TDF Chap. 12 : Sept jours pour agir

[DukeTogo]

Dame Adrienne donna à Jolan quelques explications.

"Votre mestre a des goûts prononcés pour les jeunes filles. Oh, il n'est pas le seul mais il y'a jeunes... et jeunes. Il faut croire qu'il avait décidé d'avoir le courage de concrétiser ses penchants pervers. Je l'avais pourtant prévenu que je ne voulais pas que ses fantasmes dépassent le cadre des scènettes sur mesure dans ma maison..."

Elle regarda Corvin à terre, totalement hébété.

"Bien sûr, il regrette. Mais moi, pas."

Tout à leur conversation, ils ne réalisèrent pas immédiatement qu’une personne les écoutait depuis peu dans l'embrasure de la porte. C’était Bénédicte qui avait hésité un moment avant de suivre Jolan. Elle était seule. Son visage était blême. Elle approcha en regardant Jolan et dame Adrienne mais regardait surtout Corvin à terre, piteux et misérable. L’héritier Hastwyck remarqua qu’elle commençait à tremblait et que des larmes lui montaient aux yeux.

Dame Adrienne saisit sa cape jetée sur la table. « Je vous le laisse. J’en ai fini avec lui. N’étant pas de la maison Castellane, la justice n’est pas de mon ressort. Je vais m’occuper de notre amie. » Au moment où Jolan allait parler, elle l’interrompit d’un signe de la main. « Ce n’est pas d’un homme dont elle a besoin maintenant. Venez la chercher plus tard, chez moi. »

Ayant un dernier regard vers la fille de l’aubergiste qui tremblait comme une feuille « Quelqu’un d’autre réclame votre attention, je crois. »

A moins qu’il ne la retienne, elle rabatta la capuche sur sa tête et quitta le théâtre de cette tragédie.

[DukeTogo]

Aleth était allongée sur un divan confortable, deposée là par l’homme de main. Elle entendit des jouvencelles discuter, négocier avec Yorik qui en laissa finalement deux à son chevet.

L’un d’elle la couvrit et ajusta un coussin sous sa tête.

« Qui est-ce? demanda la première, une jolie fille à la peau très claire.
C’est moi », répondit l’autre avec tristesse.
Que… qu’est ce que tu racontes, Becca?
Chh… moins fort, tu vas la reveiller. »

[Iris]

Les liens qui l'attachaient avaient été défaits. Elle respirait doucement l'air parfumé de ce lieu inconnu. Ainsi était-ce cela, l'intérieur de la Maison de la Jouvencelle ? Les yeux entr'ouverts, elle laissait glisser son regard, sans avoir la force de retenir vraiment ce qu'elle voyait. Elle sentait confusément que ses vêtements étaient en lambeaux et ses cheveux défaits. Elle se tourna sur le côté, serrant la couverture contre elle, hébétée. Il lui semblait penser normalement, mais elle n'arrivait pas à se concentrer ni vraiment se rappelait ce qu'elle se disait.

Aleth regardait les deux jeunes filles à son chevet, et eut une sorte de frisson.

"C'est moi."

Elle se rappelait confusément une scène au septuaire. Elle avait peur de demander. Le cauchemar continuait-il ? Qui au château pouvait venir la trouver ?... A quoi ressemblait... l'autre ?..

Du regard elle chercha s'il y avait de l'eau. Il lui semblait que cela faisait des heures qu'elle n'avait pas bu et elle sentait encore l'odeur suffocante, et Corwin contre elle. De nouveau elle frissonna. Il ne faisait pas froid mais elle se sentait glacée jusque dans ses os. Elle désigna une cruche, et ébaucha quelques paroles inaudibles, acceptant sans réagir l'aide pour boire.

Elle pensait, elle voulait dire quelque chose, mais il lui fallait un temps infini lui semblait-il avant d'arriver à articuler, d'une diction lente et un peu absente : "Tu es moi ? Tom le Bref m'avait dit qu'il y avait...ici... mais je ne savais pas que j'étais là aussi. Qui est venu me voir ? "

[Crépuscule]

Jolan laissa Dame Adrienne sortir. Malgré la mine qu'elle affichait, la présence de Bénédicte réchauffait son cœur ... la haine qui l'emplissait, qui était sur le point de le faire lyncher à coup de pied Corvin reparti se tapir au fond de lui.

