* (Gyles à Myrosh, peu avant leur départ pour Villevieille)
Des corps ensanglantés jonchaient le sol de la ruelle de Villevieille, uniquement éclairée par la lune et quelques lueurs filtrant au travers de volets clôts. Deux silhouettes se tenaient au milieu du carnage, lames au clair. D'un pas lourd, la plus grande s'approcha d'un corps qui remuait encore faiblement, la lumière accrochant sa cotte de mailles maculée de sang. D'un geste du pied, le guerrier retourna le blessé afin de voir son visage, et lui lança d'une voix froide et dure :
"Tu avais raison. On s'est revu."
Puis, sans autre forme de procès, la pointe de son épée ouvrit la gorge de son interlocuteur, mettant abruptement fin à ses souffrances, ainsi qu'aux débuts de protestation de son compagnon.
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Quelques jours plus tôt, à Waterford, Myrosh et Gyles embarquaient à bord d'un navire à destination de Villevieille. La veille, pendant la fête donnée en l'honneur des vainqueurs de Rubriant, le prêtre rouge avait convaincu le ménestrel de l'accompagner afin de l'aider à trouver un remède au mal qui affectait le jeune Jolan Hastwyck. Tandis que les deux hommes montaient à bord du bateau, ils furent témoins des adieux entre Lady Aleth Castellane et Jack Bulwer. La jeune soeur du garde de nuit, lady Alysane, était déjà à bord. Tous deux repartaient pour leur domaine de Noircouronne, situé un peu avant Villevieille sur la côte.
Pendant le voyage, les Bulwer restèrent entre eux, manifestement peu désireux de parler. Cependant, peu avant que le navire n'accoste à Noircouronne, Jack vint s'enquérir auprès de Gyles et de Myrosh de leur destination. Le prêtre et le ménestrel, connaissant le passé du garde de nuit avec la maison Castellane, lui expliquèrent leur projet : aller à Villevieille pour trouver un remède pour Jolan, et si possible enquêter sur l'implication du Balafré dans les tentatives d'assassinat de lady Aleth. Visiblement satisfait de ces réponses, Jack revint peu après avec sa soeur, qui offrit gracieusement à Gyles et Myrosh une bourse pour les aider dans leurs entreprises. Les deux hommes la remercièrent, tandis que Jack ajoutait qu'il essayerait de venir les aider s'il en avait la possibilité.
Le reste du trajet se passa sans rien de notable, et les deux compagnons débarquèrent sans encombre dans le port de Villevieille. Myrosh proposa à son camarade de commencer par trouver un remède pour Jolan, et précisa qu'il connaissait quelqu'un susceptible de les aider : le prêtre de R'hllor de la ville, qu'on nommait le Berger. Gyles accepta et les deux hommes prirent la direction du temple du Seigneur de la Lumière.
Mais tandis qu'ils marchaient sur les quais, le prêtre rouge et le ménestrel furent abordés par un groupe d'hommes à la mine patibulaire. Celui qui semblait être leur chef (https://i19.servimg.com/u/f19/14/57/45/19/artus111.jpg) leur proposa d'abord de les guider dans la ville, avant de leur demander sèchement ce qu'ils venaient faire à Villevieille. Le ton monta rapidement, Gyles et Myrosh ne tenant pas à répondre au malandrin. Des provocations furent lancées, des regards échangés, mais aucun groupe ne prit l'ascendant sur l'autre. Finalement, le chef de bande laissa passer le prêtre et le ménestrel, non sans les avoir prévenu qu'ils se reverraient....
