Bon, et bien, de mon côté, je viens de terminer le point de vue de Brian Lyggs... A ma sauce. Je préfère vous laisser lire directement. Soldat insouciant de la garde de la ville de... hum en fait je n'ai plus le nom... Disons Harz-Raog( c'est un truc du genre si je me souviens bien ). Attention, ne pas lire si vous voulez faire ce scénario là. J'ai dû me tromper sur les noms propres. N'hésitez pas à me le faire remarquer.
Pour ce qui est de la série des trois scénar, j'ai joué Brian Lyggs pour le premier et Lysa, une chasseresse pour le deuxième et le troisième (Lyggs était tout simplement devenu trop... blessé mentalement... 15 points de trauma temporaire+permanants à l'issue du premier scénar si je me souviens bien.).
Et franchement, c'était glaçant. Glaçant et terrifiant.
Ce court texte raconte le 1er scénario de "l'image d'une reine" vu par Brian Lyggs.
Soldat Lyggs au rapport a écrit :Le bâton tomba. Pour la énième fois.
"Lyggs !"
Le jeune soldat se retourna : le sergent le fusillait du regard. Avec raison d'ailleurs : il était mou, aucune volonté. Et ce depuis une semaine.
Le sergent grogna et, d'un doigt impérieux, lança :
"Dans mon bureau. Sur le champ."
Brian Lyggs soupira. et détacha le plastron d'entrainement et les jambières de cuir avant de suivre son supérieur sous l'oeil inquiet de ses camarades.
Le bureau du sergent, si on pouvait appeler ça ainsi, était en réalité une remise dans laquelle l'on pouvait à peine tenir à deux avec deux caisses au milieu faisant office de table sur laquelle étaient empilés plusieurs feuilles de papier ainsi qu'un encrier dans lequel trempait une plume. Dans un coin, deux livres ou registres. Le sergent invita le soldat à s'asseoir devant lui et, dans un calme qui laissait présager la tempête, murmura lentement :
"Soldat Lyggs… Je vous savais indiscipliné, mais, jusqu'à présent, j'ai toujours passé l'éponge. Savez vous pourquoi?"
Lyggs ne répondit pas, les yeux fermement rivés sur le sol. Le sergent ne put s'empêcher de déglutir. Le teint de Lyggs était blafard, ses yeux étaient cernés et trois rides étaient maintenant gravés sur son front. Depuis une semaine. Depuis qu'il était revenu de cette mission, mission que lui avait confié le baron.
"Lyggs? Vous êtes toujours là?"
Le soldat sembla émerger d'un mauvais rêve et plongea ses yeux dans ceux de son supérieurs. Des yeux vides, des yeux froids, traumatisés. Le sergent soupira et reprit :
"Bon. Je disais? Pourquoi j'ai passé l'éponge jusqu'à ce jour? Parce que vous étiez un soldat efficace, Lyggs ! Efficace ! Et depuis une semaine, vous êtes insignifiant… Vous ne semblez même plus savoir comment manier une arme. Je vous rappelle que la menace féonde est toujours…"
Brian leva la main, l'interrompant, et lança :
"Chef? Est-ce qu'il vous est déjà arrivé de tuer un homme?"
Le sergent haussa le sourcil et il sentit son coeur se dessécher. Il fixa son soldat en écarquillant les yeux et murmura :
"Lyggs, ne me dites pas qu'entre tous, vous… vous…"
Lyggs releva la tête, froid. Le sergent renchérit :
" Lyggs, vous allez être sincères avec moi. Qu'est ce qu'il s'est passé là bas? "
Le soldat secoua la tête vers le sol comme pour se débarrasser d'un mauvais souvenir. Le sergent soupira. Il n'en obtiendrait rien. Une voix enrouée, hachée par le remord et la tristesse émergea de la bouche de ce joyeux (habituellement) soldat :
"Tout a commencé il y a une semaine quand le baron nous a demandé d'approvisionner le village de Kinin Lod. Nous n'avions plus de nouvelles, et nous craignions qu'il ne passât pas l'hiver…
- Kinin Lod… ce n'est pas là que vous êtes nés, soldat?"
