Message : # 31467Message
Val
27 janv. 2014, 11:16
Plus tard...
La petite s'était montrée compréhensive. Diemo n'avait pas vraiment réussi à comprendre si elle avait gobé tout ce qu'elle lui disait, ou si elle avait eu peur de lui au point de demander aux autres enfants de rester calme pour ne pas qu'il leur fasse trop de mal. Peu importe, après tout. Il avait bientôt fini de tous les examiner, et Lutz avait préparé des plans d'expérience pour la suite. Quelle chance, leurs projets se concrétisaient enfin. il n'avait jamais cru pouvoir mettre la main sur autant d'enfants Tarish d'un seul coup. Les mercenaires avaient réclamé le prix fort, mais l'argent ne manquait plus, maintenant que l'un des leurs avait intégré la loge d'Ambre. Détourner d'aussi importantes sommes n'avait pas été si facile. Depuis le scandale qui avait bien failli les éclabousser et qui avait fini par être étouffé au prix de beaucoup de daols, de quelques vies innocentes et d'une baisse de réputation des magientistes dans toute une région de Reizh, les contrôles avaient été renforcés, et la sévérité du concile avait augmentée d'un cran. Enfin, peu importe, ils étaient au début d'une nouvelle ère, Diemo le savait ! Et tous ses confrères "qui s'étaient moqués de lui, qui avaient trainé son nom dans la boue, l'obligeant à se faire oublier pendant plus de dix longues années allaient tous crever d'envie, de jalousie quand ils se RENDRAIENT COMPTE DE LEUR STUPIDITE !"
Les mots résonnèrent dans le laboratoire, et Diemo s'arrêta soudain, gêné, en voyant les yeux interloqués de la fillette... il s'était peut-être un peu emporté sans s'en rendre compte. De toute façon, maintenant, elle ne lui servirait plus à grand chose... Quoique... si ! Il avait encore besoin d'elle, finalement. Si il pouvait la garder lucide et continuer à entretenir le mythe du bon docteur, elle pourrait peut-être maintenir les enfants dans l'espoir d'une guérison ou d'une sortie proche... oui, cela pouvait marcher...
Soudain, la porte s'ouvrit avec fracas, laissant apparaître le docteur Lutz, un petit bonhomme maigre d'une trentaine d'année à peine portant des favoris singulier sur un visage émacié.
"Professeur, trois des enfants n'ont pas survécu et..."
Il s'arrêta net lorsqu'il vit la petite.
"Imbécile !"
Diemo se rua vers le mur et abaissa un petit levier fixé sur un boitier métallique. Une décharge d'énergie rouge sembla remonter à toute vitesse dans un petit canal creusé verticalement au dessus du dispositif. Quelques dizaines de seconde plus tard, deux gardes firent irruption pour immobiliser la fillette qui se débattait de plus belle.
"Bon, nous allons changer de stratégie, alors... Plus de bergère pour les pauvres petites brebis... de toute façon, tes petits camarades ne sont pas aussi résistants que nous l'imaginions. Docteur Lutz, pouvez-vous au moins m'expliquer ce qui s'est passé ?"
"Les mékones étaient surdosés. Nous avions extrapolé les quantités à partir des courbes d'essai que vous aviez réalisé sur les lapins, mais apparemment la loi que vous avez établi n'a pas de point d'invariance d'échelle. Mon équipe est en train de recalculer les facteurs, mais normalement le dosage devait être le bon"
"CES ENFANTS SONT PRECIEUX ! Nous ne pouvons pas nous permettre d'en perdre autant à cause de petites erreurs de calculs dus A DES INCAPABLES !!"
Le visage de Diemo était rouge, et il semblait mu d'une colère surnaturelle. Le dispositif qu'il avait fixé sur la main commença à émettre des étincelles d'énergie bleutée au rythme de ses hurlements.
"Oui... excusez nous, professeur... nous allons faire une troisième vérification, mais je vous JURE que tout semble normal. Regardez par vous même, nous avons enregistré l'activité artérielle des sujets pendant la transplantation..."
Il tendit au magientiste une liasse de feuilles blanches sur lesquelles Louna put distinguer d'étrange courbes à côté desquelles étaient griffonnées des notes et des formules écrites dans un charabia incompréhensible.
"Deux enfants sont décédés sur le coup, un troisième est dans un état végétatif mais... nous ne tireront plus rien de lui. Et en plus de ça, il y a deux autres sujets qui ont été secoués par des spasmes, nous avons réussi à les stabiliser en arrêtant l'injection quand nous avons vu le résultat sur les premiers et..."
