TdF chap. 2 - Le sens des affaires

[darkbaron]

Trop de questions... Encore des questions... Toujours des questions... Lady Aleth avait dû venir au monde en posant des questions au lieu de hurler comme tous les bébés. Définitivement, dans la famille Castellane, le ménestrel préférait le père un peu rustre, le gamin timide et la gamine taciturne. En plus, cette dernière avait même ri lors de son dernier numéro... Même la mère lui semblait plus agréable ! Elle n'avait pas l'air de l'apprécier, certes, mais au moins, elle avait le bon goût de ne pas l'importuner avec toutes ces questions. Gareth préférait encore le mépris silencieux à une curiosité déplacée et franchement suspecte.

Bien, il était temps de fournir d'autres réponses en priant les Sept pour ne pas avoir à le refaire. Il aurait préféré pétrir avec la boulangère plutôt que de subir un tel interrogatoire...

"Vous savez, les troupes accueillent volontiers les orphelins un peu débrouillards ou plutôt doués et il se trouve justement que j'étais les deux à la fois. Elles remarquent rapidement ceux qui sont particulièrement adroits en les observant dans les tavernes et dans les rues. Pour un gamin des rues, c'est une opportunité qui ne se refuse pas. On n'aura sans doute pas une autre occasion comme celle-là... Dans les rues, il y a fort peu d'espoir de s'en sortir et il faut saisir la moindre chance qui se présente à nous, aussi folle soit-elle. Cela vous surprend peut-être, mais vous ne connaissez pas cela aussi bien que moi."

Il s'interrompit ensuite un moment et réfléchit aux questions suivantes avec de reprendre :

"Au sujet de mon errance, j'ai fait partie de troupes et j'ai entre autres visité Riverrun et le domaine des Tarly."

Oui, c'était bref, mais à dire vrai, il n'avait plus vraiment envie de prendre le temps de répondre à toutes ces questions.

"Et je préfère éviter de donner des noms de domaines, si cela ne vous dérange pas. Les rumeurs peuvent aller très vite et je n'aimerais pas en avoir certaines sur le dos..."

D'un point de vue plus pragmatique, Gareth ne connaissait pas tous les liens qui unissaient les maisons : et si une des familles qu'il évitait avait des amis ou des alliés ici ?

"Concernant Waterford, j'ai entendu que le coin était agréable et que les habitants savaient se montrer accueillants. Je l'ai effectivement constaté."

Voilà. Il ne voyait plus l'intérêt de s'étendre davantage. Il en avait assez d'être cuisiné sans connaître les raisons de sa convocation de si bon matin, ni l'intérêt de toutes ces questions.

Finalement, Tristifer mit fin à ce supplice et révéla les raisons de sa présence en ces lieux. Enfin... Il n'aurait jamais cru voir tout cela cesser ! Il bénit intérieurement son sauveur plusieurs fois et écouta avec intérêt ce que ce dernier avait à lui dire. Cela confirmait plus ou moins les rumeurs qu'il avait entendues au sujet du port. Oui, Gareth avait entendu parler de trafic au port et s'était rendu sur les lieux dans le but d'obtenir quelques renseignements qui auraient pu lui rapporter gros, mais il était malheureusement tombé sur trois hommes qui l'avaient poussé dans une ruelle et agressé. Tristifer lui demandait tout simplement de refaire la même chose...

Que dire sinon que c'était... Parfait ? Il imaginait déjà tous les sous dans sa bourse. C'était une offre qu'il ne s'imaginait pas refuser... En plus, Tristifer reconnaissait qu'il était un homme de goût ! Qu'il était charmant...

"Messire, j'avais entendu parler de ces rumeurs et, à dire vrai, je ne vous ai pas attendu pour essayer d'obtenir des renseignements que le seigneur, j'en suis sûr, aurait grassement payés. J'aurais probablement déjà tous les renseignements que vous demandez si je n'avais pas été attaqué par trois malandrins ! Enfin, c'est le passé. S'il y a de la contrebande, je la découvrirai très rapidement. Vous pouvez compter sur moi."

Cela signifiait-il qu'il pouvait disposer ? Sans doute... Que pouvait-on lui demander de plus ?

[DukeTogo]

"Messire, j'avais entendu parler de ces rumeurs et, à dire vrai, je ne vous ai pas attendu pour essayer d'obtenir des renseignements que le seigneur, j'en suis sûr, aurait grassement payés. J'aurais probablement déjà tous les renseignements que vous demandez si je n'avais pas été attaqué par trois malandrins ! Enfin, c'est le passé. S'il y a de la contrebande, je la découvrirai très rapidement. Vous pouvez compter sur moi."

