Enguerrand patienta encore un instant pour observer la jeune femme par l'entrebâillement de la porte et dut reconnaître à sa sœur un certain goût. Cette Fadira n'était pas née noble ou fortunée et de fait voyait ses charmes quelque peu ternis par une toilette peu avantageuse et un emploi de labeur.Je déroule selon ce qui me semble réaliste. Dark, je modifierais évidemment si les réactions de Fadira différent de ma propre vision.
Être servante chez les Aversin n'était pas de tout repos, mais c'était en tout cas une position enviable pour une fille du commun.
Celle là n'était pas si commune, somme toute : des mains fines et une certaine sensualité dans sa posture, assise regardant dans le vague, ses longs cheveux de jais pendant d'un côté découvrant une nuque élégante.
Enguerrand rentra d'un pas décidé dans sa chambre. En premier lieu, il agissait comme si elle n'était pas là mais en la maintenant pourtant assise d'un geste sec de la main si elle faisait mine de vouloir s'effacer puisque la discrétion étant une des qualités premières attendues chez les seigneurs.
Après avoir un peu retourné différents documents, le jeune seigneur jeta dans un geste faussement excédé sa veste en travers de son lit avant de s'assoir dans un fauteuil. Il peina un peu pour enlever sa chausse gauche en la poussant au niveau du ton avec l'autre pied.
"Et bien?!"
L'attente de messire, appuyé d'un regard vers la bassine voisine, était sans équivoque : il voulait qu'elle lave ses pieds.
La jeune femme remplis son office sans artifice. Elle n'avait jamais été seule avec le jeune seigneur mais ce remémorait ce qu'elle avait entendu dans les cuisines. L'on disait de lui qu'il avait des mœurs dissolus, s'encanaillant avec les riches du comté dans la haute ville et que hors les murs du château, il serait un tout autre homme, moins strict et beaucoup plus facile à vivre.
Elle relevait de temps en temps subrepticement les yeux vers lui pour tâcher de deviner si ces ablutions lui convenait. Mais le jeune homme ne disait rien et la fixait du regard. Que lui voulait t'il? Se tenant agenouillée devant lui, devait-elle comprendre que ses mœurs n'étaient pas réservées qu'au dehors et qu'il attendait "autre chose".
Le pourrait-elle seulement? Enguerrand mis fin à ses interrogations.
« Serviette. »
Une fois qu’elle les eu essuyer avec attention (avec une poigne non désagréable après les avoir effleuré à l’eau claire), le visage d’Enguerrand exprimait un remerciement sincère.
« Vous êtes Fadira, c’est bien cela ? »
« Vous êtes arrivés il y’a peu je crois. Mais d’où donc venez vous ? »
Puis il s’empara avec délicatesse de ses mains dont il admira la finesse et la longueur des doigts. Prometteur… Dame Gabriella l’avait affranchi sur l’importance des mains d’une femme pour distinguer gracieuse et ribaude.
« Ces mains… » Il lui souriait désormais avec charme et considération pour la mettre à l’aise. « …vous ne devriez pas être une simple servante. »
« Est-ce cela votre but ? »
Reprenant presque aussitôt si aucune réponse ne vient spontanément, comme pour lui-même :
« Servir. Cuisiner. Laver. Partager la couche d’un garde ou d’un commerçant. Et un jour, l’un d’eux assez amoureux voudra vous épouser devant une Septa. Puis vous aurez des enfants, futurs gardes ou servantes à leur tour… »
Et de relever des yeux interrogateurs vers elle, puis après une mimique pincée, faussement hésitante :
« Je cherche une dame de parage pour Lady Lysanor. Elle a passé l’âge de trainer avec sa nourrice. Sa beauté doit être mise en valeur, et la votre, pour peu qu’on l’habille avec des vêtements neufs et colorés, à la mode de Port Réal, saurait la rehausser…
Bien sur, même s’il m’appartiendra bientôt de préparer son futur, je devrais d’abord lui demander si elle consent votre compagnie.
Mais avant cela, dites-moi si je m’adresse à la bonne personne ou si je dois reprendre les lettres de sollicitation des riches de la région qui veulent placer leur fille et gagner nos faveurs. Ce que les quémandeurs m’indisposent avec leur fausse honnêteté… De l’honnêteté, est-ce trop demandé ?
Oh, évidemment vous partiriez avec un handicap, il faudra parfaire votre éducation pour tenir ce rang. Mais nous le pouvons, je pense… Après quelques enseignements, Engulrim saura me dire si votre tête peut être aussi bien pleine qu’elle est bien faite. »
Je concluerais selon les réactions/réponses de Fadira.
Enguerrand ne perd pas de vue l'infime possibilité qu'elle soit une séductrice infiltrée.
La scène du pédiluve est aussi une occasion pour une opportuniste de flatter un mollet, puis un genou... histoire de se mettre un second Aversin dans le corsage.
L'analyse de ses réactions normalement prévisibles (obéissance, doute et joie manifeste) finira de lever tout doute à son égard.