Premier jour d'été, province du Saint Conseil Vertueux
Publié : 08 nov. 2011, 12:08
Ce matin là, Laughrence Roubley s'était levé difficilement au chant du coq.
La veille, le petit Laughrence avait eu de la peine à trouver le sommeil, excité en prévision du lendemain.
Il mit ces plus beau habit après un récurage dans tous les coins. Son père était lui aussi nerveux, il voulait que ce jour reste gravé dans sa mémoire. Remplissant aujourd'hui, plus un rôle maternel, il veillait que son unique fils de 13 ans soit présentable devant le Saint Conseil Vertueux et les conseillers des autres provinces...
Laughrence se regardait dans le petit miroir sa mère et repensa alors furtivement à l'histoire tragique de sa mort.
Une nuit, un gémissement horrible provenant du nord avait emporté sa mère qui ramassait le linge.
Il rapporta alors son regard vers son lit, et rechercha dans la pénombre son petit lapin créé par son père avec le reste de tissus de l'étendoir.
Il soupira.
Se tournant vers son père avec un sourire un peu crispé : "Alors, ça va ?"
Son père le regarda d'un air grave, s'approcha pour arranger une mèche de cheveux rebelle qui résista finalement à toutes ces tentatives, malgré les protestations de son fils.
"Arrête de bouger !"
"Aie ! Tu me fais mal !"
Il prit tendrement le visage de son fils dans ses grandes mains rugueuses, déposa un baiser sur le front.
Il se tourna pour récupérer sa cape et son bâton de marche de la table branlante.
La ferme en bois et chaume était très modeste, une seule pièce à vivre, avec 3 alcôves pour les 2 chambres et le garde manger séparées seulement d'un tissus épais et gris.
La salle principale servait à tout, le gros poile éteint dans un coin, la table pour 6 personnes avec ses 2 bancs, une chaise à bascule dans le coin opposé. Les poutres et patères servaient à suspendre tout un tas d'objets et de cordes qui prenaient la poussière. Le sol en terre battue n'était plus tout à fait plan depuis qu'il avait fait un gros orage au début du printemps.
Dehors la grange attendait la prochaine récolte de céréales avidement. L'année passée la récolte avait été anéantie par des orages de grêle. Et la famille s'était un peu endettée pour passer l'hiver.
Mais en voyant le soleil qui se levait et l'air sec, la mine du père Roubley était confiante en l'avenir.
Le père Roubley chassa les ennuis en chassant un insecte de sa figure, il leva les yeux vers le chemin qui montait vers la cité. Il leur faudrait bien 6h de marche pour arriver devant le conseil. Il fallait se hâter.
"Allons-y !"
Il siffla une chanson louant les bienfaits du printemps. L'été arrivait à grand pas.
La route jusqu'à la cité suivait le fleuve en serpentant. Jadis les grands travaux des Ingénieurs avaient abouti à aménager le fleuve pour irriguer toute la plaine autour de la cité.
**********
La cité s'élevait au dessus de la plaine à partir un plateau montagneux, d'où descendait le fleuve en 3 grandes cascades. Des flèches blanches semblaient toucher les nuages. La cité était vraiment imposante en arrivant de la plaine avec ses tours et ses remparts.
Le seul accès rapide provenait d'un monte-charges qui permettait de prélever les taxes.
Les Roubley, ne pouvant pas se le permettre, prirent la longue route escarpée creusée dans la roche.
La ville était en fête en ce premier jour d'été. Il y avait des drapeaux blanc et dorée ainsi que des grappes de fleurs tombant entre les maisons de pierre grise. Les rues étaient pavés de pierres blanche et grise.
La rue principale s'ouvrait sur la place des marchants richement décorée. Au fond, la fontaine sculptée dans la roche offrait un rafraîchissement bienvenu pour les voyageurs. Des saltimbanques animaient la place de leurs tours et musiques.
