- Oui.
- Tu cries s'il se passe quelque chose.
- Oui.
- Ne faites pas d'actes imprudents, surtout...
- Oui.
- Tout ira bien, ma lady, nous serons vite rentrés.
- Vous n'allez pas vous y mettre aussi, Théobald ?!"
S'il faisait davantage jour, peut-être pourrait-on voir le garde rougir. Jack le tira de ce mauvais pas en le prenant par le bras. "Viens avec nous, c'est moins dangereux."
Béric et Jolan échangèrent des regards amusés, mais le maître d'armes n'allait pour autant faire le plaisir de dire à Bulwer qu'il était un drôle, après tout.
C'est ainsi qu'Aleth, Lady Castellane, la fille ainée d'une ancienne et noble famille, à l'éducation irréprochable, instruite et versé dans de nombreux domaines, se retrouva seule, dans la forêt, avec cinq chevaux sous un maigre croissant de lune.
Les bruits de la nuit furent interrompus par le copieux arrosage de la nature initié par une des montures qui se soulageait en hennissant avec satisfaction.
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Aleth était partagée...
... la situation était dramatique, une pauvre jeune fille menacée des pires sévices...
... mais en attendant elle avait surtout l'impression de toucher le fond... avec un même un cheval qui se soulageait à côté d'elle...
" Qu'est-ce que je fais là ? J'aurais pu aussi bien rester chez les Hastwyck, je pourrais me laver à l'eau chaude au moins..."
Et de chercher à tâtons sa gourde et ses casse-croûte pour grignoter un peu dans le noir, des biscuits, sur une racine à l'écart... enfin, suffisamment à distance des chevaux pour ne pas risquer un incident lié aux fonctions physiologiques des nobles cavales qui savouraient leur pause.
Elle se préparait psychologiquement à passer un long, très long moment d'un ennui mortel...
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L'inaction était une chose et Aleth avait eu de nombreuses occasions de se voir rappeler les vertus de la patience par sa mère, mais là, immobile depuis un bon moment avec cette fraicheur... La lady eut un frisson auquel répondit un hululement de chouette, puis un second. A moins que ce soit un autre volatile, difficile à reconnaitre. Jolan aurait sans doute su. Elle décida d'être prudente et leva les yeux aux branches au dessus d'elle dès fois que la nature ne décide de faire pleuvoir de la fiente sur sa solitude.
"Et bien. Quel oiseau avons-nous là?
- Pas du genre à craindre la nuit, semble t'il.
- Te devisses pas la tête, vieil hibou, m'a l'air mignonne, celle-ci.
- Rrrrrouhouh", répondit le second.
D'hiboux, ils n'en avaient aucune apparence. Deux hommes se tenaient non loin d'elle. Aleth inspira un grand coup pour garder son calme. En tout lieu, en toute occasion, gardez votre calme, Aleth, disais sa mère. Elle expira lentement et reprit le contrôle de son coeur. Non, ses jambes n'allaient pas se dérober sous elle ni partir en courant.
-------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------Volonté Aleth 4D : 6+6+1+3 = 16 !
La Providence ne lui épargnait rien ! Voilà les deux silhouettes que Jack avait repérée la nuit passée !
" A quoi jouez-vous ? "
Pourquoi diable traînaient-ils dans les arbres ?! Et que lui voulaient-ils ? De quel type de menace s'agissait-il ?... Ils n'avaient pas l'air très préoccupés par Alyssa et devaient être tout ce qu'il y a d'extérieur à l'affaire... Alors quoi ? Brigands ? Hommes des bois ? Bannis ? Marginaux ? Rebelles ? ... dans le meilleur des cas c'étaient des charbonniers dérangés... dans toutes les autres hypothèses, ils pouvaient être dangereux.
Aleth s'efforça de reculer un peu, pour s'assurer d'avoir une distance minimale de sécurité entre elle et eux, dans les trois mètres, histoire de pouvoir fuir au besoin, même si ça semblait difficile vu qu'ils connaissaient mieux le terrain qu'elle et qu'à ce jeu elle risquait surtout de se perdre...
