[Shaan] - COMA - Chap 1 : Transfert et déchéance

Les sujets abandonnés par leurs meneurs disparus ou ne souhaitant pas conclure. En attente de conclusion pour être fermés, ou d'une éventuelle reprise.
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Obsidian
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[Shaan] - COMA - Chap 1 : Transfert et déchéance

Message : # 44578Message Obsidian
25 mars 2015, 19:17

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Malgré les bourrasques violentes du puissant orage qui s’abattait sur le ciel de Delhi, les rues étaient éclairées par les lueurs blafardes jaunes et rouges des deux lunes de ce début de nuit héosienne. Il était à peine 23 heures et bientôt leur sœur bleue les rejoindrait dans la voute étoilée.

Le Delheï, contrée centrale du continent nord, était certes bien à l’abri des gigantesques marées de l’océan abyssal mais subissait de plein fouet les dépressions atmosphériques sur ces titanesques monts de plus de 10000 mètres. Epargnée des glaces des forêts blanches du bas Wooneï, la zone médiane de l’unique et imposante chaine montagneuse d’Héossie était le territoire des libres Delhions, des mystérieux Nomoïs et des ingénieux Kelwin. En cette zone graciée des éléments, était née le quartier vertical d'Héossia.

Ici, les tranchants pics karstiques ridiculisaient même les plus hautes tours de verre et d’acier des colons humains.

Le quartier du Nouvel Ordre, pourtant impressionnant pour tout non citadin, faisait pâle figure face aux constructions graciles aériennes, faites de ponts et de plateformes, des êtres ailés sans visage. Surplombant le quartier énergétique d’Héossia, ce ghetto leur permettait de vivre dans une relative tranquillité et de jouir, en couple de trois, de leur nourriture lumineuse quotidienne.

Sous ce quartier, balayé par les ombres des envergures imposantes des sauvages Delhifel, se tenait la réserve Nomoï, où la magie était pratiquée secrètement, loin encore du regard des questeurs d’Antarès. Les constructions du peuple hermaphrodites extra-héossien attisaient pourtant régulièrement la curiosité de jeunesses humaines équipées de Jet Pack. Lorsqu’une rafle avait lieu, les fils en exosquelettes s’abattaient sur les lunaires habitations sans porte réduisant les hypothétiques sorciers en feu et en cendre.

Les grandes éoliennes de la famille Albaman, étroitement surveillée par l’église du Cheval, bercaient d’un rythme lancinant les demeures somptueuses des bourgeois humains et les cathédrales administratives de contrôle. Elles alimentaient en énergie suffisante l’ensemble des quartiers de la capitale, par un astucieux jeu de réseau et de portes de transferts trihniques. Ce point stratégique faisait l’objet de toutes les attentions et une ambiance de quarantaine militaire régnait autour des bâtiments religieux. Les légionnaires et les mécamorphes n’étaient pas rares, les contrôles inopinés fréquents, les convois d’esclaves ou de prisonniers monnaie courante.

Tout autour de la technopole montagnarde, entre les transformateurs géants, les fonderies et les usines de transformation, se tenaient les districts des autres peuples, majoritairement Kelwin. Plus loin encore, la Fange, où s’amoncelait les décharges à ciel ouvert, les morphes mis hors services et toutes les machineries devenues hors d’usage, était le lieu de résidence de la caste des récupérateurs. Les amas de bulles reliés par des traverses qui constituaient les habitations et les ateliers de ces étranges habitants étaient régulièrement traversés de volutes d’émanations toxiques.

A cette heure, les rues étaient désertes. Nulle trace de Delhion graciles virevoltants entre leurs perchoirs hors d’atteinte, pas de Nomoïs utilisant d’incompréhensibles schèmes, aucune machinerie complexes volantes Kelwin. Les véhicules propulsés civils ne parcouraient plus en tous sens les couloirs aériens de Delhi. Tous les humains étaient rentrés chez eux, déjà branchés sur une réalité virtuelle apaisante du rezo Arpège. De rares Hunters balayaient l’espace de leurs puissantes sources lumineuses à la recherche de fous qui auraient passé outre le couvre-feu.

Les quartiers étaient vides, découpés par les voies en moussiole phosphorescente où les pas des soldats divins claquaient. Les agents des églises de l’aigle et du caméléon, guidés par des commissars sans scrupule, faisaient régner la terreur une fois la nuit tombée.

