TDF Chap. 12 : Sept jours pour agir

[DukeTogo]

A présent Dame Adrienne se tenait devant elle. Aleth la regardait comme si elle espérait trouver une réponse, mais son interlocutrice devait être insondable depuis des années.

"Merci d'être intervenue."

Soudain, elle sursauta, s'affolant : "Il faut l'empêcher de partir ! C'est lui l'empoisonneur ! Celui qui a tué Floki dans nos geôles ! Un bateau l'attend au port ! S'il s'enfuit ..."

Sans prévenir, dame Adrienne ficha un gifle claquante à la lady, l'interrompant dans sa phrase et lui chauffant la joue.

"Cela fait circuler le sang, lady Aleth. Mais il n'est pas impossible que ce soit un reliquat de geste qui me démangea fortement l'autre soir à l'auberge."

Sans lui demander son avis, elle l'entraina devant une console de maquillage surmonté d'un miroir, l'obligeant à s'asseoir.

"Corvin n'est plus votre problème. Il n'est plus un problème. Occupons-nous de vous. Regardez ce miroir. Il est temps de vous réveiller."

Prenant une chaise pour s'asseoir à coté d'elle, elle commença à ouvrir des petits pots, différents fond de teint, sortir des pinceaux.

"Fini d'être un jeune femme déguisée en petite fille. Prenez le pouvoir : devenez une femme."

[Iris]

Aleth regarda Dame Adrienne sans réagir. Elle ne comprenait plus rien. Elle se sentait surtout... très nue en fait... Les restes de vêtements tenaient à peine, et elle s'en défit, préférant encore se libérer des vestiges de l'horreur que d'échapper à la nudité.

La curiosité avait toujours animé Aleth. C'était à cause d'elle qu'elle était restée dans la salle d'école en oubliant de tenter de fuir par la fenêtre alors que cela aurait été sa seule chance de salut.

Aussi accepta-t-elle de regarder le miroir.

Ses cheveux était défaits, tombant n'importe comment du reliquat de tresses. Elle avait de la poussière sur la figure et les épaules, traces du sol de l'école. Des yeux légèrement rougis de larmes, sa peau sentait encore le produit utilisé par Corwin. Elle avait encore assez froid... et ne se sentait pas forcément à sa place ici... Tout en étant incapable de déterminer ce qui pouvait bien être sa place.

A défaut de mots, l'expression d'Aleth devait être assez éloquente, quelque chose comme "Où voulez vous en venir ? A quoi est-ce censé m'avancer ?" mais si elle avait appris une chose en tant qu'élève studieuse, c'était de savoir accorder un minimum de temps à qui souhaite vous enseigner ... ne pas demander tout le temps "pourquoi ?". Elle estimait que Dame Adrienne faisait preuve de bienveillance -- à sa manière -- et décida de la laisser développer.

[DukeTogo]

Ce fut complexe, il faut aller sur le salon de lancer de dés pour en prendre la totale mesure...

La pointe s'enfonça dans la poitrine de Bénédicte. La douleur lui fit mordre la bouche de Jolan qui ajouta donc au goût de sel de ses propres larmes et de son ancienne amante le goût amer du fer, caractéristique du sang. Est-ce qu'embrasser Thalia aurait le goût du feu? Est-ce que le sang des targaryens brûle? Elle parvint à se détacher de lui d'autant qu'une part d'elle avait juré de ne plus jamais embrasser ce vaurien au torse glabre. Elle regarda avec fascination et effroi le stylet dans la main de Jolan, couverte de tant et plus de sang. Elle était trop pétrifiée pour réagir dans l'instant.

[Thalgrim]

De retour à Waterford, Myrosh avait filé au château pour administrer le remède de Marwyn à Jolan. Le prêtre rouge n'avait admis aucune objection de la part de mestre Corwin, et suivit scrupuleusement les instructions du mage. Il avait donc mélangé les herbes à son propre sang afin d'obtenir la mixture censée améliorer l'état de son ami. Une fois le remède administré, Myrosh avait veillé le jeune homme pendant toute la nuit. Au matin, constatant que celui-ci semblait effectivement aller mieux, le prêtre était retourné à son auberge, où il s'était reposé une bonne partie de la journée.

Durant l'après midi, il avait appris que le bateau de Beric, Alteh et Darren avait accosté. Myrosh était donc retourné au château, avec la ferme intention d'y attendre Lady Aleth : il tenait en effet à ce que la jeune femme soit la première informée des maigres informations qu'il avait récolté lors de leur entrevu avec l'Archimestre Ryam.

[Maëlys]

De son côté, après leur arrivée à Waterford, le maître d'arme s'était immédiatement excusé auprès d'Aleth et de Darren. Il avait fort à faire et Aleth avait une trempe suffisante pour rester en ville par elle-même, d'autant plus qu'elle pourrait se faire facilement escorter par des gardes.
Il s'en était donc allé vers les locaux de la garde afin de faire le point avec les hommes sur ce qu'il s'était passé dernièrement. La situation ne risquait pas de changer pour l'heure mais qui sait peut-être qu'une bonne nouvelle se profilerait ... La bande de Cecily qui se serait calmée, pas d'émeute ces derniers jours ou autre ... Il fallait bien se réjouir des choses les plus simples par instant.

[DukeTogo]

Au château, discutant avec les gardes, Myrosh commença à trouver la soirée longue. Aleth tardait à rentrer alors qu'un garde avait déjà ramené en chariot la malle de voyage de la lady.