" L'un des nôtres vous avait déjà repéré la nuit passée, mais vous ne vous manifestez qu'à une femme seule !"
" Encore des brutes qui n'attendent que l'occasion d'un viol ? Les hommes sont-ils tous des sauvages lubriques ? "
Pendant ce temps d'examen, elle essayait de se faire une idée sur leur équipement, leur attitude... et se rappeler dans quelle direction ses compagnons étaient partis... Mais si elle fuyait, des voleurs prendraient leurs chevaux et son matériel de soin qui pouvait encore servir... Rahh !
Et après encore un temps de réflexion :
" Comment nous avez-vous rattrapé ?! Nous avons chevauché sans relâche durant toute la journée !"
" Ou bien ce ne sont pas les mêmes et ils communiquent par chant d'oiseau pour se relayer les informations ?!? mais dans ce cas ils sont nombreux ?! Qu'est-ce que c'est que c'est que cette histoire-là encore ? "
Aleth était assurément méfiante et résolue à agir énergiquement au besoin (même si elle ignorait encore ce qu'elle pouvait bien faire d'intelligent), mais elle était également profondément perplexe.
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L'un dit à l'autre : "tu vois. Qu'est-ce que je te disais... C'est pas une fille, c'est une femme." Le regard en biais qui suivit scrutait sa physionomie était si... génant. Aleth blêmit. Une femme... Que ne s'était-elle rappelé les conseils de sa mère. Qu'importe, ne montrer aucun signe de faiblesse. Il n'était que deux. Et tout ces arbres, ses buissons, ses bosquets.Iris a écrit : " L'un des nôtres vous avait déjà repéré la nuit passée, mais vous ne vous manifestez qu'à une femme seule !"
"Tss-tss. C'est nous qui posons les questions." Celui-là cajola la croupe d'un des chevaux en lui lança un regard appuyé. Les deux hommes jouaient au chat et à la souris et elle n'avait aucun moyen de leur échapper. Aleth ne pouvait ignorer que tout pouvait arriver.Iris a écrit :" Comment nous avez-vous rattrapé ?! Nous avons chevauché sans relâche durant toute la journée !"
"C'est comment, ton petit nom?"


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Aleth se rappela aussi dans la seconde d'après qu'Alyse, bien plus jeune qu'elle, avait été également menacée de viol par ses ravisseurs... l'âge ne comptait pas beaucoup pour des ruffians. Elle aurait pu avoir cinq ans de moins, elle aurait risqué la même chose. Pour la peine elle ne s'en voulait pas trop de sa formulation, leur réaction démontrant seulement leur manque de valeur.L'un dit à l'autre : "tu vois. Qu'est-ce que je te disais... C'est pas une fille, c'est une femme." Le regard en biais qui suivit scrutait sa physionomie était si... génant. Aleth blêmit. Une femme... Que ne s'était-elle rappelé les conseils de sa mère. Qu'importe, ne montrer aucun signe de faiblesse. Il n'était que deux. Et tout ces arbres, ses buissons, ses bosquets.
Intérieurement elle maudissait à présent Béric et Jolan de l'avoir contrainte à rester à l'arrière. Même avec Théobald elle n'aurait pas été en sécurité, et en prime l'action visant à libérer Alyssa avait plus de risque de mal tourner. Il fallait seulement espérer qu'ils reviennent assez vite."Tss-tss. C'est nous qui posons les questions." Celui-là cajola la croupe d'un des chevaux en lui lança un regard appuyé. Les deux hommes jouaient au chat et à la souris et elle n'avait aucun moyen de leur échapper. Aleth ne pouvait ignorer que tout pouvait arriver.
Un quoi ? Un petit nom ? Pour leur permettre d'être encore plus familiers avec elle qu'ils ne l'étaient déjà ? ... Aleth tâchait de garder les deux hommes en vue et à distance respectueuse, même si l'option de la fuite ne lui plaisait vraiment pas... Trop d'incertitudes et de risques que ça dégénère. Elle hésitait quant à la réponse à donner, et était surtout tentée de pester vertement, se retenant avec peine. Elle n'avait pas envie non plus de se présenter, c'était encore une histoire à se retrouver avec viol et rançon..."C'est comment, ton petit nom?"
