Chapitre XI
Pour la première fois, j'ai l'impression de toucher mon but. Quelques rumeurs m'ont fait dévier de ma route deux jours avant d'atteindre Schoningen. Je sais qu'il est là, il n'est pas loin...
Me voici désormais à Pritzstock, ce matin un des marchands de passage m'a confirmé les précédentes rumeurs, il l'a vu il y a moins de deux jours. Je le sens à ma portée, il est si proche. Je ne sais même pas si il se souvient de qui je suis, si il sait ce qu'il m'a fait...
Sait-il au moins que je le suis depuis ce jour ? Qu'il est devenu la seule chose qui me maintient à la vie, ou me maintient au supplice, je ne sais trop comment le dire. Dans tous les cas, je pense me poser une journée ici, pour me préparer au mieux, afin de ne pas commettre d'erreur. Son campement est à une journée et demi vers le sud-est. Sans le savoir, je suis passé non loin...
À l'heure où je pose ces lignes, quelques fièvres semblent s'emparer de moi. Malgré l'heure tardive, je ne sens pas l'emprise du sommeil, comme si mes rêves les plus fous m'empêchaient de fermer ne serait-ce qu'un seul œil. Je ne peux m'empêcher de de repenser à sa proximité.
Mais il faut que je me force à dormir, si je ne suis pas au meilleur de ma forme, il pourrait une fois de plus m'échapper.
….
Cette nuit, le vent de la terreur a soufflé sur la ville.
Je ne viens que de l'apprendre, et je sens désormais mon cœur lourd. En plein milieu de la nuit, un groupe de réfugiés a fait irruption dans la bourgade, colportant une seule et unique nouvelle : une horde de bêtes du chaos a détruit leurs villages plus à l'ouest et ils continuent à progresser en direction de Middenheim. Jusque là, aucune force ne s'est opposé à l'avancement de ces engeances, les villes et villages tombent les uns après les autres …
Me voici donc désormais bloqué dans cette ville, bloqué sans rien pouvoir faire, bloquer à ronger mon frein.
Par instant je me dis que je pourrais très bien reprendre la route tout de suite mais il vaut mieux attendre que cela se calme avant de reprendre le chemin, trop de dangers courent à travers les forêts et ici chaque route est bordée par la forêt, de quoi entraîner la perte d'un voyageur isolé...