Bienvenue en Terre de Fangh ! Dans cette région, car oui il s’agit bien d’une région et non de tout un monde, un peu comme la Terre du milieu vous savez ? Mais si ! Avec les hobbits, une bague bizarre et un vieux fou qui se prend pour un mage. Non ? Ça ne vous dit rien ? Bon. On va faire sans alors… Je disais donc que dans cette région, l’Aventure (avec un grand "A" s’il vous plaît) est devenue un véritable commerce. Personne ne sait vraiment comment on en est arrivé là et honnêtement, on s’en fout un peu. Le fait est que toute une économie s’est développée autour de l’Aventure, avec des châteaux, des quêtes, des points d’exclamation dorés et même des taxes et des impôts.
C’est ainsi que certaines villes et certains villages ont pu remonter la pente économiquement, comme le village de Valtordu, celui qui nous servira de point de départ pour cette petite histoire. Histoire qui débute dans la décade de Kamarzon (dans certaines contrées on parle de mi-octobre, mais ce sont des gens bizarres), deux jours après la fête des pommes (jour de deuil chez les elfes), un jeudi, parce que le jeudi, c’est le jour des quêtes à Valtordu. Ce jour-là, tous les aventuriers savent qu’ils peuvent recevoir et rendre des quêtes. Les habitants des alentours, eux, savent qu’ils pourront trouver des clampins à qui refourguer des travaux énervants et stupides et les taverniers, eux, savent qu’ils vont s’en mettre plein les fouilles en étant complet pour la soirée, avec des aventuriers enrichis qui se bourrent la gueule comme le dernier des fêtards.
Il en va de même pour l’auberge des 3 boudins, située juste à côté de la place des pendus, l’une des fiertés de Valtordu. Les autres sont d’abord le boudin de sang de mouton, exporté jusqu’à Glargh, puis les pulls très chauds en laine de mouton avec leurs motifs "typiques" que les moins connaisseurs qualifieront systématiquement d’affreux… en fait, tout le monde les qualifie d’affreux sauf les producteurs eux-mêmes. Quoiqu’il en soit, l’auberge donc, pour y revenir, est tenue par Gros Didier, un homme costaud, plutôt aimable et qui fait son travail correctement, mais qui n’aime pas qu’on vienne foutre le bazar chez lui. Parce que des jeunes aventuriers qui se croient plus malins que les autres, il en connait, il en a déjà flanqué plusieurs à la porte ! Il est aidé, entre autres, par sa belle et jeune fille Gwendolyne qu’il surveille de près, manquerait plus qu’un de ces pignoufs s’intéresse à elle !
Ce soir, l’auberge regorge de monde. Tandis que des feux brûlent dans les deux âtres pour réchauffer la grande pièce, un petit groupe de ménestrels joue des airs guillerets sur une petite estrade dans un coin spécialement aménagé. Le groupe est composé de deux humains, une elfe et un ogre, parce que les ogres, mine de rien, savent être musicaux quand ils veulent. Les autres tables sont pleines de groupes d’aventuriers. Certains plus homogènes que d’autres. Par exemple ce groupe d’humains de différents âges, tous vêtus d’une robe de mage blanche bordée de rouge, avec un grand dragon flamboyant brodé sur le dos, légèrement recouvert par la capuche pointue qui retombe dessus. À côté d’eux se trouve la dernière table libre, proche de la porte qui mène aux toilettes.
C’est à ce moment que la porte d’entrée s’ouvre sur l’extérieur sombre de la journée déclinante, laissant entrer pendant un court moment la fraîcheur automnale qui fait un peu frémir les plus frileux, merci pour la presque-allitération, de rien, c’est gratuit. Ainsi entra donc le premier des aventuriers de notre belle histoire.