" L'infortunée, semble-t-il. " commença-t-elle à mi-voix
Et elle enchaîna à bon débit, prise d'une inspiration subite et qu'elle regretterait peut-être par la suite : " Vous êtes de la région, vous n'avez pu manquer d'apprendre l'infortune des Hastwyck dont la fille Alyse vient d'être enlevée par quatre hommes qui n'ont pas hésité à massacrer deux gardes du domaine. A présent ils veulent l'emmener à Port-Réal, à leur commanditaire, lié d'une manière ou d'une autre, à un bordel, la Maison de la Soie. Mes compagnons s'efforcent de libérer la malheureuse, quant à moi, je suis soigneuse et suis là pour m'assurer que tous reviennent en vie."
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« C’est quoi c’t’histoire?
- J’ai entendu ce que j’ai entendu : Hastwyck?
- Mmh… ouais. Tu sais bien, les nobles qu’étaient dans le camp de l’usurpateur…
-Oui, ça me revient. Leur gamine? Perte de temps, z’ont pas un rond. »
Revenant à Aleth :
« Soigneuse, hein? J’ai un gros bobo qui faut que je te montre…
- Arrêtes ça, Ulric. Mais toi, tu parles drôlement bien pour une soigneuse. T’es qui?
- Hé, Wulfgar est blessé. P’tet que…
- Non, Duncan sera pas d’accord, on sait pas qui elle est. »
Les deux hommes se rapprochèrent d’Aleth et le plus lubrique des deux, se grattant son torse glabre et plutôt découvert, avança «…si elle a oublié, c’est p’tet tatoué queq’part. »
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Bon, il y avait un léger progrès... enfin... façon de parler... elle avait gagné quoi, 30 secondes ? ... ah si, elle savait que si elle donnait son identité, ça allait vite tourner à "chouette, une noble, ça vaut de l'argent !"...
Le moment de trouver un demi-mensonge convaincant... Aleth manquant d'expérience en matière de pure duperie, elle préférait dire au maximum la vérité, sous un angle qui l'arrangeait de préférence. Elle s'efforçait en outre de rester à une distance raisonnable d'Ulric le lubrique.
" Je m'appelle Aleth, j'ai pu étudier auprès de Mestre Corvin du domaine de Waterford et un peu à l'hospice de Villevieille. Les Castellane ont vu que j'étais douée et souhaitent ouvrir un dispensaire, mais pour cela il faut du personnel compétent et plus disponible que le Mestre."
" Mon matériel de soin est dans les fontes de mon cheval." et elle le désigna, dans l'espoir que le plus envahissant des deux vérifierait et confirmerait. De quoi gagner quelques secondes... En croisant les doigts pour que leur Duncan n'aime pas les nobles au point d'éviter de faire appel à leurs serviteurs... et dans un monde idéal, se faire juste rançonner de quelques cataplasmes et au-revoir !
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Aleth avait cafouillé puis s’était repris mais maladroitement. Elle voulu dire « Je m’appelle Aleth » mais c’était devenu sous le poids de l’habitude « Je m’appelle l… Aleth d… ». L’étiquette et la répétition si bien apprise et maîtrisée de son nom complet en toutes circonstances lui jouait des tours aujourd’hui.Duperie 3D : 1+3+1 = 5
J’ai fait le jet en prévoyant de garder le résultat secret histoire que tu ne sois pas renseigné d’avance sur ton succès ou non. Mais là… même Aleth se rend compte qu’elle glisse…
Les deux hommes échangèrent un sourire entendu, avaient-ils deviner qu’elle était Aleth de Castellane? Ulric l’informa : « Va falloir nous suivre bien gentiment, mademoiselle Aleth. Je vais vous attacher les mains, maintenant et je vous déconseille de courir, sans vos bras, vous tomberiez et vous vous casseriez votre joli nez ».
L’autre, intrigué, vérifia le cheval désigné et vit du tissu, des onguents et d’autres choses inconnues qu’il renifla avec suspicion avant de freiner son complice qui sortait une corde.