La soirée était déjà bien avancée lorsque les deux compagnons arrivèrent au temple de R'hllor. Le Berger les reçut pourtant, en compagnie de son animal de compagnie : un jeune lynx de fumé (https://i71.servimg.com/u/f71/14/57/45/19/temple10.jpg). Gyles nota que le prêtre local et Myrosh semblaient se connaître davantage qu'ils ne le voulaient le laisser paraître. L'homme d'Asshai décrivit à son confrère la blessure de Jolan, ainsi que l'origine présumée de la dague qui l'avait causée. Après avoir écouté, le Berger proposa à Myrosh de l'accompagner dans sa prière, afin que le Seigneur de la Lumière les gratifie de sa sagesse. Gyles se retrouva donc à assister une fois de plus à une cérémonie religieuse dédiée à R'hllor. Une fois de plus, il remarqua que les flammes prenaient des teintes et des formes étranges tandis que les deux prêtres louaient leur étrange dieux. L'intensité du feu variait aussi en fonction de leurs paroles et de leurs gestes, et la chaleur était parfois à la limite du supportable...
La prière terminée, les deux prêtres se concertèrent. Myrosh n'avait manifestement été gratifié d'aucune vision, mais le Berger avait vu plusieurs choses dans les flammes. Il parla d'une ombre noir qui s'étendait, plus sinistre que la chèvre maudite de Qohor, et qui émanait d'un individu qui avait fréquenté des lieux interdits et dangereux....
Après ces paroles qui n'augurait rien de bon, le prêtre de Villevieille ajouta qu'il ne connaissait qu'une seule personne capable de les aider : le mestre qu'on appelait Marwyn le mage, un homme auréolé de mystère qui avait longuement étudié en Essos avant de rejoindre la Citadelle. Le Berger précisa que de nombreux acolytes fréquentaient une taverne appelée La Chope de la plume d'oie... peut-être l'un d'eux en saurait-il plus sur Marwyn?
Malgré l'heure tardive, Gyles et Myrosh rallièrent sans tarder la fameuse taverne, qui était également un bordel. L'établissement était assez réputé, tant pour la qualité de ses boissons que celle de ses filles. Devant la porte d'entrée, les deux hommes furent abordés par un gamine qui leur proposa sans ambages sa virginité contre un dragon d'or. Myrosh l'ignora simplement, tandis que Gyles refusait poliment l'offre qui lui était faite.
À l'intérieur, les deux compagnons commandèrent à boire, laissant trainer leurs oreilles à la recherche d'information sur Marwyn. Ils n'apprirent rien sur le mage, mais Gyles entendit parler de l'Archimestre Ryam, porteur du masque d'or, et ancien mestre de la maison Castellane. Ne souhaitant pas dormir dans un bordel, Myrosh se décida à aborder la tenancière des lieux, Emma, pour se faire indiquer une auberge convenable. Après une négociation houleuse et la dépense de quelques cerfs d'argent, le prêtre rouge obtint ce qu'il voulait. Il se préparait à partir lorsque Gyles vint parler à la Emma de la fillette qui vendait sa virginité. Il apprit ainsi qu'il s'agissait de la propre fille de la patronne, qui ne voyait aucun problème à prostituer ainsi son enfant. Choqué par ces révélations, le ménestrel ne put contenir son indignation et ne se priva pas pour dire ce qu'il pensait de cette pratique. La tenancière, déjà passablement agacé par le client à la tête de grand brûlé, n'apprécia guère qu'on vienne lui faire la leçon et conseilla aux deux hommes de déguerpir de chez elle. Myrosh quitta les lieux, entrainant son camarade à sa suite.
Suivant les indications qu'il avait réussi à arracher à Emma, le prêtre rouge s'arrêta finalement avec Gyles devant une auberge à l'allure respectable. Les deux hommes y entrèrent et payèrent une chambre où ils ne tardèrent pas à s'écrouler de sommeil.
