Ode - Chap. 9.1 - Un Choix de vie [Acte I]

[Cialf]

J’aide Lockhyel à décharger les bêtes, et j’ai l’impression que tout le monde en fait autant. Bonne ambiance de groupe. Je tiens à ce que Prêle sente ma présence chaque soir. Elle a besoin d’être rassurée dans cette compagnie inconnue… et peut-être que moi aussi. J’irai encore la visiter ce soir avant de dormir. Il y a des choses qui passent mieux dans le silence.

Je regarde Lockhyel jouer avec le lapin… Il avait l’air mal à l’aise, presque anxieux quand nous étions en ville. Maintenant, il est plus détendu. Il est dans son milieu, sans doute. Je me rends compte, avec un temps de retard, que le petit Mog est allé se promener à portée de mâchoire du loup. Dans un sens, ce lapin est plus courageux que moi… Constatation vexante… J’ai beau faire la brave, il y a tant de peurs que je n’arrive pas à surmonter…

Quand nous serons en forêt, je me demande comment nous allons répartir les tentes. Nous avons assez de toiles de tente pour tout le monde. Les jumelles ont leur propre nid, comme d’habitude. Et les autres ? Tente commune, comme dans mes précédents convois ? Ce serait encore le plus simple. A cinq, on ne s’inquiète pas de pudeur: j’ai l’habitude des chambrées de convoyeurs. A deux, c’est plus délicat.

[Iris]

Sur le plan social (empathie, lecture du langage du corps...) l'essentiel des membres du groupe se tenaient. Ils étaient tous capables, en règle général, de percevoir des malaises ou une mine préoccupée. Tous sauf Léorah qui était à ce sujet d'une nullité exemplaire. Elle ne voyait ni ne percevait rien, sauf à faire des efforts ou à être exceptionnellement éveillée et vigilante en ce domaine. Ce qui pour les autres, était normal, représentait pour elle le maximum de ses capacités à l'heure actuelle.

...

Le groupe s'organisait et tâchait de prendre ses habitudes :

• Lockyel, en bon varigal, marchait en tête avec Dursabot
• Œil de nuit trottine à une certaine distance
• Anaïs & Grirav occupent la seconde position, l'un et l'autre surveillant un caernide (celui de leur équipement et celui des vivres)
• Raen bougeait régulièrement
• Becuma faisait son possible pour suivre le rythme à côté de son caernide Prêle... et ce faisant sentait tout de même bien son pauvre genou et appréciait grandement les pauses
• Léorah et Sérah marchaient non loin l'une de l'autre, Sérah rêvassant un peu, leur caernide trottinant non loin

Le temps était clément et on pouvait espérer que les marcheurs les moins expérimentés seraient un peu plus capables d'ici les montagnes.


En chemin, ils croisèrent des paysans et villageois travaillant aux champs, quelques prés ouverts où de jeunes bergers faisaient paître le troupeau. Ils traversèrent également quelques bourgades qui tenaient plus de la juxtaposition de quelques fermes qu'autre chose. La simple présence d'Œil de nuit provoqua une panique dans un poulailler, fort heureusement bordé par une barrière... qui manqua de ne pas être assez haute pour les tentatives d'envol des gallinacées.

En fin d'après-midi, alors qu'il faisait encore assez clair, le groupe atteignit un village entouré de pommeraies et localement connu comme un lieu de fabrique de cidre.

Une auberge-taverne-relai-magasin général portait une enseigne avec un bouquet de fleurs. On entendait des éclats de rire et un peu de musique derrière, dans le jardin attenant, avec des lampions allumés. Il y avait aussi pas mal d'animation à l'intérieur, mais elle se limitait surtout à obtenir plus vite les commandes de boisson au comptoir. Il y avait indubitablement une fête, et si on devait se fier aux éclats de voix, ce devait être un mariage.

Certes, dans les communautés traditionalistes et véritablement communautaires, ils avaient tous lieu en même temps, mais en Reizh et en Gwidre, sous l'influence de mouvements philosophiques et religieux distincts et valorisant l'individualisme au sens large, les fêtes comme le mariage, avaient tendance à s'étaler sur toute l'année, suivant les inclinations des uns et des autres.

Anaïs se contenta de dire : " Je vais voir combien de chambres il reste..." mais elle avait l'air de se demander s'il en restait "tout court"... et effectivement, elle revint assez rapidement : "Toutes les chambres sont prises pour le mariage. Il faudra dormir dans la grange, mais l'aubergiste nous fait un prix pour le repas. Vous aurez quartier libre sitôt que les caernides seront installés pour la nuit dans l'étable."

Par la suite elle commanda un repas assez léger, qu'elle consomma à l'intérieur, dans la pénombre qui devenait de plus en plus prégnante à mesure que les derniers éclats colorés du soleil disparaissaient à l'horizon. Sa mine austère, plongée dans l'obscurité, tranchait avec les éclats de rire et les chants à côté. Elle eut tout juste un geste vif pour rattraper un enfant qui tombait du fait d'une course-poursuite avec un doux : "Fais attention, tu pourrais te faire mal." ... avant de prendre congé (si quelqu'un est encore avec elle) pour la nuit.