« Attends. Je crois qu’elle dit vrai… sur presque tout. Ces quatre hommes, y’avait un grand, non? On a un compte à régler avec lui. Et ils ont enlevé une gamine?
- Hé, je te dis qu’elle vaut des dragons d’or! On le trouvera plus tard.
- Oui, on le retrouvera et ce sera un bon message à adresser à ses maîtres. Sauf que d’après Quiver, il longe la forêt sans descendre de cheval. Donc les trois hommes ont la gamine, c’est ça?
- Hé, tu fais quoi, t’es sourd ou quoi? Castellane! Z’ont de l’argent, avec tout ce qui transite par leur route.
- Et tu crois que Duncan va penser quoi, toi qu’est si malin? Tout le monde dira que c’est la Confrérie de la Liberté qu’à pris la petite Hastwyck, sauf qu’on pourra jamais la rendre parce qu’on l’a pas. Et on va laissez faire ça? Tu fais ce que tu veux, mais moi, non. »
Ulric trépigna, essaya d’avoir une réponse bien pesée mais rien ne vint puis il ragea avant de céder :
« Ah tu m’énerves! Bon, Madame Aleth, où est-ce qu’ils sont? »
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Aleth était profondément dépitée. Le seul et unique mensonge ayant une importance dans sa vie et elle se voyait le rater lamentablement... et lisait le sourire satisfait des deux brigands... Pendant une longue seconde de désespoir elle sombra dans l’auto apitoiement : "Ce n'est pas vrai, le sort s'acharne contre moi ! D'abord ce village et son balafré, et sa maison close, maintenant deux brigands qui surgissent de nulle part... Je suis maudite..."
Un miracle ? La Jouvencelle avait-elle finalement quand même pitié de l'infortunée Aleth ? ...Ulric l’informa : « Va falloir nous suivre
« Attends. Je crois qu’elle dit vrai… sur presque tout. Ces quatre hommes, y’avait un grand, non? On a un compte à régler avec lui. Et ils ont enlevé une gamine?
- Hé, je te dis qu’elle vaut des dragons d’or! On le trouvera plus tard.
- Oui, on le retrouvera et ce sera un bon message à adresser à ses maîtres. Sauf que d’après Willem, il longe la forêt sans descendre de cheval. Donc les trois hommes ont la gamine, c’est ça?
- Hé, tu fais quoi, t’es sourd ou quoi? Castellane! Z’ont de l’argent, avec tout ce qui transite par leur route.
- Et tu crois que Duncan va penser quoi, toi qu’est si malin? Tout le monde dira que c’est la Confrérie de la Liberté qu’à pris la petite Hastwyck, sauf qu’on pourra jamais la rendre parce qu’on l’a pas. Et on va laissez faire ça? Tu fais ce que tu veux, mais moi, non. »
Ulric trépigna, essaya d’avoir une réponse bien pesée mais rien ne vint puis il ragea avant de céder :
« Ah tu m’énerves! Bon, Madame Aleth, où est-ce qu’ils sont? »
" Le géant, nous pensons qu'il va alerter ses maîtres à Port-Réal du succès de son opération, en les contactant avec les corbeaux d'un complice, avant de rejoindre son groupe. Les trois autres sont à un feu de camp non loin. Je peux vous y mener. Mais j'emmène mon matériel de soin. Je ne serais d'aucune aide sans."
" Pas plus que les mains attachée..." mais elle évita de revenir dessus en espérant que ce volet là était désormais obsolète et aussitôt dit, aussitôt oublié.
Récupérant prestement ses affaires, en prenant garde autant que possible à ce que les hommes ne soient pas hors de sa vue, et idéalement encore un cheval entre elle et eux. Elle songeait encore : "Le trafic passant par Waterford est si connu que ça ? C'est tout simplement intolérable ! Sitôt que je rentrerai... enfin... si ce voyage connaît un jour un terme autre que violée et rançonnée... je m'en occuperai, que ça plaise ou non à Tristifer !" ... Dans l'esprit d'Aleth, tous les brigands et contrebandiers passant aux environs de Waterford étaient des victimes expiatrices pour lui faire oublier tous ces malheurs qui s'obstinaient à s'acharner contre elle. Tous au Mur ! ... parce qu'elle était tout de même pleine d'humanité malgré tout...
