Civ - Union

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Iris
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Civ - Union

Message : # 7116Message Iris
18 mars 2012, 14:46

IDÉOLOGIES

À tout désastre politique majeur sa philosophie de l’histoire.

Union est une création qui rassemble des sources idéologiques totalitaires et utopistes, une chimère qui puise au stalinisme, à l’idéal communiste comme à l’American way of life. Tous deux grandioses, rêvant de projets architecturaux démesurés, d’une place particulière dans l’histoire et le sort de l’humanité, ici réunis au-delà des apparentes divergences, se développant sur un désert, aussi sec, aride et désolé que l’Arizona ou les étendues dévastées des rivages de la mer d’Aral.


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Bibliographie :

Michael C. Behrent, « Agressé par la réalité – encore et toujours : La Guerre d’Irak comme philosophie de l’histoire », La Vie des idées, 24 décembre 2007. ISSN : 2105-3030. URL : http://www.laviedesidees.fr/Agresse-par ... re-et.html

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LE SENS DE L’HISTOIRE

Réaliser son salut en ce monde

Les systèmes politiques totaux justifient les mesures prises au nom de la nécessité de réaliser un idéal absolu, le bonheur des peuples, de l’humanité, son salut sur terre. L’utopie est considérée comme accessible, à l’horizon qui point. Le paradis terrestre se conquiert à la force du poignet, tous les efforts sont justifiés par le but à atteindre.

La face obscure des Lumières

L’utopie n’est qu’une volonté d’aller jusqu’au bout du « credo des Lumières selon lequel les humains peu-vent, en s’appuyant sur leurs propres facultés, créer la parfaite cité des hommes. […] les Lumières elles-mêmes, […] ne sont jamais qu’un christianisme abâtardi : la croyance que l’histoire suit son cours, qu’on peut lui imposer un sens, est le legs le plus vivace du christianisme à la pensée occidentale. Plus précisément, le christianisme enseigne que l’histoire est le récit du salut de l’humanité, au terme duquel le mal, la discorde et la souffrance seront finalement vaincus dans un combat apocalyptique décisif. » (Michael C. Behrent, 2007). Le salut se poursuit au sein même de l’Histoire.

Les illusions du rationalisme scientifique


L’Humain parfaitement abouti, rationnel, intéressé, vertueux, au sommet de l’évolution, résultat de siècles d’histoire et de luttes autant que de progrès constants, est le citoyen idéal tel qu’imaginé et décrit en Union. Les sciences permettent de le comprendre, de prévoir son comportement, de maîtriser les flux des foules dans les transports, les fluctuations de l’économie, les errements des émotions… Il n’est rien que la science ne puisse prédire pour peu que les informations disponibles soient suffisamment nombreuses et la formule suffisamment complexe. L’humanité en Union marche vers son aboutissement, elle s’apprête à atteindre une perfection ultime et perpétuelle de félicité.

Déni et oubli

Qu’importe les sombres événements de l’Aube blanche, le déni des événements dans l’Ouest, au-delà des montagnes, il y a bien plus à faire dans les profondeurs des océans et le sud glacial ! L’Histoire est lue dans une perspective téléologique évidente, elle était un processus se déroulant pour atteindre un but déterminé. À présent elle n’est plus, elle est finie. Elle n’est d’ailleurs pratiquement plus enseignée, le présent est bien plus important, la connaissance des sciences dures, prévisibles, maîtrisables, qui donnent un parfait contrôle sur la réa-lité doivent être maîtrisée par les citoyens éclairés du pays. Il n’y a pas de temps à perdre avec le passé.

