Ode - Chap. 9.2 - Un Choix de vie [Acte II]

[Iris]

Lockhyel et Serah se rendirent donc dans la petite prison du château pour y retrouver Becuma dans sa cellule, en tête à tête avec un bol de soupe, un cruchon d'eau et un petit pain.

C'était un lieu souterrain, sombre, muré de toute part, éclairé seulement de rares torches... le genre que Lockhyel détestait, et on avait demandé en prime au varigal de mettre une laisse à son loup, et l'attacher à l'extérieur. Les deux visiteurs devaient en outre laisser leurs armes sur une table où ils les retrouveraient après, et furent sommairement fouillés.

De toutes les prisons de Tri-Kazel, celle-ci n'était pas la plus mal tenue ou la plus sordide. Elle était très calme. Les seuls bruits venaient ponctuellement des dés que faisaient rouler et des discussions deux gardes qui étaient en poste et jouaient pour passer le temps.


On ouvrit la porte de la cellule aux visiteurs et on ferma derrière eux. Il suffirait d'appeler pour ressortir.

Dans le petit espace de 6m² environ, il y avait une sorte de banquette aménagée dans une niche du mur, une paillasse sommaire, une petite table, un tabouret. La lumière provenait d'une meurtrière, à 3m en hauteur, et d'une chandelle.

[Cialf]

Seule dans son cachot
Et voilà où me mène ma tête de linotte… J’aurais dû comprendre que notre itinéraire nous ramenait pas loin d’Osta-Baille… Dans le coin le plus perdu du duché, mais dans le duché. Et les Mac Evan, bien sûr que je sais qui ils sont : des cousins de la dame… Eh bien, puisque j’en suis là, il va falloir que je m’y fasse. D’après ce que j’ai compris, je passerai en audience demain matin.

Quelle heure peut-il être ? Dès que le soleil a disparu, on perd vite la notion du temps. J’aurais envie de regarder par la lucarne, mais elle est placée trop haut et le tabouret n’est pas assez solide pour grimper dessus. Evidemment, les gardiens ne tiennent pas à ce qu’un prisonnier les assomme avec ! J’aime mieux m’asseoir dans le renfoncement de pierre, je dois rester un peu courbée, mais je ne risque pas de me casser une dernière jambe. Je ferai un peu d’exercice tout à l’heure, pour garder la forme.

Je commence à grignoter mon pain. Ce n’est pas que j’aie faim, mais je n’ai jamais jeté de la nourriture et ce n’est pas à mon âge que je vais commencer. En somme, j’ai connu des dortoirs moins confortables.

De la visite
Les gardiens interrompent leur partie de dés en grommelant : « C’est bon, déposez vos armes ici ». Amis ou ennemis ?

La porte s’ouvre… Serah et Lockhyel ! Bon, je me doutais qu’ils ne m’abandonneraient pas, mais ils tombent mal. Ce n’est vraiment pas le moment de m’attendrir. A la limite, j’aurais préféré Léorah : une vraie pierre à aiguiser, celle-là ! Enfin, puisqu’ils sont là, je me lève pour les saluer.

- Bonsoir. Il n’y a pas beaucoup de place pour s’asseoir, mais faites comme chez vous.

[Gobsama]

Quand les gardes firent mine de vouloir lui faire attacher Œil de Nuit, Lockhyel leur lança un regard mauvais sans obtempérer. Il demanda à Serah de l’attendre un instant et retourna en arrière pour laisser Œil de Nuit en compagnie des autres.

« Veille sur la meute en mon absence » lui transmit-il.

Puis il ajouta à l’intention des autres à haute voix

« Il n’est pas vraiment le bienvenu en bas, il va donc vous tenir compagnie. »

Puis il rejoint Serah pour s’enfoncer dans le souterrain qui les menait vers les cellules. Ces murs de pierres mal éclairés lui rappelèrent de mauvais souvenir, mais il fit de son mieux pour les refouler afin de se consacrer tout entier au problème présent.

Bécuma les accueillit avec une touche d’ironie. Lockhyel s’adossa contre un mur sans s’assoir puis fidèle à son habitude rentra immédiatement dans le vif du sujet :« Racontes-nous »

Le ton était calme posé et sans jugement, mais ferme.

[Amnèsya]

Serah était de bonne humeur comme à son habitude.
Mais en chemin, elle ne put s’empêcher de dire à Lockhyel :
"Je ne sais pas si c'est une bonne idée de au gens que l'on part pour une mission suicide. j'espère qu'au fond de toi tu ne pense pas ce que tu as dis tout à l'heure. Et si tu le penses, alors il faut absolument qu'on change d'idée. Les combat pour l'honneur, perdu d'avance, c'est beau dans les chansons uniquement. Dans la vraie vie, cela ne laisse que des ruines. Et cela ne devra pas être ma dernière mission."


Elle était rentré avant Lui dans la cellule, le temps qu'il s'occupe d'Oeil de Nuit... Elle accueillit la pique de Becuma avec sourire et prévenance.
Elle se contenta de se caler contre un mur en la regardant. Elle pensa que décidément, elle ferait absolument tout pour se retrouver loin de ce genre d'endroit.
Elle ne dis rien et attendait simplement. Quoi qu'ait à dire Becuma, quoi qu'elle voulait partager, elle devait le dire toute seule. Serah ne se reconnaissait pas le droit d'aller enquêter sur son passé.

Mais depuis le temps elle savait que Becuma pouvait avoir confiance en elle. Quoiqu'elle ait fait elle ne la jugerait pas...

[Iris]

Les gardes avaient attendu que les deux visiteurs fussent là pour ouvrir la cellule : ils n'avaient pas vocation à jouer aux portiers et ouvrir & fermer plusieurs fois...

