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OdE - Chroniques d'Helefrt 1.3. - Éveil
Publié : 05 mai 2011, 17:41
par Iris
Dans les montagnes. Le groupe de voyageur avait quitté les terres de Mambrun en Gwidre, une ville bordant la Forêt des Murmures et venait pour certains de plus loin encore. Ils savaient qu'ils n'y aurait pas de retour et craignaient de ne pas arriver à destination. Ils essayaient de presser le pas, de ne pas s'attarder mais il n'était pas facile de faire route avec une femme enceinte et d'autres qui n'avaient pas l'expérience de la vie hors des cités. Ils étaient guidés par un varigal qui se demandait si lui-même allait pouvoir remettre les pieds en Gwidre après cela. Il ne faisait que son travail pour mener ses clients à bon port, mais à Mambrun il avait entendu dire que le Frère Charogne avait été vu assez peu de temps auparavant, fallait-il craindre qu'il se mêlât lui aussi de cette affaire ?
Il valait mieux éviter les routes et chemins trop fréquentés, autant délaisser Dearg et Fearil ou Melwan... Helefrt ? ... Ce n'était pas pratique, mais bien peu passaient par là... Il fallait longer la Forêt des Soupirs par les sentiers dans les contreforts des montagnes. De là, ils devraient atteindre Terkhên... Voir ensuite ce que voulaient les voyageurs, aller à Tulg Naomh ou se faire oublier à Osta-Baille ? Cette dernière était sans doute la meilleure solution, mais il n'était pas là pour en juger.
D'abord faire étape à Helefrt.
...
Le petit groupe progressait difficilement, la femme enceinte portait sa main à son ventre, une expression crispée et inquiète sur le visage. Le chef de leur groupe laissa le varigal avancer un peu avec les autres, restant à l'arrière, échangeant quelques mots, elle acquiesçait et passait outre la douleur et la fatigue, un regard vers le val plus loin. Le terrain changeait, le voyage serait bientôt un peu plus supportable. Courage !
Un coup de tonnerre, puissant, réverbéré par l'écho. Il n'y avait pourtant aucun nuage dans le ciel.
D'après le varigal, ça pouvait arriver et ça signalait que le temps allait se gâter plus vite que prévu. Le vent fraîchissait déjà dans la gorge qu'ils longeaient péniblement. Ils en avaient pour environ trois heures de marche pour rejoindre Helefrt dans de bonnes conditions, s'ils pleuvaient des cordes, il était évident que le chemin serait nettement plus dangereux. Il n'y avait même pas vraiment d'abri où s'arrêter d'urgence. Le chemin s'élargissait un peu, un passage avec quelques conifères poussant sur une pente raide parsemée de rochers qui nécessiteraient les efforts de plusieurs hommes pour être déplacés.
Un cri de douleur. Cette fois les contractions étaient trop fortes. La femme ne tenait plus debout. Leur chef dans son strict vêtement noir prit son bras par-dessus son épaule pour la faire avancer coûte que coûte alors que de grosses gouttes commençaient à tomber dans la montagne, les sombres nuages ne tardant pas à atteindre le val où les habitants devraient avoir tout juste le temps de se rendre compte de l'orage qui approchaient, juste assez pour courir ranger tout ce qui "craignait" de rester dehors et rentrer se mettre à l'abri, au chaud et au sec.
Mais pour les voyageurs c'était hors de question. La pluie et l'orage devenaient tellement intenses qu'ils étaient déjà trempés et s'entendaient à peine alors même qu'ils criaient pour parler.
Deux hommes dont le chef unirent leurs efforts avec difficulté pour porter la femme jusqu'à une anfractuosité dans la falaise que venait de repérer le varigal. Ce n'était pas bien grand, mais deux personnes pouvaient y tenir à peu près. Le choix était vite fait, leur chef n'abandonnerait pas une fidèle dans la détresse de l'enfantement. Son époux était mort pour sa foi, c'était à lui à présent de l'aider dans cette épreuve.
Les autres entreprirent avec le varigal la tâche imprudente de joindre le village au plus vite, les uns par égoïsme, les autres par espoir sincère de trouver du secours. Déterminés en dépit des conditions difficiles, ils forcèrent le pas, courant presque. Le vent était froid, tout comme l'eau qui ruisselait sur leur figure, dans leurs yeux au point de les aveugler, contraints de se guider une main contre la paroi durant plusieurs passages, engourdis, effrayés, fuyant l'orage comme s'il lançait une horde de démons à leurs trousses. Ils se crurent finalement pratiquement tirés d'affaire, mais un bruit sourd, massif, inconnu, attira leur attention : un glissement de terrain ! La boue qui dévalait la pente fracassait les arbres et emportait les rochers comme s'il ne s'agissait que de fétus de paille. Les voyageurs criaient, cherchaient un abri, se séparaient, perdirent contact.
Certains étaient du "bon" côté, celui d'Helefrt. Choqués par ce spectacle d'engloutissement sauvage, perdus, ils regardaient derrière eux, ne sachant pas trop si leurs compagnons étaient toujours en vie. Ils savaient au moins que leur chef et la femme enceinte étaient dans une relative sécurité.