Deux escaliers en partaient pour rejoindre à droite la place des artisans, à gauche les auberges grignotées par d'autres marchands. Les attelages étaient obligées d'emprunter la route longeant la muraille et d'autres monte-charges.
A l'étage supérieur, le père Roubley emmena son fils dans les jardins bordant le palais pour trouver un air plus frais et se reposer, il leur restait 2 heures avant la présentation au Saint Conseil Vertueux.
Laughrence profita de la vue pour rechercher sa maison dans la plaine mais il ne parvint qu'à trouver la gueule du Dévoreur, un amas rocheux qui semblait avaler l'océan. Il réprima un frisson. Il n'était plus un enfant !
Une fois remis, ils redescendirent vers la place des artisans, pour aller voir le forgeron Gundal Poinblant, ami de la famille. Gundal était juste en train de fermer la boutique.
Les deux hommes s’empoignèrent fermement.
Gundal : "Breandan !!! Comment vas-tu mon ami ? Ne serait-ce pas le grand Lawlaw ! Comme tu as grandit !"
Il lui asséna une large tape sur l'épaule qui faillit faire tomber le jeune Roubley. Ce dernier n'avait pas grandit depuis l'automne dernier et cela le minait quand il se comparait aux autres enfants de son age.
Laughrence fronça le nez à l'odeur de métal que dégageait Gundal. Plus petit que son père il arborait des bras 2 fois plus gros, et chose comique on aurait dit que ses sourcils blonds prenaient une revanche sur ses cheveux dégarnis et coupés très courts.
Son visage tout ridé montrait des stries blanches là où la chaleur de la forge ne brunissait sa peau. Cela lui faisait comme des étoiles autour des yeux quand il les écarquillait ou qu'il soulevait ses sourcils. Son sourire franc ne permettait pourtant pas à Laughrence de se détendre totalement.
Cette nuit, ils dormirait là. La femme de Gundal était partie avec sa fille pour finir leur robe.
Ils en profitèrent pour boire un alcool qui fit tousser Laughrence rien qu'en le reniflant.
*
La veille, le petit Laughrence avait eu de la peine à trouver le sommeil, excité en prévision du lendemain.
Il mit ces plus beau habit après un récurage dans tous les coins. Son père était lui aussi nerveux, il voulait que ce jour reste gravé dans sa mémoire. Remplissant aujourd'hui, plus un rôle maternel, il veillait que son unique fils de 13 ans soit présentable devant le Saint Conseil Vertueux et les conseillers des autres provinces...
Laughrence se regardait dans le petit miroir sa mère et repensa alors furtivement à l'histoire tragique de sa mort.
Une nuit, un gémissement horrible provenant du nord avait emporté sa mère qui ramassait le linge.
Il rapporta alors son regard vers son lit, et rechercha dans la pénombre son petit lapin créé par son père avec le reste de tissus de l'étendoir.
Il soupira.
Se tournant vers son père avec un sourire un peu crispé : "Alors, ça va ?"
Son père le regarda d'un air grave, s'approcha pour arranger une mèche de cheveux rebelle qui résista finalement à toutes ces tentatives, malgré les protestations de son fils.
"Arrête de bouger !"
"Aie ! Tu me fais mal !"
Il prit tendrement le visage de son fils dans ses grandes mains rugueuses, déposa un baiser sur le front.
Il se tourna pour récupérer sa cape et son bâton de marche de la table branlante.
La ferme en bois et chaume était très modeste, une seule pièce à vivre, avec 3 alcôves pour les 2 chambres et le garde manger séparées seulement d'un tissus épais et gris.
La salle principale servait à tout, le gros poile éteint dans un coin, la table pour 6 personnes avec ses 2 bancs, une chaise à bascule dans le coin opposé. Les poutres et patères servaient à suspendre tout un tas d'objets et de cordes qui prenaient la poussière. Le sol en terre battue n'était plus tout à fait plan depuis qu'il avait fait un gros orage au début du printemps.
