TDF Chap. 12 : Sept jours pour agir

[DukeTogo]

Jolan s'était effectivement habillé sans aide et avait hésité à boire le breuvage censé l'aider à se rétablir. Il se rappelait que Myrosh, Gyles et mestre Corvin étaient il y'a peu autour de lui. C'était la veille. Le mestre avait alors déconseillé l'usage de la mixture rapportée de Villevieille. Le prêtre rouge et le troubadour avait obtenu ceci auprès d'un certain Marwyn, archimestre de la magie. Corvin reçut un avertissement - et un seul - de Myrosh pour ne pas faire obstruction à un remède magique contre de la sorcellerie.
Au diable la décoction laissé par Corvin, Jolan préférait boire du cidre aux cuisines. Arrivé dans la grande salle, le lord qui finissait son repas l'obligea à s'asseoir et fut hilare de le voir manger comme un ogre. Il venait de manquer Dame Guenièvre, partie accompagner Lysanor pour son coucher.

"Ramènes moi ma fille, Jolan, on m'a rapporté que leur bateau est arrivé depuis un moment."

En allant dans la cour rejoindre l'écurie, il croisa Tristifer en train de se plaindre aux soldats de l'absence de Corvin, jamais là quand il en avait besoin. Une fois le cadet du lord éloigné, Jolan entendit les soldats dirent entre eux que Corvin sortait souvent quand tout le monde était couché mais qu'aujourd'hui, il avait fait plusieurs fois le trajet vers Waterford.

Une fois arrivé en ville après une chevauchée bienfaitrice en pleine nuit, Jolan laissa sa monture à l'entrée et continua à pied. Ses pas le conduisirent vers la grande place puisque c'était dans le chemin pour aller au port. A l'entrée de celle-ci, il vit un petit groupe composée de trois hommes et une jeune femme qui finissait la soirée avec deux bouteilles qu'il se partageait. La jeune femme, une rouquine, certainement pourvoyeuse des boissons puisqu'elle n'était autre que la fille de l'aubergiste. Elle eut un hoquet de surprise en le voyant, s'éloignant un peu des mauvais garçons qui buvaient avec elle.

Jolan : Observation 15 !

L'héritier Hastwyck, hésitant un moment, remarqua un faible trait de lumière émanant de l'intérieur de la bâtisse sise au septuaire. Il avait entendu parler du projet de faire de cette remise une petite école, impliquant mestre Corvin et son amie Aleth.

[DukeTogo]

Aleth avait la sensation d'un mal de tête épouvantable. Elle sentit une surface dure sous son corps et mis un peu de temps à comprendre qu'elle était allongée au sol. Elle entrouvrit difficilement les yeux et distingua une silhouette. C'était à la fois une personne qu'elle croyait bien connaitre mais en réalité un véritable inconnu. Corvin - il ne méritait plus l'appellation de mestre - était en train de soigner sa blessure et tourna la tête vers elle.

"Tu m'as fait mal, Aleth. Très mal. Cela n'arrivera plus. Mais je ne t'oublierais pas, je porterais ta marque en moi. commenta t'il en passant sa main sur son bandage."

Il se rapprocha d'elle, posant un genou à terre.

"Shhh... ne te fatigues pas à te débattre. Regardes, pour éviter que tu ne te blesses, j'ai utilisé de la soie véritable. Tu aimes la soie, n'est-ce pas?"

Aleth constata avec un haut-le-coeur que ses poignets et ses chevilles étaient attachés. Qu'importe que ce fut par du tissu doux ou des cordes de chanvre, elle était captive, plus qu'elle ne l'avait sans doute jamais été, elle qui aspirait tant à vivre librement. Elle entendit un lointain croassement. Etait-ce le souvenir de ce corbeau qui semblait la prévenir d'un danger imminent ou un simple merle piaillant, perché sur la statue du fondateur de sa maison?

"Ne te détourne pas de moi !" Le contact de sa main sur son visage, l'obligeant à le regarder, la répugnait. Que croyait-il? Par quel miracle espérait-il encore la convaincre qu'il était son ami, celui qui la comprenait?

"Oh quel idiot je fais. Mes affaires d'écriture sont déjà dans une malle sur le quai, sans doute déjà chargée sur le bateau qui part vers le sud. J'ai de quoi payer le capitaine pour qu'il n'attende pas le petit jour. Je ne vais pas pouvoir faire ce beau dessin de toi. Tu te rappelles ta promesse?"

"Allez, ne gâches nos adieux par de mauvaises grimaces. Je veux partir avec un beau souvenir de ton innocence. Ne m'oblige pas à te faire du mal."

Le regard brillant, confiant sur son impunité la plus totale, il commença à défaire les vêtements de lady Castellane, coupant à l'aide du stylet ouvragée les lacets récalcitrants, dernière protection contre l'odieux contact de ce monstre.

[Iris]

Pourquoi était-elle encore en vie ?

... Elle avait la nausée... à cause du produit..?.. ou de l'état de choc ? Elle respirait à peine et se sentait incapable de crier.

A quoi bon être encore en vie si c'était pour subir l'infamie des assauts d'un démon ?