[Amnèsya]

Cette première journée de voyage était passé sans même que je m'en aperçoive. C'était du métier, la partie que je préférais : Celle où il n'y avait rien à faire. Juste se promener, veiller du coin de l'œil que l'on ne se plante pas de chemin et que le plus grand danger que l'on a à affronter c'est le coup de soleil, peut probable en cette saison, ou l'attaque d'une abeille... encore moins probable d'ailleurs.
Alors, les bons moments, moi je les prends toujours... Et Mog aussi. Et Leorah aussi... Puis avec la mise en mouvement, je crois que les choses commencent à se stabiliser... Et si elle est plus doué que moi dans beaucoup de domaine, j'ai une plus grande habitude des voyages qu'elle... Rançon d'un service d'ost laborieux... Alors de temps en temps je l'aide un peu...

D'ailleurs, je suis contente que Mog n'ai pas fini dans le ventre d'œil de nuit et il semble que quelques choses se passe entre ces bestioles...

Anais est quelqu'un de bizarre. Comment peut-on être aussi détaché et aussi attentionnée envers les enfants?...
Le repas partagé fut en tous cas agréable et enrichissant.
...

Ce soir, c'est calme, on ne risque rien... Cela fait trop longtemps que j'ai pas gratté mon rebec... Puis peut-être que quelques uns apprécierons parmi mes nouveaux compagnons... même si j'ai un doute sur Anaïs.

[Iris]

Anaïs ne restant probablement pas assez longtemps pour que Serah joue, la question de ses goûts musicaux ne se pose pas...

...

Personne n'interdit l'accès au mariage (par hospitalité, indifférence, ou aussi car une bonne partie des convives a déjà bien bu), on y chante et danse, les célibataires cherchent l'âme sœur (enfin, des fois "tâtonnent"... il y a évidemment toujours un risque que quelques bagarres aient lieu...


... bref, une fête comme une autre en Tri-Kazel...

[Amnèsya]

La question musicale fut vite réglée... comme prévu... dommage. ..
Mais aucune envie de me mêler à la fête.
Bizarrement, le souvenir d'une certaine soirée pas si vielle que cela, me laisse dubitative quant aux évemements qui se déroulent lors des soirées arrosées e compagnie de soiffards inconnus. .
C'est bon j'ai donné. .. je préfère rester seule ou en terrain plus ou moins connus.

[MeiYaw]

La journée de marche c'est particulièrement bien passée. Presque trop bien passée. Même Mog n'a pas eu l'adrénaline qu'il cherchait peut être ??
Pour ma part, j'ai passé mon temps a observer le paysage, et mes nouveaux compagnons. Autant dire qu'ils me paraissent juste normaux, je n'ai rien capté de particulier à leurs sujets. Chacun a marché dans son coin, ou presque, peu d'échanges, bref une journée calme.

La soirée s'annonce un peu plus joyeuse, grâce à ce mariage. Je ne compte pas m'incruster, et je préfère commencer par débarrasser notre caernide, et l'installer dans l'étable. Chacun vaque à ses affaires, cherchant à s'installer au mieux.
Avant d'aller prendre le repas, je passe au comptoir prendre des verres de cidre (ça a l'air assez local apparemment ?) que je distribue à chacun des membres du groupe qui le souhaite. Puis je m'installe en bordure du jardin, pour profiter de l'ambiance, regarder les gens danser et s'amuser, tout en sirotant mon verre bien frais. Il est fort probable que je prenne mon dîner dehors également, je tiens à profiter de la belle soirée et du temps encore clément. De même qu'une nuit au clair de lune m'inspire beaucoup plus que celle dans la grange. Mais pour l'instant, l'heure est à la douce musique...

La soirée passe, les invités s'épuisent, quelques rares restent éveillés... Pour ma part, je laisse le sommeil m'emporter dans ce jardin.

[Gobsama]

Un mariage était en cours, et les bruits de la fête lui parvenaient pendant qu’il déjeunait en silence, perdu dans ses pensées, pas beaucoup plus bavard que leur commanditaire. Il y a longtemps, dans une autre vie, Lockhyel aurait volontiers rejoint les convives, et se serait même amuser à s’imaginer marié avec certaines filles de son village, mais c’était il y a longtemps et la perspective de côtoyer une bande d’humains avinés ne le tentait pas du tout.
Ces réflexions le menèrent sur la notion de couple… Bien sûr il y avait en lui le besoin animal de trouver une compagne avec qui partager sa couche, et il ne rejetait pas les éventuelles candidates, mais il ne se voyait pas construire quelque chose sur le long terme pour le moment, le destin pouvait tout balayer d’un revers de mains et il ne le supporterait pas…. Et puis à bien y réfléchir avec son allure d’homme des bois et sa vilaine balafre il n’avait pas grand-chose d’attrayant et ne faisait pas vraiment d’effort pour l’être.

