[Artland Chap.5] Sous la patine du temps
Publié : 06 mars 2015, 15:22
16 Frimaire, An 132 du calendrier républicain. 7h32
Une infirmière entra dans la salle d'un pas alerte, et tira les rideaux alors qu'il faisait encore nuit et que les lampadaires éclairés au gaz étaient encore allumés : "Regardez, il a neigé cette nuit ! Ah, j'aime la neige ! " Et elle commença à s'affairer auprès des patients tout en continuant à parler, vérifiant que tout allait bien, prenant leur température, les questionnant sur leur sommeil, avant d'apporter le chariot repas avec un porridge chaud au miel et à la cannelle. C'était considéré comme un plat revigorant et adapté à des convalescents : "C'est aujourd'hui que vous repartez chez vous. Vous avez récupéré étonnamment vite compte-tenu des circonstances."
Les repas terminés, elle revint à 8h11, en léger retard, vraisemblablement pour avoir discuté dans le couloir avec des collègues. Elle arrivait presque en riant encore de ce qu'elle avait entendu. Avec énergie et vivacité, elle reprit les plateaux, en répondant des banalités, ou en remettant à sa place Alfred-le-charmeur comme l'appelait le personnel soignant féminin. Les dames qui travaillaient à l'hôpital en voyaient des vertes et des pas mûres chaque jour et dans leur genre, étaient des dures à cuire.
8h45, le chef de service passa pour sa tournée des patients sous sa responsabilité, entouré d'étudiants qui devaient apprendre de tous les commentaires fort intelligents qu'il devait formuler. On échangea quelques paroles avec le Dr. Matthew Rainhorn qui, en tant que collègue, avait le privilège d'être un patient traité comme une personne, qu'on regardait dans les yeux, qu'on nommait... Tout allait bien : "Comme prévu, vous allez pouvoir sortir en fin de matinée." L'un des étudiants un roux aux cheveux bouclés demanda vers la fin de la visite : "Mais comment est-il possible qu'ils aient eu au final si peu de blessures ?" Sur quoi le Chef de service haussa les épaules : "Au fil des années vous verrez les événements les plus étranges se produire. Celui-là n'est certainement pas le plus exceptionnel, vous pouvez me croire."
9h00, les visites pouvaient commencer. La "Maison" Ermeler s'était déplacée en force : Grand-Mère Ester von der Goltz, Papa - Oswald Maximoff Ermeler, Maman - Louise Blankenfeld, Tante Edmunda, la veuve de l'Oncle Friedrich Albrecht, et celui qu'on lui présenta comme le "cousin Jeffrey".
" Ah Eulalie chérie, comment vas-tu ?
" Elle a une petite mine je trouve."
" C'est une battante, elle va déjà mieux."
" C'est parfait, nous pourrons partir d'ici peu pour la maison de campagne !"
" Oui, Eulalie, tes premières fêtes de fin d'année en Artland ! "
" Nous inviterons les Kauers..."
" ... et les Humphreys." soupira le Cousin Jeffrey avec un soupir badin
" Bernard Kauers est un jeune homme charmant et tout à fait bien de sa personne. Notaire de sa profession." Regard appuyé de Grand-Mère.
" Eulalie chérie, je t'ai apporté des vêtements de rechange, adaptés à la saison." Sa mère lui avait surtout apporté des tenues tout ce qu'il y avait d'Artlandais.
Le flot de paroles des Ermeler fut finalement interrompus quand Cousin Jeffrey nota : "Je crois que nous n'avons pas laissé le temps à notre rescapée de placer un mot !"
Mais après cinq secondes de silences, Tante Edmunda renifla un "Quelle horrible tragédie !" aussitôt approuvée par Grand-Mère, et par Père... Au bout d'un moment arriva la conclusion de la visite : on attendait d'Eulalie qu'elle retournât à sa chambre étudiante et prépare ses bagages pour partir d'ici une dizaine de jours au plus, pour la maison de campagne, fêter la fin d'année avec les siens. Ce serait un temps assurément émouvant, avec la célébration de la mémoire d'Oncle Friedrich Albrecht Ermeler, qui laissait l'entreprise familiale orpheline. Père devait la reprendre, mais il n'était pas un homme d'affaires.
Enfin le tourbillon Ermeler prit fin et tous quittèrent le dortoir, non sans avoir encore pressé Eulalie de questions sur sa santé, lui avoir donné de l'argent de poche pour prendre un fiacre pour rentrer chez elle, l'avoir questionné sur son besoin éventuel d'aide pour faire ses bagages...
