TdF - Chap. 16 - Péril à Port Réal

[Iris]

Aleth avait quitté dès que possible sa robe de voyage -- tâchée de sang après l'assaut des loups, mais tant pis, et s'apprêtait désormais en vert émeraude, à découvrir les lieux. Elle était un peu surprise de l'attitude du ménestrel, convaincue qu'elle devait faire bien pâle figure s'il estimait nécessaire d'en faire autant. Dommage qu'elle ne fût pas aussi sensible que Lysanor aux pirouettes du troubadour.

"Merci, Gyles." répondit-elle avec un sourire reconnaissant, mais les yeux ne brillaient pas de joie ou d'entrain.

A tous : "Je vais m'enquérir de l'organisation du tournoi et des festivités."

Fleur à la main, Aleth tenta -- sans grande conviction -- d'obtenir une place au bal de la Reine, et échoua. Ayant déjà été privée de celui de Rubriant, elle accueillait cette nouvelle avec un certain fatalisme stoïque. Pendant que les hommes s'occupaient d'installer les tentes, elle visita le camp et tenta de reconnaître les blasons qu'elle découvrait. Elle aurait aimé rencontrer des visages amis, mais se savait en terre étrangère.

"Quelles Maisons du Bief n'ont pas été dégoûtées par le tournoi des Frères et se présentent à présent ici ? "

Elle se promenait, les oreilles aux aguets, mais plus dans une optique de flâner que de découvrir une information déterminante. Elle était partagée entre une nonchalance cynique et des résurgences de curiosité piquée par l'intérêt de la nouveauté.

[Casaïr]

"Désolé pour mon retard !" Clamai-je haut et fort pour m'annoncer. "Je n'ai pas vu le temps passer avec mon père, nous avions pas mal de choses à nous dire."

Je fis le tour de l'invité surprise qui venait de déconfire Béric, exercice qui me semblait bien proche de l'exploit du peu que je connaissais du dornien. Il me fallut un instant pour reconnaître le chevalier qui se présentait ainsi mais la mémoire me revint juste à temps. Prenant le parti de ne pas me mêler d'affaires ne me regardant pas puisque je n'avais pas assisté aux débuts des hostilités entre les deux hommes, j'optais pour une approche franche et cordiale.

"Ser Noirécu ! Voilà une belle surprise que de vous voir ici. J'imagine que vous allez concourir ?"

J'ignorais totalement si l'humeur massacrante du chevalier serait désamorcée par mes salutations, mais si elles pouvaient au moins diminuer le degré d'hostilité que je sentais à ce moment, ce serait toujours ça de gagné.

Objectif : calmer le jeu ! Et toujours avec le sourire !

[Maëlys]

Noirécu n'avait pas tord d'une certaine façon, mais tout ce qui s'était passé à Waterford avait complètement changé les pensées de Béric.A peine était-il revenu du tournoi de Rubriant que son adoubement avait eu lieu, puis l'épisode du marais, le départ pour les îles Boucliers puis enfin le retour à Waterford et la trahison de Corvin ainsi que la mort de Jolan et Bénédicte Thor ...Dont il avait dû annoncer personnellement la mort à l'aubergiste...Tant de choses à vrai dire ...

Lady Mullendore avait été une incroyable rencontre au cours du tournoi, et Noirécu avait raison dans le sens où il ne lui rendait pas honneur.. Un comble en sachant qu'il tentait à chaque instant de faire sienne la devise des Castellane.

Béric resta quelques secondes devant Noirécu sans répondre puis tiqua lorsque celui-ci s'impatienta, attendant visiblement quelquu'un :

"Non en trois mois je n'ai pas eu ce temps. J'aurai souhaité par bien des aspects mais je n'ai eu ni l'occasion, ni le temps, encore moins avec la mort de notre Mestre. Maintenant, si vous aviez uniquement besoin de me parler de ce que je n'ai pas pu faire durant tout ce temps, je pense avoir compris le message.
J'aurai bien aimé présenter mes salutations à Lady Mullendore, mais si celle-ci n'est pas là, et vu que je doute que vous lui transmettrez la moindre chose de ma part...
Il vous faut autre chose ou je peux commencer à me préparer vu qu'un duel vient de s'ajouter afin de défendre l'honneur de la maison que je représente ?"

