TDF - Chap. 7 - Un fief paisible (3)

[Crépuscule]

"Merci pour vos conseils, mestre. Je vais songer à tout cela."

Corvin semblait indiquer qu'il était temps pour les Hastwyck de quitter Waterford. Jolan ne savait si c'était un conseil donné avec sagesse ou un souhait du mestre de les voir partir, il ne savait trop. Bien entendu, il y songeait, régulièrement même, mais le fallait-il ? Que devait-il voir derrière les propos de Corvin ... voilà de quoi ajouter à ses divers sujets de réflexions ...

Jolan remercia le mestre et partit à la recherche d'Alyse.

[Iris]

Aleth garda pour elle ses pensées dissonantes et répondit sur le sujet des moyens disponibles pour sauver Darren :

" Les Redwyne ont également un fils pris dans la nasse, de même que les Rowan, les Hunt et les Fossovoie. S'il n'était question que d'argent, les Redwyne seraient les seuls à avoir une chance d'en réchapper."

" Nos atouts me paraissent ressembler à un patchwork. "

" Jolan et Béric ont tous deux vaincu les champions des Florent dans leur finales respectives. Lord Florent était tellement outré du succès de Béric qu'il a préféré annuler les festivités plutôt que de nous recevoir. Qu'un Hastwyck et un Dornien n'ayant même pas le titre de Ser, l'emportent est en soi une humiliation que les Tyrel pourraient apprécier... même si je n'apprécie guère de bénéficier de ce genre d'atout qui nous vaut l'inimitié de Lord Florent. "

" Darren m'a appris qu'il était en bons termes avec Lord Cendregué. Ce serait un allié de poids s'il ne résidait si loin. Même si nous pouvions faire appel à lui, nous serions alors peut-être durablement ses débiteurs. Ce n'est pas forcément satisfaisant. "

" Père vous aura peut-être parlé de la manière dont nous avions rencontré la Confrérie de la Liberté près de la Trémière... ils étaient également là au cours de l'attaque dont nous avions été victimes lors de notre voyage vers les terres des Harte. Ils ont repris contact avec nous à Rubriant et certains d'entre eux sont déterminés à découvrir qui est le commanditaire de ma tentative d'assassinat. Notre ennemi est également le leur, ayant infiltré des espions dans leurs rangs. J'ai examiné tous les faits à notre disposition, et je tends à penser que le commanditaire était sinon présent durant notre rapport sur l'affaire des Manteaux d'or auprès du Sénéchal Tyrel, du moins y avait accès. Si ces gens de la Confrérie de la Liberté parvenaient effectivement à trouver une piste, elle pourrait nous permettre de démasquer un espion affidé des Lannister au coeur même de la cour des Tyrel. Il y a là beaucoup de conditionnel, mais si c'était possible, ce serait un succès qui aurait bien plus de valeur que n'importe quelle quantité d'or que nous pourrions mobiliser."

Aleth s'interrompit car Darren arrivait, et prit l'initiative de l'aviser du sujet de la conversation :

" Darren, nous parlions justement de vous et des moyens de vous épargner le Mur."

[Casaïr]

Darren se dirigeait d'un pas assuré là où l'attendait sa tante et attendit patiemment qu'on lui fasse signe d'entrer, grattant machinalement son bras.

Il ne fut guère surpris de déjà trouver sa cousine (peut-être plus de toujours l'y trouver), et s'approcha le plus sereinement du monde de sa tante avant de s'arrêter pour la saluer.

"Ma tante, je suis plus qu'heureux de vous voir, Père m'a souvent parlé de vous et regrette de n'avoir pas plus souvent de vos nouvelles."

Aux paroles d'Aleth, le chevalier ne put camoufler un sourire.

"Bien évidemment ! Je me doutais que vous seriez déjà en train de "comploter" à ce sujet."

A sa tante : "je suis navré de me présenter après avoir été la victime de ce traquenard, et croyez bien que j'ai fait tout mon possible pour l'éviter. Du reste, croyez-le ou non, mais il semblerait que ma maison ne soit plus aussi bien vue qu'à une certaine époque et qu'il m'a donc été formellement recommandé de revoir mes... options... si je voulais éviter de prendre le noir."

[DukeTogo]

Avec la coopération de quelques servantes, Jolan put retrouver Alyse dans le jardin. Un rayon baignait le lieu et l'espace d'un instant, il se revit, agé de 10 ans, aborder une enfant plus jeune que lui, vêtue de jaune et de vert.