Myrosh appris également que Jolan était sorti un peu plus tôt, tout comme il appris que le mestre de la maison était pareillement absent, d'une absence que les gardes, dissimulant leur sarcasme, jugèrent bien assez longue pour que Tristifer exige qu'on fouetta Corvin. Bien que Rh'llor n'avait donné aucun signe récent au prêtre rouge, il jugea qu'il devait se passer quelque chose et sans doute pas au château...

[DukeTogo]

La situation n'avait pas particulièrement évolué à Waterford. En l'absence de Béric et de l'expérimenté Myrosh, sans compter l'incapacité de Jolan, il n'y avait pas vraiment eu d'impulsion très probante pour traquer les brigands ou débusquer Thalia Penn... Quoiqu'il en soit, les personnes qui croisèrent Béric, le héros de Rubriant, le saluèrent tandis que les gardes qu'ils rejoignit lui réservèrent un acceuil très chaleureux.

[Crépuscule]

Jolan laissa tomber le poignard. Il était trop tard pour reculer, il s'avança vivement cherchant à la saisir, passant sa main gauche derrière sa tête pour la plaquer contre lui, la serrant de toutes ses forces en dépit des coups qu'elle donnaient sur son torse sans parvenir à se dégager pour reprendre son souffle.

"Même dans la mort je ne sais t'épargner la douleur, je suis un monstre." Gémissait-il en pleurant alors que les forces quitte peu à peu Bénédicte.
"Laisse partir cette vie de souffrance, tu es libre, trouve un monde meilleur."

[Maëlys]

Après avoir vu les gardes et pas mal discuté avec eux dans l'office de la ville, Béric s'était décidé : il allait profiter quelques peu de l'établissement d'Hadrian Thor avant de rentrer vers le château.

La maison de la Jouvencelle l'appelait également mais pas en cette soirée, pas juste de retour de ce voyage...
D'autant plus que depuis qu'il avait pris conscience que Dame Adrienne attendait quelque chose de lui, il se sentait quelque peu ... Hésitant sur son envie de rejoindre l'établissement. Elle attendait quelque chose ou l'avait déjà obtenu. Après tout elle lui avait dit de gagner le tournoi afin de pouvoir participer au tournoi de Port-Réal.
Ceci était chose faite même si il pouvait être tellement facile de l'en disqualifier comme il n'était pas chevalier...

Enfin... C'était jusqu'à il y a quelques jours, désormais il était un Ser même si il avait toujours du mal à s'y faire.
La cérémonie qui avait eu lieu il y a quelques temps déjà lui revenait souvent en tête. Il se revoyait, des années avant, lorsqu'il marchait à travers les champs de bataille, jusqu'au jour où il avait rencontré l'homme qui l'avait obligé à changer sa façon d'être. Ser Thorim avait façonné l'homme qu'il était désormais. Il ne lui restait plus qu'à continuer sur cette lancée et être bien plus que ce à quoi il avait aspiré par le passé.

C'est donc pris dans ses pensées qu'il poussa la porte de l'établissement pour prendre une bonne boisson.

[DukeTogo]

Dame Adrienne resta appliquée à ce qu’elle faisait, virevoltant entre les accessoires, rehaussant les pommettes de son modèle, dégageant ses cheveux en arrière.

Elle usa d’une petite clochette aiguë qui eu pour effet de faire rapidement apparaitre Yorik, prêt à sévir pour évacuer brutalement tout client au comportement déplacé. Adrienne expira un souffle dépité. « Non, Yorik, ce n’était pas le signal. Je n’ai pas besoin de vous. » Aleth tira discrètement sur le peignoir qu’elle portait maintenant pour se couvrir davantage. « Faites-moi venir Becca. Qu’elle amène la robe Margeary. La bleue. Hum… Non, la verte. »

Une fois l’homme de main zélé sortit, elle murmura : « Yorik à déjà vu de nombreux corps, lady Aleth.» Elle creusa ses joues en réfléchissant. « Mais moins bien nées, sans doute. »

La robe sia fort bien à Aleth, soulignant sa silhouette gracile et sa féminité sans vulgarité. Becca et Dame Adrienne devaient penser la même chose puisqu’elle échangèrent de discrets sourires entendus. Elle congédia ensuite Becca et continua son ouvrage sur Aleth en brossant ses cheveux, se montrant moins douce que la chambrière de la lady, pestant même parfois. « Vous allez cesser de laver constamment vos cheveux au savon. Alternez avec du jus de fleurs de genêt mélangé à du vinaigre. Nettoyez les régulièrement sans eau, avec de la poudre d’iris. Ca les parfumera et ils seront moins gras. »

Elle dut percevoir les interrogations fugaces sur le visage de la lady quand à un moment, Aleth tourna légèrement la tête vers elle pour s’apprêter à parler. La matrone eut un petit sourire et lui signe de rester face au miroir, face à elle-même.

Face à elle-même. A ce qu’elle avait traversé. A ce qu’elle fut et ce qu’elle serait à partir de cet instant.

« Toutes les femmes sont belles mais beaucoup n’y croit guère. Avoir confiance en sa beauté, la sublimer, c’est être forte, être admirée. C’est votre épée, votre bouclier, votre blason personnel. Ayez confiance en vous, une confiance absolue et vous serez respectée. A vous de décider ce que vous êtes : une victime ou une femme, belle et souveraine. »