OdE - Chroniques d'Helefrt 1.1 - Le prix de la liberté

[Ellis]

" Partager la couche de qui ? Amant ? "

" Pour être un amant de ce que j'ai compris il faudrait qu'il y ai des ébats ! Je suis toujours pure et les esprits que j'ai trahi peuvent en témoigner. Mon erreur aurait été de remercier l'homme qui m'a sauvé la vie par deux fois et de ne pas lui donner une chance de le connaitre ?"

" Vous n'êtes que des hypocrites doublement borné *dit elle en designant des personnes comme Uryen et Hafgan* Vous vouliez agressé un homme qui certes un étranger , de nos terres et coutumes, il fait la démarche d'apprendre à nous connaitre , ainsi que nos traditions et vous le traitez ainsi. La méfiance , si ce n'est qu'elle qui vous régit ici, pourquoi laissez vous des étrangers rentrer dans notre village ? Fermons les portes ce sera plus sure !

Et toi Hafgan qui m'a encouragé à l'éloigner du village pour rester dans la clairiere , le conseil était bien présent , vous étiez bien d'accord avec ca ? Laisser un étranger , un adorateur de ce dieu , avec une de vos filles et l'encourager a lui "faire passer le temps". Bande d'hypocrites !

Vous osez dire que j'ai trahi mes traditions et les esprits ? C'est grace à leur aide que je suis encore en vie et ils ont décidé de porter ma voix à ces oreilles , vous devriez avoir honte !
Et vous ne pensez pas que de reveler à une étrangère les cercles de pierres n'étaient pas une trahison ?

Père , je refuse dès aujourd'hui d'être votre élève pour l'affront que j'ai soit disant commis , je préfère encore mourir ainsi que de vivre ma foi aveuglement. Vous ne valez pas mieux que ces Sigires , j'aurais préféré rester avec eux je n'aurais pas été jugé et condamné par les miens.
Je quitterai le village dès ce soir , soit par la fin de ma vie soit je m'exilerais loin d'ici. "


Nelvéa était d'un calme effrayant lorsqu'elle tint se discours , s'entremélant dans sa voix du mépris , de la colère et de l'ironie. Elle se doutait que le conseil la punirait par la sentence mortelle. Il était temps que ca finisse.

[Aubelune]

Dans un moment pareil, Yrgwenn se serait attendu à un peu plus de sagesse de la part de la ionnthèn. Décidément, elle était vraiment suicidaire. La varigale qui avait vu la mort de si près ne comprenait pas comment on pouvait ainsi accourir à sa rencontre, les bras grand ouverts. Bien que le conseil lui ait donné voix au chapitre, elle ne comptait pas prendre parti pour ou contre Nelvéa. Son inimitié envers la jeune fille risquait d'obscurcir son jugement. Quoiqu'il en soit, elle n'en revenait pas de tant de mauvaise foi... on lui demandait de "distraire l'étranger" et selon elle c'était synonyme de "se prostituer"? Et est-ce que "remercier" signifiait "barboter à poil dans la rivière"? Eh bien... Peut-être Yrgwenn était-elle un peu naïve sur le coup ou peut-être la ionnthèn l'était-elle moins que son physique d'ange ne le laissait supposer.

Quoiqu'il en soit, Yrgwenn trouvait que tout cela manquait de dignité et elle se dit avec cynisme que si la jeune fille voulait mourir, elle aurait pu y parvenir seule et en silence au lieu de se donner en spectacle et de raviver les querelles du village.

Concernant Garn, Yrgwenn comptait suggérer qu'on lui laisse encore une chance d'abjurer sa foi s'il voulait rester au village mais elle supposait que vu le discours de Nelvéa, le cas de Garn risquait d'être fort compromis. Bien qu'elle répugnât à défendre un sigire, il avait fait preuve de certaines qualités humaines même si son côté chevaleresque était vraiment exagéré. Elle craignit un moment que les villageois lui reprochent d'avoir changé Nelvéa... Dans ce cas, il faudrait bien qu'elle dise quelque chose...

Elle attendit la réaction du conseil avant de dire quoi que ce soit.

[Iris]

La foule autours des accusés n'était pas hostile... du moins... pas au début ! ... Mais Nelvéa avait décidé de tout faire pour exciter la haine contre elle au lieu d'apaiser la situation. Certains la regardaient avec horreur et se demandaient s'ils pouvaient reconnaître la douce jeune fille innocente en cette insolente pleine de colère et de mépris ? La colère pouvait être acceptée, la tristesse ou l'indignation aussi, mais le mépris est une émotion hautement destructrice, elle générait de la haine, une émotion aveugle et terrible. Manifester du mépris, c'était s'attirer une inimitié durable, définitive, causer des blessures qui ne pouvaient guérir.

