Fortuna Imperatrix Mundi

Alanna sourit. Décidément, ce jeune homme était un très bon compagnon !

"Oui, quelques personnes pourraient mal l'interpréter. Et puis, de toutes façons, je ne sais pas chevaucher, on ne m'a jamais appris. Les robes, ce n'est guère pratique !"

Il fallait en effet pour une personne en robe monter en amazone, ce qui n'était pas du plus aisé sans étriers. Mais le père de Cynheiddon avait déjà fait ou fait faire des selles adaptées pour cela.

Angarad a écrit :- J'espère que tu pourras leur raconter ce que tu as vu ici. Veux-tu m'accompagner ? Je sortais visiter le temple de Jupiter, le forum et le marché.

"Hum... oui. Oui, bien sur, j'aimerais beaucoup."

Bannor avait la stature d'un homme, les épaules larges et des bras forts. Son visage contrastait par sa candeur et son sourire enjoué.

Beaucoup ici affichaient des visages sévères, comme autant de menaces et d'avertissements à ne pas se frotter à leur bravoure.
Sorcha venait de trouver un compagnon de marche dénué d'attitude belliqueuse... et de regard possessif.

- Hé bien allons-y, alors. Nous trouverons peut-être un endroit chauffé où prendre un bon repas.

La silhouette enveloppée de bleu de la Picte semblait encore plus frêle à côté du grand gaillard qui l'accompagnait. Sorcha le détailla, il avait l'air si jeune par rapport aux autres guerriers, si peu à sa place avec son air enjoué. Si peu à sa place... un peu comme elle.
Elle prit avec lui la direction du temple d'un pas égal, plutôt contente d'avoir trouvé quelqu'un à qui parler.

- Tu es arrivé il y a longtemps avec ta délégation ?

Bannor était de deux ans plus âgé que Sorcha mais semblait effectivement plus candide que d'autres jeunes hommes de son âge, aux regards plus farouches.

"Nous ne sommes arrivés qu'hier au soir. Mon teulu a fini de s'installer et comme tous ici, nous attendons le dénouement de cette importante célébration. Et toi?
Tu.. Tu as parlé du temple de Jupiter... Crois-tu en lui et en ses pouvoirs?"

Bannor était positivement curieux, Sorcha pouvait juger que c'était une question qui ne cachait ni remarque complaisante ni critique acerbe.

"C'est vrai que je commence à avoir faim. Je mange la même chose depuis que nous sommes parti de chez nous..."

Il ajouta en souriant : "Si on nous offre du bannock, tu ne me feras pas de plaisanterie?"

- Nous sommes arrivés tout à l'heure du domaine de mon père mais j'avais déjà fait le voyage depuis la tribu de ma mère, au-delà du Mur. D'ailleurs à bien y réfléchir, je voyage beaucoup cette année... ça ne me déplaît pas. Et je ne crois pas dans les dieux des Romains. Nous ne les aimons guère chez moi. Je sais simplement que c'est un endroit à visiter et j'étais curieuse d'y aller.

Sorcha sourit en l'entendant parler de la sorte.

- Promis, je ne me moquerai pas. Moi, j'adore le bannock, c'est stupide. Mais nous essaierons quand même de nous mettre un peu de viande et de soupe sous la dent, je meurs de faim !

"Oui, il existe des selles spéciales pour permettre à une jeune femme de chevaucher en robe, mais je n'en ai pas ici. Je dois reconnaître que je trouve cela fort dommage car il n'y a pas spectacle plus agréable qu'une femme chevauchant. On se sent libre sur une puissante monture...

Enfin, cela importe peu. Que désires-tu faire, belle Alanna ? Y a-t-il des choses intéressantes que tu pourrais me faire découvrir en ville ?"

Alanna regarda autour d'elle, sans relever le qualificatif du cymbrog.

"Hé bien, les quelques fois où je suis venu ici, je suis toujours allé à Y Gwynfryn, la colline blanche où est enterrée la tête de Brân le Béni. C'est un peu comme un pèlerinage, un hommage.
On peut visiter plusieurs lieux aussi, et il y a des thermes publics et des tavernes. Et le marché, j'ai cru voir qu'il y avait plein de vendeurs, plein de choses à voir ?"

Elle avait les yeux qui brillaient. C'est vrai, c'était l'occasion où jamais de trouver des objets qui venaient de partout en Ynis Prydein, voire même depuis l'Ary Mor et de la mythique cité d'Ys, ou de Brec'heliant ?

Cynheiddon ne savait que penser de la proposition de la jeune femme. Elle avait parlé du marché et des vendeurs, ce qui voulait probablement dire qu'elle s'attendait à recevoir des présents de la part du cymbrog. Or, ce dernier n'avait sans doute pas suffisamment d'argent pour la combler.

Il commençait à se demander si elle n'essayait pas de charmer un noble naïf afin d'être couverte de présents...

Dans le doute, il répondit simplement en souriant :

"Les thermes publics me semblent très intéressants... J'ai particulièrement envie de les visiter !"