OdE - Chap. 8.1 - Masques et déséquilibre

[Iris]

Le Chevalier Nodlaig était intéressé par les armes, prenant la première pour la sortir de son fourreau et l'examiner avec beaucoup de soin.

" Lorsque vous fûtes intronisé ? ... " fit-il avec une expression interrogative toujours fort courtoise.

De toute évidence il demandait à Garn dans quel organisme il avait été "intronisé"...

[Avrock]

Oops... Choix du terme "introniser" un peu trop rapide. Je ne devrais pas poster a la va vite !

" Pour être honnête avec vous, le Commandeur Earn Melian était mon mentor, un modèle et un père. C'est lui même qui me remis ces lames bénies. Je vous laisse donc déduire ce que je suis... "

Lorsque le chevalier saisi l'une de ses épées pour en observer la lame, Garn inspire profondément. Il se demande quel va être la réaction de la lame, la réaction de Nodlaig.

[Iris]

Haussement de sourcil et ton un soupçon moins affable : " Un sigire conseiller des Réformés ? ... pourriez-vous nous expliquer... ce qui vous a mené là ?... "

" Vous connaissiez la victime, avez eu une altercation avec elle... et possédez des lames peu communes..."

" Chevalier Pandross, de quoi exercer votre sagacité. Examinez-les."

Le Ronce pourra se rendre compte que les lames sont comme légèrement givrées, étrangement et anormalement froides.

[Avrock]

Tout en prenant un ton froid et direct, Garn répond au chevalier:
" Chevalier Nodlaig, soyez assuré qu'il y ait certaines explications que je souhaiterai vous donner, malheureusement nous ne somme pas la pour parler d'allégeance ou de mission.
Oui, je suis Sigire. Oui, je me trouve être conseillé dans le parti Réformé. Et surtout, je cherche a mettre fin au conflit qui déchire Gwidre. "
Le but est de clore la discussion ou tout du moins d'éviter le sujet de son allégeance.

Le jeune homme reprend un ton plus posé, plus calme et plus courtois.
" Quand a l'altercation avec la victime, nous avons eut une discussion ou nous avons eut une différence de point de vue. De plus, n'ayant pas donner de nouvelles depuis plus d'un an, je l'ai profondément déçu et ai mis ses nerfs a rude épreuve. Ayant une relation très forte avec le Commandeur Melian, quasiment une relation de père a fils, la gifle est partie toute seule. "

Lorsque le chevalier observe la lame puis la tend a Pandross, Garn se répète :
" Comme je vous l'ai dit, ces lames sont bénies. Elles possèdent la grâce et la pureté glacée de l'Unique. "

[Val]

Pandross examine les lames avec un fort intêret. il n'a jamais vu de telles armes.

"Eh bien, messire Faernor, vous avez là des lames bien étranges ! Et vous dites les avoir reçu du défunt, qui se trouve être votre ancien mentor ?"

Pandross réfléchissait.

"Cela dit, cela me semble être un bon point pour vous. Si Earn Melian était effectivement votre mentor... alors pourquoi l'abattre ? Si c'est la personne à qui vous devez ce que vous êtes aujourd'hui, qu'il vous a tout appris... je vous imagine bien mal en train de l'assassiner froidement. Enfin, parfois la politique vient à bout même des relations les plus solides..."

"Cependant, il me semble que si je devais tuer quelqu'un de très proche, je m'y prendrais autrement, avec plus de discrétion. Il eut été facile de solliciter un entretien avec le commandeur dans un endroit plus discret, et de faire disparaître son corps... Enfin..."

"Quelqu'un ici peut-il attester du fait que vous ayez réellement été l'apprenti de messire Melian ?"

Pandross se tourne vers le chevalier.

"Quant à l'altercation dont vous parlez... je ne savais pas cet élément. Pouvez-vous m'en dire davantage ? Et vous, Garn, pouvez-vous répondre du sujet de cette querelle ?"

[Iris]

Le Chevalier Nodlaig laissait le Chevalier Pandross et Garn Faernor échanger tandis qu'il réfléchissait... Il finit par répondre :

" Frère Faernor ?... Si vous êtes toujours un fidèle ordonné du Temple, il est impératif que vous présentiez votre rapport à nos maîtres ici présents. Aucun loyal agent du Temple n'agit de manière radicalement indépendante, a fortiori quand de tels enjeux sont concernés."