Tagd : "Nelvéa, tu sais très bien ce qu'il advient en cas de conflit grave entre un demorthèn et son ionnthèn. C'est la mort que tu veux ? Tu tiens donc tant que ça à te conduire en inconsciente suicidaire ? Tu échappes à la harde sauvage de la Forêt des Soupirs pour me demander à moi de t'exécuter ? Tu ne pourras jamais t'exiler, pas avec ta science de la Sigil Rann. Le bannissement n'est envisageable que pour ceux qui ne sont pas gardiens de nos secrets. Tu connais nos cercles, tu connais les passages secrets qui mènent à Helefrt. Même si tu n'a pas étudié de manière approfondie, tout ce que tu sais est déjà terriblement dangereux pour nous tous car tu es dévorée par la haine et le mépris à notre égard. Ces émotions sont la racine de la dégénération des morcails. Tous croient avoir de bonnes raisons d'agir. Des raisons toujours personnelles et égoïstes, comme toi aujourd'hui. Je refuse que ma fille devienne un de ces être corrompus. En devenant ionnthèn tu as accepté de te donner à une cause qui te dépasse, bien au-dessus des querelles humaines, mais tu te plains et tu te lamentes sur ton sort autant que tu manques de respect à toute la communauté que tu dois protéger. Tu es irrationnelle. Mon seul regret est de n'avoir pas su discerner que tu étais faible avant d'entreprendre ton apprentissage."

Hafgan : "..." ... oui, il se fichait éperdument d'être traité d'hypocrite, c'était le cadet de ses soucis. D'ailleurs il était possible qu'il ne fût même pas à l'origine de cette décision de procès. Il s'en lavait les mains.

Uryen : " Ce n'est pas en insultant ta communauté que tu lui donneras des raisons de faire preuve de compréhension et mansuétude !"

Gairech : " Nelvéa, tu te conduis en enfant gâtée et capricieuse ! Tu injuries les gens qui t'ont aimée au nom de grands principes qui te dépassent ! Tu parles d'amour, qu'en sais-tu ? Murni qui a perdu le père de son fils souffre bien plus que tu n'as jamais eu à le vivre ! Si tu étais une jeune fille dépourvue de pouvoirs, je pourrais te défendre en dépit de la bêtise insolente que tu clames en disant que le temps arrangera les choses, que tu finiras bien par avoir du plomb dans la tête en te confrontant aux réalités ! Tu as vécu à l'abri de tout péril, et tu nous remercies de cette manière ? Tu te plains de Hafgan alors que le plan que nous avons finalement choisi visait à épargner un homme que nous espérions innocent, notamment à cause de la sympathie que tu lui portais ? Le Conseil avait le choix de décider de sa mort, Garn aurait pu ne jamais avoir à être jugé ici avec toi. Et toi, tu pleurerais peut-être, mais nous n'en serions pas là ! Avec la manière dont tu te comportes, il y a de quoi préférer les solutions simples et définitives. "

" Je plaide pour un enfermement dans nos grottes, dans l'espoir que son attitude ne soit que le fruit de sa jeunesse et lui, un jour ou l'autre."

...

Pour l'instant, personne n'avait dans l'idée d'accuser Garn. En fait, la plupart des gens ici ne savaient pas quoi penser de lui, l'ayant vu accepter de rendre ses armes sans faire d'histoire, de rester ici sans donner l'alerte aux autres sigires... Bref, son comportement était trop déconcertant pour l'instant et il semait surtout la confusion dans les esprits. Tagd lui-même avait renoncé à le foudroyer sur place et préférait se donner un peu de temps avant de prendre sa décision à l'égard de ce drôle d'étranger.

...

[Ellis]

" Je n'ai jamais parlé d'amour à ce que je sache ! "

" Trés bien en effet l'exile n'est pas une solution , vous savez ce qu'il reste a faire ! "

Nelvéa regarde alors son père , un regard vide d'expression apparait alors :

" Adriane est une bien meilleure fille ! Comme mes autres soeurs. Je renie tous ce qui est ici présent , j'en ai marre , comme j'ai bien compris soit je courbe l'échine soit je péri. Et bien avec toute mon insolence je vous crache au visage , je n'en démordrais pas et je refuse d'être enfermée sinon je peux te promettre que mes connaissances en Sigil Rann si j'arrive à m'échapper serviront à des fins funestes que tu combats. "

" Je vous hais tous "

Nelvéa jette l'ogham au pied de son père.