Le lendemain, le soleil était levé depuis un moment lorsque Myrosh réveilla Gyles. Tout en prenant leur déjeuner, ils décidèrent de continuer leur enquête sur Marwyn à la source : c'est ainsi qu'après une longue marche, les deux hommes entrèrent dans la cours de la Citadelle. Plusieurs échoppes s'y trouvaient, vendant divers livres, potions, cartes et ingrédients. Le prêtre rouge signifia au ménestrel qu'il comptait sur lui pour mener les discussions, et Gyles se décida donc à aborder un mestre qui semblait gérer le petit marché. Prononcer le nom de Marwyn le mage provoqua un regard méprisant de la part de son interlocuteur, ainsi qu'un commentaire laissant entendre que personne de censé ne pouvait vouloir avoir à faire avec lui. Les talents diplomatiques de Gyles lui permirent cependant de vaincre la réticence du mestre, et ce dernier lui apprit que Marwyn passait le plus clair de son temps dans les quartiers malfamés de la ville, et qu'il venait rarement à la Citadelle.
Gyles et Myrosh firent rapidement le tour du marché, et repérèrent une carte de Villevieille (https://i71.servimg.com/u/f71/14/57/45/19/villev11.jpg). D'un commun accord, ils décidèrent de l'acheter, utilisant pour ce faire une partie des dragons d'or donnés par Lady Alysane Bulwer. Peu après avoir fait cette acquisition, le ménestrel se souvint de l'information qu'il avait appris la veille sur l'ancien mestre de la maison Castellane. Il en fit part à son camarade, et les deux hommes se dirent qu'il y avait peut-être moyen de tirer parti de l'ancienne loyauté de l'Archimestre au masque d'or.
Le gérant du marché ne cacha pas sa surprise quand Gyles revint le voir et lui annonça qu'il souhaitait rencontrer l'Archimestre Ryam. D'abord réfractaire à l'idée de déranger une personne aussi importante, surtout pour rencontrer des individus qui cherchaient quelques instants plus tôt Marwyn, le mestre se laissa finalement convaincre quand le ménestrel lui précisa avec gravité qu'il s'agissait d'une question de vie ou de mort concernant la famille Castellane.
Gyles et Myrosh dûrent patienter pendant un certain temps, mais ils eurent finalement le privilège de passer la porte de la Citadelle. Une fois à l'intérieur du bâtiment, ils durent remettre tout ce qui ressemblait de près ou de loin à une arme aux gardes, puis gravirent un grand escalier avant de pénétrer dans une pièce meublée et décorée avec faste. Un vieil homme siégeait derrière un bureau massif, richement vêtu (https://i58.servimg.com/u/f58/14/57/45/19/mestre10.jpg). Il les toisa un moment et les averti de l'honneur qu'il leur faisait, puis les invita à s'avancer.
Les deux compagnons commencèrent donc à exposer la raison de leur venu, les troubles qui touchaient le domaine Castellane, la blessure de Jolan Hastwyck, et leur souhait de rencontrer Marwyn. À leur grande surprise, leur interlocuteur devint rapidement nerveux, les suspectant de venir créer des problèmes, et faisant notamment référence à la vente d'une partie des terres Hastwyck dans ces circonstances qui semblaient peu régulière. Gyles et Myrosh tentèrent de raisonner l'Archimestre et de le convaincre qu'ils souhaitaient simplement voir Marwyn le mage. Mais Ryam semblait persuadé que l'improbable duo venait pour une autre raison. Il commença à se lancer dans une sorte de monologue, alternant justifications et menaces, pour finalement ouvrir un tiroir de son bureau et jeter des poignées de dragon d'or en direction du prêtre rouge et du ménestrel en les invitant à se servir. Gyles et Myrosh restèrent un instant interdit devant ce comportement et la quantité d'or qui leur était offert, puis tentèrent une fois de plus de raisonner leur interlocuteur. Cette fois-ci, ils y parvinrent. Après une longue réflexion, l'Archimestre Ryam consentit à faire le nécessaire pour localiser Marwyn. Le ménestrel et le prêtre rouge prirent donc congé, après avoir eu l'assurance qu'un acolyte viendrait les chercher à leur auberge pour les conduire au mage dès que possible.