Pourtant ce soir-là, une jeune humaine ne put céder à sa curiosité…

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Obsidian
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Le jugement

Message : # 44612Message Obsidian
26 mars 2015, 18:07

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« Mais pourquoi ne m’ont-ils pas encore exécuté ? »

Les menottes électromagnétiques lui sciaient les poignets. Elle était à genoux, en position de soumission, sur le sol glacé de pierre de la chapelle administrative où on l’avait trainé. La salle de jugement était pratiquement vide, seuls quelques braseros, situés aux quatre coins de la pièce, diffusaient une lumière lugubre.

L’axe central du dépeupleur entrainait doucement les multiples canons qui étaient braqués dans sa direction. La bulle verdâtre en transpacier du mecamorphe ne soulignait aucune intention. Pourtant, elle savait qu’en son sein se trouvait un être créé génétiquement, prêt à la réduire en charpie au moindre ordre du prêtre qui présidait devant elle.

Le légat d’Antarès siégeait sur une plateforme positionnée à un mètre et demi au-dessus d’elle. Derrière un massif bureau, il observait, impassible, une directive que venait de lui amener l’huissier qui se tenait debout à ses côtés. Le crâne et les sourcils consciencieusement rasés, vêtu d’une toge blanche immaculée, il arborait l’air froid, dur et tranchant de la justice prête à rendre son verdict. Le dossier d’accusation était posé devant lui, bien au milieu de l’immense dalle en Somarial du seul meuble.

Elle était issue d’une famille inférieure des Albaman. Sa lignée était venue s’installer à Delhi pour profiter de la manne financière du développement énergétique d’Harmonie et jouir de toutes les joies de ce quartier d’Héossia au nez et à la barbe de la théocratie. Mais même lorsque l’on appartenait aux Grandes Familles, il y avait des règles à ne pas transgresser…

Elle se devait de suivre le don du sang et de faire honneur à l’ordre des ingénieurs auquel elle appartenait. Elle n’avait pas à travailler, les esclaves de ses parents étaient là pour ça, elle devait juste représenter. Mais elle ne suivait pas les préceptes. Elle refusait la vie morne du nouvel ordre, elle détestait les activités décadentes de ses cousins.

Baptisée, comme tous les humains, elle aurait pu choisir d’écouter la parole divine des hommes dieux… Bien née, elle aurait pu participer aux chasses de mélodiens, aux fêtes orgiaques ou dévorer sans vergogne des chakras…

Non, elle faisait la honte de son père. Elle trainait, désobéissait régulièrement au couvre-feu, se rapprochait de membres de l’ombre à la mauvaise réputation. Incapable de rentrer dans la danse bipartite des humains, elle trouvait même du plaisir à effectuer des activités manuelles. Ayant un don certain pour la technologie, sa famille l’avait poussé à servir en tant qu’ingénieur. Mais l’activité commerciale ne lui correspondait pas. Il fallait qu’elle effectue le geste elle-même. C’était incompréhensible. Pourquoi se salir les mains alors que l’on dispose de Kelwins corvéables à disposition ? D’autant plus si on peut le châtier en cas d’erreur…

Peu à peu, elle commença à explorer les alentours du quartier humain. Mal dans sa peau, poussée par une curiosité technologique sans limite. Elle voulait comprendre tous les fonctionnements, tester tous les montages possibles, expérimenter tous les effets disponibles.Fatalement, elle bafoua une des dix lois. Elle était humaine mais son esprit s’avérait finalement héossien…

Elle se rapprocha du ghetto Kelwin, intriguée par leur comportement et leur volonté d’explorer les cieux. Plusieurs fois, des soldats divins en patrouille l’avaient ramené dans l’immeuble high-tech de sa famille. Elle avait été prévenue et sermonnée. Mais non, elle continua. Pour échapper aux questeurs, elle s’enfonça plus profondément dans la fange et découvrit la caste des récupérateurs. D’abord considérée comme une ennemie et une source de problème, elle se fit finalement accepter au fur et à mesure des mois qui passaient. Elle découvrit les casses et les décharges. Elle s’émerveilla de ce qu’elle pouvait créer en ne partant que de pièces récupérées sur des morphes mis au rebut. Elle explora les quartiers bulles des ateliers Kelwin, s’essaya à la navigation aérienne entre les usines, défiant les pilotes et se liant d’amitié avec l’un de leur mécanicien.