Dehors la grange attendait la prochaine récolte de céréales avidement. L'année passée la récolte avait été anéantie par des orages de grêle. Et la famille s'était un peu endettée pour passer l'hiver.
Mais en voyant le soleil qui se levait et l'air sec, la mine du père Roubley était confiante en l'avenir.
Le père Roubley chassa les ennuis en chassant un insecte de sa figure, il leva les yeux vers le chemin qui montait vers la cité. Il leur faudrait bien 6h de marche pour arriver devant le conseil. Il fallait se hâter.
"Allons-y !"
Il siffla une chanson louant les bienfaits du printemps. L'été arrivait à grand pas.
La route jusqu'à la cité suivait le fleuve en serpentant. Jadis les grands travaux des Ingénieurs avaient abouti à aménager le fleuve pour irriguer toute la plaine autour de la cité.
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La cité s'élevait au dessus de la plaine à partir un plateau montagneux, d'où descendait le fleuve en 3 grandes cascades. Des flèches blanches semblaient toucher les nuages. La cité était vraiment imposante en arrivant de la plaine avec ses tours et ses remparts.
Le seul accès rapide provenait d'un monte-charges qui permettait de prélever les taxes.
Les Roubley, ne pouvant pas se le permettre, prirent la longue route escarpée creusée dans la roche.
La ville était en fête en ce premier jour d'été. Il y avait des drapeaux blanc et dorée ainsi que des grappes de fleurs tombant entre les maisons de pierre grise. Les rues étaient pavés de pierres blanche et grise.
La rue principale s'ouvrait sur la place des marchants richement décorée. Au fond, la fontaine sculptée dans la roche offrait un rafraîchissement bienvenu pour les voyageurs. Des saltimbanques animaient la place de leurs tours et musiques.
Deux escaliers en partaient pour rejoindre à droite la place des artisans, à gauche les auberges grignotées par d'autres marchands. Les attelages étaient obligées d'emprunter la route longeant la muraille et d'autres monte-charges.
A l'étage supérieur, le père Roubley emmena son fils dans les jardins bordant le palais pour trouver un air plus frais et se reposer, il leur restait 2 heures avant la présentation au Saint Conseil Vertueux.
Laughrence profita de la vue pour rechercher sa maison dans la plaine mais il ne parvint qu'à trouver la gueule du Dévoreur, un amas rocheux qui semblait avaler l'océan. Il réprima un frisson. Il n'était plus un enfant !
Une fois remis, ils redescendirent vers la place des artisans, pour aller voir le forgeron Gundal Poinblant, ami de la famille. Gundal était juste en train de fermer la boutique.
Les deux hommes s’empoignèrent fermement.
Gundal : "Breandan !!! Comment vas-tu mon ami ? Ne serait-ce pas le grand Lawlaw ! Comme tu as grandit !"
Il lui asséna une large tape sur l'épaule qui faillit faire tomber le jeune Roubley. Ce dernier n'avait pas grandit depuis l'automne dernier et cela le minait quand il se comparait aux autres enfants de son age.
Laughrence fronça le nez à l'odeur de métal que dégageait Gundal. Plus petit que son père il arborait des bras 2 fois plus gros, et chose comique on aurait dit que ses sourcils blonds prenaient une revanche sur ses cheveux dégarnis et coupés très courts.
Son visage tout ridé montrait des stries blanches là où la chaleur de la forge ne brunissait sa peau. Cela lui faisait comme des étoiles autour des yeux quand il les écarquillait ou qu'il soulevait ses sourcils. Son sourire franc ne permettait pourtant pas à Laughrence de se détendre totalement.
Cette nuit, ils dormirait là. La femme de Gundal était partie avec sa fille pour finir leur robe.
Ils en profitèrent pour boire un alcool qui fit tousser Laughrence rien qu'en le reniflant.
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