Myrosh et Gyles passèrent le reste de la journée à attendre à leur auberge, espérant que l'Archimestre au masque d'or tiendrait parole. Leur patience fut récompensé en début de soirée, lorsqu'un acolyte pénétra dans la salle commune et se dirigea vers eux. Le jeune homme leur annonça qu'il avait reçu pour instruction de les mener jusqu'à Marwyn le mage, et semblait assez enthousiaste. Sur le trajet, il leur expliqua qu'il avait une fois eu la chance d'assister à un cours du mestre, qui s'était révélé particulièrement impressionnant.
Tandis qu'ils s'enfonçaient dans les bas quartiers de Villevieille, le ménestrel et le prêtre rouge se tenaient sur leur garde. Bien leur en pris, car au détours d'une ruelle, une silhouette surgit d'une porte cochère en poignardant leur guide. Trois autres personnes sortirent des ombres, armes en mains.
"Tiens, comme on se retrouve", leur lança une voix narquoise et familière.
Le combat qui s'en suivit fut rapide et brutal. Encerclés par les malandrins, Myrosh et Gyles parvinrent cependant à reprendre l'avantage. Tout avait basculé en un instant. Plein de confiance, les bandits s'étaient rués à l'attaque avec ardeur. Gyles avait esquivé leurs premiers assaut et avait blessé l'un de ses agresseurs, puis Myrosh, ignorant ceux qui s'en prenaient à lui, était venu l'achever. Sur ordre de leur chef, les brigands avaient alors concentré toute leur attention sur le prêtre rouge, mais les blessures légères qu'ils avaient réussi à lui infliger n'avaient fait qu'accroître sa fureur et il avait littéralement tranché le bras d'un de ses assaillants, tandis que Gyles en avait transpercé un autre de sa rapière.
Voyant le sang de ses hommes abreuver le sol, le chef de la bande tenta une vague négociation :
"Heu, on peut discuter non?"
L'étincelle meurtrière dans le regard de Myrosh le dissuada de poursuivre, et il fit brusquement volte-face pour partir en courant. Mais pas assez rapidement pour éviter la lame du prêtre rouge qui s'enfonça profondément dans son dos et le projeta face contre terre...
TDF chap.11.B - Tu seras mes bras, je serai ta tête*
Re: TDF chap.11.B - Tu seras mes bras, je serai ta tête*
Après avoir achevé sa victime, Myrosh se précipita vers le corps de l'acolyte qui les avait guidé jusqu'ici. Malheureusement, le jeune homme avait déjà succombé à sa blessure. Appuyé contre un mur, Gyles reprenait sous souffle et ses esprits : il avait déjà assisté à son lot de rixe, mais n'étais guère habitué à participer à des affrontements d'une telle brutalité.
Pragmatique, le prêtre rouge entreprit de fouiller le corps du chef des agresseurs : sa bourse contenait plusieurs cerfs d'argent ainsi que deux dragons d'or, et Myrosh s'en empara. En repensant aux instants qui avait précédé l'affrontement, le vétéran se souvint que juste avant de poignardé leur guide, la brute lui avait lancé quelques mots : toi, tu me sers plus à rien maintenant!
Mû par une idée soudaine, Myrosh fouilla l'acolyte, mais ne trouva rien de probant : son hypothèse selon laquelle le jeune homme les avait peut-être sciemment amené dans un traquenard en resterait donc à ce simple stade.
Pendant ce temps, Gyles s'était lui aussi approché du cadavre du chef de bande, et plus précisément de son arme, une fine lame ouvragée qui paraissait déplacée dans ce cloaque. Après une brève hésitation, le barde s'empara de l'épée braavienne et fit quelques passes d'armes contre des adversaires imaginaires. L'arme était parfaitement équilibrée, et convenait à merveille au style de combat agile et dansant de Gyles. Le barde arrêta brusquement ses moulinets en réalisant avec inquiétude que le sang sur la lame était littéralement en train s'évaporer... Il regarda le phénomène avec appréhension, avant d'appeler son camarade pour lui en faire part. Myrosh lança un regard en direction de l'arme, sans paraître surpris. Il tenta ensuite d'expliquer à Gyles que ce dont ils étaient témoin était tout a fait normal. D'après le prêtre rouge, les dons que lui avaient offert R'hllor n'avaient pas seulement touché son âme, mais aussi son corps : selon ses propres termes, il avait littéralement le sang chaud. Le barde ne parut guère convaincu, ni complètement rassuré, par les paroles de l'homme d'Asshaï, mais il ne demanda pas plus d'explication.
