainement un stylet acérée VS jet d'empathie de Corvin.

Le 3° jet : Vivacité (c'est l'initiative). Si tu a remporté le Bluff (supérieur à l'empathie de Corvin), tu as un bonus de +1B à ce jet.

Le 4° est un jet de Corps à Corps : Si tu as remporté l'initiative, tu attaques contre le score de défense de Corvin (base 10) mais il perds l'Agilité à sa Déf, donc 7 ! Enfin à ce jet, si tu as aussi remporté le jet de bluff, tu gagnes +1D (que tu lances en plus) au test de Corps à Corps. Une bonne nouvelle, le stylet est de qualité : il confère +1 au toucher.

Je vais de ce pas lancer les 3 jets opposés de Corvin. Quand bien même il réussirait à agir avant toi (et dans ce cas, tu pers ta valeur d'AGI à ton score de défense - juste pour le 1er round, donc tu passes de 9 à 6) et réussirait à plaquer son tissu imbibé sur Aleth, tu peux quand même faire ton jet de Corps à Corps.

Prenons de l'avance, ton 5° jet sera un jet de Résilience (Endurance) pour résister au "produit".

Ayant tout les tests en main, tu as carte blanche pour "raconter" cette opposition (narration partagée), devant un public transi de stupeur mais de tout coeur contre ce monstre.
Je gérerais ensuite les dégâts et autres résultats.

[Iris]

1. Volonté (Courage) : 4d6 (3,4,1,2)+1B(6)=15 vs. DD12. Réussi

Dépense 1pt de destin pour avoir +1B

2. Duperie (bluff) : 3D (3, 5, 6) = 14 vs. Empathie Corwin 15. Échec.

3. Initiative : Agilité (Vivacité) 3D (6,5,3) = 14 vs. Corwin 9. Réussite.

4. Corps à corps : 2D (1,6)+1+1B(5)=12 vs. Défense "pris au dépourvu" 7 Réussite avec un rang de critique.

Dépense 1pt de destin pour avoir +1B

5. Jet de Résilience 2D (1,3) = 4 vs. ??? Échec.

Et comme c'est un échec, je vais probablement devoir brûler 1pt de destin pour être sauvée ^^

Toutes ces années, la Maison Castellane avait abrité un monstre.

Pourquoi Aleth n'avait-elle pas été la victime de ses appétits abjects ? Pourquoi Lysanor et pas elle ? ... Et cette pauvre Alyse Hastwyck, délivrée des manteaux d'or pour être offerte à un mestre pervers.

Que venait faire l'archimestre dans cette histoire ? Quel était le lien entre eux tous et Floki et ... Norbert ?... Que voulaient-ils ?..

Corwin avait été bien plus dangereux que tout ce que sa famille avait pu imaginer. C'était un meurtrier, un dément et un traître. Dire qu'elle avait voulu l'aider à être heureux et à ne plus être opprimé par Tristifer. Tout cela était en vain : c'était un démon.

... et elle n'était qu'une frêle jeune fille qui savait à peine tenir son arme...

Elle frappa de toutes ses forces, sans même savoir si elle avait gravement blessé celui qui était devenu son ennemi. Elle n'était pas de taille, elle était seule et personne ne l'aiderait. Le poison de Corwin sur la figure, elle suffoquait. Elle n'arriverait plus à se défendre. C'était le troisième assassin qui s'en prenait à elle. Comment pouvait-elle espérer échapper à des ennemis si déterminés et impitoyables ? Comment aurait-elle pu échapper à la mort encore une fois ?

Sa dernière pensée fut pour Jack.

Elle avait été heureuse de le revoir avant de mourir, même s'il ne s'agissait que de quelques heures dans un champ de fleur et dans un bois.

[DukeTogo]

En s'approchant d'elle, il comprit que quelque chose n'allait pas. Il s'écarta une première fois à temps évitant le stylet d'Aleth. Lorsqu'il tenta sa chance, elle le prit de vitesse, sans hésitation, pour lui planter la pointe de l'arme dans le ventre. Le mestre eut un hoquet de surprise, endurant difficilement la lame fine dans son abdomen. Dans un effort surhumain, il parvint à saisir Aleth et lui plaquer le tissu sur le visage. Malgré la douleur qui le tirailla, il sut déployer assez de force pour maintenir sa prise.

Aleth songea à Jack lui faisant signe, sur le pont d'un grand bateau, protégé du vent par une écharpe de sa confection. Elle revit ser Walton, prompt à défendre à son honneur, sans feinte ou manoeuvre séductrice aucune. Elle revit tant et plus de choses inachevées. La tête lui tourna. Penser devenez même difficile. Les images s'estompait à mesure qu'elle manquait d'air.

***

Au château Castellane, Jolan sortit d'une sieste réparatrice. Quel heure était-il? Tard certainement, puisqu'il faisait nuit. Le pupille et nouvel héritier Hastwyck se sentait en forme et désireux de se dégourdir les jambes. Parmi ses pensées, il en eu une pour son amie Aleth.

[Crépuscule]

Jolan se réveilla, satisfait de se sentir lui même, pas de lait de pavot, avait-il échappé à la dernière visite du mestre .... mieux, il sentait l'énergie en lui, il se sentait reposé et ... en forme ... il lui semblait avoir oublié ce que cela voulait dire. Il y avait toujours la douleur, à sa blessure, mais elle lui semblait amoindrie, elle n'était plus que .... physique ... oui, voilà ce qu'il lui semblait ... ne se racontait-il pas encore des histoires ?

Pourquoi, quand il se mit sur pied, il n'eut ni grimace ni vertige et il se sentait ... le cœur plus léger. Lysette lui avait appris le retour annoncé de Béric, Darren et Aleth ... qu'avait-il rater ? Pourvu que tout se soit bien passé pour eux.

Jolan s'habilla seul, signe de plus lui redonnant confiance en son energie regagnée, et alla jusqu'à la porte de la chambre d'Aleth, mais personne... Croisant une servante, il apprit qu'elle n'était pas encore de retour au château.

Jolan décida alors de prendre les devant et de descendre la retrouver à Waterford. Il se rendit aux écuries ... c'était déjà un exploit qu'il n'avait pu accomplir depuis bien trop de jours ... et il poussa l'audace plus loin encore en scellant sa monture et en se hissant sur son dos.

"Va Ardent, on va à Waterford, Aleth est rentrée."