" Voila ou sont la place des esprits ! J'espère que la pour vous tous je les ai assez trahi en publique pour que les fait reproché soit assez flagrant ou faut encore que je pousse plus loin ? "

" Ma conduite n'est pas inconsciente , suicidaire peut etre bien. Je sais ce qui m'attend et je n'ai pas peur. Je sais ce que c'est et je lui tend les bras. "

" Dès aujourd hui oui en effet je serais Ta faiblesse et ton manque de lucidité quand tu penseras que ta pauvre fille chérie a fini si bas. J aurais préféré la Harde en fait mais je ne voulais pas que Garn meurt par ma faute. "

Elle toise son père

" Vas y , acheve ton oeuvre. Toi et tes esprits devraient bien savoir au moins faire ca..."

Des larmes de rage étaient apparu devant ses yeux. Il y avait de la haine pour chaque personne présente sauf pour lui mais la colère l'emportait.

[Avrock]

La situation rappele de mauvais souvenirs au jeune homme. Garn se garde de faire le moindre commentaire pour le moment malgré l'envie brulante de clamer son innocence et son incompréhension. Il avait pris le temps de méditer ce procés en l'attendant mais il ne trouve toujours pas d'explications ou de finalité à ce dernier. Que lui reproche-t-on exactement ?

D'un autre côté, il observe attentivement les réactions de Nelvéa. Est-elle devenue folle ? Pourquoi vouloir trouver la mort aprés tant d'effort ? Il ne peut pas supporter son insolence non-plus, mais il ne peut pas envisager la mort de cette dernière. Est-ce à cause de lui que cela arrive ?
A moins qu'il n'ait le devoir de s'endurcir encore, de devenir d'avantage sigire et de renier sa part d'humanité.

Finalement, le sigire se tourne vers Nelvéa et la fixe dans les yeux, le regard lourd :
"- Pourquoi ? Pourquoi vouloir la mort à ce point là ? Je ne te comprends pas..."
Une larme amère, mélange de regret et d'amour commence à se former dans les yeux du jeune homme.

[Iris]

Tagd s'éclipsa dans un silence de mort. Ce qu'il disait quand il parlait de voir en elle une future morcail, tous ici désormais le comprenaient et le faisaient leur avec horreur. Elle était corrompue au-delà de ce qui avait pu être craint. Ils avaient espéré qu'elle se justifierait d'un amour pur, mais elle était dévorée de haine, de rage, elle était devenue un poison, son ancienne douceur n'était plus qu'épines vénéneuses, sa parole naïve n'était désormais que du fiel.

...

Hafgan : " La tradition est de proposer une coupe de poison à ceux qui trahissent le village, pour leur permettre de mourir dans la dignité. Nelvéa, si tu as un dernier voeu à formuler, s'il te reste un peu de lucidité pour exprimer autre chose que des paroles de haine, c'est ta dernière chance."

Uryen : "Garn Faernor, je doute que le Conseil te reproche ton lien avec celle qui fut notre Nelvéa et qui s'est perdue dans une rage inexplicable. La corruption des morcails est individuelle et vient du plus profond de l'être lui-même. En revanche nous souhaitons savoir quels sont exactement tes projets car si tu repars en Gwidre et mentionne ce que tu as vécu ici, il ne fait nulle doute que ce ne seront pas seulement une dizaine d'hommes en armes qui viendront ici, et assurément, sans intention pacifiques. Si tu nous reproches la folie de celle que tu as voulu sauver par amour, la haine pourrait te dévorer à son tour..."

En fait, l'ansaléir expliquait au Sigire qu'il avait tout du "péril à venir" pour Helefrt. On ne lui reprochait pas grand-chose, on s'inquiétait, et vu la folie qui avait pris Nelvéa, on pouvait raisonnablement craindre le pire d'un homme qui aurait eu deux visions cauchemardesques prophétiques...

...

Tagd revient avec une lance, une bouteille bien fermée et un gobelet en céramique : " Garn, tu ne nous as jamais vraiment décrit tes visions, du moins la seconde était très vague. Y'avait-il des éléments en commun entre elles ? Quelque chose que les Esprits auraient pu te dire ou qui éclairerait la situation ? Tu disais avoir vu la harde dans ta vision ?"