Il fallait des secours, et ces secours étaient à Helefrt.
...
"Elwin" se rappelait de sa chute, il avait tenté de s'agripper, mais impossible, il était tombé dans les ténèbres, sur le dos, au fond d'un ravin, il n'arrivait pas à en estimer la profondeur, il sentait le froid, la boue, et sa douleur. La voix de Keanan lui parvenait dans le fond. Il l'exhortait à rester conscient, à tenir bon. Pourtant le jeune homme sentait ses forces le quitter, il avait si froid, tellement mal, le simple fait de respirer devenait un effort surhumain.
Il perdit conscience.
...
De nouveau la lumière.
La douleur s'était presque évanouie, il était en train de guérir.
Comment avait-il survécu ?
...
Loaran était à côté de lui et priait. L'homme était certainement le plus pieux du groupe de voyageurs, offrant un contraste violent avec son cousin Telan, un marchand opportuniste qui ne voyageait avec eux que parce qu'il n'avait pas le choix, condamné à mort au même titre que les autres. D'après son compagnon de route, un Élu sigire du nom de Garn Faernor lui avait sauvé la vie en faisant appel à un Miracle. L'Unique avait jugé que sa vie était digne d'être sauvée et Il lui donnait une seconde chance.
... Garn Faernor... Ce nom lui était familier...
...
"Elwin" percevait de l'agitation autour de lui, on parlait de devoir les cacher à cause des sigires. Leurs poursuivants étaient toujours à leurs trousses, Cairell en avait eu la vision suite à une prière. Les habitants du village... Helefrt... ils avaient décidé de les protéger même sans rien savoir d'eux !
...
"Elwin" sentit qu'on le mettait sur un brancard pour le transporter sous terre, il y faisait sombre mais d'après ce qu'il comprenait, ils seraient à l'abri.
...
Quelle heure était-il ? Jour ou nuit ? Sous terre, impossible de le savoir.
Il s'éveillait, reprenait conscience et se rendait compte que sa fièvre était tombée, il était désormais totalement guéri, un peu fatigué ou désorienté par ce long sommeil et le manque d'exercice physique ou de nourriture. Il se rappelait n'avoir mangé que des compotes et bouillies de céréales, tout son corps lui réclamait désormais quelque chose de plus consistant.
Autour de lui une petite pièce souterraine en partie taillée, il était sur une paillasse, sous de chaudes couvertures, un petit brasero sur un trépied à côté de lui fumait doucement et dégageait un peu de chaleur et de lumière. Il était nu. Non loin une cruche, une vasque, des tissus humides avec lesquels on avait dû un le toiletter car il sentait la sueur de sa fièvre mais percevait aussi qu'il n'y avait nulle boue ou sang séché sur sa peau. On avait pris soin de lui.
Si seulement ils savaient ... ? ...
...
De faibles échos de discussion à voix basse, trop faible pour être intelligibles, lui parvenaient. Il y avait des gens un peu plus loin.
Lui avait-on laissé des vêtements ? Oui, une chainse (= chemise longue qui tombe jusqu'aux genoux dans le cas présent) en lin. Plus un sous-vêtement qu'un véritable habit. Et il ressentait l'envie d'uriner... tout en préférant ne pas penser à la manière dont il avait fait ses besoins durant le temps où il était resté inconscient.
...
Re: OdE 1.3. - Éveil
Publié : 06 mai 2011, 00:25
par luciole
Allongé, Elwin se sentait petit à petit revenir à la conscience. Son esprit s'éclaircissait. Il lui semblait n'avoir vécu les derniers jours que sous la forme d'un brouillard entrecoupé de vagues regains de conscience. La fièvre avait prit son tribut et il avait encore du mal à faire la distinction entre ce qu'il avait rêvé et ce qui avait été la réalité.. Simples ilots de rationalité dans un océan d'hallucinations fiévreuses.
Oui.. il lui semblait vaguement se souvenir.... le voyage.. non... la fuite éperdue était un terme plus adéquat.. la montagne et l'orage. La pluie, le vent, la terre. Comme si tous les éléments s'étaient ligués pour les empêcher de passer. Alliés pour causer leur perte.
Sa chute.. et... il était mort non?
Il entendait encore les appels de Keanan. Il était brisé. Ne sentait même plus ses jambes. Et puis le brouillard l'avait saisit, l'entrainant vers l'oubli miséricordieux. Même la douleur avait semblé s'estomper. Il allait mourir...il aurait du mourir....
Garn... était ce bien ce nom que Loaran avait cité? Celui à qui il devait ce qui lui était le plus cher au monde : sa vie.
Il éveillait en lui une étrange sensation. Comme un souvenir remontant à des temps anciens. Dans une autre vie. Plus tard....
L'Unique avait donc jugé que son temps ici n'était pas encore terminé. Il... lui avait permit de revenir.. Elwin esquissa un sourire. Alors cela signifiait qu'il n'avait pas eut complètement tord si on lui accordait une nouvelle chance. Ça signifiait que... la voie empruntée était la bonne. Cairell avait eut raison.