Bilmos…

Il fut le premier à lui parler des trihns. Elle crut à des sornettes et se moqua gentiment de lui. Jusqu’à ce qu’il la conviât à une cérémonie de Win.

En ce soir funeste, elle découvrit une cérémonie élémentaire de l’objet. Amenée vers les machineries titanesques d’une broyeuse aux formes démesurées, elle suivi une grande procession de Kelwins vers l’étroit goulot du siphon de l’étrange machinerie. Partout des machines étaient désossées. Le chemin tracé par de petits monticules de rouages en forme de pyramide, elle put apercevoir des dizaines d’élémentalistes en transe, démontant et remontant sans cesse des objets aux fonctions les plus variées.

« Le trihnei est impossible à comprendre pour toi ? Alors admire l’élément objet »

Au bout de la route, elle la vit enfin. Un être de câbles et de métal. De bric et de broc, juché sur un tas d’acier broyé, entouré d’élémentalistes le priant. Une sylphe élémentaire se tenait devant elle. Elle allait s’extasier et cribler de questions son ami lorsque l’impensable arriva. En un instant tout bascula et ce moment magique pour une ingénieure devint un véritable cauchemar.

Des hunters percèrent les cieux. Des explosions retentirent. De gigantesques aérojets, des dizaines de soldats divins flanqués du symbole du caméléon descendirent en rappel, fusils d’assaut au flanc. Sans sommation, ils tuèrent une grande partie de la procession. Les balles sifflaient et la mort s’abattit sur le sanctuaire Héossien. Elle fut séparé de Bilmos et rapidement encerclés par ses frères humains. Elle espérait qu’il soit encore en vie. Surpris, ils ne la tuèrent pas. Ils prirent le temps de discuter de son cas. Heureusement un comissar était présent et il parla de jugement pour l’exemple.

Rapidement, elle fut rapatriée dans le quartier humain et on la fit traverser la technopole en paria. Passant devant la cohorte d’esclave et de résistants arrêtés, elle fut trainée dans la chapelle de jugement d’Antares, département du caméléon. Celui des traitres et des résistants.

A présent, elle était là, dépouillée de ses biens et affublé d’une combinaison orange frappé du nombre 887. Ils n’avaient pas pris le soin de lui tondre la tête. Cela n’augurait rien de bon…

Le dossier au symbole du reptile fut saisi par le prélat. Une nappe de rayon bleuté scanna littéralement la jeune femme. Il enregistrait sa plaque d’identification ADN…

« Citoyenne Kalais Popy, vous êtes accusée d’avoir côtoyé des inférieurs et d’avoir bafouée les lois du nouvel ordre. Pire, vous vous êtes adonnée à des hérésies héossiennes ! Il s’agit de crimes extrêmement graves, passibles de châtiments ... définitifs. Qu’avez-vous à répondre pour votre défense ?!!!"

« Mais pourquoi ne m’ont-ils pas encore exécuté ? »
Dernière modification par Obsidian le 27 mars 2015, 00:22, modifié 2 fois.

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C'est une erreur ? Hum... réitérée plusieurs fois ?

Message : # 44614Message Iris
26 mars 2015, 18:34

Kalaïs aurait dû savoir qu'à trop prendre de risque...mais au fond, à quoi bon vivre une existence fade ou carrément écœurante ? ... Si une vie qui n'a pas de sens n'a pas de valeur, alors elle ne perdrait pas grand-chose à se faire dézinguer sous peu... On se console comme on peut, on essaie de se faire une raison quand tout semble perdu. Les pauvres petits Kelwins... Était-ce à cause d'elle qu'ils avaient été repérés ? Et Bilmos ? S'en est-il sorti ? C'était un malin petit bonhomme... mais tout petit, et les brutes de l'Ordre ...

A quoi ça rime ? Qu'attendent-ils pour me tuer ? ...

A genoux, elle regardait du coin de l’œil la machine qui devait la massacrer sous peu. Au moins ça devrait aller vite.

Le prêtre s'adressait à elle. Qu'est-ce que j'ai à dire pour ma défense ? ... Elle hésitait... Foutue pour foutue, elle pouvait faire dans la provoc'... Ou se fendre d'une déclaration pour la postérité... Bien ça, enfin, pas trop nul :

" Il y a bien plus de grandeur à créer qu'à détruire et à tuer."