… Pourtant des missions scientifiques sont occupées à comprendre quel peuple a édifié les vestiges découverts dans les déserts glacés du sud…

… et des questions taraudent les vétérans de l’armée, tenus au silence et à la confidentialité, eux qui explorèrent les dunes infinies, accessibles avant l’Aube Blanche, combattant des créatures monstrueuses, des « carapaces » de chitine intelligentes aux motivations qui semblaient dépasser la simple défense du territoire…




Un leurre, un horizon inatteignable

Fondant des objectifs de société sur un leurre, créant de vastes entreprises, décidant des investissements considérables pour mener à bien un objectif utopiste, par définition irréalisable, le projet d’Union est voué à un échec inéluctable, inévitable, mais sans cesse repoussé plus loin par la certitude, la foi en la possibilité de la réalisation de ces tâches impossibles. Certains dans le pays ont accès à suffisamment d’informations et ont assez de sens critique pour comprendre que la rupture est proche alors même que l’enthousiasme est encore à son comble, que les sacrifices sont nombreux, déchirants, passionnés, les efforts consentis considérables…


Que deviendra une société qui découvre que ses rêves devenus des certitudes, n’ont jamais eu plus de consistance que des chimères déguisant une réalité cruelle et brutale ?


Une gnose du guide

Le fondateur du dogme d’Union « [enseigna] à ses disciples que les gardiens d’une vérité cachée peuvent en toute bonne conscience suborner le public sur leurs intentions réelles si cela permet de parvenir à des fins supérieures » (Michael C. Behrent, 2007). Les agents supérieurs de l’administration, officielle ou secrète, intègrent une méthodologie de travail basée sur une forme de foi, de connaissance intuitive de la nature de l’ennemi, en l’absence même de preuves concrètes. La vérité est certaine, et si les éléments manquent, c’est uniquement qu’ils ont été dissimulés par perfidie. Il faut écouter savoir son cœur guidé par ses idéaux. Hélas les citoyens moins évolués sur la voie de la compréhension intime et intuitive d’Union ont encore besoin des oripeaux du légalisme.

Un état d’urgence perpétuel

Autant l’idéal visé est grand, aussi immense qu’un bonheur absolu, autant les dirigeants qui visent à le mettre en place sont pétris de pessimisme quant à la nature humaine. Ils craignent sans cesse des complots, des factions, des dissidences, le surgissement d’ennemis de l’intérieur comme de l’extérieur. Le monde dans son ensemble est une menace perpétuelle. Face aux jeunes contestataires qui réclament les libertés les plus simples comme d’aller et venir à leur guise, ils assurent que ce sera fait dès que possible, dès que la menace sera écartée, que le pays connaîtra la paix… sans réellement croire qu’elle soit possible car les ennemis dissimulés dans les ombres guettent la moindre faille. La jeunesse doit donc accepter les rigueurs du contrôle du système pour son propre bien.


....

Union & Désunion constitue un double projet entre dystopie et post-apocalyptique. A l'heure actuelle il est en cours de formation & développement, recherche documentaire, esquisses, préparations de pistes de scénarios... Il est conçu pour pouvoir être exploré après Artland et le Regenland dans le sens où le Regenland est une ancienne colonie artlandaise et constitue donc un pan de son futur, et que le jeu en Union & Désunion se situe après l'événement de l'Aube blanche dont on n'a que des rumeurs floues et lointaine au Regenland. Union & Désunion sont les deux faces d'une même pièce, il y a la réalité de la cité idéale, prospère, majestueuse, monumentale, et puis ce qui s'est passé de l'autre côté d'une chaîne de montagnes. Cette civilisation bicéphale est fortement imprégnée de préoccupations contemporaines : totalitarismes, idéaux politiques, utopies, responsabilité des dirigeants, ignorance et bonheur, nucléaire, altérité... mais la dénonciation, si on peut considérer qu'elle constitue un aspect de la base de travail, n'est pas le but final, puisque l'idée est bien que le tout devienne un cadre de jeu intéressant, axé pour Union sur la révélation, le complot, l'action clandestine, un soupçon d'horrifique et de SF façon années 1950-1960, et pour Désunion, plutôt un post-apocalyptique teinté de touches chamaniques et spirituelles en même temps que de SF pour l'aspect rencontre d'autres formes d'intelligence.


