[JdR] Témoignages - tabous
Publié : 12 janv. 2013, 16:18
Dans le sujet "les personnages féminins en Fantasy", on a abordé un sujet important : le sexisme en JDR. En effet, jouer un personnage féminin, c'est potentiellement s'exposer au sexisme, qui existe à toutes les époques et dans presque tous les settings (disons-le : c'est rare que le machisme et le sexisme soient absents). Que l'on joue au XXème siècle ou durant l'antiquité, dans un monde de Fantasy ou de science-fiction, la misogynie peut exister. Néanmoins, ce n'est pas forcément drôle pour le joueur ou la joueuse d'y être confronté en permanence, même si c'est réaliste. On pourrait d'ailleurs en dire autant pour le racisme.
Ce sont des formes de tabous compréhensibles car on ne joue pas nécessairement pour être exposé à la haine et l'intolérance, même si ça existe. En fait, ce qui me met mal à l'aise, c'est surtout qu'on part presque forcément sur la forme la plus extrême sans aborder les formes moins visibles, mais plus pernicieuses. Par exemple, un film comme "qui veut la peau de Roger Rabbit ?" aborde des thèmes matures : on y parle de racisme, mais c'est un racisme ordinaire, quotidien, qui ne conduit aucunement ceux qui y adhèrent à souhaiter la mort des toons. Ces derniers sont victimes de discriminations qui rappellent celles qui ont existé (un club où les toons se donnent en spectacle est strictement réservé aux clients humains et interdit aux toons non-employés). Le protagoniste lui-même est intolérant et va accomplir le travail sur lui-même au contact de toons, lui permettant de réviser son jugement, avant de finalement mettre un terme aux agissements du seul souhaitant un génocide. C'est une vision très nuancée et subtile, bien plus que dans bien des œuvres, ce qui ne la rend pas pour autant anodine pour ceux qui la subissent.
Tout ça pour dire que c'est finalement la violence avec laquelle le sujet est souvent abordé qui me dérange. Oui, la haine a conduit à des pogroms et des faits horribles, mais personne ne trouve drôle de subir ça. Le problème de présenter des personnages aussi extrêmes, c'est qu'ils seront forcément limités à ça. Ce sont des pourris, mais ça ira rarement plus loin. On n'aura aucune profondeur. Parfois, cette explication peut suffire, mais ça limite les interactions. La chose ne me dérange pas uniquement chez les PNJ. Je refuserai catégoriquement tout personnage-joueur très raciste (dans le sens, prêt à tout) ou adhérant à une idéologie assez horrible.
Cela mérite d'être nuancé : dans un hypothétique cadre WW2 (cadre dans lequel je ne jouerai sans doute jamais), je ne refuserai pas un soldat de la Wehrmacht qui reste finalement un troufion de base, un brave gars enrôlé sans forcément adhérer aux idées du parti, qui pense sans doute avant tout à défendre son pays. C'était d'ailleurs le point de vue des Alliés, qui avaient en gros une hiérarchie de l'horreur. Tous les soldats allemands n'étaient pas vus comme des monstres et c'est normal car c'était loin d'être le cas. Oui, ils étaient des ennemis car on a forcément des ennemis dans une guerre, mais ça s'arrête là.
Il ne s'agit donc pas non plus de faire un procès contre ceux qui auraient le malheur d'inclure un personnage du genre. Certains se sont indignés que la représentation de l'einherjar dans Scion soit un soldat allemand de la WW2, en oubliant que sont choisis ceux qui sont morts en combat, voire ceux qui sont morts en luttant bravement contre l'ennemi, indépendamment de leurs croyances et de leur sens moral. Quand on choisit des gens pour leur amour du combat et leur bravoure, on s'attend forcément à ne pas tomber sur des pacifistes doux. Oui, un einherjar a un certain goût pour la violence. Son sens moral ne fait pas partie des critères de sélection car on regarde avant tout si ses valeurs sont proches de celles que chérissent les nordiques. Il pourra être de n'importe quelle origine.
La question des tabous est toujours délicate : on peut vouloir aborder un thème avec sérieux et maturité, mais ça n'empêchera pas d'autres de nous tomber dessus car traiter cela dans le cadre d'un "jeu" semble vouloir dire qu'on prend finalement cela avec légèreté, alors qu'il n'en est rien. On peut aisément interpréter nos intentions quand on évoque un sujet sensible de la sorte. C'est pour cela que le JDR historique préfère généralement traiter de périodes assez éloignées. À l'inverse, d'autres ne peuvent pas comprendre les tabous d'autrui ("comment ça, tu ne me laisses pas jouer mon personnage nazi/psychopathe ?") parce qu'ils pensent qu'on n'a pas à s'imposer des limites quand il s'agit de l'interprétation d'un rôle, que cela déplaise ou non.