"Hum. Bon, soyez vigilant, ne sous-estimez pas non plus ce gros porc même si en tant qu'étranger, il n'a pas de raison de se méfier de vous. Comment vous obtiendrons ces informations reste de votre ressort.
Hier, vous avez été récompensé pour de belles histoires. Vous le serez davantage avec du factuel. Ce que vous découvrirez, vous me le direz autant que vous le direz à ma nièce. Et si vous avez bien le talent que je vous crois posséder, il est fort possible que vous trouvez en nous un généreux mécène."

Tristifer mettra fin au rendez-vous en proposant un verre de vin du château à Gareth et Aleth et porta un toast, ce qui surpris pour le moins Aleth et Gareth.

"Que l'intelligence triomphe des faquins!"

Visiblement, Tristifer aimait la compagnie de gens qui réfléchissaient vite et qui ne se décomposaient pas pour un oui ou un non. C'était clairement des points qu'ils avaient en commun tout trois.

[Iris]

Aleth était déçue. Elle s'était lamentablement ramassée en imaginant que... Elle était dépitée et ne pouvait guère se consoler que du fait que le domaine n'avait pas d'ennemis...

"Gareth. Vous êtes un étranger et pas un idiot. J'attends de vous que vous vérifiez certaines malversations dont je suis convaincu. Elles se produisent ici, dans mon domaine. Un gros porc nommé Lyndal Flowers, qui se fait passer pour pauvre - ha -, détient la quasi exclusivité du marché de Waterford. Cet homme à un entrepôt sur le port. Nos hommes ne peuvent pas le fouiller sans raison. J'en viens à penser que cet escroc a peut-être même plusieurs de nos gardes dans sa manche..."

De la contrebande ?.. Elle comprenait mieux pourquoi Tristifer avait besoin d'un étranger qui n'attirerait pas l'attention... Contrebande... Cela l'amenait à songer aux menaces contre les bandits... Que faisait Tristifer contre les brigands ? ... avait-il aussi des espions et des agents pour les débusquer ?... Manifestement elle n'avait pas eu accès aux registres qui étaient liés à ces affaires.

"Messire, j'avais entendu parler de ces rumeurs et, à dire vrai, je ne vous ai pas attendu pour essayer d'obtenir des renseignements que le seigneur, j'en suis sûr, aurait grassement payés. J'aurais probablement déjà tous les renseignements que vous demandez si je n'avais pas été attaqué par trois malandrins ! Enfin, c'est le passé. S'il y a de la contrebande, je la découvrirai très rapidement. Vous pouvez compter sur moi."

Voilà qui expliquait l'idée d'aller sur le port... L'affaire était donc classée et Aleth s'efforçait de rester neutre tout en se sentant particulièrement stupide d'avoir cru à un véritable problème alors qu'il n'y avait rien. Tout était éclairci.

... Mais cela signifiait aussi qu'elle pouvait retourner s'occuper de son septuaire et de son dispensaire... Vu l'erreur grossière qu'elle avait commise en matière d'évaluation de l'étranger, elle devait admettre qu'elle n'avait aucune compétence dans ce domaine et devait faire avec, en ne s'en mêlant plus.

...Ce que vous découvrirez, vous me le direz autant que vous le direz à ma nièce. ...."

?!... Aleth ne comprenait pas... déjà... qu'est-ce qu'elle venait faire là-dedans ?... Et puis elle-même, vu la nullité de ses hypothèses, ne se serait pas fait confiance... Elle regarda Tristifer, sourcils un peu froncés, essayant de saisir la logique profonde et la pensée de son parent...

"Que l'intelligence triomphe des faquins!"

La jeune fille se contenta de boire un peu, par convenance, plus que par souhait... Boire du vin en début de matinée n'était vraiment pas une habitude pour elle, et elle ne tenait pas à ce que cela le devînt.

Une fois l'entrevue terminée, Aleth quitta les deux hommes avec un salut bref, marchant dans les couloirs d'un pas songeur et assez lent en vue d'aller à l'écurie prendre un cheval pour aller au marché.

[Maëlys]

Arrivant le matin de bonne heure en compagnie de Jolan au marché, Béric fit un petit tour de façon à s'imprégner des rumeurs de ce début de marché.
Les mêmes mots qui revenaient sans cesse au fil semaines.
Après ces quelques formalités, il se mêla un peu plus à la population tout en parlant avec le jeune Hastwyck :

"Une fois qu'il a admit que Waterford n'était pas la pire des villes, il donnait une meilleure impression... Sûrement qu'il a un bon fond mais il ne doit pas avoir voyagé autant qu'il le dit ou bien il a vécu dans son écrin doré...
On verra bien ce que cela donne au cours des jours suivants, si il reste dans le domaine."