Alors qu'il était en train de sortir sûrement une de ses plus longues phrase depuis longtemps, Darren fit irruption dans la tente.

[DukeTogo]

En se promenant avec Hostella, sa chambrière, lady Aleth constata que quelle que fut son humeur, elle suscitait l'intérêt de certains messieurs et autres chevaliers. Cela la renvoyait aux commentaires de sa chambrière qui osait de temps en temps lui faire part de ce qu'elle pensait - et elle pensait beaucoup -. "Ils vont tous tomber sous le charme, ma lady", avait-elle dit en l'aidant à enfiler une robe qui dessinait harmonieusement sa silhouette. Etait-ce son sang froid ou son assurance qui les tenait à l'écart ? Pouvaient-ils savoir qu'elle dissimulait un fin stylet ? L'espace d'un instant, il lui revint en mémoire une phrase de dame Adrienne, quand celle-ci lui avait fait porter une robe avantageuse en serrant sa taille fort pour l'obliger à bomber le torse.

Quand ils regardent votre gorge, ils ne regardent pas ailleurs. Mieux, ils ne réfléchissent souvent plus.

Portait-elle, elle aussi, une arme dissimulée ? Sans doute. Il y'avait de quoi sourire intérieurement. Aleth comprit progressivement que les maisons les plus illustres avaient des campements au plus près de la lice que l'on finissait de préparer. L'un des campements les plus fournis était celui des Tyrell. Un autre, plus loin, portait fièrement la bannière d'une lance et d'un soleil. Il y'avait des blasons qu'elle ne connaissaient pas comme celui représentant nombre de points noirs sur fond marron, cerclé de runes. A coté de celui-ci, un campement plus modeste avec pour blason cinq lances brisées et au dessus cinq symboles dont le lion d'or des Lannister. Elle vit un homme assez imposant s'approcher d'elle sans hésitation : "C'est le blason des Wydman. Cela relate la victoire de mon ancêtre sur cinq adversaires. Je suis ser Jonothor. Voulez-vous... entrer dans ma tente pour vous restaurer ?"



***

[DukeTogo]

Noirécu regarda une dernière fois Béric et toujours Myrosh par la même occasion.

"Il est p'tet temps de te faire aider, alors. On va se revoir, crois-moi."

A Darren en quittant le campement Castellane : "Non, je participe pas. J'ai pas assez d'amis, ou pas assez d'argent ou bien je suis trop bâtard pour ça ! Sans offense pour le Fourreau Magique, hein."

HRP : L'occasion est bonne pour rappeler certaines réalités. La participation aux tournois n'est pas acquise d'office parce que vous êtes des PJs. Il faut sans doute mouiller la chemise pour y arriver. Et ce que dit Noirécu confirme qu'il faut sans doute intriguer, trouver les bons appuis, etc... Enfin, pour les moins chanceux - ou les moins riches - et les grands malades, il reste la grande mêlée : un beau foutoir avec des équipes d'adversaires qui s'affrontent au sol, tout style confondus, épée, hache, casse-tête, etc... Les accidents - du genre définitif - n'y sont pas rares. Dois-je dire que les adversaires ne se saluent pas vraiment avant de s'en mettre plein la face ? Bref, la grande mêlée, c'est pour les badass, les bonhommes ou les inconscients. L'incident Tyrell à Rubriant a fait que le tournoi y fut écourté et qu'il n'y eut pas de grande mêlée alors.

[Iris]

Aleth songeait qu'il lui faudrait rendre visite plus souvent à Dame Adrienne. La dornienne était désormais ce qui se rapprochait le plus d'une amie -- chose qui manquait grandement dans sa vie. L'attention des hommes sur le campement était le cadet de ses soucis, et elle n'attendait rien d'aucun d'eux.

Un audacieux d'une Maison modeste -- et sans doute d'origine obscure au vu de cet étrange blason surchargé -- vint à elle pour ... lui parler de ses ancêtres et l'inviter à entrer dans sa tente ? Elle resta interdite une seconde avant de réprimer un sourire un peu ironique : "Il ne manque pas d'air !"