Mais il n'avait plus 10 ans et bien que grand frère d'Alyse, il était aujourd'hui ui adulte et non plus un compagnon de jeu comme il le fut pendant quelques années pour lady Aleth. Alyse tripotait nerveusement des rosiers et Jolan savait que ce n'était pas une bonne idée.

***

Dame Guenièvre embrassa sobrement son neveu avant de lui répondre.

"Laissons les regrets de coté, ils ne changeront pas ce qui s'est produit, que ce soit à Rubriant ou l'arrivée de votre demi-frère dans la maison Risley."

"Je suis heureuse que vous soyez venu car nous avons besoin de vous ici, à Waterford autant qu'au château."

Lasse : "Ne croyez pas que j'oublie mon nom de naissance, Darren. Il importe que nous soyons unis et réunis mais comment faire? Et de quelles options s'agit-il, mon neveu?"

[Iris]

Mère s'adressait à Darren, aussi Aleth resta-t-elle en retrait, attendant patiemment la suite de l'entrevue en silence, son attitude n'étant pratiquement que retenue et modestie.

[Casaïr]

"Je ne crois rien, ma tante, fit d'un ton égal Darren, je suis heureux de savoir que vous prenez mon cas à cœur, tout comme je serai ravi de pouvoir vous aider du mieux que je le peux et tant que je le peux. Quant aux moyens..."

Il soupira, les mots des Tyrell lui revenant en tête.

"...Il s'agit soit de leur apporter suffisamment de dragons d'or pour racheter ma tête, de réaffirmer l'allégeance des miens aux Tyrell -encore que je doute que cela suffise jamais, vu la petitesse de notre maisonnée- ou de disposer d'amis suffisamment influents pour faire fléchir Lord Mace Tyrell. Où les trois à la fois, allez savoir. A tout le moins, l'idée -osée- d'Aleth de débusquer une fouine dans l'entourage des Tyrell pourrait valoir tout l'or de Westeros, reste à savoir ce qui serait le plus simple à mettre en œuvre dans le temps qui nous sera imparti. Dans tous les cas, sachez que je suis navré de vous mettre dans une situation inconfortable, et qu'il vous faut penser aussi à Waterford : je ne voudrais pas que ma présence ici cause plus de mal que de bien à votre domaine."

Le chevalier était rarement aussi sérieux, il l'avait encore dit il y a peu à Aleth, ça ne lui ressemblait pas. Mais pour la première fois depuis longtemps. Le sourire disparut complètement de son visage.

[DukeTogo]

"Pour les dragons d'or, nous attendrons le retour du lord mon époux".

A sa fille : "Tristifer ne doit rien savoir dans l'immédiat de cette possibilité d'issue financière, il se ferait fort de faire disparaître nos caisses... Nous laisserons d'ailleurs votre père célébrer ces succès avant d'aborder cette question, voulez-vous?"

"Allégeance... Cela veut tout dire et pas grand chose en même temps. Le camouflet infligé aux Florent ne suffira peut-être pas..."

Dans l'immédiat, je vous conjure de ne pas courir vos agenouiller à Hautjardin. J'ai le souvenir que la famille du gouverneur est épris de chevalerie. Vous irez la tête haute pour rappeler que vous êtes une fière figure représentative du Bief tandis que nous pourrons proposer de nous acquitter d'un impôt exceptionnel si vous pouviez rester parmi nous."

Elle regardait sa fille comme si elle songeait à elle pour représenter la maison Castellane pour cette affaire d'argent. A bien y réfléchir, Aleth devinait que la défiance pour le moins explicite de sa mère pour son oncle impliquait qu'elle ne se fierait pas à lui pour céder une partie de la richesse du domaine aux Tyrell.

"Quand à une fouine à Hautjardin, si vous en repérez une..." Elle haussa les épaules à ce sujet, ne sachant qu'en penser avant de les regarder tout deux, la bouche close. Darren et Aleth eurent le sentiment qu'elle leur parlerait de choses plus privées à l'un comme à l'autre mais séparément...

[Iris]

Aleth réfléchissait : elle ne tenait pas à prendre Tristifer à rebrousse poil en lui cachant les conséquences de l'élimination de Darren, mais elle était d'accord quant au fait qu'il pouvait avoir des réactions inconsidérées -- même si elle n'osait imaginer qu'il aurait la folie de dissimuler l'argent du domaine ! Cette perspective seule la choquait, mais elle se sentait déjà mal à l'aise avec la volonté de son oncle de se faire appeler "Lord" en l'absence de son père...