Elle n'essaya même pas de développer, s'attendant à mourir dans l'instant. A peu près satisfaite de son épitaphe, elle serrait les dents. Bientôt ce serait fini.
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Un petit voyage ?

Message : # 44637Message Obsidian
27 mars 2015, 11:37

" Il y a bien plus de grandeur à créer qu'à détruire et à tuer."

La phrase résonna un instant dans la sinistre pièce et Kalais attendit une inévitable mort…

« Parfait ! »

La remarque inopinée claqua et le roulement de l’axe de rotation de la mitrailleuse se bloqua net.

« Le sujet sélectionné par le commissar correspond parfaitement à nos attentes ! Huissier, veuillez noter sur le compte rendu de cette entrevue que le Prélat Ezekiel recommande chaudement une montée en grade de ce remarquable membre de l’église… D’ailleurs c’est le seul élément que vous enregistrerez. Veuillez sortir… et pensez à passer ce dossier d’accusation à la broyeuse dès que possible."

Après lui avoir tendu le document, le prélat se leva et se dirigea vers l’un des braseros du fond de la pièce. L’administratif resta interlope quelques secondes, complètement éberlué par la tournure de la situation et les demandes de l’homme de foi. Un mouvement du module de pilotage du mécamorphe dans sa direction le ramena rapidement à la raison. Celui-ci sorti alors précipitamment de la salle de jugement sans demander son reste.

L’agent d’Antarès brûla lentement et consciencieusement la note de service qu’il avait parcouru quelques instants auparavant puis retourna derrière son bureau massif s’adresser à la jeune femme.

« Numéro 887, le nouvel ordre, dans sa grande bonté éternelle, vous accorde une dernière chance de rentrer dans le rang… »


La double porte située derrière Kalais s’ouvra sur le couloir d’accès et deux soldats divins, distinctifs par leur armure bleue azur et leurs armes lourdes, entrèrent et se positionnèrent de chaque côté de la prisonnière. Une fois leur salut effectué, le père Ezekiel reprit.

« Vous allez suivre un programme de rééducation intensif, vous êtes affectée au centre de réadaptation Alpha 45 C, plus communément appelé COMA. Après un transfert avec d’autres prisonniers jusqu’au delta de Keliph, vous subirez des tests psychologiques puis serez intégrer au circuit de … formation »

« J’espère cette opportunité vous permettra de sauver votre âme… ma fille »

Je te laisse l'occasion de répondre si tu le souhaites. Sinon je ferais le reste.

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Mini réponse quand même ;-)

Message : # 44643Message Iris
27 mars 2015, 12:38

Kalaïs resta quelques instant soufflée. Elle ne comprenait rien et eut l'impression qu'elle n'était pas la seule.

" Réfléchis... réfléchis... il annule les traces... ce n'est donc pas du tout quelque chose d'admis... un centre... secret... menant des expériences qu'on ne veut pas rendre publiques... Qu'est-ce qui peut être assez dégueulasse pour qu'on ne veuille rien en laisser transparaître, alors qu'on admet des massacres comme loisirs...? Il faut que je m'évade, ce qui m'attend risque d'être pire que la mort... "

L'agent d'Antarès voulait jouer la carte de la réintégration de la brebis égarée... Pouvait-elle s'en servir pour glaner des bribes d'infos ?

" Préviendrez-vous ma famille ?... qu'elle puisse se rassurer quant à la possibilité de retrouver une fille rentrée dans le droit chemin..."

C'était un peu un coup de bluff, formulé dans le but de faire parler davantage son interlocuteur, en jouant... un peu le jeu de la pénitence... même si la seule chose qui lui importait était de trouver une faille dans la sécurité pour se barrer dès que possible... Quitte à fuir en pleine nature, tout vaudrait mieux...

Encart technique a écrit : Si jamais tu valides le jet : 5 | 8 | 9

... Bon, ben... Social (4) : aucun dé d'utilisable... Ce sera pour une prochaine fois ! :P
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Embarquement !

Message : # 44656Message Obsidian
27 mars 2015, 19:50

Jet accepté - Résultat 1 (spé bluff) : echec
« Vous oublierez bientôt votre famille 887… »

Kalais fut tirée par le bras hors de la salle de jugement et la porte à double battant automatiques se referma.