Ceci dit, il l'aurait empruntée pour satisfaire les exigences de sa conscience, quand bien même eut elle été mauvaise.
Merci.. articula-il en silence.
Il fit un vague bilan de ce qu'il se souvenait depuis... Les Sigires... ils les avaient suivis et les villageois les protégeaient...Le rouquin se figea. Les Sigires....Il était bien placé pour savoir qu'ils n'auraient aucune pitié. Il ne lui restait plus qu'à espérer pour leurs sauveurs que tout se passerait bien... Et tenter d'y croire lui aussi pour le coup. Ça ne serait pas de trop. Et si pour une fois il tentait de faire taire son coté sceptique et dubitatif pour croire sincèrement à la réussite de leur fuite? Était-ce trop demander? Visiblement oui...
Et les autres... étaient ils tous vivants, tous en bonne santé? Et l'enfant à venir?
Enfin.. Là il n'était pas franchement en état de pouvoir y faire quelque chose...
Par contre ouvrir les yeux pouvait s'avérer une idée intéressante...
Entre l'idée, la réflexion sur le bénéfice potentiel de la chose et l'application effective, il dut bien s'écouler une dizaine de minutes. Mais en même temps pourquoi s'en étonner? Le lit était douillet, les couvertures chaudes et... lutter contre son attraction une activité à temps plein.
Faim!
Un sentiment aussi primaire que primordial qui maintenant qu'il y pensait revenait en force. A quand remontait son dernier repas..? Avant l'accident? Il avait la vague sensation qu'on avait du le nourrir comme les petits enfants ou les vieillards. D'aliments peu consistants ne nécessitant de lui aucun effort de mastication.
C'était plutôt de pain ou de viande dont il rêvait pour le coup. Tentant de se lever, Elwin remarqua deux chose. D'une, il vacillait, ne tenant sur ses jambes qu'avec difficulté -relativement normal après une diète forcé admit il- et de deux, il était nu. Complètement nu.
Ça, c'était un peu plus gênant...
Non qu'il soit particulièrement pudique. Mais il détestait l'idée de savoir que quelqu'un d'autre l'avait déshabille sans son consentement.
Il secoua la tête. Ce n'était pas le moment de se préoccuper de ce genre de détails. Ils l'avaient soigné, aidé, protégé. Savaient-ils réellement dans quoi ils s'étaient impliqués? Que leur avait dit Cairell? Elwin frissonna.. Non, ces braves villageois ignoraient sans doute l'étendue du danger qu'ils courraient. Ceux de Gwydre... il doutait sérieusement qu'ils abandonnent leur traque un jour. Qu'ils y viennent! Il saurait les recevoir! S'il remettait un jour la main sur une épée... il ne mourrait pas seul! Enfin... ça faisait du bien à son égo de le penser... Et s'il se remettait à l'auto dérision c'est qu'il allait bien mieux qu'il ne le pensait.
Il enfila maladroitement la chainse, notant l'usure du vêtement... bhé... et les siens? Qu'avait t'on fait de SES fringues à lui? Pas qu'il y tenait particulièrement mais tout de même...
Elwin, une main sur le mur pour se prévenir d'éventuels vertiges qu'il sentait affleurer au bord de sa conscience, se dirigea lentement vers l'origine du bruit. Revoir des visages humains en étant pleinement conscient allait le changer des derniers jours tient!
Pipi ! :P Oui, voici un post... sur un sujet rarement abordé
Publié : 06 mai 2011, 07:37
par Iris
La mort aurait pu sembler bien douce, plus à se préoccuper de la douleur, de la peur, du malaise, de la désorientation, de la culpabilité, de la soif, de la faim, ... et de sa vessie qui le pressait ! Il devait avoir été soigné depuis plusieurs jour, cela signifiait que ses soigneurs avaient fait "plus" que simplement le déshabiller, ils (ou elle(s)) s'étaient occupés de son corps jusque dans tous ses besoins intimes, réduit à l'état de petit enfant ou de vieillard impotent. Lui, un jeune guerrier dans la fleur de l'âge ! Habitué à compter sur lui-même, sur sa force, sa combativité, sa volonté ! ... Une leçon d'humilité que de devoir ainsi se confier à des inconnu(e)s, entièrement, pour sa santé et sa sécurité.
Par bonheur, il nota dans un coin un pot en céramique couvert d'un couvercle et devina qu'il s'agissait de son... pot de chambre... un détail trivial mais qui lui permettait de se soulager, accroupi, comme un enfant... même pas assez en forme pour uriner debout comme un homme sans risquer d'en mettre partout ! C'était sans doute cela que l'on appelait "être diminué"... pourtant, libéré de ce besoin physiologique, il allait pouvoir se rafraîchir, boire un peu.
Aucune trace de ses vêtements ni de ses effets personnels. En même temps, il n'avait pas grand-chose. ... Tiens une petite bourse... Son argent y était... le peu qu'il lui restait après son voyage avec les hérétiques gwidrite... lui aussi... lui aussi était désormais un hérétique...