[Cialf]

« Faites comme chez vous » n’était peut-être pas la meilleure chose à dire. Eux, ils n’ont rien fait pour se retrouver ici.

- La dame dit vrai. J’ai causé la mort de sa fille et je me suis enfuie. A part ça, Lockhyel, j’avais quelque chose à te demander.

Je cherche le papier dans mes poches. Il ne faudrait tout de même pas que j’oublie…

- La liste des marchandises, si tu peux la remettre au seigneur Mac Evan. Cela appartient aux héritiers des marchands. Il ne faudrait pas que les soldats « oublient » de les rendre.

Et Serah ? Elle a le sourire, elle aimerait bien me remonter le moral. Elle est jeune et elle croit encore que tout finit par s’arranger… C’est vrai qu’elle est passée à travers des choses terribles et qu’elle a survécu…

- Serah, désolée d’être pénible, mais est-ce que tu te souviens encore de ton alphabet ?

J’avais un peu commencé à leur apprendre pendant notre voyage, mais c’était tombé dans l’oubli depuis notre rencontre avec Anaïs. Notre grande savante n’a pas besoin de savoir qu’elle emploie des mercenaires illettrées.

[Amnèsya]

Serah soupire fortement... Mais elle se reprit...

"- Tu es meilleure professeur que tu penses. Je me souviens parfaitement de mes lettres et je dois pouvoir faire ce que tu me demandes."


...

"En revanche... Comme tu te doute, je ne vais pas me contenter d'une réponse si laconique... Je suis barde moi, comment veux tu que je fasse une belle histoire avec ce que tu viens de dire"

[Cialf]

- Oh, je ne vais pas te prendre ton temps... Demain, je raconterai tout devant dame Ennebelle et le juge, et tu décideras si c'est une "belle histoire" ou pas. D'ici là, j'ai besoin de toute la nuit pour me préparer. Lockhyel, as-tu de quoi écrire?

[Iris]

Ni Lockhyel ni Serah n'avait de papier sur eux.

[Gobsama]

En chemin vers la cellule :

"Je ne sais pas si c'est une bonne idée de au gens que l'on part pour une mission suicide. J’espère qu'au fond de toi tu ne pense pas ce que tu as dis tout à l'heure. Et si tu le penses, alors il faut absolument qu'on change d'idée. Les combats pour l'honneur, perdu d'avance, c'est beau dans les chansons uniquement. Dans la vraie vie, cela ne laisse que des ruines. Et cela ne devra pas être ma dernière mission."

Lockhyel regarda Serah et lui sourit. Ils n’avaient que peu échangé ces derniers jours, et les événements récents liés à Bécuma lui avaient donné envie de mettre fin au silence qui s’était installé entre lui et la meute.
Il lui répondit donc sur un ton calme et sincère

« Rassures toi, je n’ai pas l’intention de laisser qui que soit faire du mal à la meute, et je compte bien nous faire repartir d’ici tous ensemble…Si j’ai dit ça c’est que visiblement aux yeux des gens qui vivent ici il ‘agit d’une mission suicide, autant les laisser le penser si cela peut nous permettre de sortir Bécuma de là. »

Dans la cellule :

Il eut un léger haussement de sourcils devant les explications plus que succinct de Bécuma et sa façon de changer de sujet pour aller vers des choses parfaitement futile. Ce fût donc avec plaisir qu’il entendit Serah énoncer avec une belle tournure de phrase ce qu’il aurait formulé moins gracieusement.

Cependant Bécuma si bavarde habituellement semblait décidée à ne pas en dire davantage.

Lockhyel prit donc la parole avec beaucoup moins de tact que Serah et un peu plus d’emportement :

« Là tu abuses franchement ! Va falloir être un peu plus bavarde si tu veux qu’on te sorte de là…. Et oui, j’ai bien dit ON ! Car que tu le veuilles ou non nous sommes impliqués, et ça même si tu fais ton possible pour que les choses ne nous éclaboussent pas. Nous sommes une meute et aucun des membres de la meute ne sera abandonné tant que tout n’aura pas été tenté pour l’extraire du piège dans lequel il est tombé."


Les deux femmes n’avaient probablement jamais vu Lockhyel s’emporter de la sorte, et même s’il percevait ce qui pouvait-être de l’étonnement chez elles le varigal poursuivit sur le même ton comme si il grondait un enfant.

"Tu penses vraiment que je vais gober le fait que tu es tué un enfant de sang-froid ? Il n’y a qu’à voir comment tu prends soin de Prêle pour être convaincu que tu n’es pas une meurtrière d’enfant. C’est donc probablement un accident dont tu te sens responsable. Mais se sentir coupable de la mort de quelqu’un ne veut pas forcément dire qu’on est la personne qui a directement commis le meurtre…
Tu n’es pas la seule à avoir un lourd passé, et je suis bien placé pour savoir ce que ça fait de porter sur ses épaules le poids de la mort de nombreuses personnes, mais ma façon de me racheter c’est de vivre avec et d’essayer que cela n’arrive plus en leurs mémoires… il aurait été plus simple de se laisser mourir ronger par les remords, mais ça aurait été une solution de facilité injuste pour les défunts.
Alors tu vas devoir vivre avec ce poids, et si ça n’est pas pour toi, fait le pour l’âme de cet enfant, toi qui respectes tant les défunts. Tu vas te battre et la meilleure façon de gagner un combat c’est de bien le préparer, donc nous t’écoutons …."

Puis il se tût … retrouvant son calme aussi vite qu’il l’avait perdu … dans l’attente d’une réponse.