Le légat se réinstalla derrière son office et sortit sa console Arpège personnelle. Encore une fois, par délectation du changement proche, il relu l’ordre d’affectation 3D avantageux que lui avait transmis son archiprêtre.

On la traina à travers des couloirs surpeuplés d’autochtones en attente de jugement. La présence de nombreux hommes d'armes et de morphes de surveillance ne laissait aucune échappatoire possible. Plusieurs fois, elle entendit des hurlements et des détonations. Certains prévenus n’avaient pas eu autant de chance qu’elle… Après un poste de contrôle, où elle passa dans un scanner et où sa plaque génétique fut à nouveau vérifiée, on lui recouvrit la tête d’un sac.

Son escorte était absolument silencieuse. Les soldats divins étaient connus pour être de véritables machines à tuer, complétement programmés pour exceller dans l’art de la guerre, surarmés et boostés nanotechnologiquement. Le simple fait que de simples soldats ne se chargent pas de la tâche ingrate d’un transfert était étrange.

Complétement désorientée, trainée comme un pantin, sa respiration était difficile. Elle s’accéléra, le tissu se plaquait contre sa bouche et ses narines. Elle senti une pression sous ses pieds, se déséquilibra et un léger haut le cœur lui vint. Elle empruntait un ascentube. Une fois arrivé, elle entendit une machinerie lourde et un bruit de roulement d’acier. Un bruit sourd arrêta l’entrainement mécanique et l’air frais lui fouetta le visage. On lui enleva sa cagoule.

Le ciel était zébré d’éclair et les lunes, déjà hautes dans le ciel, perçaient la couverture nuageuse. Elle était sur le toit, composé d’un aeroport militaire de l’ordre, et la vingt-cinquième heure devait déjà être bien entamée…

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Aux quatre coins du dernier étage se tenaient des miradors, agressant de leurs lumières rasantes les nombreux héossiens cantonnés là. Trois plateformes de décollage se trouvaient au milieu du vaste plancher en béton. Entre celles-ci se répartissaient des zones de cantonnement pour les prisonniers terrorisés. Elles séparaient les peuples, les sexes et les futures destinations par des grillages électrifiés. Les détenus portaient tous des combinaisons de couleurs différentes numérotées. Aucun d’entre eux n’eut le privilège d’en porter une orange… Plusieurs groupes de soldats effectuaient méticuleusement des rondes de contrôle.

On la conduisit jusqu’à l’une des plateformes. Un vombrissement ahurissant se produisit, suivi d’une vague de chaleur étouffante, au décollage d’un chasseur de combat écarlate alors qu’elle empruntait l’escalier en caillebotis. Sur la dernière plateforme, à la place d’un engin de transfert, un légionnaire d’Antarès, l’élite de l’armée, rehaussé dans un exosquelette de combat, surveillait d’un air satisfait le bon déroulement de la scène d’évacuation des nouveaux esclaves…

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Un aeroplane noir, ciselé, réacteurs en pré chauffage, l’attendait là. Flanqué sur le flanc de l’appareil, un message en Langdiv signalait la fonction principale de l’engin : transport pénitentiaire. Deux militaires en tenue de pilote, casques vissés sur la tête, matraque électrique et lampe foudre à la ceinture, discutaient sur la plateforme en attendant l’ordre de décoller.

« Voilà votre dernier colis, sergent Karigan »

« Une humaine ? »


Le militaire en armure lourde complète ne prit même pas la peine de répondre et poussa la jeune femme dans sa direction.

Le pilote attrapa la jeune femme par les menottes lourdes de soumission et l’entraina vers les entrailles du monstre mécanique de jais. Son compagnon se dirigea vers la bulle de pilotage, illuminée des lueurs rouges des instruments de bord, les laissant seuls vers l’accès de la cellule principale.

« Viens par-là toi, ça fait un moment qu’on t’attend. Tous les autres invités sont déjà arrivés et pourtant ils viennent de loin. Je ne sais pas ce que tu as fait mais tu verras, je suis sûr que l’air pur de Monga te changera les idées »


Lentement, les cales du vaisseau s’ouvrirent et il lui fit gravir une passerelle d’accès.