Cairell leur avait enseigné qu'il y avait un faux dieu corrupteur qui avait empoisonné et maudit nombres de "reliques sacrées"... Elles rendaient fous... Elles étaient semblables aux objets maudits, la même énergie venant tout droit des Limbes l'imprégnait. Il fallait se libérer du dogme, l'observer avec un œil critique et un esprit libre pour trier le bon grain de l'ivraie, le véritable enseignement du Prophète Soustraine, et les nombreux ajouts corrompus... parmi lesquels la torture, la chasse aux hérétiques, les persécutions contre les incroyants... Et il y avait pour ces temps nouveaux, un nouveau Prophète qui avait enseigné son savoir à Cairell, un Prophète qui allait permettre enfin de distinguer la Vérité du Mensonge ! La Vérité était BEAUTÉ et BONTÉ, elle libérait de la peur de la mort et de la souffrance, elle apaisait les désirs. Cairell disait qu'un "mauvais" désir est comme de boire de l'eau de mer pour apaiser sa soif, plus on boit et plus on a soif, car on se trompe d'objet pour étancher un besoin de son âme, on se trompe sur la manière de nourrir son esprit.
...
Les voix chuchotaient, seule la disposition des couloirs et la nature des roches avaient permis au son de se propager jusqu'à lui en dépit de la distance. La pénombre devenait obscurité profonde dans une partie du couloir, il lui fallait se guider en s'appuyant contre le mur. Mais il voyait la lumière, et percevait désormais les timbres de voix qu'il reconnaissait. Il y avait Cairell, Keanan, Loaran et Telan.
... Manquait Libane qui était restée en arrière avec Cairell... le varigale qui les avait conduit.... et deux autres encore...
... Apparemment Telan demandait à partir au plus tôt avec "la" varigale, il ne voyait pas de raison de rester ici plus que nécessaire. Il se désolidarisait du groupe. Traître ! ... Mais il avait toujours été avant tout un marchand cupide, emporté par le cours des événements, il n'avait jamais voulu se retrouver sur les routes à fuir pour son intégrité... Cairell disait qu'il resterait tant que Libane et Elwin ne seraient pas rétablis. Keanan nota qu'il faudrait du temps avant qu'il soit raisonnable de voyager avec Nelvéa. Loaran soulignait que la bonté des habitants de cette communauté était exemplaire, une véritable bénédiction, un refuge que leur offrait l'Unique. Telan rétorqua qu'il y avait ici ce sigire Garn qui était tenu à l'écart par les villageois, mais qui sait ce qu'il pourrait raconter à son retour à Gwidre ? Sur quoi Cairell tenta d'apaiser les craintes de nouvelles poursuites et dénonciations en disant qu'il parlerait lui-même à ce sigire Garn. C'était un Élu, donc il était béni par l'Unique lui-même, il devait être capable de distinguer la Vérité du Mensonge...
Il fallait le croire... sinon... il faudrait le faire taire ? ...
on ne se demandera pas pourquoi....
Publié : 06 mai 2011, 12:13
par luciole
Malgré toute sa bonne volonté il y avait des limites…
Il ne pouvait pas décemment devoir s’agenouiller pour… uriner dans un petit pot ! Celend’hril n’avait plus fait ça depuis qu’il avait quitté les jupes de la demothair. Sa fierté personnelle se révoltait contre cette idée… Mais son corps lui… la fierté n’était qu’une autre forme d’orgueil et l’orgueil ne soulagerait pas sa vessie pleine.
Régression….
Son impuissance le frappa de plein fouet. Il n’avait donc été rendu à la vie que pour se rendre compte de sa propre insignifiance… Et bien non ! Il était peut-être plus faible qu’un enfant du deuxième cercle, plus impuissant qu’un vieillard érudit gâteux mais même s’il avait dû se faire nourrir à la cuillère et (frémissement interne) se faire laver comme un infirme incontinent, il demeurait encore et toujours. Et ce corps qui le trahissait dans sa faiblesse se remettrait ! Il le fallait ! Le guerrier ne s’autorisait pas à demeurer ainsi.
Encore fallait t’il qui en soit capable, de redevenir celui qu’il était, se moqua une petite voix dans sa tête. Moquerie plutôt gentille ceci dit. Dans l’arrogance coutumière de ceux de son âge, il ne doutait pas d’y arriver. Et se jurer qu’il préférait mourir sans avoir à souffrir des affres de l’âge. Non, vraiment, très peu pour lui…
Il ne critiquait pas les autres hein mais…. Personnellement, s’il lui fallait choisir, c’était tout vu! Une seule leçon d’humilité passagère lui suffisait. Largement. Promis, il avait compris la leçon.
Il y avait maintenant un pot de chambre à vider... plus tard...