Ce que le Chevalier ne disait pas, mais que les autres devaient savoir ou deviner, c'est que l'identification de Garn comme Sigire et membre du Temple le placerait de facto sous leur autorité et cela pouvait se régler rapidement par une arrestation et un procès à son retour prochain en Gwidre avec risque d'exécution pour haute trahison s'il n'avait pas de très bonnes raisons d'agir comme il le faisait. Et s'il refusait ?... eh bien, il serait rapidement considéré comme traître et ne devrait pas s'étonner de trouver un de ces jours un assassin à ses trousses...

La question de l'allégeance de Garn n'était pas posée frontalement, mais cela revenait au même : il devait immédiatement se signaler comme loyal agent du Temple ou s'attendre à en subir les conséquences. Aucun entre-deux douteux et idéaliste de type "je fais parti des deux camps" ne serait admis.

" N'oublions pas qu'une partie de la confusion actuelle et la raison pour laquelle vous et moi-mêmes sommes conviés à cette enquête, est que vous êtes suspects, en tant que personne vue comme ayant eu une dispute violente avec la victime peu avant sa mort, mais également en tant que membre de la délégation réformée. Il paraît important de signaler votre véritable allégeance à nos hôtes."

Ah ben si, finalement, le mot arrivait bien sur la table.

" Concernant votre discussion avec votre mentor, étant la seule personne en vie, il vous est loisible de trouver l'explication de votre choix à la gifle... Mais j'ai du mal à imaginer le Commandeur Melian comme une femme hystérique qui gifle son bien-aimé pour lui signifier toute la joie qu'elle éprouve à le retrouver vivant."

Il allait falloir être un peu plus complet s'il voulait convaincre Nodlaig, d'un naturel méfiant, mais il y avait matière à suspicion...

Pour répondre au Chevalier Pandross : " Nous pourrions certainement vérifier les allégations du Frère Faernor en consultant les registres d'Ard-Amrach... "

" Concernant l'altercation, comme vous avez pu l'entendre, un serviteur d'un Seigneur du Croissant d'Emeraude a vu le Frère Faernor se disputer avec le Commandeur Melian, ce dernier le frappant avant que les deux hommes ne se séparent."

[Avrock]

" Pour vous donner d'avantage de détails sur ma discussion avec le Commandeur Melian, je lui faisait part de ce que je faisait maintenant, de ce que j'ai appris ainsi que de mes opinions sur le conflit et ce qui se passait au sud avec Mc Snor, le Roi-Sorcier. Bien entendu, certaines de mes suggestions n'étaient pas au goût du Commandeur. J'ai bien peur aussi que ces suggestions ne soient pas au goût de beaucoup monde. Ajoutez a cela ma 'disparition', il y a de quoi mettre en colère le plus calme des hommes. Il m'est avis que la gifle soit bien plus symbolique qu'il n'ai voulu me blesser, autrement ma joue ou mon nez en porterai les séquelles. "


Après un temps de réflexion, le chevalier Nodlaig continuait sont réquisitoire et ses questions. Il fallait le convaincre ou le faire taire pour le moment :
" Chevalier Nodlaig, je reste a l’entière disposition du représentant du Cénacle et de la délégation du Temple s'ils souhaitent s'entretenir avec moi ou s'ils pensent que je peux les aider.
Quand a définir mon allégeance, je suis certains que vous comprenez qu'il s'agit la d'une question épineuse. D'autre part, je me demande si en tant que Chevalier vous êtes en mesure de juger des actions et de la mission d'un Sigire. Je pouvais répondre de mes actes devant le Commandeur Melian, malheureusement il ne reste maintenant plus que le représentant du Cénacle. "

Lorsque le chevalier insulte la mémoire d'Earn, le sang de Garn ne fait qu'un tour:
" Je ne vous permets pas d'insulter la mémoire d'Earn en l'insultant de femme hystérique ! Montrez donc un peu de respect ! "

J'aurais bien mis le nom du représentant, mais je ne l'ai malheureusement pas retrouvé.