« Allez, on est en retard ! »

Il tapa rapidement un code de contrôle puis opéra une identification génétique pour ouvrir le sas d’accès au compartiment des prisonniers. Baigné dans la pénombre des éclairages de secours, un large et long couloir se présenta devant elle. De chacun des côtés, des héossiens en combinaison orange, munis de fermes menottes reliées par des chaines à la carlingue, étaient assis là, l’air morose, attendant l’heure du décollage. Elle put entrapercevoir, à travers la faible lumière rouge, les hères qui l’accompagnaient dans son malheur.

Une femelle Darken de forte stature et un mâle couché en travers de l’assise, visiblement meurtri
Un ou une Delhion, à qui on avait entravé les ailes par un harnais sadique
Deux nomoïs, dont l’un, visiblement plus âgé, du fait de la filasse blanche qui tombait de son crâne, était en méditation
Deux pauvres Kelwins, blottis l’un contre l’autre
Un Boréal, l’air penaud accentué par ses oreilles tombantes
Un Feling, l’air absent, situé au fond de l’engin et un vieil Ygawan, au cartilage saillant, face à lui

Il l’attacha solidement.

« Tu me plais bien toi. Si tu es sage pendant le vol, je demanderais au directeur de nous laisser un moment seuls pour discuter à l’arrivée »

Les héossiens la dévisageaient, elle ressentait une curiosité malsaine et une satisfaction face à sa pauvre situation.

Le pilote traversa entièrement le couloir vers le sas d’accès au cockpit et asséna au passage un magistral coup de matraque électrique à l'Ygwan qui se trouvait là. Le descendant Saren fut pris de convulsions et tomba vers l'avant, retenu par ses maillons d'entrave.

« Jamais pu blairer, les sauriens… Allez Omaël, on dégage de ces foutues montagnes ! »

Le sas se referma. Quelques minutes après, dans un rugissement, tous les occupants furent plaqués sur les banquettes transversales alors que l’aeroplane décollait vers les cieux d’Héossie…
Inutile de préciser que vous êtes tous présents. Vous vous reconnaitrez je pense. Vous n'avez aucun équipement. Chacun d'entre vous avez été arrêté de la même manière qu'Iris. Je vous laisse choisir votre histoire. Dans tous les cas, vous auriez dû être exécuté... Je vous laisse faire connaissance :twisted: Ouf !
Dernière modification par Obsidian le 28 mars 2015, 14:58, modifié 1 fois.

darkbaron
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Re: [Shaan] - COMA - Chap 1 : Transfert et déchéance

Message : # 44669Message darkbaron
27 mars 2015, 21:54

Taarkan poussa un grognement de frustration quand elle fut repoussée contre la banquette transversale par le décollage. Elle était restée silencieuse jusqu'ici, mais avait bien noté la présence d'une prisonnière humaine... Et le comportement d'un des gardes qui asséna un coup de matraque électrique injustifié à un Ygwan. Elle se jura de tuer ce fils de purin de ses propres mains quand elle en aurait l'occasion.

Au moins, elle était encore en vie... Elle ne savait pas pourquoi, mais ces misérables humains ne l'avaient pas exécutée après ce qu'elle avait fait. Elle avait tué l'un des leurs qui martyrisait un pauvre Kelwin innocent et sans défense ! Ce minable, elle voyait encore la lueur s'éteindre dans son regard, ainsi que sa peur, alors qu'elle enfonçait sa lame dans son thorax. Elle lui avait fait perdre son maudit sourire ahuri... Elle, par contre... Elle avait souri, satisfaite de rendre justice. Elle lui avait même demandé pourquoi il ne riait plus. Elle l'avait ensuite repoussé de son pied et regardé sa carcasse sanglante s'étendre sur le sol avec délectation.

Avec le recul, le tuer de la sorte n'avait pas été la chose la plus intelligente à faire. Plusieurs hommes lui étaient tombés dessus quelque temps après, et l'avaient neutralisée... Elle s'attendait à être exécutée dans la foulée, mais ce ne fut pas le cas. En revanche, on lui avait dérobé tous ses biens. S'ils pensaient que cela suffisait pour éteindre le feu qui brûlait en elle, celui de la rage et de la passion, ils se trompaient. Non, loin d'atténuer les flammes de sa colère, cet acte les avait attisées. Elle allait trouver le moyen d'attirer l'un des gardes et là... Ce dernier, elle se le jurait, allait le payer de sa vie ! Pour le moment, elle ne pouvait qu'attendre...

