[Artland 2.1] - Le Dernier Tableau (sept.)

[Iris]

Le train était arrivé à l'heure prévue à Mélain où cessait une petite pluie pour céder la place au soleil qui brillait entre les nuages. La petite équipe descendit du train en évitant quelques flaques. Asch prit les bagages de la petite famille pour les emmener à l'hôtel tandis que les autres iraient à l'auberge où il comptait les rejoindre rapidement.

Quelques minutes plus tard, et un peu plus pour Asch qui arrivait avec l'estomac dans les talons, passant en coup de vent au comptoir pour récupérer une bière et retrouver ses compagnons à une table à l'intérieur, fenêtre ouverte sur une ruelle pittoresque. La salle était pleine de photographies, gravure et trophée de pêche, en bois, assez sombre et étroite. Au menu ... eh bien, Cassis le chat en avait l'eau aux babines, mais Asch et Annie, moins.

Finalement, Asch commanda des beignets de poisson pour la jeune demoiselle et pour lui soupira et finit par un grand assortiment de raviolis, en espérant, sans trop y croire que ce serait assez copieux... en commandant en supplément une soupe (purée ?) de pommes de terres et tomate, quelque chose qui devrait achever de le nourrir et qui normalement devait être assez substantiel pour tenir une journée à l'estomac.

...

A 14h, l'estomac bien ou trop rempli, la fine équipe savait que le vieux domestique louait une petite maison à côté de celle de membres de sa famille.

[Asdel]

Après un bon repas et un léger digestif, le docteur Sullen proposa à Séraphine d'aller rendre visite au vieux domestique.

(désolé du retard et de la pauvreté de la réponse, je pensais que Kenny lancerait l'affaire. J'ai une semaine de jeu possible avant de partir quelques jours en Italie)

[Iris]

Repas terminé, les rues étaient lumineuses, pleine de soleil qui se reflétaient sur les surfaces encore un peu humides qui terminaient de sécher.

Asch : " Je vais descendre au port avec Annie, ça vous laissera le temps de mener vos affaires tranquillement."

Annie : "Mais je les aurais pas gênés !"

Asch : " Mais peut-être que tu préfères descendre dessiner des bateaux pendant que Cassis essaiera de voler du poisson à des pêcheurs ? "

Annie : " Cassis est pas un voleur !"

Asch, regardant le chat, n'en pensant pas moins sur sa roublardise féline : "..."


Sur ces entrefaites, les investigateurs avaient les coudées franches pour aller jusqu'à la demeure d'Herbert Guillaud. Le vieil homme logeait dans une maison d'un étage, avec un petit grenier au-dessus, mur blanchis à la chaux, toit en fibres végétales, une sorte de chaume brun et dense. Il mit un certain temps à ouvrir quand ils frappèrent à la porte. Blanchi par les âges, avec encore un petit quelque chose de son maintien impeccable de domestique de famille orgueilleuse de son rang, il se déplaçait cependant désormais par petits pas précautionneux. Chez lui il n'utilisait pas la canne avec laquelle il sortait dans les rues. Vêtu d'un pantalon confortable de toile sombre, une chemise toute simple claire, il regardait les nouveaux venus avec étonnement.

...

Après quelques explications sommaires quant au fait de lui poser des questions, l'homme les amena à une minuscule terrasse d'un jardinet carré bordé de roses trémières notamment, vue sur la mer d'un bleu azur magnifique en cet instant.

Il était en train de boire le café et leur apporta des tasses.

...

Plus qu'à poser des questions... mais s'ils avaient été vigilants et pas trop gênés par le changement lumière / pénombre / lumière entre la rue / le salon / le jardin, ils pouvaient avoir remarqué une toile de maître, du style Reynolds, dans le salon, entouré d'un poêle, d'un buffet d'un fauteuil...

...

[Asdel]

"Monsieur Guillau, excusez nous de vous déranger dans votre retraite, mais nous venons au sujet de Monsieur Reynolds, votre ancien maître. Un imposteur essaie de ternir sa mémoire, et nous cherchons à le démasquer. Auriez-vous connaissance d'une dernière toile de ce monsieur ? Mieux, seriez-vous en sa possession ? Ce n'est pas pour vous déposséder, mais nous sommes des admirateurs du travail de Monsieur Reynolds, et nous ne voudrions pas que sa mémoire soit entachée par un scandale..."

[Iris]

Le vieil homme mit un moment à bien comprendre ce qu'on lui demandait... et il n'était pas tout à fait sûr de ce qu'on attendait de lui même alors. Il les regardait, simplement, de grands yeux clairs un peu fatigués et perplexes :

" Vous parlez d'Eric Reynolds ? J'ai travaillé pour M. Edward Reynolds et M. Eric Reynolds, son fils. J'ai aussi connu M. Lucien Reynolds et M. Mathieu Reynolds... Mais seul M. Eric Reynolds peignait... ce qui ne plaisait pas au reste de la famille... "

" Un imposteur ? Je ne comprends pas de quoi vous voulez parler ? ... C'est grave ? ..."

" Une dernière toile ? Un tableau ? D'Eric Reynolds ? Je ne comprends pas quel est le rapport ? Un imposteur a peint ...? Quel scandale ? On voudrait me voler ? ... "


... En fait, le vieillard était dépassé par la situation... et vaguement effrayé, parce que M. Sullen était plutôt effrayant avec tous ses mots : "ternir la mémoire", "démasquer", "imposteur", "déposséder", "scandale"... Il n'avait pas mis tout bout à bout, il était resté à l'inquiétude provoquée par la succession de ces termes...