"J'aurais préféré te faire bien plus mal encore"

Dehors il faisait nuit. Personne n'était venu la chercher, chacun devait croire qu'elle était ailleurs, avec quelqu'un d'autre. Autrefois surprotégée jusqu'à étouffer, elle se sentait désormais abandonnée des Sept et des humains.

Elle cherchait à tester ses liens : ses mains étaient-elles attachées dans son dos ou devant-elle ? ... A défaut de crier, pouvait-elle encore saisir un élément de mobilier et le renverser ? Son désespoir nourrissait des larmes qui commençaient à poindre, mais elle refusait de mourir sans avoir tenté jusqu'au bout de lutter.

Les questions se bousculaient dans sa tête. Rien n'avait de sens.

C'était tellement absurde. Des assassins, des empoisonneurs, des dragons d'or, la trahison d'un ami d'enfance, l'intervention malfaisante de deux anciens mestres... Cette histoire la dépassait. Elle espérait que Corwin ralentirait en répondant, mais en fait, elle en doutait tout autant.

Elle regardait et cherchait, n'importe quoi, à utiliser.

[Crépuscule]

Jolan restât figé sur place en voyant Bénédicte ... milles pensées se bousculèrent ... il voulait foncer pour la rattraper et lui dire de partir, là maintenant, tous les deux, il avait vu l'avenir qu'ils pourraient avoir, et il semblait plutôt plaisant ... mais aussitôt une autre part de lui luttait, il avait de vrais responsabilités à présent, encore plus qu'avant ... à quoi bon remuer le couteau dans la plaie ... pourtant il mourrait d'envie de la voir ... il mourrait d'envie d'elle ...

De l'autre, qui pouvait bien être dans ce bâtiment à part Corvin ou Aleth ou les deux ...

Aleth avait bien embrassé celui qui avait envoûté son coeur en dépit de tout ... pourquoi ne pourrait-il trouver le moyen de s'arranger d'un amour impossible lui aussi si elle le pouvait ...

Aleth, elle était sûrement là, ce projet lui tient tellement à cœur qu'elle n'a pas vu le temps passer, et Corvin lui aura fait la surprise d'avoir fait avancer les travaux, il veut tellement lui plaire.

Myrosh lui avait dit qu'il avait d'autres possibilités... peut être qu'en parlant avec elle ... voudrait-elle seulement lui parler ... il n'allait probablement qu'empirer les choses, et pour le blesser, elle était capable de le narguer avec ces hommes , ce n'était pas une bonne idée.

Il était tard, combien de temps falait-il au juste pour faire le tour de la future école, que pouvait-il bien y avoir de si urgent...

Etait-il lâche au point d'avoir peur d'aller lui parler ... il devait le faire ! Il n'aurait peut être pas de meilleure occasion, elle c'était éloigné, n'était ce pas une invitation ?

Mais Aleth aurait dû être rentrée depuis longtemps, c'est ce que Lord Rhéomar avait dit ... et l'assassin de Floki était toujours dans la nature ...

Raaa choisir entre Bénédicte et Aleth ...

Et s'il s'inquiétait pour rien ... Aleth était peut être ailleurs ... et Bénédicte ... ces hommes ... Jolan serrait les poings... Il devait être un homme, plus un enfant ... un Hastwyck

Jolan, veille sur Aleth lui avait demandé Dugal ... nul n'est si dévoué ...

Il se promit d'aller trouver Bénédicte quand cela lui serait possible et tourna les talons vers la bâtisse sans un regard en arrière.

[DukeTogo]

"J'aurais préféré te faire bien plus mal encore"

Corvin eut un regard mauvais suivit de l’expression de celui qui voulait restaurer son calme. Il s’empara du tissu imprégné, écarta les bras qu’Aleth essayait de placer devant son visage et l’appliqua de nouveau sur sa bouche et son nez, assez longtemps pour qu’elle n’arrive plus à opposer quelconque résistance. Quoi que ce fut, l’odeur lui piquait les yeux à moins que ce ne fut des larmes de dépit.

S’éveillant un peu plus tard, à demi-vaporeuse, presque étrangère à l’instant présent, elle eut encore plus froid, sans doute parce qu’elle était davantage dévêtue. Elle constata qu’il la regardait avec une fascination malsaine, qu’il la touchait en gestes lents sans doute avant d’entreprendre d’être plus intrusif.

« Tu es belle, Aleth. Je ne t’oublierais pas et tu ne m’oublierais pas. Je sais que tu ne diras rien, n’est pas? Tu as toujours été une fille intelligente. Tu ne voudras pas que les gens le sachent. Ne t’inquiètes pas, je ne dis pas les secrets. »

Le sentant s’allonger contre elle, la lady essaya d’écarter sa tête quand il commença à embrasser sa joue.

C’est alors qu’il y’eut un grand bruit de fracas qui fit sursauter Corvin.

[Iris]

Le sol était dur et froid.

Elle ne reprenait conscience que pour découvrir que le cauchemar continuait, que les choses allaient de mal en pis. Elle n'arrivait à rien, subissait dans l'impuissance et le désespoir. Elle aurait préféré être battue à mort plutôt qu'asphyxiée et réveillée, encore et encore.