Balayant les alentours, les deux hommes remarquèrent qu'un gamin des rues les observaient depuis un moment. Dès qu'ils firent mine de s'approcher de lui, le gosse prit la fuite, manifestement peu désireux de parler avec eux. Malheureusement pour lui, Myrosh et Gyles se lancèrent à ses trousses et parvinrent à le coincer après une course de quelques minutes. Tenant l'enfant par un bras, le prêtre rouge laissa son compagnon, plus diplomate et moins effrayant que lui, prendre les choses en mains.
Après une brève discussion entrecoupée de négociation, le gamin accepta de conduire les deux hommes auprès des filles que fréquentait habituellement Marwyn.
Le garçon balada Myrosh et Gyles de fille en fille, évitant à plusieurs reprises des hommes à la mine patibulaire qui bossaient selon lui pour le Balafré. Les prostituées étaient toutes occupées, mais le gosse finit finalement par en trouver une qu'il connaissait suffisamment pour oser déranger. D'abord peu aimable, la catin changea vite d'avis quand Gyles fit tourner un dragon d'or entre ses doigts agiles, et elle accepta de conduire l'improbable duo auprès de Marwyn. Le gamin reçut pour sa part la bourse du défunt chef de bande, que Myrosh avait auparavant allégée des deux pièces d'or. Avant que l'enfant des rues disparaisse sans demander son reste, le prêtre rouge lui recommanda de ne pas se faire remarquer avec son butin.
Comme convenu, la fille de joie emmena le barde et son comparse près d'une ruelle d'où provenait des râles et des soupirs. Elle s'y engouffra, mettant un terme à ce qui s'y déroulait, puis revint quelques instants après en compagnie d'un homme à l'allure bourrue, portant une tenue de mestre débraillée et tenant un bâton à la main. Le nouveau venu toisa Myrosh et Gyles, manifestement agacé d'avoir été dérangé. Après quelques explications, il accepta toutefois d'entendre ce que ses étranges visiteurs avaient à lui demander. Il ajouta qu'il connaissait un endroit où ils seraient plus à l'aise pour discuter, et où ses interlocuteurs pourraient lui payer à boire. Marwyn mena le petit groupe à travers les rues malfamées du quartier. Pendant le trajet, la prostituée rappela à Gyles la récompense promise. Tandis qu'il lui donnait le dragon d'or, le barde réalisa que la jeune femme semblait nerveuse, comme si elle hésitait à lui demander quelque chose. Il essaya de l'inciter à parler, mais elle se contenta de baissa la tête en empochant la pièce, puis partit dans la nuit. Gyles resta un instant interdit avant de rejoindre Marwyn et Myrosh qui s'éloignaient.
Marwyn s'arrêta finalement devant une taverne à l'allure miteuse, et y entra, suivi du prêtre rouge et du barde.
Pragmatique, le prêtre rouge entreprit de fouiller le corps du chef des agresseurs : sa bourse contenait plusieurs cerfs d'argent ainsi que deux dragons d'or, et Myrosh s'en empara. En repensant aux instants qui avait précédé l'affrontement, le vétéran se souvint que juste avant de poignardé leur guide, la brute lui avait lancé quelques mots : toi, tu me sers plus à rien maintenant!
Mû par une idée soudaine, Myrosh fouilla l'acolyte, mais ne trouva rien de probant : son hypothèse selon laquelle le jeune homme les avait peut-être sciemment amené dans un traquenard en resterait donc à ce simple stade.