Sans doute n'était-il pas totalement sénile et gâteux, mais il était indiscutablement "un peu" affaibli. Il allait falloir manoeuvrer un peu méthodiquement pour avoir des réponses... parce que l'avalanche de questions compliquées et demi-explications qui l'étaient tout autant, c'était le meilleur moyen de lui faire seulement répondre "oui oui" ou par des questions manifestant sa désorientation.

Le diablotin machiavélique caché dans l'esprit de Thomas Sullen lui soufflait qu'un tel homme était aisément manipulable et facile à escroquer... Il serait même fichu de dire merci...

[Asdel]

*La peste soit de la sénilité et des vieillards* pensait le Docteur Sullen qui voulait hâter le processus, mais il semblait qu'il allait devoir faire comme avec tous ses patients, perdre un temps précieux. Buvant lentement son café, il regardait la mer de la petite terrasse, réfléchissant aux questions, avant de se lancer lentement:

"Je parle bien d'Eric Reynolds Monsieur. Un malfrat cherche à ternir sa réputation, et s'approprier l'ultime tableau que Monsieur Reynolds ait peint. Nous sommes là pour retrouver cette toile, et protéger l'honneur de votre maître." sourire rassurant de Thomas, cherchant à ferrer le poissons en lui donnant une utilité dans l'affaire.

"Posséderiez-vous un tableau de Monsieur Eric Reynolds ? Quelque chose qu'il vous aurait confier, son zélé serviteur ?"

Thomas parle bien distinctement, prenant son temps et laissant le temps au vieillard d'intégrer les informations une à une.

[Iris]

Le Dr. Sullen semblait avoir du mal à ressentir profondément la fibre humaniste de sa profession, mais heureusement, il avait su développer un certain talent pour s'exprimer et manipuler. Son "adversaire" en la circonstance n'était pas du genre à pouvoir comprendre la manœuvre, et il gobait tout. Inutile de se demander pourquoi les escrocs s'en prennent de manière préférentielle aux personnes âgées et vulnérables...

" J'ai bien un tableau de M. Eric Reynolds, il l'a peint juste avant sa mort, enfin, dans les derniers mois de sa vie. Ses parents n'en voulaient pas, et ils me l'ont donné. Je l'ai, oui, ici même, dans mon salon."

Il suffisait de quelques pas, s'habituer à la pénombre qui contrastait violemment avec la clarté à l'extérieur, et admirer la toile. Une œuvre de maître, assurément un chef d’œuvre même. Il trônait entre deux fauteuil, un poêle et un bahut, d'une beauté foudroyante par rapport au cadre. Le vieil homme cependant semblait n'y voir qu'un souvenir, il ne comprenait pas vraiment, ne parvenait pas à reconnaître la technicité extraordinaire et la sensibilité sans pareille sous ses yeux.

L'oeuvre est inspirée directement du tableau réel de J.M.W. Turner : "Clair de lune, étude à Millbank", 1797, huile sur panneau, 31,5 x 40, 5 cm. Exposé à Londres au Tate Museum.

http://www.tate.org.uk/art/artworks/tur ... ank-n00459

Je vous laisse réagir, méditer, réfléchir... à vous !

[Kenny]

Séraphine toujours empreint de cette aura de bienveillance, s'était présentée et avait laissé parler le docteur.

Elle entra dans la demeure comme quelqu'un qui ne veut pas déranger et accentue sans le vouloir les gestes pour ne toucher à rien...
A la vue du tableau, elle en resta ébahie. Ce tableau lui développait tout un tas de sentiments à mesure de l’immersion...Elle était bouleversée, elle ressentait de la peur, de la douleur aussi et de l'émerveillement devant ce travail de toute beauté. Elle était assez décontenancé devant ces sentiments confus, elle avait presque envie de toucher le tableau pour savoir si un esprit ne le hantait pas...La noirceur l'attirait, et si elle ne s'était pas tenue à son sac à main, elle aurait peut-être perdu pied dans cette réalité. La lune n'arrivait pas à chasser toutes les ombres du passé...

Puis se forçant à quitter le tableau des yeux, elle bredouilla : "Puis-je m’asseoir, je ne me sens pas bien... un verre d'eau...s'il vous plait..." Elle n'attendit pas l'assentiment du vieil homme et s'affala dans un des fauteuils... Ressentant la présence presque malfaisante du tableau dans son dos...Elle eu des problèmes pour respirer..son coeur battait à tout rompre...

Au docteur : "Il faut que je sorte, aidez moi à me relever...vite s'il vous plait..."


Une fois dehors pouvant respirer à pleins poumons. Remerciant le vieil homme pour l'eau.

"Je ne sais pas comment et dans quelle circonstance, il a peint ce tableau mais il est si lugubre et beau à la fois... c'est la première fois qu'un objet me fait un tel effet..."

[Iris]

L'hôte regarda Séraphine avec stupéfaction, ne comprenant pas, proposant d'aller dehors, allant chercher un verre d'eau, suggérant d'appeler le médecin...

... mais... Séraphine était déjà en train de partir ?!

...

... et maintenant ? ...

[Asdel]

"Je suis médecin Monsieur, merci beaucoup pour le verre d'eau Monsieur Guillau. Buvez le" dit Thomas, tandis qu'il auscultait rapidement le pouls, les pupilles et la figure de sa patiente. Vu la frousse qu'elle lui avait faite, il sortit de sa poche un "léger tonique" (comprenez, du Brandy) qu'il fit boire à Séraphine. Elle reprenait rapidement des couleurs, mais même le très rationnel Thomas avait ressenti quelque chose dans cette crise, ce qui était somme toute assez déplaisant.

"Allez vous mieux Miss Uriel ? Cela vous arrive fréquemment ?"