Pourquoi prétend-il vouloir me laisser en vie ? Croit-il que je vais le supplier ? Le remercier en m'accrochant à ce nouveau mensonge ? Tout ce qu'il veut c'est le contrôle absolu.

La porte s'ouvrit. Même le fracas lui paraissait lointain et elle n'arrivait presque pas à y réagir, à tourner la tête.

[DukeTogo]

Toujours vaporeuse, Aleth ne sursauta pas autant que Corvin quand la porte de la remise fut ouverte avec fracas. Il fut très vite sur ses pieds, tandis qu'elle essayait laborieusement de relever sa tête lourde pour voir ce qu'il se passait. Un homme en noir - Jack ? - venait de défoncer la porte et rentra en dégainant une lame courte. Aussitôt Corvin commença des jérémiades en reculant comme un animal aux abois.

"Un pas de plus et je te tue."

Les mots prononcés par le nouvel arrivant tenaient plus d'une promesse que d'une menace. Aleth vit maintenant que l'homme n'était pas seul mais suivi par quelqu'un d'autre qui découvrit son visage en se défaisant de sa cape. La lady comprit maintenant qu'il s'agissait de Dame Adrienne et de son garde du corps. Celle-ci jeta un regard vers Aleth, allongée sur le sol et toisa Corvin avec courroux. "Je t'avais prévenu." L'étau se resserrait sur le jeune mestre qui continua de craindre le grand coutelas de Yorik Raik.

"Couvres-là et amènes la chez moi." Le reitre obtempéra en se défaisant de sa gabardine pour emmitoufler la lady et la soulever de terre.

Corvin reprenait des couleurs à mesure que la menace du sinistre Yorik réduisait. Grave erreur car quand il regarda à nouveau Dame Adrienne, ce fut pour recevoir de la dorniènne un fulgurant coup de poing au visage qui le fit basculer en arrière contre le mur avant de dégringoler sur ses jambes qui se dérobaient. Touchant son nez en sang certainement cassé, Corvin comprit que c'est d'elle qu'il avait vraiment à craindre.

"Je vous en prie, ne me tuez pas.suppliait-il.
- Te tuer? Non, je vais t'éduquer. Pour que tu comprennes. Yorik, ta matraque."

En apesanteur dans les bras du reitre, flottant en direction de la sortie, Aleth vit la dorniène saisir Corvin sans ménagement et le plaquer à moitié nu, face contre terre. Le froid du dehors donna des frissons à la lady. En se recroquevillant dans la gabardine, la dernière chose qu'elle entendit fut des cris larmoyants.

[Iris]

Aleth n'arrivait presque pas à bouger, à peine à penser, quant à comprendre... Des bribes de pensées...

... Jack ?... non impossible...

... Dame Adrienne ?... la drogue provoquait-elle des hallucinations ?...

"Elle au moins sait se défendre."

Attachée, ne portant plus que des lambeaux de vêtements sous la gabardine de Yorik, elle ne savait plus que penser, et n'avait plus guère de force à y consacrer. Elle abandonna tout effort, remerciant les Sept pour la pitié qu'ils avaient manifesté à son égard, sombrant dans un demi-sommeil, dans une léthargie stupéfaite. Tout ce qui comptait pour l'heure, c'était d'être en vie et libérée de ce monstre.

[DukeTogo]

Vous le savez maintenant, cher public, Dame Adrienne et Yorik sont donc arrivés avant Jolan.

Jolan tourna les talons pour atteindre la petite école. A la faveur du clair de lune, il vit que la porte était déjà ouverte à la faveur d’une filet de lumière, sans doute une lanterne à l’intérieur. Des gémissements plaintifs provenaient de l’intérieur. Poussant la porte avec une certaine inquiétude, le craquement de celle-ci révéla qu’elle avait été partiellement fracturé. Le bruit engendré fit relever une personne accroupie. C’était dame Adrienne, les manches relevées qui expirait longuement, comme pour reprendre son souffle après un long effort. Dame Adrienne ajusta ses manches avec calme en regardant le jeune homme.

« Vous avez meilleure mine, Jolan Hastwyck. »

En approchant un peu plus, il vit Corvin en pleurs à ses pieds, le visage tuméfié, tâtonnant pour se défaire d’une matraque enfoncé dans son séant.

[Crépuscule]

Qu'est ce qui s'était passé ici ? Corvin ? Qu'est ce que ...

"Je... Aleth .. où est Aleth ?"

Jolan s'approcha pour ramasser un lambeau de tissu, il n'avait aucun doute quand à l'origine du tissu, il connaissait bien ceux que portait son amie. Il était arrivé quelque chose à Aleth, et c'était soit du fait de l'un ou de l'autre. Dame Adrienne ne tenterait jamais de s'en prendre à la fille du seigneur où elle gérait son affaire, alors que Corvin, il le savait jaloux de sa relation avec Aleth ... comment avait-il pu oser la toucher. Il serra l'étoffe dans son poing, sa voix avait prit une dureté glaciale.

"Corvin ! Comment as-tu pu oser ! Pourriture! "