Après le repas Lockhyel, accompagné d’Œil de Nuit passa dans la grange, Il resta un petit moment avec Dursabot qui lui mit quelques coups de tête affectueux dans l’épaule, puis se tourna vers les autres Caernides, passant de l’un à l’autre en les apaisant malgré la présence du loup. Celui-ci semblait d’ailleurs d’humeur joueuse après sa blague des poules de la journée… Le varigal remarqua alors Becuma avec son Caernide, il l’observe un moment et dans un effort surhumain de sociabilité lui dit en désignant l’animal :

« Elle va s’habituer … il lui faudra juste un peu de temps… »

Puis avec toute la finesse qui le caractérisait il enchaina en allant droit au but

« Ta jambe va tenir le coup ? »

La question était directe, et manquait cruellement de tact, mais le ton n’avait rien d’agressif, et Bécuma pût aisément sentir qu’il y avait un véritable intérêt pour sa santé derrière la question.

[Cialf]

Une joyeuse soirée. Je me croirais presque de retour dans mon village natal, même si les chants et les jeux sont un peu différents. Tiens, Anaïs a attrapé un enfant qui jouait… L’enfant aurait-il éclaboussé sa robe ? Ah, non, elle voulait juste l’empêcher de tomber. Elle a des réflexes rapides, c’est bon à savoir. Pourtant, il me semble qu’à sa place, je n’aurais pas retenu l’enfant. Par principe, un enfant doit apprendre à tomber et à se recevoir. Ce n’est pas lui rendre service de l’en empêcher, sauf s’il est au bord d’une falaise, évidemment. Par principe… Mais ces principes m’ont valu tant d’amertume que je ne suis plus sûre de rien. Oh, qu’Anaïs fasse ce qu’elle veut, après tout !

Il vaut mieux penser à la suite. Après le festin, la danse. Et il me semble que Serah a sorti son rebec. Rien de tel qu’un peu de danse pour détendre les muscles et remettre les os en place. Je dois juste faire attention de ne pas fatiguer ma jambe raide. Parfois, je décris des pirouettes sur la jambe droite qui ont l’air d’amuser mon cavalier:

- C’est une danse talkéride ! Ca s’appelle la danse de la cigogne.

Mais l’homme ne tarde pas à me quitter pour une autre. Il est temps d’arrêter les frais. Je prends au passage un verre de cidre offert par Léorah. Elle ne danse pas ? Dommage, la jeunesse et le clair de lune ne sont pas éternels. Pour moi, il est l’heure de rejoindre Prêle dans la grange.

Elle m’accueille en fourrant son nez sous mon bras. Oui, je transpire, et alors ? Il fait déjà sombre, mais je reconnais Lockhyel à sa voix :

« Elle va s’habituer … il lui faudra juste un peu de temps… »

Qu’est-ce qu’il en sait ?

« Ta jambe va tenir le coup ? »

La question me fait faire la grimace. Si Anaïs m’avait posé une question pareille, je l’aurais assommée. Venant de Lockhyel, ça passe mieux : après tout, il est responsable de la bonne marche de sa caravane. Et je le connais assez pour ne pas y voir du mépris ou de la condescendance. Je tourne la chose à la blague :

- Elle marche mieux qu’elle n’en a l’air. Tu n’as pas vu la danse de la cigogne boiteuse ? Je vais peut-être lancer une mode !

[Iris]

Léorah piqua du nez sur un banc dans le jardin de l'auberge, non loin de sa soeur qui jouait un peu, mais surtout se tenait craintivement (ou prudemment, cela dépend du point de vue) éloignée des convives qui les ignoraient totalement.

Anaïs était installée dans la grange pour dormir, tandis que Lockyel et Becuma y discutaient.


...

Aucun incident notoire, juste des éclats de voix, et puis assez tard, quand tout le monde ou presque était parti, un trio d'abrutis qui s'étaient mis à "chanter" (gueuler) sous une fenêtre de l'auberge... ce qui éveilla Léorah en sursaut, ne sachant plus où elle était, dans le noir, n'y voyant pratiquement rien, et craignant un instant un cri d'alarme... elle se tenait un peu courbaturée (dormir sur un banc, même presque confortable...) et refroidie. Elle n'était pas la seule à en vouloir aux crétins de service qui récoltèrent une volée d'insultes et autres "y'en a qui veulent dormir !"...

...

Le lendemain matin, aurore rose, et yeux qui piquaient pour ceux qui avaient trainé dans la soirée ou eu un sommeil un peu mouvementé...

[Amnèsya]

Pendant mon service d' ost je pris l'habitude des soirées courtes et des journées trop longue, le lendemain. .. aussi les yeux piqué un peu, mais après un peu d eau et une bonne décoction de mon debout les morts", un breuvage imbuvable dont je gardais jalousement le secret et qui servait a tenir éveillé les gardes des angardes, ont y verrait que du feu.

Leorah s'était endormi sur un banc... quand j'étais enfin sorti de ma rêverie mélodique et mélancolique, j'étais aller lui chercher une couverture et un peu de paille pour un oreiller sommaire... elle aimait dormir sous les étoiles. ..Moi aussi, mais moi, j'ai toujours etait un peu frileuse. ..

Finalement avec la fraîcheur du matin je n'aurai même pas besoin de mon remede secret. Je m activais à préparer le petit déjeuner. ..