(Je précise qu'il ne faut pas hésiter à commenter ;) ici ou là ... http://iris-d-automne.over-blog.fr/arti ... 09179.html)

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Iris
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Bienvenue à Métropolis [Courte nouvelle d'ambiance]

Message : # 38233Message Iris
28 juin 2014, 19:20

« Bonjour… »

L’homme tendit son passeport et la lettre de convocation à la jeune femme derrière le guichet d’accueil. Il évita de la regarder trop longuement tout en songeant qu’elle était ra-vissante, avec un visage ovale de poupée, des yeux d’un bleu intense et un sourire angélique.

« Bonjour M. Wilson. Tout est en règle. Bienvenue à Métropolis. »

Derrière lui, celui qui attendait, apparemment assez nerveux, vit que la dame rendait les papiers et se présenta à son tour, sortant passeport et un papier tamponné, sans doute une autorisation spéciale. Wilson, bien embêté, tenta de poser encore une question, mais la jeune femme ne le regardait même plus, examinant les documents du client suivant :

« – Excusez-moi… C’est que… C’est la première fois que j’arrive à Métropolis et…
« – Monsieur, je regrette, vous ne pouvez pas entrer dans la zone, répondit-elle d’une voix douce mais ferme au client nerveux.
« – Comment ça ! Vous n’avez pas bien vu mon autorisation spéciale ? Classe B !
« – Non, monsieur. Votre autorisation n’est pas suffisante », poursuivit-elle inflexible.

Wilson voyait l’inconnu devenir livide. Il maîtrisait très mal ses émotions, à un point qui en devenait inquiétant. Le simple fait de le regarder, aux abois, était dérangeant, comme l’annonce d’un malheur. Il aurait dû admettre sa défaite. Vous n’insistez jamais devant un représentant de l’administration qui annonce que vous n’avez pas les autorisations adéquate. Au mieux vous lui demandez poliment où se les procurer et vous vous excusez du dérangement. Profil bas. Toujours.

« – Écoutez Madame, il doit y avoir une erreur, regardez-bien !
« – Il n’y a aucune erreur, Monsieur Orloff. »

Trois hommes de haute stature portant des costumes noirs typiques des forces de police ou de sécurité en civil se pré-sentèrent au guichet. Leur chef croisa brièvement le regard de la jeune femme qui lui tendit l’autorisation spéciale, en précisant :

« Soupçon de faux. Identité du bénéficiaire et date de validité. »

Cette fois l’étrange Orloff était au bord de la panique, le regard affolé, terrifié, les mains tremblant malgré lui. Autour les autres clients et fonctionnaires continuaient de vaquer à leurs occupations comme si de rien n’était. Seul Wilson se trouvait là, aux premières loges bien malgré lui. Le simple fait de regarder ce malheureux le glaçait. Qui était-il, lui qui avait apparemment tenté d’entrer à Métropolis sans autorisation ?

« Veuillez-nous suivre. » conclut le chef d’un ton dénué d’émotion.

Mais Orloff, désespéré, sortit une arme de sa poche et tenta de prendre Wilson en otage ! Las ! Les deux hommes de la sécurité réagirent tout aussi vite, le plaquant au sol avec une efficacité brutale effrayante. Ils l’emmenèrent, le traînèrent, hurlant, dans l’indifférence générale. Puis la porte se referma sur lui et on n’entendit plus rien.

« M.Wilson, vous êtes attendu à la sortie du funiculaire sud, on vous guidera jusqu’au quartier des sciences. »

La jeune femme de l’accueil avait retrouvé son sourire si parfait qu’il en devenait monstrueux en contraste. Il ne restait aucune trace de l’événement.

Secoué, Wilson acquiesça d’un signe de tête, reprit ses va-lises et se dirigea vers le couloir menant au funiculaire sud, s’efforçant se marcher d’un pas égal ne trahissant ni nonchalance ni stress, tandis que son cœur battait à rompre et qu’il se demandait s’il n’aurait pas mieux fait de trouver un moyen, n’importe lequel, de ne pas venir ici.
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