Cependant la vie reprenait ses droits, il y avait au village des enfants, des étrangers et des décisions à prendre.
- Uryen l'ansaléir donnait l'impulsion nécessaire pour organiser des constructions et aménagement sur la gorge au nord, celle menant à Gwidre, l'idée étant de pouvoir empêcher des compagnies armées de les surprendre, mais aussi d'éviter à l'avenir d'autres glissements de terrains comme celui qui avait eu lieu récemment ;
- Sa fille Murni avec son bébé Cian, orphelin de père, prenait les préparations des festivités en main, il était hors de question pour elle de se laisser gâcher une fête à cause d'une morte, ou même de n'importe quel mort, car elle était en deuil de Meddrun, le varigal qu'elle aimait...
- Tagd le demorthèn fit le point avec son aînée, Adriane, décidant d'accélérer la fin de sa formation et de l'envoyer à sa place au Tsioghair pour faire acte de présence et se faire connaître surtout. Lui-même voulait régler un problème qui leur était resté sur les bras, une relique "maudite" (?) ou "corrompue" (?) qui était au fond d'un ravin... Etait-ce cela qui avait causé la corruption de sa fille ? Et dans ce cas, la puissance de l'objet devait être terrifiante, serait-il lui-même capable de le purifier ?
- Le barde Hafgan jouait de la harpe et restait de longues heures sans un mot...
- Gairech la damathair contribuait à ramener de la vie et de la joie au village, plaisantant avec énergie et détermination, en ajoutant des sous-entendus grivois qui devaient aiguiser un peu l'impatience de la fête et rendre le sourire
Cette année cependant, il y avait davantage d'étrangers que d'habitude...
Parmi les réfugiés gwidrites :
- La femme Libane se remettait bien de sa fièvre et s'occupait désormais de sa fille Nelvéa, aspirant à rejoindre bientôt OstaBaille pour reprendre une "vie normale"
- le marchand Telan en avait marre de traîner dans ce trou perdu avec plus d'animaux que d'humains et n'avait que du dédain pour les "fêtes paysannes de la fertilité", vulgaires et grossières autant que superstitieuses ! ... Lui, ce qu'il voulait, c'était aller à Terkhên au plus tôt et si la varigale Yrgwenn l'acceptait tout en se dépêchant, elle devait pouvoir se débarrasser de ce ronchon et revenir à Helefrt... d'où elle pourrait récupérer d'autres voyageurs en partance bientôt pour OstaBaille
- le scribe Keanan était toujours aussi maladroit et toujours d'aussi bonne volonté, ce qui ne manquait de causer des situations cocasses, en attendant son départ pour OstaBaille... il put trouver quelques sujets de conversation avec Hafgan le barde et des artisans ou fermier, avec une passion naissante pour le retraitement des déchets, ce qui d'ailleurs le rapprocha aussi de Finn, un étrange magientiste, blond pâle, un peu efféminé, silencieux souvent ;
- le pieux Loanan était un peu timide entouré de païens, il essayait d'être serviable mais avait presque peur à chaque mention des Esprits, ce qui lui valut rapidement d'être taquinés par certains qui prirent un malin plaisirs à en parler délibérément en sa présence... résultat, il fuyait la société et faisait de petits travaux utiles, discrètement...
- Cairell le meneur était un homme dans les 35 ans, bon cavalier, charismatique et habile en société, doté manifestement d'une bonne éducation et de quelques talents pour la musique. Il était néanmoins un hérétique condamné à mort en Gwidre et avait volé une relique au temple de Mambrun, dans les montagnes, la considérant comme maléfique, appartenant aux démons des Limbes et pas au "Vrai Dieu"... Cairell était un ancien Chevalier Lame qui avait fait la connaissance d'un homme qu'il qualifiait comme "Le Nouveau Prophète", et c'était suite à son enseignement qu'il avait appris à mieux comprendre les rêves, les Limbes et la corruptions insidieuses qui en provenait. Il avait donc dérobé une relique maudite qui pervertissait les esprits par les rêves, et l'avait jeté dans le ravin, espérant qu'elle ne pourrait plus faire de mal là où elle se trouvait désormais.
- Elwin était un survivant, il n'avait échappé à la mort que par la grâce de l'aide providentielle de Garn le Sigire qui l'avait sauvé d'extrême justesse par un miracle
Chronologie a écrit :Les événements prévus et connus :
- Telan veut aller à Terkhên
- Fête des transhumances
- La Soeur Eurielle, autrefois accompagnée par Garn, compte retourner dans son monastère
- Libane + Nelvéa, Loanan et Cairell pensent partir à OstaBaille
...
Il avait plu cette nuit-là, et le lendemain matin, le val était couvert de brumes, le soleil se levant doucement, ses rayons filtrés se diffractaient en un éclairage improbable et étonnant. Pour ceux qui s'étaient éveillé tôt, c'était un spectacle splendide et l'annonce d'une belle veille de jour de fête.
Les plus matinaux virent une silhouette avancer par le chemin sud, à pied, d'une bonne foulée. Quelqu'un d'Elnarion ? Il s'agissait du village voisin, ennemi suite à des questions tortueuses et imbriquées mêlant conflits de personnes entre demorthèn (le vieux Scail et Tagd s'accusant mutuellement d'être des morcails) et problèmes de droits et vexations et craintes et méfiances réciproques.
Le voyageur atteignit enfin les portes du village et gueula d'une voix féminine directe et sûre d'elle, vaguement insolente aussi : " Je viens pour Hafgan le barde !" . Après quelques explications, il fut possible d'apprendre qu'il s'agissait de sa fille, Ambre, une rousse aux cheveux bouclés et manquant significativement de subtilité, comme en témoigna la manière dont, dans la journée, elle "expliqua" à des garçons trop entreprenant ce qu'elle entendait par "non", en les envoyant à mains nues valser dans le décor. Sans être une force de la nature, elle était vive et combative.
Au village tout le monde savait qu'Hafgan avait été marié mais que sa femme et ses deux enfants étaient partis à Tulg-Naomh.
... Apparemment sa fille en venait directement, et avait fait le trajet seule... En dépit du fait qu'il était de renommée publique que la Forêt des Soupirs est un nid à feondas ! ...
... C'était en somme un petit mystère qui anima les conversations chuchotantes durant toute la journée, et sans doute le lendemain aussi, car ni Hafgan ni Ambre ne semblaient décidés à "spontanément" donner des explications relatives à la conversation qu'ils avaient eus chez lui.
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Mais ce n'était pas la seule surprise venant des routes, il y avait aussi l'étrange Eozen Gerwan arrivant à cheval par les chemins de l'est, de même que le duo improbable d'Erin et Farlann qui avaient découvert au gré d'une halte un peu déplaisantes qu'ils avaient en fait la même destination.
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Qui était où en cette belle journée ? ...