Ah tient, quelques pièces… les siennes ? Ce n’était pas ça qui allait changer quoi que ce soit sur sa situation… Il n’avait plus rien. Sauf sa vie se morigéna t’il. Aussi diminuée soit elle pour le moment. D’autres n’avaient pas eu sa chance. Pour un hérétique, peut-être devait-il considérer qu’il ne s’en sortait plutôt pas mal. Mmmm… mouais, son corps et son ego n’étaient pas franchement convaincus de leur bonne fortune. Tant pis pour eux, il ferait avec. Il n’avait aucune vocation au martyr mais pour le coup, comparé à leurs poursuivants, il prenait le qualificatif d’Hérétique comme un titre honorifique. Si croire que la foi n’était pas telle qu’on l’enseignait, croire que servir l’Unique n’était pas synonyme d’exactions, et que le temple n’avait fait que détourner les croyants, avait érigé l’obscurantisme et la persécution en valeurs sacrée était être hérétique, oh que oui il l’était.
Elwin s’avançait dans le couloir en trébuchant un peu. S’aménageant des pauses fréquentes pour permettre à son corps de ne pas dépenser d’un coup les quelques forces récupérées. La paroi ? Il la tenait depuis le départ –il était assez réaliste pour se rendre compte de ses défaillance et trop fier pour risquer de s’écrouler lamentablement au sol, refusant qu’on le remette au lit comme un enfant irresponsable. Les voix s’étaient faites distinctes et il arrivait maintenant à y mettre des visages.
Il n’y avait pas de voix féminine… Libane… avait-elle survécu ?
Bon… l’ambiance n’était visiblement pas au beau fixe. Pourtant on aurait pu penser qu’apres leur fuite commune, ils auraient appris à se serrer les coudes. Les mystères de l’esprit humain. En meme temps, vu qui parlait…Kelan… Il n’avait jamais pu le sentir celui-là !Et encore moins lui accorder la moindre once de confiance. Un calculateur, prêt à tout pour sauver sa peau, Elwin l’aurait parié. Heureusement que Loaran remontait un peu le niveau. Un poil trop naïf peut-être. Mais bien plus sympathique que son cousin. Ouais, c’était pas difficile non plus, d’être plus sympathique que Kelan. Le jeune homme ne pût s’empêcher de se sentir touché que Cairell refuse de partir sans lui et Libane… La preuve qu’elle avait survécu. Mouais… quoique même s’il était aussi utile qu’un chaton vagissant, c’était un poil déprimant d’être placé au même niveau qu’une femme enceinte. Question égo, il y avait mieux. Et qui était Nelvéa ?
Et.. puis maintenant qu’il y pensait… La varigale ? Comment ça ‘la’ ? Depuis quand c’était une femme ? Oulàlà…L’ex adepte porta une main à son front… Il avait dû louper encore plus de chose qu’il ne le pensait.
Garn. Le nom qui résonne de nouveau l’oblige à se remettre en mouvement. Oui… Garn le Sigire…il.. en fait il en était certain, ce nom il le connaissait. Il avait dû le croiser ou en entendre parler lorsqu’il… avant quoi ! Ça allait lui revenir… ou pas…
Mais en tout cas, il lui devait la vie, à lui et à l’Unique.
Elwin pénétra dans la pièce, adressant un sourire fatigué.
Hey..
On vous entends de l'autre coté du couloir... Suffisait de le dire si vous vouliez me reveiller...
Tentative d'humour, pour montrer que oui, cette fois, il avait toute sa tête...
Résurrection ! :-P
Publié : 06 mai 2011, 13:14
par Iris
Vivre semblait plus difficile que simplement mourir. Il fallait lutter contre ses faiblesses, contre le monde, avec la vision qu'il avait de lui-même et des autres... Au moins savait-il qu'il ne voulait plus faire plier autrui à sa volonté, ne plus faire entrer de force les gens dans un moule rigide, pour être bien sûr qu'ils ne causeraient aucune surprise, mauvaise ou bonne. En devenant hérétique, il avait abandonné le confort, la certitude des lendemains, une vie bien réglée, ... Il se confrontait à une réalité imprévisible, il était contraint de s'adapter, de trouver des solutions pour contourner les difficultés quand il se heurtait à ses propres limites... Mais au moins il savait qu'il pouvait aussi faire confiance à des inconnus, des gens qui l'avaient accueilli comme l'un des leurs en dépit de leurs difficultés tel ce groupe d'hérétiques ; et d'autres, totalement inconnus, qui le cachaient au péril de leurs vies !
A l'arrivée du jeune homme qui aurait dû mourir cette nuit-là sans l'intervention providentielle d'un Élu, tous se tournèrent vers lui : Telan le marchand restait assis, ne lui lançant qu'un regard blasé, ne goûtant pas son humour ; Loaran bondit et loua aussitôt l'Unique ; Keanan le scribe, bras en écharpe, se rapprocha avec un sourire un peu retenu mais le regard lumineux et soulagé ; Cairell leur guide enfin vint le voir et l'accueillit par une accolade digne (Cairell avait toujours une espèce de noblesse de chef, de guide), mais pleine de tendresse :
Cairell : " Elwin, loué soit l'Unique ! Te voilà déjà debout ! Bienvenu de retour parmi nous ! Comment te sens-tu ? Vient t'asseoir *désigne un banc près de la table*, tu dois être affamé ! Cela fait plus de trois jours que tu n'as rien mangé de consistant !"