" Merci pour ces explications et cette invitation. " s'appliqua-t-elle à dire poliment tandis qu'un diablotin lui soufflait de dire ce qui lui brûlait les lèvres :

" Si j'ai faim, je me restaurerai à ma tente. Je suis Aleth Castellane. Trois tours dorées sur fond cramoisi."

Si la rumeur détestable avait circulé jusqu'ici, il devrait déjà en être quitte pour regretter de lui avoir parlé, mais son diablotin la poussa à poursuivre :

" Quant à entrer dans un espace, seule avec un homme, je ne le fais que si je souhaite effectivement me retrouver seule avec lui."

Et toi, Ser Jonothor à l'ancêtre briseur de lance, tu ne m'as pas donné envie de te rejoindre !

Si Aleth était plus acidulée que par le passé, elle n'était pas vraiment sarcastique, presque de bonne humeur -- selon le nouveau standard.

Le souvenir malgré tout des bonnes manières et du souci d'autrui longuement intégré la poussèrent, à adresser un salut poli de la tête, s'attendant à ce que la conversation s'arrêtât et poursuivre ses déambulations exploratoires.

[DukeTogo]

Ser Jonothor tiqua, s'apprêtant à dire quelque chose mais se ravisa. Il hocha finalement la tête la bouche pincée, renifla et lâcha en claquant les talons.

"Alors, à plus tard, lady Castellane."

HRP : Aleth fait un jet d'empathie suivi d'un jet de vigilance. Tu me donnes les résultats par Messenger, stp

En s'éloignant, lady Aleth eut le sentiment que ser Jonothor voulait effectivement l'entretenir, pas necessairement pour retrousser ses jupons. Qu'importe, elle serait surement amener à le recroiser. Vu le gabarit de l'homme, nul doute qu'il ne fera pas que de la figuration durant le tournoi. Elle vit un peu plus tard un petite spectacle. Une jeune fille faisait un numéro de marionnettes en chantonnant, c'était assez désuet et touchant. En mettant la main à sa ceinture, elle se rendit compte qu'il lui manquait une bourse. Etait-elle tombée ? Non, le lien pendait, coupée net. Nerveusement, elle regarda autour d'elle pour avoir ce sentiment désagréable que tout le monde est coupable et personne ne l'est.

Cet homme qui fait semblant de brosser un destrier ? Cet écuyer qui la regarde avec un petit sourire malin ? Sa chambrière qui fait mine de ne pas comprendre ? Ces deux chevaliers qui discutent sur elle à voix basse ?

Son humeur lui jouait t'il des tours ? Il ne manquait qu'un corbeau pour croasser à tue-tête. Port-Real. Ser Predeaux. La Maison de la Soie. Et quelque part, un ennemi - voire plusieurs - qui manipulait un complot d'envergure au détriment de la maison Castellane.

[grayfoxliquid]

Gyles restait un peu interloqué quand le sinistre Noirécu sortait du campement Castellane.
Il aurait voulu savoir ce qui venait de se passer, mais commença par saluer Darren qui était enfin arrivé.

"Bonjour Darren, je suis heureux de te voir à nouveau parmi nous, mon ami. J'espère que tu as fait bonne route."

[Iris]

Aleth avait songé un instant à rattraper Se Jonothor pour s'excuser d'être aussi malpolie, mais il avait disparu. Si elle le revoyait, elle irait lui demander pardon. Elle n'avait toujours pas envie de bavarder, mais elle l'avait mal jugé et c'était une faute qu'elle tenait à réparer si l'occasion lui en était donnée.

Traînant sa mélancolie jusqu'à un spectacle, elle découvrit qu'elle avait été détroussée. Elle n'avait pas mis les pieds à Port-Réal même qu'elle détestait cette ville de toutes les fibres de son être. Cette mésaventure lui apprendrait à faire plus attention à son argent. Intérieurement, elle avait un débat très déplaisant avec elle-même, s'accablant de bien des torts.

"De toute façon, je ne pourrais pas être volée davantage." commenta-t-elle à mi-voix à Hostella, et elle entreprit de terminer la visite du campement, en s'efforçant d'entendre qui participait et qui était présent, ce qui se disait aussi. Pour l'heure, elle ne reconnaissait rien, ni personne. Elle avait entrevu le camp des Tyrell, et songea à Darren, et non loin il y avait un blason qui lui évoquait la Maison Martel.