Un tressaillement traversa les épaules de Brian Lyggs et il acquiesça silencieusement.
"Pour ce périple, je me suis joint à deux autres personnes. L'Osfei Judith MacNagan et le médecin Jornan Fangs."
Il fit une pause et reprit lentement :
"Le voyage se déroula plutôt calmement, jusqu'au moment où…"
Il déglutit.
"Jusqu'au moment où nous sommes tombés sur un cadavre sur notre route. Un homme du village. Un homme qui avait essayé de rejoindre Harz'raog pour prévenir le baron.
- Fauché par des féondas?"
Un pâle sourire traversa le visage de Lyggs. Un sourire douloureux.
"Admettons… pour le moment. Appelons-Les Féondas. Enfin, à partir de là, nous n'avions que quelques mètres à marcher pour apercevoir le village. Et là… Les charognards auraient du nous laisser présager du pire.
- Les charognards? Souffla le sergent.
- Oui… Au dessus du village... et cette impression constante d'être observé par des yeux cachés dans les buissons. Nous sommes ensuite arrivés au village… et là."
Une expression de dégout lui traversa le visage :
"C'était vide… Pas un chat, pas un bruit dehors. Juste trois buchers…"
Le sergent déglutit :
"Une épidémie?"
Brian secoua la tête avec un sourire au milieu du visage :
"Oui et non… Dans ce cas précis, les buchers n'avaient pas été monté dans le dessein de bruler les corps des malades ayant succombé à la maladie. Et les trois poteaux ainsi que les corps carbonisés qui y étaient fixés témoignaient en cette faveur. On y avait brulé des hommes… alors qu'ils étaient encore vivants."
Le sergent pâlit et Brian parla lentement en savourant ses mots :
"Nous sommes entrés dans la maison commune où nous avons trouvé une grosse dizaine de paysans armés jusqu'aux dents prêts à nous enfourcher, terrifiés… Fort heureusement, le docteur Fangs était déjà passé là quelques semaines plus tôt et moi-même j'étais né là. Ils finirent par nous accueillir soulagés. Là, nous avons appris qu'une épidémie avait emporté tout le village à l'exception de cette douzaine de survivants."
Le sergent hoqueta :
"Pardon? Combien de morts?
- Au moins 200, souffla Lyggs."
Le sergent essuya la sueur qui commençait à perler à son front et murmura :
"Lyggs. Ouvrez la porte pour aérer un peu s'il vous plait."
Lyggs s'executa lentement. Le sergent souffla :
"Comment?.. Comment ces derniers survivants ont ils pu… en réchapper?"
Le visage du soldat se rembrunit et il ferma les yeux :
"Nous n'étions pas les premiers arrivés…"
Il s'arrêta et reprit sa respiration :
"Des hommes de Gwidre. Le vecteur Julius et les lames Liam et Mish."
Le sergent resta silencieux ébahi… Des Gwidrites, aussi loin en territoire talkéride? Il fronça les sourcils et souffla :
"Lyggs, les buchers, vous voulez dire que?.. Ce sont eux qui les ont allumés?"
Brian ferma les yeux et des larmes perlèrent à ses yeux.
"Non."
Le sergent haussa le sourcil.
"J'ai pris la Lame Liam à part. Je lui ai moi même posé a question. La réponse est sans ambiguité. Ces fanatiques de l'Unique ont expliqué que le démorthèn et ses Ionnthèn, à même titre que tous ceux qui croyaient en les anciennes traditions, étaient cause du fléau qui traversait le village. Que leur Unique, comme ils l'appellent les avait abandonné à cause de cela. Non. Pas d'ambiguité. Ces harangues ont fait mouche. Ce sont les villageois qui ont brulé leur propre démorthèn et ses Ionnthèn."
De pâle, le sergent devint blafard et eut un haut le coeur.