" J'ignore si Tristifer sera pressé de me parler. Si tel était le cas, je pourrais toujours l'occuper à propos de son meilleur ennemi, Lyndal Flowers, qui se trouvait à Rubriant. Il appert que le marchand a des affaires en cours avec Lord Florent ; il serait par ailleurs très intéressé de l'installation de marais salants dans le marais de la sorcière, mais ignore qu'ils ne font que jouxter nos terres, ne nous appartenant pas en propre."

" J'aurais assez aimé l'acquérir auprès des Tyrel, sous prétexte de mieux contrôler les flux de brigands qui vont et viennent... car je crains que présenter cet achat comme une manière de nous enrichir par le commerce du sel ne fasse monter aussitôt les prix."

" D'ailleurs a propos brigands, Béric, Jolan et Darren et le prêtre rouge qui loge actuellement au village semblent désireux de les chasser une fois pour toute de nos terres, notamment en s'occupant du Marais de la sorcière. Un haut fait de Darren au profit même d'une terre dont les Tyrel se désintéresse pourrait porter du poids à l'argument de son utilité et de sa nature chevaleresque. Ce n'est peut-être pas grand-chose, mais dans notre situation, tout semble bon à prendre."

Manifestement Aleth s'apprêtait à partir : "J'espère que la présence du prêtre rouge à Waterford alors même que le septuaire est en piteux état, ne fera pas croire que la Maison Castellane perd la foi." ... ce n'était pas faux, mais plus encore elle imaginait déjà tout l'argent de la victoire de Béric passer en rançon pour Darren, et peut-être plus encore. Si Tristifer était prêt à dissimuler des coffres, elle-même désirait fort y puiser et cherchait tous les moyens de complaire aux Tyrel sans payer une fortune. Au contraire de son oncle toutefois, elle se plierait -- sans tricherie ni sabotage -- aux décisions de sa famille.

Elle effectua une révérence : "Mère, Darren, cela fait longtemps que vous ne vous êtes vus, je vous laisse à vos retrouvailles." sur quoi elle les laissa et se dirigea du côté de la tour pour rendre visite à Mestre Corwin, espérant qu'il serait de meilleure humeur... et ne sachant comment évoquer la question de la probable visite de Ser Emmon Cuy...

[Casaïr]

Darren rendit son salut à Aleth avant de se tourner vers sa tante... et de se retrouver quelque peu démuni. Pourtant, il savait -d'ordinaire- quoi dire, mais sa tante avait un je ne sais quoi d'intimidant -à moins que ce ne soit à cause du portrait que lui en avait dépeint sa chère cousine. Cherchant à se recomposer une attitude un peu plus correcte, il décida de se lancer sur, finalement, la seule chose qui lui venait à l'esprit : la fameuse lettre.

"Je suis très heureux pour l'invitation que vous m'avez envoyé, même si j'avoue avoir été quelque peu surpris. Sans vouloir me montrer trop curieux, et si je m'en tiens à ce que vous avez dit tout à l'heure, vous pourriez avoir besoin de mes services, j'espère donc que vous pourrez rassasier ma curiosité"

[DukeTogo]

Guenièvre garda le silence un moment en observant son neveu et regarda derrière lui pour s'assurer que la porte était bien fermée.

"Tu es devenu un fort bel homme, plus sans doute que ton père à ton âge. C'était quelque chose de voir toutes les ladys tomber en pâmoison pour lui."

"Les raisons pour lesquelles je t'ai demandé de venir à Waterford me paraissent aujourd'hui bien secondaires par rapport à la funeste orientation dont il faut te soustraire. Mais puisque tu veux être rassasié..."

"Il manque à ce château plusieurs lettres de noblesse. Un ser, pour commencer. Le lord pourrait adouber lui même quelqu'un de la maison, mais il a une haute estime de la chevalerie et ne le fera pas même si quelqu'un comme Béric le mérite certainement. Jared est trop jeune quand à Tristifer..."

Elle poussa un soupir en prononçant le nom de son beau-frère et ajouta : "Il manque surtout une alternative."

"Tristifer, le frère cadet de mon époux s'est accaparé bien des tâches au point d'être supposé indispensable. J'aimerais me tromper mais je crains qu'un jour ou l'autre, il amène le malheur sur notre maison. J'ai depuis longtemps remarqué que tu n'étais pas dépourvu de bon sens et que tu savais te faire apprécié. Tristifer abuse de l'affection fraternelle de mon époux qui a pour lui une tolérance quasi paternelle. Si quelqu'un doit être indispensable ici et montrer ce que devrais être un vrai membre de notre famille, je préfères que ce soit une personne dont on n'aura pas à se défier."