"JE ME FICHE DE VOS CALCUL, LUTZ"
Diemo avait jeté la liasse de feuilles par terre, ces dernières étaient désormais éparpillées aux quatre coins du laboratoire. Il reprit un ton très calme, le même ton doux et mielleux que la petite Louna avait pu entendre la première fois qu'elle avait vu le savant.
"Voilà ce que vous allez faire, maintenant. Il nous faut d'autres enfants, et vite. Pas des Tarish. Trop compliqué, trop cher, trop... précieux. Débrouillez-vous pour récupérer n'importe qui, des gamins des rues, le fils du bûcheron du coin... quelques marmots dont la disparition ne dérangera personne. Nous testerons les dosages sur eux, pas question d'abîmer davantage notre précieuse matière première, en tout cas pas à ce stade de notre plan expérimental"
En disant ceci, il avait sourit jusqu'au oreilles en regardant Louna.
"J'ai confiance en votre expertise et si ce que vous me dites est vrai, alors il se peut que les enfants Tarish ne réagissent pas de la même façon que des enfants normaux à notre.. préparation. C'est pour celà que je vous demande de vérifier cette hypothèse sur des sujets témoins. Mais si cela s'avérait être exact, ce serait... une nouvelle encourageante pour nous, cela prouverait que nos travaux ne servent pas à rien, cela leur donnerait de la légitimité, même... Lutz, je crois que nous sommes sur la bonne voie !"
Le docteur Lutz avait repris son souffle, et semblait rassuré par les paroles du vieux savant.
"MAIS NOUS NE POUVONS PLUS TOLERER DE PERTE, COMPRIS ? ALLEZ, OUSTE !"
Lutz pris ses jambes à son coup, après avoir pris la peine de ramasser toutes les feuilles de son précieux compte-rendu.
"Bon, revenons-en à toi, ma belle enfant. Qu'est-ce que je vais bien pouvoir faire de toi ? Je ne peux plus me permettre de te renvoyer chez tes petits camarades, maintenant. Je leur dirais que tu as été transférée... parce que tu étais en voie de guérison ? Humm... Nous verrons bien. En attendant, je pourrais t'étudier... mais j'aurais peur de t'abimer, tu es si jolie... non, je vais te garder un peu, je te réserve le meilleur ! Je veux que tu sois l'apogée de mes recherches, la preuve ultime qui m'apportera LA GLOIRE, qui révolutionnera TRI-KAZEL TOUTE ENTIERE !!"
Les gardes maintenaient toujours la fillette (qui s'était probablement agité de plus belle en entendant le dialogue des deux scientifiques).
"Amenez là dans mon bureau. Et faites en sorte qu'elle soit inoffensive. Montez si besoin une cage de Ferdmann"
La petite Louna fut par la suite emmené dans le bureau personnel de Diemo. C'était une pièce assez exigue, mais dont l'un des murs, entièrement vitré, offrait une vue cauchemardesque sur un laboratoire immense. Plusieurs cuves transparente probablement destinés à accueillir des humains étaient alignés sur les côtés gauche et droit de la pièce. Quatre tables d'opérations trônaient au centre de la pièce, sur lesquelles on pouvait distinguer les trois corps dont Lutz avait fait mention. Deux techniciens s'affairaient à contrôler les niveaux des cuves (pour l'instant vide), alors qu'un autre semblait être préoccupé par des considérations d'ordre électronique et travaillait au soudage de divers tubes et fils dans un atelier dédié au fond du laboratoire. La pièce comprenait également un petit dispositif d'extraction-raffinage de flux (une grosse cuve et deux petites, ainsi qu'une paillasse de chimie avec alambic, colonnes de décantation et petit dispositif de chauffage), auprès duquel était posé trois ou quatre caisses remplies d'anguilles encore vivantes.
Louna fut jeté sous une sorte de cloche en verre, qui ressemblait fort aux cuves transparentes du laboratoires, et qui devait avoir été bricolée pour l'occasion à partir de la moitié supérieure d'un de ces incubateurs. Peu après, Diemo fit son apparition dans son bureau et la regarda avec un sourire cruel.
"Voilà... ici je pourrais t'avoir sous la main en permanence, tu me feras une bonne compagnie. Regarde un peu ces installations, n'est-ce pas merveilleux, Louna ?"
...