Telan se taisait, Loaran se dirigea promptement vers la table pour la dresser de bien trop de choses, mais au moins Elwin avait-il le choix et pourrait-il reprendre quelques forces. Du cidre, des fruits secs, du miel, du beurre, du fromage de chèvre et de brebis, du pain au levain, du persil, de la ciboulette, ... Keanan s'assit non loin : "Tu nous as fait une belle frayeur ! J'ai bien cru qu'on t'avait perdu durant l'orage. Malheureusement, le varigal Kaw a disparu dans le glissement de terrain, Feradach et Perinis sont morts aussi. Libanne a accouché d'une fille durant l'orage, elle se prénomme Nelvéa, du nom de la ionnthèn qui a fait office de sage-femme. Libane a un peu de fièvre alors sa fille a été confiée à une nourrice, Murni, qui se trouve être la fille de l'ansaléir du village d'Helefrt. "
Cairell compléta : "Le village a proposé de nous aider à échapper à nos poursuivants, ils mettent en place une ruse par laquelle ils cherchent à les convaincre de notre mort à tous. En attendant ils nous ont installé dans une sorte de forteresse souterraine qui leur sert de refuge lors des crises graves."
...
Alléluia!
Publié : 06 mai 2011, 23:55
par luciole
Au fond, dans la vie, tout était une question de choix et pour le moment il demeurait convaincu d’avoir fait les bons. L’Unique l’avait ramené. N’était-ce pas la preuve de la justesse de sa voie ?
Et il découvrait des choses qu’il n’aurait jamais pu voir autrement. La preuve en était de l’aide de ces inconnus et de la sorte de famille un peu disparate que constituaient en quelques sortes le groupe de fugitif. Il était difficile de verbaliser ce qu’il ressentait au fond de lui, mais ça n’en était pas moins tangible pour autant.
Telan aurait pu lever les yeux au ciel, ça n’aurait pas surpris le jeune homme. Le marchand avait un petit quelque chose de la vielle tante Ursule acariâtre un peu pète-sec et qui semble en permanence avoir une bouse sous le nez… Cache ta joie surtout hein, des fois que ça te fatiguerait. Keanan reçut un authentique sourire. Elwin n’avait pas oublié la panique de son compagnon et ses encouragements alors qu’il sombrait lentement. « Tu me semblais si convainquant à vouloir que je tienne bon que j’aurais eu des remords à ne pas t’écouter. Tu n’aurais plus eu personne pour plaisanter. » Un silence… et puis. « Merci.» Au moins une chose qu’il avait apprise. Un remerciement sincère pouvait valoir bien plus que de l’or. Un sourire à Loaran. Et surtout Cairell... Elwin se laissa aller sous son accolade, à la fois tendre et rassurante. Comme l’aurait été celle d’un père non ?
Il a dû juger que mon temps içi n’était pas terminé. Et dans sa grande bonté m’a renvoyé. Par contre…Un sourire de malice.
Effectivement j’ai déjà été dans un meilleur état. Pas souvent je le confesse mais au moins une fois ou deux. Trois ?!? Trois jours! Ah…. J’ai totalement perdu la notion du temps je le craint.. Je n’ai aucune idée de l’heure qu’il peut être…
Le grommellement de son estomac fit écho aux paroles de Cairell et il se soumit bien vite à ses exigences : du pain, du fromage de chèvre et du miel… idéal pour calmer un ventre vide et… surtout, consistant ! Le simple fait de mâcher lentement son pain lui procurait un avant-gout du paradis. Il semblait à Elwin qu’il redécouvrait le gout de la nourriture. Le sucre du miel lui sembla plus doux que tout autre. Il fallait croire que frôler la mort forçait à redéfinir son point de vue sur beaucoup de chose, y compris les plaisirs simples de la vie.
Les nouvelles suivantes lui firent perdre, au moins en partie, son sourire.
Feradach… Perinis… je suis désolé pour eux. Au moins sont-ils délivrés de la peur. J’espere qu’ils sont en paix. Tout comme Kaw.*
Le varigal avait donc payé de sa vie leur protection. C’était bien souvent leur destin mais… Elwin espérait que Kaw n’était pas mort pour rien. Au moins il comprenait le ‘la’.
La suite était plus réjouissante. Entre deux bouchées de pain.
Oh. C’est une belle petite fille j’imagine. Nelvéa, c’est un joli nom. Cette nouvelle vie qui commence, pleine de promesses, c’est un signe d’espoir non ?…
Ton plus sombre. Plus bas… Elwin avait cessé de manger.
Je vois. Ils sont donc en train de nous protéger, aux dépends de leurs propres existences… Simplement parce que nous avons besoin de leur aide.. Cairell… sont-ils vraiment au courant de ce qu’ils risquent.. ? Si ils s’aperçoivent que ces villageois nous aident….Nul besoin de preciser le ils pas vrai.