"Et le pire, souffla Lyggs, c'est que cela était fait sans aucune autre intention que de protéger la communauté. Ces fanatiques étaient sincères… et n'eussent-ils pas été là, nous n'aurions trouvé que des cadavres.
- Expliquez vous, Lyggs.
- Le vecteur… ce Julius… il avait quelque chose. Ses prières semblaient puiser de l'énergie et la redistribuer aux alentours. Et allez savoir, cela semblait protéger les villageois contre les maux. Je vous assure… Et ils priaient avec tant de ferveur. Le médecin ne s'est pas laissé prendre au jeu, par contre, l'Osfei a accepté de coopérer, passant outre la répulsion qu'impliquait leurs actes et… je ne sais pas que dire. Ça allait d'incohérence en incohérence… Ces gens là qui avaient poussé à la plus terrible des barbaries protégeaient le village. Avec sincérité, avec pitié, en faisant tout ce qui était en leur pouvoir pour cela. Je voulais les tuer, mais en même temps… en même temps, je les admirait. "
Il y eut un silence. Le sergent le brisa en lui indiquant de continuer :
- Bref, revenons, à notre problème…"
Lyggs essaya de se remémorer la chronologie des évènements.
"Un détail… un simple détail nous a mis sur la piste ; un gosse qui portait une gourde de l'extérieur. Il l'avait prise au puits… L'Osfei et moi-même nous y rendîmes, mais avant que nous ne puissions l'atteindre, ils ont commencé à hurler. Vous savez? Ceux que vous avez appelé Féondas quelques minutes plus tôt.
- Ceux que…?
- Ne soyez pas impatient, sergent, souffla Lyggs avec un sourire macabre."
Il reprit sa respiration :
"Où en étais-je déjà? Ah, Oui. La nuit venue, nous étions sortis quand nous avons été interrompus par ces cris et des silhouettes se déplaçant dans le noir. Nous nous sommes immédiatement mis en sécurité dans la maison principale. L'instant qui suivait, nous entendions le râle d'agonie de nos caernides. Nous ne pouvions plus nous enfuir."
Lyggs fit une pause avant de reprendre :
"Le matin suivant, nous avons repris les recherches. Un examen, hum… approfondi du puits et le conclusion du docteur Fangs par rapport aux échantillons récoltés nous ont confirmé que l'épidémie était en réalité un empoisonnement. Oui, un empoisonnement de l'eau du puits. Les derniers survivants y avaient échappé car, habitant près de la rivière, ils prenaient l'eau directement là bas. Ils n'avaient été rapatriés à la maison commune que depuis que les gwidrites les y avaient regroupés pour effectuer une sorte de.. dernier carré contre les… féondas."
Une nouvelle fois, Lyggs avait accentué ce mot. Le sergent, captivé, lui fit signe de continuer.
"La substance qui avait été introduite - via la source d'après les déductions de mes deux compagnons - était extrêmement corrosive et attaquait la chair, le bois et la pierre…"
Le sergent haussa le sourcil :
"La pierre? Vous n'êtes pas en train de fabuler un peu, Lyggs?"
Le soldat eut un violent frisson et d'une voix tremblante répliqua :
"Je sais ce que je dis, sergent. J'ai eu l'occasion de le voir de près… Croyez-moi."
Non. Pour son amour propre, il ne dirait pas qu'il était tombé dans le puits… Autant ne pas l'inquiéter plus que ça, d'autant qu'avec le regard fataliste de Jornan Fangs, Lyggs en avait déduit que le fait d'avoir fait trempette dans l'eau souillée risquait de lui causer de gros soucis à l'avenir.
"Pendant que je… heu… faisais quelques recherches approfondies dans le village, Fangs et MacNagen se sont rendues dans l'écurie pour examiner les restes des caernides et des boernacs. Et les découvertes qu'ils ont faites nous ont poussé à nous aventurer à la source en traversant la forêt."