Après leur départ, l'impression de silence était assourdissante.
Une infirmière entra dans la salle d'un pas alerte, et tira les rideaux alors qu'il faisait encore nuit et que les lampadaires éclairés au gaz étaient encore allumés : "Regardez, il a neigé cette nuit ! Ah, j'aime la neige ! " Et elle commença à s'affairer auprès des patients tout en continuant à parler, vérifiant que tout allait bien, prenant leur température, les questionnant sur leur sommeil, avant d'apporter le chariot repas avec un porridge chaud au miel et à la cannelle. C'était considéré comme un plat revigorant et adapté à des convalescents : "C'est aujourd'hui que vous repartez chez vous. Vous avez récupéré étonnamment vite compte-tenu des circonstances."
Les repas terminés, elle revint à 8h11, en léger retard, vraisemblablement pour avoir discuté dans le couloir avec des collègues. Elle arrivait presque en riant encore de ce qu'elle avait entendu. Avec énergie et vivacité, elle reprit les plateaux, en répondant des banalités, ou en remettant à sa place Alfred-le-charmeur comme l'appelait le personnel soignant féminin. Les dames qui travaillaient à l'hôpital en voyaient des vertes et des pas mûres chaque jour et dans leur genre, étaient des dures à cuire.
8h45, le chef de service passa pour sa tournée des patients sous sa responsabilité, entouré d'étudiants qui devaient apprendre de tous les commentaires fort intelligents qu'il devait formuler. On échangea quelques paroles avec le Dr. Matthew Rainhorn qui, en tant que collègue, avait le privilège d'être un patient traité comme une personne, qu'on regardait dans les yeux, qu'on nommait... Tout allait bien : "Comme prévu, vous allez pouvoir sortir en fin de matinée." L'un des étudiants un roux aux cheveux bouclés demanda vers la fin de la visite : "Mais comment est-il possible qu'ils aient eu au final si peu de blessures ?" Sur quoi le Chef de service haussa les épaules : "Au fil des années vous verrez les événements les plus étranges se produire. Celui-là n'est certainement pas le plus exceptionnel, vous pouvez me croire."
9h00, les visites pouvaient commencer. La "Maison" Ermeler s'était déplacée en force : Grand-Mère Ester von der Goltz, Papa - Oswald Maximoff Ermeler, Maman - Louise Blankenfeld, Tante Edmunda, la veuve de l'Oncle Friedrich Albrecht, et celui qu'on lui présenta comme le "cousin Jeffrey".
" Ah Eulalie chérie, comment vas-tu ?
" Elle a une petite mine je trouve."
" C'est une battante, elle va déjà mieux."
" C'est parfait, nous pourrons partir d'ici peu pour la maison de campagne !"
" Oui, Eulalie, tes premières fêtes de fin d'année en Artland ! "
" Nous inviterons les Kauers..."
" ... et les Humphreys." soupira le Cousin Jeffrey avec un soupir badin
" Bernard Kauers est un jeune homme charmant et tout à fait bien de sa personne. Notaire de sa profession." Regard appuyé de Grand-Mère.
" Eulalie chérie, je t'ai apporté des vêtements de rechange, adaptés à la saison." Sa mère lui avait surtout apporté des tenues tout ce qu'il y avait d'Artlandais.
Le flot de paroles des Ermeler fut finalement interrompus quand Cousin Jeffrey nota : "Je crois que nous n'avons pas laissé le temps à notre rescapée de placer un mot !"
Mais après cinq secondes de silences, Tante Edmunda renifla un "Quelle horrible tragédie !" aussitôt approuvée par Grand-Mère, et par Père... Au bout d'un moment arriva la conclusion de la visite : on attendait d'Eulalie qu'elle retournât à sa chambre étudiante et prépare ses bagages pour partir d'ici une dizaine de jours au plus, pour la maison de campagne, fêter la fin d'année avec les siens. Ce serait un temps assurément émouvant, avec la célébration de la mémoire d'Oncle Friedrich Albrecht Ermeler, qui laissait l'entreprise familiale orpheline. Père devait la reprendre, mais il n'était pas un homme d'affaires.
Enfin le tourbillon Ermeler prit fin et tous quittèrent le dortoir, non sans avoir encore pressé Eulalie de questions sur sa santé, lui avoir donné de l'argent de poche pour prendre un fiacre pour rentrer chez elle, l'avoir questionné sur son besoin éventuel d'aide pour faire ses bagages...
Après leur départ, l'impression de silence était assourdissante.