Elle tremblait, il lâcha l'étoffe et tendit sa main vers elle.

"Bénédicte ... "

Il n'en avait pas oublié Corvin, il avait bien des projets pour lui, il comptait bien s'occuper de la justice, mais Bénédicte était sa priorité, il voulait savoir si elle était prête à lui prendre la main ou non, avant de faire le nécessaire pour Corvin.

Je ne sais si Jolan a vu le stylet, si oui il le repoussera du pied loin de Corvin avant de tendre la main, sinon... tanpis ... mais bon, il est peut être en partie caché sous (dans ?) Corvin, alors je ne veux pas trop m'avancer.

[DukeTogo]

Non seulement Jolan remarqua le stylet mais il compris très vite et sans hésitation aucune que Corvin ne représentait aucune menace tellement il était recroquevillé comme un chien battu, le visage tuméfié et les yeux rouges. Se défaire de la matraque en cuir, couverte de sang, avait eu raison de ses dernières forces. Non pas que cela puisse changer le dégout que le mestre à peine conscient lui inspirait. Précaution inutile, il poussa néanmoins du pied le stylet. Il remarqua également que la porte étant grande ouverte, son ancienne amie n'ayant pas poussé la porte derrière elle.

Bénédicte accepta la main de Jolan, le regardant une première fois avec étonnement puis se focalisant à nouveau sur l'homme au sol, les yeux hagards.

[DukeTogo]

"Tu es moi ? Tom le Bref m'avait dit qu'il y avait...ici... mais je ne savais pas que j'étais là aussi. Qui est venu me voir ? "

La jeune fille plissa le front, ne comprenant ce que la lady disait.

"Non, je... je m'appelle Becca. En fait, hem... C'est que j'ai un client régulier qui veut que je m'appelle Aleth quand il vient.
- M'en parles pas, commenta l'autre fille, il veut même qu'elle s'habille en petite gamine. La dernière fois, il lui a amené un gâteau et voulait qu'elle pose nue pour la dessiner...
- Tais-toi, Janice", l'interrompit Becca devenue blême.

Becca eut un regard triste puis tendre pour la lady avant de poser, hésitante, une main compatissante sur l'épaule d'Aleth.

"La lady aura pas du avoir grand mal, vu le loustic.", lâcha Janice sans tact aucun.

"Te fournir de beaux habits ne suffit pas à cacher ta vulgarité", siffla la voix de Dame Adrienne en rentrant dans le salon rouge. Janice bredouilla des excuses que sa patronne refusa en leur sommant de sortir et de fermer la porte. Elles s'éxecutèrent, laissant la dorniènne avec Aleth.

Dame Adrienne se tenait maintenant devant elle, la regardant sans ciller.

[Iris]

La mention des fantasmes de Corwin -- leur régularité et leur ancienneté -- glaça Aleth. Elle ne trouvait de consolation que dans le fait qu'il n'y eût que lui pour réclamer... Cette image... il lui semblait que le sang lui manquait pour faire battre son cœur. Elle avait si froid...

Serrant la couverture contre elle en quête de chaleur, elle reçut le coup de l'autre fille -- Jannice --, restant stupéfaite, la regardant sans réagir.

"Est-ce ainsi ? Tout le monde dira qu'il m'a violée et j'en porterai la souillure ?"

A présent Dame Adrienne se tenait devant elle. Aleth la regardait comme si elle espérait trouver une réponse, mais son interlocutrice devait être insondable depuis des années.

"Merci d'être intervenue."

Le son de sa propre voix l'effrayait presque, mais au moins commençait-elle à pouvoir parler.

"Tom le bref l'aurait-il avertie ? Qui d'autre ?.. Le projet d'école ne pouvait que l'alarmer avec ce qu'elle savait de Corwin."

"... garder des secrets... Dame Adrienne, Corwin... Lysanor..."

Soudain, elle sursauta, s'affolant : "Il faut l'empêcher de partir ! C'est lui l'empoisonneur ! Celui qui a tué Floki dans nos geôles ! Un bateau l'attend au port ! S'il s'enfuit ..." elle s'arrêta aussitôt comme elle avait commencé, incapable de jauger de l'opportunité de s'exprimer. Le poison quittait ses poumons, elle recommençait à penser... la mesure de la gravité des faits l'effrayait presque encore plus que ce qui lui était arrivé. Encore en état de choc, elle n'arrivait pas encore à prendre pleinement conscience, alors que la terreur était encore là, à peine assourdie.