Ou porter son attention sur l'humaine la plus proche. Oui, elle... Pourquoi était-elle parmi eux ? Comme tous les autres Héossiens, elle ne put s'empêcher d'y ressentir une certaine satisfaction. Oui, cela lui plaisait de voir une humaine ainsi... Elle se demanda s'il existait un terme humain pour définir la satisfaction face à la souffrance et au malheur des autres. En tout cas, c'était ce qu'elle ressentait.

Après un léger rire sadique, elle lui adressa la parole avec un regard mauvais :

"Pauvre petite chose... Que fais-tu ici ? Tu t'es perdue ? Tu devrais être avec les gentils gardes, pas avec nous !"

Elle cracha au sol et ajouta :

"J'espère que ça ne te dérange pas trop d'être avec la "racaille"... Pourquoi t'ont-ils embarquée avec nous ?"

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Iris
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Jet 1 - échoué, persévérons !

Message : # 44672Message Iris
27 mars 2015, 22:04

Dans le bureau

Oublier sa famille ?... Non qu'elle eût de bonnes relations avec ses parents, mais aller jusqu'à les effacer de sa mémoire... Ils avaient donc bien l'intention d'effacer son identité pour en faire... ce qui leur plairait... Kalaïs imaginait déjà à quoi elle risquait de ressembler... Une coquille vide, crâne et sourcils rasés, obéissant au doigt et à l’œil, sans plus la moindre volonté... Serrant les dents, elle essayait de faire face : "C'est pas le moment de craquer, ressaisis-toi !"

Faisant de gros efforts pour ne pas paniquer et garder la tête claire, elle fut ballottée sans voir où elle allait, traînée, et amenée sur le sommet d'un bâtiment.

Vers le transfert

Elle était la seule humaine... enfin... la seule du côté "prisonnier"... Il fallait s'attendre à être traitée comme une paria par ceux de son espèce... et un représentant de l'oppression par les autres... En somme, elle était entre le marteau et l'enclume... "Mais comment je vais me sortir de ce bourbier ?" ... Pour l'instant, son seul espoir résidait en une faille, n'importe laquelle. Il fallait être vigilante, comprendre comment la sécurité fonctionnait et trouver un moyen de leur fausser compagnie. Quand ? Comment ? Aucune idée. Juste qu'il ne fallait pas lâcher, elle n'aurait peut-être qu'une seule chance de sauver sa peau. "Accroche-toi ma grande, t'es pas bête, tu sais bidouiller, Adam t'as appris à te servir d'une arme, tu dois y arriver... il y a toujours une solution..."

Aux aguets, ne sachant pas quelle bribe de rien du tout lui servirait, elle observait avec avidité.

" Être traînée ici par des soldats divins... ça confirme mon hypothèse, c'est vraiment une saloperie d'expérience ultra secrète... Il faut vraiment que je m'échappe ! "


Sergent Karigan & Osmaël

Réceptionnée par deux pilotes, elle nota leurs noms. Un nom, ça humanisait un peu... On voulait lui enlever le sien... ça et tout son identité, son âme... Sonnée par le trop plein d'événement, concentrée sur sa quête de la faille salvatrice, elle n'eut pas la présence d'esprit de répondre quelque chose. Le dernier colis était une humaine.

Traînée jusqu'à la cellule dans laquelle elle ferait le transport, elle écouta le pilote, sans trop savoir quoi penser de lui. Juste un type qui faisait son boulot sans se poser de question, ou une graine de bourreau sadique ? Elle passa un moment à l'observer attentivement tandis qu'il la baladait et l'attachait.
Encart technique a écrit :Allez, je persévère ! Ce coup-ci, je teste l'empathie / lecture du langage corporel / psychologie... Donc Social + Rien... :lol:

8 | 3 | 4. Le social (4)... Si je m'amuse à sacrifier 1 en Corps, je peux avoir un 4. Théoriquement je peux récupérer en me reposant durant le trajet. Comme il vaut mieux tester le système à fond tant que c'est pas trop grave, je vais tenter le coup.