[Iris]

Chevalier Nodlaig, je reste a l’entière disposition du représentant du Cénacle et de la délégation du Temple s'ils souhaitent s'entretenir avec moi ou s'ils pensent que je peux les aider.
Quand a définir mon allégeance, je suis certains que vous comprenez qu'il s'agit la d'une question épineuse. D'autre part, je me demande si en tant que Chevalier vous êtes en mesure de juger des actions et de la mission d'un Sigire. Je pouvais répondre de mes actes devant le Commandeur Melian, malheureusement il ne reste maintenant plus que le représentant du Cénacle. "

Garn évoquait plusieurs points et sauf à attendre que le Chevalier Nodlaig s'estime en situation de devoir se défendre, il était peu probable qu'il releverait point par point.

" Vous vous décrivez à présent comme un espion qui n'a fait son rapport qu'à un homme à présent mort et qui attend qu'on le convoque alors même que son supérieur ignorait tout de ses agissements ?"

En clair : vous trouvez normal de rester à la disposition du Cénacle, juste comme si de rien n'était dans le contexte actuel ? Votre attitude est des plus légères ! Soit vous êtes inconscient, soit vous m'insultez.

" Compte-tenu de la situation actuelle, il serait bon de faire au plus tôt votre rapport."

Et considérant les autres présents, qui n'étaient pas membres du Temple mais témoins d'un soi-disant aveu de mission d'espionnage (plutôt étrange comme contexte, on en conviendra) :

" Pour votre sécurité, il vaudrait sans doute mieux vous installer auprès de la délégation du Temple."

Ce qui serait logique : à présent que la prétendue mission du sigire était avouée devant un Ronce et un Garde-des-Ombres, sans vérification prudente d'éventuelles oreilles indiscrètes derrière la porte, l'information pouvait être connue en quelques heures de tout le monde. A ce stade, tout agent infiltré sous une fausse identité dans le camp ennemi devrait sérieusement s'inquiéter de sa survie. Et si ce n'était pas le cas, on pouvait s'interroger quant à sa loyauté... et du coup, quant à son espérance de vie, mais pour d'autres raisons.

Lorsque le chevalier insulte la mémoire d'Earn, le sang de Garn ne fait qu'un tour:
" Je ne vous permets pas d'insulter la mémoire d'Earn en l'insultant de femme hystérique ! Montrez donc un peu de respect ! "

" Vos émotions vous troublent et semblent nuire à votre capacité à vous concentrer. J'ai dit que j'avais du mal à imaginer le Commandeur Melian comme une femme hystérique..."

Le Chevalier Nodlaig ne perdait pas de vue le problème du soi-disant espion disparu dans les terres réformées qui prenait une prétendue gifle presque amicale d'un Commandeur Melian qui aurait eu du mal à tenir ses nerfs. Que Garn fût ou non un meurtrier était secondaire, il jouait aux anguilles et s'il était sigire et passé à l'ennemi, il avait dû informer celui-ci sur l'organisation du Temple. ... Façon agent double qui n'en fait qu'à sa tête ?

Et maintenant ?... la manière dont le Temple allait considérer Garn Faernor prochainement allait dépendre de ses prochaines réactions. Le Chevalier Pandross devinait que Garn était trop idéaliste et ne percevait pas à quel point il était en danger de mort...

[Avrock]

Garn est acculé, et pourtant toujours aussi combatifs :
" Les choses sont beaucoup plus compliquées que cela. Réduire mes actions et mes buts a de l'espionnage est bien trop facile. Je ne me suis jamais caché d’être membre du Temple a la Réforme. Je ne vois donc pas en quoi je serais d'avantage en sécurité dans les quartiers alloués a la délégation du Temple. "

Il clame ses convictions, ses incompréhensions. Comment pourraient il le comprendre s'il devait se cacher ? Autant afficher la couleur, autant avoir un retour direct de la part des personnes présentes. Au mieux, on le prendrai pour un fou, un illuminé croyant en la paix et une menace plus grande; et au pire, on le retrouverai mort un matin, poignardé dans son sommeil.
" Comme je l'ai déjà dit, je ne cherche qu'a pouvoir ramener la paix en Gwidre. Trouvez-vous normal que des hommes suivant les mêmes croyances, le même dieu mais une interprétation différentes des textes s'entre tuent pour dire qui a raison ? C'est de la folie pure... Et puis tout le monde appel a la modération, mais tout le monde reste bloqué sur ses opinions. Personne ne discute pour chercher des solutions. D'ailleurs, vu la situation dans laquelle est Gwidre, aucun retour en arrière n'est possible: il faut que les différents protagonistes fassent des concessions. Et je ne mentionne même pas les rumeurs parlant de Mac Snor, également connu sous le nom de Roi-Sorcier.
Quelque chose rode, quelque chose cherche a détruire le royaume et les croyants. "