Ne trouvant rien de mieux à faire, elle retourna aux tentes Castellane et trouva là-bas Béric, Darren et Gyles.

Darren eut droit à l'esquisse d'un sourire : "Ah tu es arrivé."

" Béric t'as dit pour le duel ? Les Harte-Manning nous ont accusé devant le roi d'avoir massacré des gens de leur domaine. Béric doit affronter Ser Kevan Manning en duel, toute à l'heure. "

" Darren, je n'ai pas réussi à obtenir un accès au bal de la Reine. Autant dire que j'aurais du mal à t'obtenir facilement une inscription au tournoi. J'ai vu les tentes des Tyrell non loin de celle des Martell je crois. Tu t'étais plutôt bien entendu avec certains des fils Tyrell : tu auras sans doute de meilleures chances de t'inscrire en obtenant leur soutien."

" Et Myrosh ma foi, son ami prêtre rouge l'aidera peut-être ?"

La main glissant vers la bourse qui aurait dû s'y trouver, elle compléta d'une mine sombre et résignée : "Ah oui, il y a des voleurs."

Elle s'assit avec un soupir avant de reprendre : "Nous sommes attaqués, cela ne s'arrêtera pas là. Nous sommes trop ignorants : il nous faut en apprendre en plus."

"Gyles, nous avons besoin de vous. D'où vient la rumeur, qui la répand... qui fait quoi... Et si vous entendez parler de la Confrérie de la Liberté, cela peut être important. Je crains qu'ils ne soient ici nos ennemis. Ah oui, et voyez s'il y a une fête à part le bal de la reine, histoire de ne pas rester à nous morfondre le soir. "

[Crépuscule]

Port-Réal ... la foule ... un tournoi ... des chevaliers, des chevaux, des ladys peut être futures reines d'amour, l'odeur de la poussière, des chevaux, de la sueur ... pas de doute, cette ambiance était unique et faisait son bonheur à ce jeune homme rêvant un jour d'être dans la lumière de ces jeux, mais pour l'heure, il était dans l'ombre, mais ça avait aussi ses avantages, personnes ne faisait vraiment attention à vous quand vous êtes au service des autres.

Sans tâches immédiates à accomplir, et sans surveillance non plus, il s'était éclipsé de sa tente, la laissant sous la vigilance des lépidoptères, partant de son côté papillonner ça et là, se glissant d'un camp à l'autre, laissant chacun de ses sens capter chaque parcelle de cette essence qui faisait les tournois, cherchant à ne perdre la moindre once de cette chance qui lui était donné d'être présent au tournoi de Port-Réal.

Il avait repéré dans la foule un visage qu'il avait déjà vu, c'était au tournoi de Rubriant. Il n'avait pas lâcher des yeux Béric, le vainqueur, caché entre les tentes en bout de lice (où il n'aurait pas dû se trouver). Quel homme ... il en était d'ailleurs peut être un peu jaloux, sa reine de beauté l'avait aussi dévoré des yeux, comme il aurait avoir droit à un tel regard. Et puis Béric avait rejoint ceux de sa maison, et cette lady était là.

Il allait la suivre, il voulait croiser le chevalier fraîchement adoubé avant que son père le mette au travail.

La lady semblait soucieuse ... et inattentive, mais heureusement, il était là. Elle était aussi élégante et charmante, et sa chambrière n'était pas déplaisante à regarder non plus. La lady avait pénétré dans une des tentes de son campement, sa chambrière s'attelait à une nouvelle tâche à l'extérieur. Il se faufila jusqu'à elle.

"Bien le bonjour jolie demoiselle. Je me demande quel nom pourrait être à la hauteur d'une telle beauté.
Je m'appelle Joango ... "

Joango était un jeune garçon aux cheveux brun un peu fous, svelte et les traits fins, sans un physique très développé pour son âge, à première vue 13 ou 14 ans. ll tendit la main vers les cheveux de la jeune fille et d'un mouvement de doigts, fit apparaître une pièce qu'il lui tendit.

"... c'est pour toi, un cadeau de ta maîtresse."