Lyggs serra les dents. Cette partie du récit était la plus difficile à évoquer. Il parlait lentement et difficilement, la voix tremplante :
"Nous pressentions une embuscade. Et nous avions raison. Nous étions suivis. J'ai essayé de surprendre notre agresseur mais ce fut lui qui mon tomba dessus.
Un être cauchemardesque à la peau épaisse et à la tête de loup. Et des griffes… Enormes. Nul doutes que c'était ce qui avait déchiqueté les caernides et le messager… Je n'ai pas réussi à lui percer les chairs - du cuir profond… très profond - mais MacNagen a réussi à l'éliminer une bonne fois pour toute…
- Féond… murmura le sergent."
Lyggs baissa la tête et souffla :
"Non… humain."
Un grand silence enveloppa la petite salle. Le sergent dévisageait son subordonné avec une horreur grandissante, comme si une telle chose ne fut pas possible, fut totalement absurde. Le soldat eut un rire amer:
"Une peau de bête, un masque de loup, des armes taillées sous forme de griffe. Le tour était joué. Ne vous en faites pas. La nouvelle a été dure à encaisser pour nous aussi. Fangs y a laissé la moitié de ses tripes. L'homme portait le blason du baron de la ville de [perdu mes notes?]"
Rien ne pouvait décrire l'horreur que dépeignait le visage du sergent. Pour enfoncer le clou, Lyggs grinça :
"Point de féondas dans cette histoire là. La folie humaine s'est chargée de faire tout le travail. Et pour conclure en beauté, une fois nos plaies pansées, nous nous sommes rendus sur la rive du lac. Là, accompagnés du chevalier Liam, nous avons découvert ces tonneaux qui déversaient leur venin dans la rivière. De quel type de venin s'agissait-il, je n'en sais rien. Une chose est sure, le docteur Fangs avait l'air profondément affecté par cette découverte, et, à notre retour au village, il a qualifié ce produit comme étant le pire des poisons au vecteur Julius, toutefois sans aller plus loin."
Il fit une pause ;
Le silence engloba la pièce. Lyggs conclut :
"Nous avons ensuite ramené les villageois en ville, laissant les gwidrites protéger le village de Kinin-Lod. Suite à quoi, nous avons fait notre rapport au baron avant que je ne me sépare de mes compagnons, pour, disons, prendre un peu de repos. Mais cela… Cela n'était pas du à une folie féonde, une rage de destruction. C'était calculé. Patiemment calculé. Il fallait détruire, rayer ce village de la carte. Et ce, de la manière la plus discrète possible. Une maladie et des féondas. Remplacez cela par le poison et les hommes et le gout de la pomme est bien différent "
Le jeune soldat baissa la tête et murmura tristement :
"D'ailleurs, d'après ce que j'ai compris des évènements récents, Fangs et MacNagan n'ont pas réussi à empêcher qu'éclate la guerre entre nos deux baronnies."
Le sergent posa les mains sur son bureau et lança d'un ton grave en se levant :
"Ou bien, ils ont trouvé des preuves qui affirmaient leurs dires."
Il semblait avoir vieilli de vingt ans quand il reparut à la lumière du jour avec Lyggs. Il se retourna vers lui et lui posa la main sur l'épaule :
"Lyggs, vous avez fait ce que vous aviez à faire je pense. Mais il faut vous remettre mon vieux. Prenez dix jours pour vous reposer pour vous recentrer sur vous même, pour respirer. Pour essayer d'oublier."
Lyggs repoussa cette main doucement :
"Sergent, il est des choses que l'on ne peut pas oublier. J'accepte la permission, mais je doute pouvoir me remettre de ce que j'ai vu là bas."
Il salua son supérieur avec un sourire triste et s'éloigna en direction de la sortie de la caserne.
En le voyant, ainsi, une chape de plomb sur les épaules, le sergent en eut la certitude. Le léger, joyeux et débonnaire soldat Lyggs n'est jamais revenu de son voyage dans le petit village de Kinin-Lod. Et jamais il ne reviendrait.