Il regarde alors les personnes en présence, d'un regard bref, puis il ajoute :
" En a-t-on fini avec moi et mes quartiers ? Quel est la suite ? "

[Iris]

Le Chevalier Nodlaig gardait une expression de relative neutralité, moins courtoise qu'au début cependant :

" Vous ne pouvez pas décemment vous proclamer sigire et tenir un tel discours. Et j'ai du mal à croire que les Réformés vous aient accueilli sans vous demander d'informations utiles pour leur combat."

Ce qui est vrai, Garn a effectivement été souvent interrogé et a dû nécessairement parler de beaucoup de choses au cours des derniers mois...

Le Chevalier Nodlaig continuait d'un ton égal et calme, assez froid néanmoins, et sans plus trace pour l'instant du moindre sourire :

" Vous avez prêté serment en entrant dans les ordres. Fidélité, loyauté, obéissance... au Temple comme à votre Roi. Vous en venez à présent à considérer que vous pouvez décider librement de ce qui doit être fait, vous donnez des leçons en commençant par devenir conseiller des ennemis de vos seigneurs. Vous n'avez jamais essayé de faire part de vos ... idées et théories à vos maîtres, vous vous êtes contentés de disparaître dans la nature et de n'en faire qu'à votre guise. "

" Vous agissez en rebelle et en traître. "

Il aurait pu compléter "en fou dans le meilleur des cas", mais le Chevalier Nodlaig n'avait rien d'un mystique, les menaces surnaturelles rampantes, très peu pour lui : il avait bien assez à faire avec les humains. Surtout quand un sigire passait à l'ennemi avec une telle légèreté. Garn subirait les conséquences de ses actes, tôt ou tard. S'il ne "disparaissait" pas prochainement, il risquait fort de mourir assassiné.

Garn Faernor était effectivement un traître à deux seigneurs du point de vue du Royaume de Gwidre : il s'était allié aux ennemis du Temple et du Roi de Gwidre. Pour justifier éventuellement une telle décision, alors qu'il avait prêté un serment solennel en devenant Sigire, il aurait dû tout mettre en oeuvre pour avertir et conseiller ses maîtres, et il aurait dû subir des brimades manifestement injustifiées, il aurait dû devoir fuir pour sauver sa vie face à des décisions iniques prises à son encontre... Mais non, rien de tel ! Il avait "seulement" disparu. Du point de vue des standards tri-kazéliens et féodaux, Garn est désormais infâme et toute personne qui aura connaissance de ses agissements, hors camp réformé, risque au mieux de le traiter avec méfiance et circonspection. La trahison est un des pires crimes possibles et il est passible de la peine de mort. Dans les cas les plus graves, il est même autorisé d'exterminer une famille entière, en procédant à la peine d'Extinction du sang.

Autant dire que la situation n'est socialement pas bonne du tout et qu'elle peut avoir de multiples conséquences très déplaisantes.

Le Chevalier Pandross, plus pragmatique, devait deviner que les Seigneurs du Croissant d'Emeraude par exemple, pourraient aisément jouer à se montrer outrés de la présence d'un traître dans la salle des négociations, et de là tout pouvait arriver, les suites étaient imprévisibles... mais dans la plupart des scénarios envisageables, Garn Faernor mourait. Garn..., ce jeune homme au visage d'ange, doté du charme particulier des idéalistes fougueux qui vont droit au martyre... Le Chevalier allait-il faire quelque chose pour l'aider ?

La tension dans la chambre était vive et Kevan Harlton sortit brutalement. Son geste surprit le Chevalier Nodlaig qui conclut : " Nous devrons faire le point sur ces révélations devant nos hôtes. Je vous invite à rester dans vos appartements jusque là. Prenez le temps de penser à ce que vous direz." ... il aurait presque pu ajouter "pour une fois"...


... ne restaient dans la pièce plus que Garn et Pandross...