Pendant ce temps, Gyles s'était lui aussi approché du cadavre du chef de bande, et plus précisément de son arme, une fine lame ouvragée qui paraissait déplacée dans ce cloaque. Après une brève hésitation, le barde s'empara de l'épée braavienne et fit quelques passes d'armes contre des adversaires imaginaires. L'arme était parfaitement équilibrée, et convenait à merveille au style de combat agile et dansant de Gyles. Le barde arrêta brusquement ses moulinets en réalisant avec inquiétude que le sang sur la lame était littéralement en train s'évaporer... Il regarda le phénomène avec appréhension, avant d'appeler son camarade pour lui en faire part. Myrosh lança un regard en direction de l'arme, sans paraître surpris. Il tenta ensuite d'expliquer à Gyles que ce dont ils étaient témoin était tout a fait normal. D'après le prêtre rouge, les dons que lui avaient offert R'hllor n'avaient pas seulement touché son âme, mais aussi son corps : selon ses propres termes, il avait littéralement le sang chaud. Le barde ne parut guère convaincu, ni complètement rassuré, par les paroles de l'homme d'Asshaï, mais il ne demanda pas plus d'explication.
Balayant les alentours, les deux hommes remarquèrent qu'un gamin des rues les observaient depuis un moment. Dès qu'ils firent mine de s'approcher de lui, le gosse prit la fuite, manifestement peu désireux de parler avec eux. Malheureusement pour lui, Myrosh et Gyles se lancèrent à ses trousses et parvinrent à le coincer après une course de quelques minutes. Tenant l'enfant par un bras, le prêtre rouge laissa son compagnon, plus diplomate et moins effrayant que lui, prendre les choses en mains.
Après une brève discussion entrecoupée de négociation, le gamin accepta de conduire les deux hommes auprès des filles que fréquentait habituellement Marwyn.
Le garçon balada Myrosh et Gyles de fille en fille, évitant à plusieurs reprises des hommes à la mine patibulaire qui bossaient selon lui pour le Balafré. Les prostituées étaient toutes occupées, mais le gosse finit finalement par en trouver une qu'il connaissait suffisamment pour oser déranger. D'abord peu aimable, la catin changea vite d'avis quand Gyles fit tourner un dragon d'or entre ses doigts agiles, et elle accepta de conduire l'improbable duo auprès de Marwyn. Le gamin reçut pour sa part la bourse du défunt chef de bande, que Myrosh avait auparavant allégée des deux pièces d'or. Avant que l'enfant des rues disparaisse sans demander son reste, le prêtre rouge lui recommanda de ne pas se faire remarquer avec son butin.
Comme convenu, la fille de joie emmena le barde et son comparse près d'une ruelle d'où provenait des râles et des soupirs. Elle s'y engouffra, mettant un terme à ce qui s'y déroulait, puis revint quelques instants après en compagnie d'un homme à l'allure bourrue, portant une tenue de mestre débraillée et tenant un bâton à la main. Le nouveau venu toisa Myrosh et Gyles, manifestement agacé d'avoir été dérangé. Après quelques explications, il accepta toutefois d'entendre ce que ses étranges visiteurs avaient à lui demander. Il ajouta qu'il connaissait un endroit où ils seraient plus à l'aise pour discuter, et où ses interlocuteurs pourraient lui payer à boire. Marwyn mena le petit groupe à travers les rues malfamées du quartier. Pendant le trajet, la prostituée rappela à Gyles la récompense promise. Tandis qu'il lui donnait le dragon d'or, le barde réalisa que la jeune femme semblait nerveuse, comme si elle hésitait à lui demander quelque chose. Il essaya de l'inciter à parler, mais elle se contenta de baissa la tête en empochant la pièce, puis partit dans la nuit. Gyles resta un instant interdit avant de rejoindre Marwyn et Myrosh qui s'éloignaient.
Marwyn s'arrêta finalement devant une taverne à l'allure miteuse, et y entra, suivi du prêtre rouge et du barde.
Re: TDF chap.11.B - Tu seras mes bras, je serai ta tête*
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