Complément de réponse
Publié : 07 mai 2011, 11:10
par Iris
Cairell expliqua un peu plus avant la situation :
" Nous pouvons remercier je pense dans ce village l'éclaireur Enyl et la varigale Yrgwenn, ils ont convaincu le conseil de nous venir en aide et de concevoir une ruse qui, si elle fonctionne, permettra de nous faire passer pour morts."
" Ils ont installé des cénotaphes au niveau du glissement de terrain, pour faire croire que plusieurs d'entre nous étaient morts, leurs dépouilles disparues, ce qui est le cas de Kaw le varigal. Il y a les tombes de nos compagnons un peu à l'écart du village, nous avons eu le temps de leur préparer des sépultures décentes. Ils sont partis à l'extérieur du village, dans une région plus sauvage pour faire croire que les survivants de l'accident étaient morts dans une attaque de feondas. Pour cela ils ont pris plusieurs de nos effets personnels et vêtements."
Keanan avec un petit sourire : "En même temps, tes vêtements étaient déjà dans un triste état Elwin..."
Cairell : " Ils savent que nous sommes condamnés à mort et ont donc accepté de nous aider en conscience des risques. En revanche, je n'ai pas parlé de la relique maudite de Mambrun, j'ai pu la jeter dans un ravin suffisamment profond pour que personne j'espère ne puisse jamais la retrouver."
Elwin avait vaguement compris que Cairell avait pris une relique vénérée à Mambrun mais qu'il avait identifiée comme maléfique, en contact direct avec les Limbes et inspirant des rêves tentateurs autant que maléfiques aux personnes proches... Lui-même avait dû lutter pour rester maître de son esprit et empêcher cette relique d'attaquer les membres de son groupe...
" Nous en sommes réduits à attendre. J'ai pu marcher dans les limbes jusqu'au fermier qui nous avait abrité voilà à présent cinq jours environ, il m'a confirmé que les sigires étaient derrière nous, il faut à présent espérer que le plan du conseil d'Helefrt nous libèrera définitivement de nos poursuivants."
La marche dans les Limbes était une discipline particulière que Cairell avait apprise du Prophète aux Pieds Nus, lui permettant de contacter des gens qu'ils connaissaient dans leurs rêves ou parfois durant leur veille, un don précieux mais qui pouvait parfois mettre l'esprit à rude épreuve quand il devait lutter avec les visions des Limbes...
...
Re: OdE 1.3. - Éveil
Publié : 07 mai 2011, 21:01
par luciole
Touché… Au moins il savait pourquoi ses habits avaient étés remplacés par ce vêtement bas de gamme (mais qui au moins dissimulait l’essentiel). En plus, ça grattait…
L’idée est bonne. Si elle fonctionne, nos ennuis seront en grande partie terminés. Celend’hril avait toujours été un incurable optimiste pas vrai?
Quant à la relique maudite… infime haussement d’épaule, en parler n’aurait fait que potentiellement attiser des convoitises malvenues non ? On ne peut trahir, même par inadvertance ce qu’on ignore. Oublions la définitivement, et avec de la chance… elle sera à jamais perdue.
Il fallait simplement espérer que son influence maléfique se dissiperait, et qu’elle ne pervertirait pas le ravin où elle avait fini.
Si cette course poursuite effrénée touche à sa fin, et que nous sommes encore vivant… C’est grâce à l’Unique et à toi Cairell. Et à ton don qui nous a tenu au courant de l’avancé de nos poursuivants. Sans ça….
Nous aurons la confirmation que leur plan à fonctionné si le fermier les voit passer en sens inverse non ?
Elwin espérait pour leurs compagnons morts que les sigires ne pousseraient pas le vice jusqu’à vouloir que leurs corps reposent sans sépulture. Ils n’étaient plus sur les terres de Gwidre, cela refrénerait peut-être les ardeurs des plus déplaisants.
Ignorance et suppositions
Publié : 08 mai 2011, 09:42
par Iris
En fait, si Elwin / Celend’hril se grattait, c'était moins la faute de la chainse en lin que de sa sueur mêlée de quelques piqûres d'insectes. Le tissu en lui-même était doux, personne de sensé ne choisit un tissu rêche pour un sous-vêtement... à la réflexion l'ancien Sigire se rappelait bien de certains de ses collègues portés sur la mortification de la chair et qui portaient délibérément des tissus désagréables au toucher pour faire pénitence tout le long de la journée, et ceux-là n'étaient pas encore les pires ! ... Mais non, le commun des mortels savait parfaitement trier les tissus et textiles selon leur usage et leur usure. Les lainages encore chargé de graisse (lanoline) faisaient d'excellentes toiles imperméables (la laine n'est perméable que si on lui enlève sa graisse naturelle) ; les nourrissons étaient généralement installés dans des paniers à linge avec un matelas douillet et doux constitué de vieux draps tellement usés par les années qu'ils en étaient devenus fins, souples et très doux au toucher... Les sous-vêtements selon les possibilités, étaient faits à partir de vieux draps usés, ou bien tissés avec une fibre souple et douce, éventuellement avec un maillage lâche, qui dans ce cas tendait à rendre l'ensemble un peu transparent, ce qui était aussi souvent le cas des toiles même finement tissées destinées à être portées près de la peau, leur seule finesse les rendant facilement translucides au moins. D'ailleurs si Elwin collait le tissu de sa chainse sur sa peau en pleine lumière du jour, il verrait qu'il pouvait assez bien deviner ses grains de beauté...