Objectif : déterminer s'il y a quelque chose de "récupérable" (ha ha) chez ce type.
Sergent Karigan a écrit :« Tu me plais bien toi. Si tu es sage pendant le vol, je demanderais au directeur de nous laisser un moment seuls pour discuter à l’arrivée »
"Si je suis sage ?... C'est quoi ça ? T'envisages de me violer ? Ou quoi ?" Dans tous les cas, vu qu'elle cherchait des infos, elle avait besoin de chaque bribe d'opportunité... et vu ce qui l'attendait... lui arracher son être... dans le pire, même si on la violait ou la torturait, au final, elle n'existerait plus pour s'en souvenir... Compte tenu de l'enjeu, tout se tentait. S'il y avait une once d'humanité... de compassion ?... dans cet agent du système, ça valait le coup de tenter d'établir un vernis de contact.

" Sergent Karigan, mon nom c'est Kalaïs Popy."

Il partait de toute façon, ça ne servait sans doute à rien de le dire, mais ... confusément ça lui paraissait important d'appeler les gens par leur nom, de s'attribuer le sien, pour bien affirmer qu'elle n'était pas juste le numéro qu'on lui avait attribué... Enfin... Qu'elle existait encore... jusqu'ici...

L'homme partit en infligeant une décharge électrique injustifiée à l'un des prisonniers. Erf...
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Iris
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Message : # 44673Message Iris
27 mars 2015, 22:15

Une fois seule avec les autres prisonniers

Seule humaine enchaînée... il allait falloir s'y habituer... jusqu'à pouvoir s'échapper... Levant le museau en direction de la Darken qui lui parlait, Kalaïs, stoïque prit une inspiration avant de répondre avec la dignité qui sied à quelqu'un qui avait jusque là toujours vécu dans un milieu protégé. Qu'est-ce qu'elle fichait là ?... Oh, elle pouvait bien répondre, de toute façon, ça ne changeait rien.

" Non respect réitéré du couvre-feu. Participation à une surprise partie chez des Récupérateurs kelwin. Les agent d'Antarès ont débarqué."

Après une seconde de réflexion :

" A ta place je m'inquiéterai surtout de ce qui nous attend. Si j'ai raison, on nous amène dans un centre top secret pour servir de cobaye à des techniques visant à arracher l'identité, l'individualité... l'âme... d'un individu. A la fin, on m'a promis que je n'aurais plus aucun souvenir de ma famille... Pour donner une idée du traitement de faveur visant à faire de moi une citoyenne modèle."

Et de compléter :

" Je me suis présentée dans les formes... " enfin, façon de parler, ... dans un convoi pénitentiaire, les formes impliquent peut-être justement de parler de ce qui nous mené là ? " Et toi ? "
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darkbaron
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Re: [Shaan] - COMA - Chap 1 : Transfert et déchéance

Message : # 44675Message darkbaron
27 mars 2015, 23:55

Taarkan sourit. Cette humaine avait été arrêtée pour avoir traîné avec des Kelwin ? C'était intéressant... Elle la voyait presque sous un meilleur jour ! Presque... Bien sûr, rien ne lui permettait de savoir si elle disait la vérité ou non, mais si c'était le cas, elle avait peut-être un peu de respect pour elle. L'élémentaliste Darken écouta la suite avec intérêt en songeant à ce que cela impliquait. C'était donc ça, le sort qu'on leur réservait ? Elle ne s'y était pas vraiment attendue... On ne pouvait certainement pas être préparé à une telle chose. D'un autre côté, ne devrait-elle pas être déjà morte ? Tant qu'ils n'étaient pas dans ce centre, tout allait donc !

Finalement, l'humaine lui demanda de se présenter. Elle avait un certain culot, mais elle aimait ça... Elle savait garder son calme, même au milieu d'êtres qui la détestaient. Un tel courage méritait bien une récompense, non ? La Draken eut donc la politesse de lui répondre avec un sourire fier, guettant au passage sa réaction à l'annonce de son crime. Elle n'allait sans doute pas rester indifférente ?

- Moi ? J'ai tué un gars... Un homme qui s'en prenait à un Kelwin. Il a senti passer ma lame, je peux t'assurer... Si c'était à refaire, je ne changerais absolument rien !

Et ce que tu dis est terrible... Mais au moins, on est encore en vie. Je ne sais pas pour toi, mais j'aurais déjà dû être exécutée pour le crime que j'ai commis !

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