...

[Aubelune]

La perplexité avait succédé au cynisme dans l'esprit d'Yrgwenn qui suivait avec une attention toute relative la question faite à Garn. Son esprit revenait se fixer sur cette Nelvéa métamorphosée. Elle aurait pu croire qu'elle la connaissait simplement mal puisqu'elle venait d'arriver mais elle sentait la même perplexité de la part du conseil... Décidément, ses voyages la menaient au devant de découvertes surprenantes sur la nature humaine. Et déjà Tagd revenait avec une lance et le poison...

[Avrock]

Garn répond à Uryen :
"- Je ne comprends pas cette rage morbide de la part de Nelvéa, encore hier tout semblait bien aller. Son comportement à fait naitre en moi un sentiment ambivalent d'amour et de répulsion. Le seule chose dont je puisse me consoler, si elle est effectivement devenue une sorcière, c'est de ne pas avoir à lever la main sur elle.
Je sais que mon existence pose maintenant problème pour ce village et ce malgré toutes les promesses que je pourrai faire. J'avais dans mes plans d'occulter cette affaire lors de mon retour en Gwidre.
Mais puis-je vous faire part de mes inquiètudes ? La relique qu'avaient pris les fuyards doit se trouver quelque part non-loin du village puisqu'ils semblent y avoir perdu la vie. J'ai peur pour vous qu'une autre expédition soit mise en place pour venir la chercher. Mais ce n'est pas le seul péril... D'aprés les sigires qui ont été décimés, cette relique peut donner des visions."

(...)

A Tagd :
"- Concernant la seconde vision, j'étais en train de fuir vers la forêt accompagné de l'entité de mon premier songe, à la différence prés qu'elle possédait les traits de Nelvéa. Nous étions pourchassés par des chiens ou des loups. Nous nous sommes arrêtés prés d'un ravin et y avons jeté quelque chose, je ne sais pas ce que c'était. Suite à celà, des entrailles de la terre sont sortis une multitude de feondas. Je me suis réveillé à ce moment là.
Je doute désormais du sens que l'on peut donner à ces rêves."

[Iris]

Tagd revenait pour l'exécution de sa fille. Allait-elle avoir la décence de mourir dignement par le poison ou chercherait-elle jusqu'au bout à rendre les choses difficiles pour tout le monde ?

Tagd, ramassant l'ogham de bruissement, eut un frisson : " Si j'avais encore eu un doute, ce n'est plus le cas à présent. Ta haine est si noire et brûlante qu'elle a imprimé l'ogham. Si tu l'avais gardé plus longtemps il se serait corrompu. Tu es devenue morcail. Tu es dominée par tes désirs égoïstes et ta rage. A force de te dévouer j'imagine que tu as fini par te perdre toi-même. Après ta mort, il faudra brûler ton corps, disperser les cendres au-dessus de la Forêt des Soupirs pour t'interdire de jamais revenir nous hanter. Les vestiges de ta dépouilles seront purifiés par la forêt, elle est puissante et lavera tes attaches à ce monde pour ramener ton énergie apaisée, à la Vie elle-même. Je n'ai plus à avoir de regrets ou de remords. Ce que nous faisons est nécessaire."

A Garn : " Nous parlerons à Cairell, j'ai le sentiment qu'il faudra décider ensemble quoi faire de cette relique maléfique."

...

Le poison mêlait plusieurs plantes vénéneuse et du miel, un breuvage étrangement doux, qui paralysait rapidement la plupart des fonctions vitales, offrant une mort rapide et aussi digne que possible. Si toutefois Nelvéa s'y refusait, le fer de la lance lui transpercerait le cœur. Dans la journée le village préparerait des fagots et la dépouille serait transportée le lendemain jusqu'aux abords de la Forêt des Soupirs, un peu en hauteur, un grand feu pour ses funérailles et des chants sacrés pour appeler la paix des Esprits, le retour de la vie après la souillure, la mort, la destruction.

...

[Avrock]

Garn répond à Tagd, surpris :
"- Cairell et les fuyards sont toujours vivants ? Comment est-ce possible ? Leur mort n'était qu'une mise en scène ? Pourtant les fondas qui ont décimé les sigires étaient bien réels ! De nombreuses explications s'imposent."

(...)

Avant le départ de Nelvéa, Garn ne put s'empécher de confier à la jeune femme son excelsis en lui disant : "- Puisse ton âme trouver la paix..."