[Crépuscule]

Jolan serra doucement sa main et lui sourit brièvement.

"Tout va bien se passer Bénédicte. Je ... dois m'occuper de cette ordure mais ... reste avec moi s'il te plaît."

Il se rendit compte que sa phrase était à double sens même s'il n'avait pas fait cela consciemment. Il savait aussi que la situation était peu ordinaire.

[DukeTogo]

HRP : Bénédicte Bluff 13 vs Jolan Empathie 11

Bénédicte regardait Corvin avec une expression mauvaise. Elle sût néanmoins cacher ses intentions en s'approchant pour toiser l'homme à terre avec dédain. "Oui, tu as raison. Je vais t'aider. Il ne faut pas qu'il s'en sorte. Fermes la porte, je le surveille. Mes potes pourraient débarquer. Allez, dépêches-toi."

Elle attendit qu'il se déplace pour se baisser le plus discrètement possible. En poussant la porte, Jolan perçu un mouvement dans son dos, se retournant rapidement avec un mauvais pressentiment.

Bénédicte avait ramassé le stylet et plongea comme une démente sur Corvin. Elle planta une première fois la fine et robuste lame dans le torse du mestre qui eut un hoquet de stupeur avant de basculer la tête en arrière. Il réussit à agripper Bénédicte par l’avant-bras, qu’elle dégagea aussitot.

« Ne me touches pas, tu entends ? Ne me touches pas ! »

Bénédicte hurlait en levant le stylet à deux mains pour le planter dans la gorge de Corvin. Le sang jaillit quand elle retira l’arme pour la replanter encore et encore. Jolan fut sur elle en un bond pour l’étreindre et la tirer en arrière, ses mains glissant une première fois sur elle. Il fallu un certain temps au pupille pour parvenir à la calmer. Elle tourna vers lui son visage tâché de sang, les yeux aux bords des larmes, le corps secoué par des hoquets.

Je t'ai toi, pour me protéger.

Les mots de Bénédicte lui revinrent à l'esprit puis d'autres.

Tu m'apprendras à m'en servir?

[Crépuscule]

Jolan l'éteignait fort, alors qu'il devinait ce que cet acte révélait.

"Oh Bénédicte ... Est-ce que tu me pardonneras ?"

Jolan regardait les yeux de Corvin alors que les dernières onces de vie l'abandonnait. Le sang fuyant son cou se répandait au sol tandis que le jeune Hastwyck l'interrogeait silencieusement pour des questions auxquelles il n'aurait sans doute jamais de réponses.

Combien en as-tu touché encore salopard? Lysanor ? Alyse ? ... Tu ne méritais pas une mort si rapide ... je suis sûre que Jack aurait été ravi de t'avoir comme recrue. Quels autres traîtrises as tu bien pu commettre ?

Il serrait Bénédicte contre lui, ils étaient de nouveau réunis. Qu'il était bon de sentir sa chaleur.
Sans cesser de l'éteindre, il lui prit délicatement le poignard "Ne t'inquiètes pas, je vais m'occuper de ça, justice a été rendue, inutile de savoir par qui."

"Tout ce que je voulais, c'était que tu ne souffres pas plus à cause de moi ... j'ai fait une erreur."

Jolan posa sa main gauche sur sa joue la caressant tout en lui essuyant le sang.

"Je n'ai jamais cessé de t'aimer Bénédicte." Jolan l'embrassa, il en avait eu envie à le rendre fou, une passion qui le consumait à petit feu, il l'embrassa comme jamais, il devait arrêter, il le savait, mais il ne voulait pas mettre fin à ce moment ... des larmes coulaient à présent sur ses joues mais il ne chercha pas à les retenir. Il était coupable de l'avoir fait tant souffrir ... et ça ne fera qu'empirer, il savait que sa maison passerait toujours avant elle ... tout cela devait s'arrêter.

Sans cesser de l'embrasser, sans cesser de l'aimer, il lui enfonça la dague sous la poitrine, jusqu'à la garde ... en plein coeur.

"Pardonne moi, mais il faut que cela cesse."