" Je peux vous donner ensuite de quoi soigner votre compagnon Wulfgar et vous dire comment l'utiliser. Il faudra me dire quelles sont ses blessures, que je vous donne ce qu'il faut. "
" Par contre, mon aide n'est pas cumulable avec ma rançon. " et elle espérait que c'était bien clair et l'expliciterait au besoin.
En chemin, ou pour meubler, et éviter de retomber dans la catégorie "caille à plumer", elle s'efforça de converser un peu :
" Lui, j'ai compris qu'il s'appelait Ulric... et comment dois-je vous appeler ?" à celui qui était le plus civilisé des deux
(...)
" Qu'est-ce que la Confrérie de la Liberté au juste ? "
" Une bande de brigand soucieuse de sa réputation ?" songea Aleth avec sarcasme et en pensant avec dépit à sa précédente mésaventure du même genre. Elle devait être un aimant à brigands. Habillée de soie ou pas.
Elle espérait avoir droit au slogan de recrutement du groupe, son programme politique, quelque chose du genre, vu qu'il se réclamait d'un quelconque honneur. Pour un peu elle était presque tentée de parler de ses précédentes rencontres avec d'autres personnes "travaillant" dans le même créneaux qu'eux. Mais elle attendait la suite de leurs réactions avant de parler davantage... Surtout que l'approche du combat risquait de créer une certaine tension. Dans tous les cas, Aleth comptait bien ne pas arriver avec un couteau sous la gorge ou attachée. Elle en avait soupé et s'ils voulaient régler leurs comptes avec le géant, ils devaient renoncer à la considérer comme une source de revenus.
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« Je suis Torman. Prends tes affaires, les chevaux restent là. »
Pendant qu’elle essayait de faire le tri pour prendre le plus utile, Torman était dans un grand conciliabule avec Ulric. De là où elle était, Aleth entendit des brides de mots : « t’y crois, toi… » « Pourrait-soigner Ulric… » « non, personne ne doit voir où nous sommes, la vieille finira par venir et le soignera » « tu creveras avant lui à faire le joli coeur » « mais non, ta gueule, c’est toi et qu’est-ce que tu fous, à moitié à poil? »…
Il revinrent vers elle et Torman s’impatienta si bien qu’il lui pris les deux sacs qu’elle essayait de convertir en un seul qu’elle serait en mesure de porter.
« Et ça, faut le prendre aussi? » demanda-t’il en avisant d’autres affaires. Aleth, surprise, répondit par la négative d’un signe énergique de tête.
« Bon… On y va. Ulric?
- Là, ils sont passés là. »
Ulric avait allumé une torche et retrouvé les traces des quatre hommes.
Chemin faisant, Torman renseigna la soigneuse.
« Nous vivons librement, hors du joug de l’Usurpateur. Il reste des hommes qui ne lui mange pas dans la main, de vrais loyalistes. Notre chef est Duncan le Rouge, c’est tout ce dont tu as besoin de savoir. Tu veux nous aider? Promènes toi seule en forêt et tu trouveras un refuge. Le temps que les tiens payent ta rançon, tu verras des hommes libres, tu dormiras à la belle étoile, tu mangeras du gibier, boira à ta guise et il ne te sera fait aucun mal. »
Torman avait fière allure en évoquant son appartenance à la confrérie et cette espèce de conviction mêlé à ce timbre de voix était du genre à faire espérer à une fille de ferme de se changer en captive traitée avec attention, une héroïne au centre d’une aventure épique dont elle deviendrait l’égérie, inspirant la passion impossible de ce grand brun qui tiendrait à distance tout ceux qui viendrait l’importuner avec cette hache immense qu’il tenait sur l’autre épaule. La fertilité de l’imagination d’une lady lisant beaucoup, connaissait mains récit de bravoure se disputait à une curiosité insatiable, une soif de savoir, comprendre. Trop longtemps, Aleth n’avait connu que les limites du château familial, situation enviable pour beaucoup, mais la lady n’était pas du genre à demeurer inactive et attentiste.