Keanan le scribe : " Nous ne manquons pas d'eau, il y a une rivière souterraine, par contre elle est fraîche, et nous manquons de moyens pour en faire chauffer une grande quantité... On peut en tiédir un peu pour que tu puisses faire ta toilette. Les villageois nous ont fourni un peu d'une sorte de savon qu'ils fabriquent, il a une légère odeur de cire d'abeille... Il y a aussi des vêtements, pas qu'il fasse vraiment froid dans ces grottes, mais il ne fait pas chaud non plus."
Cairell : "Le ravin se situe à l'extrémité du val, il n'y a aucune habitation visible à moins d'une demi-journée de route en caernide ou en courant bien, il faudrait vraiment une extraordinaire sensibilité aux Limbes pour parvenir à la percevoir. Mis à part la jeter en mer, je ne vois guère d'endroit plus inaccessible pour s'en débarrasser. "
" Mon don comme tu l'appelles, n'est pas si extraordinaire, contrairement au Don véritable d'être un Élu, ce que je ne suis pas, il peut être appris par tout croyant sincère qui est prêt à faire face à ses peurs et à ses démons. Je peux te l'enseigner si tu le souhaites. Nous avons quelques jours devant nous à attendre. Ni Loaran, ni Keanan, ni Telan ne souhaitent... *sourire compréhensif, *
Il semblait conscient de ce que cet apprentissage pouvait avoir d'effrayant et savait qu'il aurait du mal à transmettre son savoir durement acquis... mais il pensait à Elwin... peut-être que le jeune homme avait le cran nécessaire ? ... Sinon, Cairell ne lui en voudrait pas.
" Effectivement nous saurons si tout a fonctionné quand nous aurons confirmation du retour des Sigires en Gwidre."
...
Même pas peur et autodérision
Publié : 09 mai 2011, 01:29
par luciole
Pfff… On ne pouvait même plus être de mauvaise foi avec soi-même tranquillement. Et de mauvaise foi en sachant pertinemment qu’on l’était et en se tournant soit même en dérision d’être obligé de recourir à des arguments aussi fallacieux. Au fond, c’était une manière de se prendre un peu moins au sérieux non ? Fichue conscience… Re-pffff…
L’eau était une bonne idée. Autant pour faire sa toilette que rincer deux trois choses. Y compris le pot de chambre qu’il avait remplis un peu plus tôt. Non qu’il ait le nez délicat, mais si l’objet pouvait être propre plutôt qu’odorant, il ne dirait pas non.
Le froid ne gênait pas vraiment l’ex-sigire. Il retint une grimace en pensant à tout le baratin que déclamaient certains à longueur de journée sur la pureté du froid et donc la nécessité de n’utiliser de la chaleur que pour les choses essentielles. Dommage pour les novices mais la toilette n’en faisait pas partie. Etre propre oui, mais se laver sans utiliser d’eau chaude, quelle panacée ! Au bout d’un temps on finissait par s’habituer –un peu. Et puis un rhume de plus ou de moins…
La toilette, je suis preneur ! Peu importe sa température. Et pareil pour les vêtements une fois que je serais propre… Heu…
Par contre… au vu de sa forme physique ça risquait de tenir de l’exploit. Du genre à suffire à épuiser ses forces récupérées : il était en convalescence ! Mais se sentir propre, libéré de la légère couche que sa sueur avait laissée sur sa peau, n’avait pas de prix.
Vrai ?
Elwin n’était pas lâche. Ou du moins il ne se considérait pas comme un lâche. Et pourtant, bien des hommes qui se jugeaient courageux n’osaient jamais faire face à eux même, à ce qu’ils étaient réellement. Le jeune homme n’était pas franchement plus brave ou plus téméraires qu’eux. Mais.. il y avait ce côté un peu.. bravache. Le gout du défi à relever. Et une certaine fierté.
Il n’avait pas honte de ce qu’il était. De celui qu’il était. Non mais oh, il en était même plutôt satisfait. Il lui restait du chemin à faire bien sûr, beaucoup de chemin, il se savait de nombreux défauts, mais au moins il se pensait sur la bonne route. Et pour continuer à progresser, il fallait un jour ou l’autre, apprendre à se connaitre soit même. Et affronter ses peurs et ses démons intérieurs. Il aspirait à la lumière et refusait de trembler devant sa part d’ombre. La connaitre était le premier pas pour l’apprivoiser. Le sourire qu’il adressa à Cairell signifiait clairement que même s’il ignorait s’il en avait ou non la stature, il ne le saurait qu’en essayant. Le cran ça, il l’avait.
Oui, j’aimerais beaucoup. S’il te plait.