Tout cela pour dire, avez-vous des tabous ?
Ce sont des formes de tabous compréhensibles car on ne joue pas nécessairement pour être exposé à la haine et l'intolérance, même si ça existe. En fait, ce qui me met mal à l'aise, c'est surtout qu'on part presque forcément sur la forme la plus extrême sans aborder les formes moins visibles, mais plus pernicieuses. Par exemple, un film comme "qui veut la peau de Roger Rabbit ?" aborde des thèmes matures : on y parle de racisme, mais c'est un racisme ordinaire, quotidien, qui ne conduit aucunement ceux qui y adhèrent à souhaiter la mort des toons. Ces derniers sont victimes de discriminations qui rappellent celles qui ont existé (un club où les toons se donnent en spectacle est strictement réservé aux clients humains et interdit aux toons non-employés). Le protagoniste lui-même est intolérant et va accomplir le travail sur lui-même au contact de toons, lui permettant de réviser son jugement, avant de finalement mettre un terme aux agissements du seul souhaitant un génocide. C'est une vision très nuancée et subtile, bien plus que dans bien des œuvres, ce qui ne la rend pas pour autant anodine pour ceux qui la subissent.
Tout ça pour dire que c'est finalement la violence avec laquelle le sujet est souvent abordé qui me dérange. Oui, la haine a conduit à des pogroms et des faits horribles, mais personne ne trouve drôle de subir ça. Le problème de présenter des personnages aussi extrêmes, c'est qu'ils seront forcément limités à ça. Ce sont des pourris, mais ça ira rarement plus loin. On n'aura aucune profondeur. Parfois, cette explication peut suffire, mais ça limite les interactions. La chose ne me dérange pas uniquement chez les PNJ. Je refuserai catégoriquement tout personnage-joueur très raciste (dans le sens, prêt à tout) ou adhérant à une idéologie assez horrible.
Cela mérite d'être nuancé : dans un hypothétique cadre WW2 (cadre dans lequel je ne jouerai sans doute jamais), je ne refuserai pas un soldat de la Wehrmacht qui reste finalement un troufion de base, un brave gars enrôlé sans forcément adhérer aux idées du parti, qui pense sans doute avant tout à défendre son pays. C'était d'ailleurs le point de vue des Alliés, qui avaient en gros une hiérarchie de l'horreur. Tous les soldats allemands n'étaient pas vus comme des monstres et c'est normal car c'était loin d'être le cas. Oui, ils étaient des ennemis car on a forcément des ennemis dans une guerre, mais ça s'arrête là.
Il ne s'agit donc pas non plus de faire un procès contre ceux qui auraient le malheur d'inclure un personnage du genre. Certains se sont indignés que la représentation de l'einherjar dans Scion soit un soldat allemand de la WW2, en oubliant que sont choisis ceux qui sont morts en combat, voire ceux qui sont morts en luttant bravement contre l'ennemi, indépendamment de leurs croyances et de leur sens moral. Quand on choisit des gens pour leur amour du combat et leur bravoure, on s'attend forcément à ne pas tomber sur des pacifistes doux. Oui, un einherjar a un certain goût pour la violence. Son sens moral ne fait pas partie des critères de sélection car on regarde avant tout si ses valeurs sont proches de celles que chérissent les nordiques. Il pourra être de n'importe quelle origine.
La question des tabous est toujours délicate : on peut vouloir aborder un thème avec sérieux et maturité, mais ça n'empêchera pas d'autres de nous tomber dessus car traiter cela dans le cadre d'un "jeu" semble vouloir dire qu'on prend finalement cela avec légèreté, alors qu'il n'en est rien. On peut aisément interpréter nos intentions quand on évoque un sujet sensible de la sorte. C'est pour cela que le JDR historique préfère généralement traiter de périodes assez éloignées. À l'inverse, d'autres ne peuvent pas comprendre les tabous d'autrui ("comment ça, tu ne me laisses pas jouer mon personnage nazi/psychopathe ?") parce qu'ils pensent qu'on n'a pas à s'imposer des limites quand il s'agit de l'interprétation d'un rôle, que cela déplaise ou non.
Tout cela pour dire, avez-vous des tabous ?