D’autres questions virent évidemment, mais entre Ulric qui avançait devant et réclamait qu’on se taise « On est pas au Bois-joli, vos gueules! » et l’attitude de Torman qui essayait de ne plus répondre aux questions, Aleth dut se résoudre à avancer dans la pénombre, à un train un peu trop soutenu d’ailleurs.
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Aucune objection, Aleth n'avait de toute façon pas songé à faire le trajet avec les chevaux. La situation était déjà assez compliquée, inutile de qu'elle s'aggrave encore.« Je suis Torman. Prends tes affaires, les chevaux restent là. »
Tendant l'oreille, Aleth essayait d'en entendre le plus possible et dut se mordre la lèvre pour ne pas rire. Finalement elle n'était pas tombée sur les pires brigands possibles et ils avaient l'air presque sympathiques. Pas aussi laids et répugnants que ceux du village d'ailleurs.Pendant qu’elle essayait de faire le tri pour prendre le plus utile, Torman était dans un grand conciliabule avec Ulric. De là où elle était, Aleth entendit des brides de mots : « t’y crois, toi… » « Pourrait-soigner Ulric… » « non, personne ne doit voir où nous sommes, la vieille finira par venir et le soignera » « tu crèveras avant lui à faire le joli coeur » « mais non, ta gueule, c’est toi et qu’est-ce que tu fous, à moitié à poil? »…
La fibre romantique d'Aleth vibrait à l'évocation d'une vie libre au-delà des limites du château. Non que, dans l'absolu, dormir dehors lui plût particulièrement, mais Torman en parlait si bien qu'elle était tentée d'orner la récente nuit de bivouac de plus belles couleurs... ça semblait si beau vu comme ça... aucune contrainte protocolaire, point de Béric pour lui dire ce que réclamait sa sécurité ou pas (rabat-joie !)... pas non plus à avoir sous les yeux chaque jour Jolan qui soupirait pour Bénédicte... pas à se soucier des marchandages pour son mariage... plus besoin de négocier pour avoir le droit de sortir en forêt cueillir quelques plantes médicinales et fleurs...« Nous vivons librement, hors du joug de l’Usurpateur. Il reste des hommes qui ne lui mangent pas dans la main, de vrais loyalistes. Notre chef est Duncan le Rouge, c’est tout ce dont tu as besoin de savoir. Tu veux nous aider? Promènes toi seule en forêt et tu trouveras un refuge. Le temps que les tiens payent ta rançon, tu verras des hommes libres, tu dormiras à la belle étoile, tu mangeras du gibier, boira à ta guise et il ne te sera fait aucun mal. »
... par contre le côté "rançon" l'embêtait un peu : il n'était pas question de plus qu'un court temps de liberté... et quand elle reviendrait à Waterford... elle pourrait dire adieu au toit de son septuaire... elle voyait déjà Tristifer lui expliquer qu'elle avait coûté assez cher comme ça... et en prime sa captivité pouvait laisser planer un doute sur sa chasteté (pensée à laquelle elle rosit presque dans le noir) et compliquer son mariage... ses parents seraient mortifiés... et Béric irait peut-être au Mur finalement... avec Jolan d'ailleurs, tant qu'à faire...
C'était tentant de tout laisser tomber et disparaître dans les bois... agréable au moins de s'offrir le loisir d'en rêver... même si ça avait tout d'une impossibilité...
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Ulric fit signe de s'arrêter et alla voir devant. A son retour, il était porteur de bonnes nouvelles. Il y"avait quatre hommes et une jeune fille dans un campement proche avec une lutte récente vu la présence de cadavres. Les hommes de la confrérie décidèrent de ne pas aller à la rencontre de ces hommes et Ulric escorta sur quelques mètres la lady jusqu'à qu'on entende non loin la voix des hommes. Il indiqua la direction à Aleth en commentant "Cette fois c'est gratuit, si on me croit pas, je dirais que vous m'avez embrassé." avant de tourner les talons.
En allant dans la direction indiquée, Aleth découvrit les quatres hommes, deux chevaux, deux cadavres et surtout la petite Alyse dans les bras de son frère. Il faisait tous peur à voir...