"Dans tout le cas, si elle n'est pas là, cela ne t'empêcheras pas d'ouvrir l’œil. Avec ce qui se passe désormais à Waterford je ne serai pas étonné que des hommes se mettent à voler ouvertement le jour du marché ..."

"Et d'ailleurs, si tu veux continuer à emmener Lady Aleth avec toi comme seule escorte, il faudra envisager de t'entraîner de nouveau. L'arc ne te sauvera pas dans les ruelles, ni si ils arrivent proche de toi. J'attends le pire maintenant avec la bande de Thalia Penn et qu'ils enlèvent un des enfants n'est pas à négliger."

[darkbaron]

Le ménestrel but le verre, heureux de voir la situation s'arranger, et songea à sa nouvelle mission quand une idée audacieuse lui vint à l'esprit. Après avoir trinqué, il l'exprima :

"Messire, je suis hébergé par de bonnes gens qui m'ont accueilli sans poser de questions et je ne veux pas leur causer de problèmes. Des hôtes aussi bons méritent d'être traités avec égard, d'autant plus que j'ai partagé le pain et le sel avec eux. Si ce Flowers me soupçonne de me mêler de ses affaires malhonnêtes, il leur fera sans doute du mal. Une telle idée m'est insupportable."

Voilà pour l'introduction. En un sens, c'était vrai : il ignorait de quoi Flowers pouvait être capable afin de préserver ses affaires illégales. Le regard sur son interlocuteur, il reprit :

"Dans l'intérêt de tous, et afin d'assurer ma protection en cas de représailles de Flowers, je pense donc qu'il est préférable que je sois hébergé au château, où je serai ainsi à l'entière disposition de messire chaque fois qu'il aura besoin de s'entretenir avec moi. En outre, si le seigneur son frère et sa famille ont besoin de se distraire, je pourrai jouer pour eux chaque fois qu'ils le désireront."

Il se tourna alors vers Aleth afin de lui adresser la parole, ce qu'il fit avec un sourire aimable et une voix plus humble :

"Si cela ne vous dérange pas, bien sûr ? Je compte bien divertir la cour au repas du déjeuner aujourd'hui-même... Et comme je suis d'humeur joyeuse, j'offrirai une fleur à la plus belle demoiselle du château."

Il acheva sa dernière phrase par un léger clin d’œil. Il se demanda alors s'il n'allait pas regretter ses dernières paroles. D'un autre côté, n'était-ce pas de son devoir d'être poète et fou ?

"Tous les hommes sont fous et tous les hommes sont chevaliers quand il est question de femmes", comme dit Florian le Fou.

[Iris]

"Dans l'intérêt de tous, et afin d'assurer ma protection en cas de représailles de Flowers, je pense donc qu'il est préférable que je sois hébergé au château, où je serai ainsi à l'entière disposition de messire chaque fois qu'il aura besoin de s'entretenir avec moi. En outre, si le seigneur son frère et sa famille ont besoin de se distraire, je pourrai jouer pour eux chaque fois qu'ils le désireront. [...] Si cela ne vous dérange pas, bien sûr ? Je compte bien divertir la cour au repas du déjeuner aujourd'hui-même... Et comme je suis d'humeur joyeuse, j'offrirai une fleur à la plus belle demoiselle du château."

Passer de potentiel espion à hôte du château en une demi-heure, c'était un peu rapide pour Aleth... En outre elle n'avait pas l'impression que sa mère apprécierait beaucoup alors qu'elle s'était exprimé la veille en incitant le voyageur à loger en ville et refusant qu'il donnât des cours de musique... Cela ne plaisait pas à Aleth d'aller frontalement à l'encontre de sa mère, et la faiblesse des délais allait certainement causer des soucis. Enfin, un autre problème pratique, et plus aisé à expliquer la dérangeait :

" Si vous logiez ici, cela se saurait très rapidement : vous ne seriez plus vraiment un étranger au domaine qui pourrait bénéficier de l'effet de surprise pour ce qui est d'en savoir plus sur les affaires apparemment douteuses de ce marchand... Vous risqueriez même d'être identifié comme un agent de Tristifer... "

A fortiori si des gardes étaient corrompus et pouvaient servir d'informateurs ?...

Aleth regarda d'une expression pratiquement neutre le compliment quant à son physique, mais elle était trop préoccupée pour y réagir autrement que par un soupçon d'émotions mêlées difficiles à distinguer les unes des autres même pour elle.

Son oncle allait sans doute s'exprimer à son tour. Si ce dernier optait pour accueillir malgré tout le ménestrel au château, il se débrouillerait avec sa mère... mais s'il lui conseillait de rester au village (ce qui, à court terme, paraissait plus censé à Aleth), elle aviserait. Pour l'instant elle réfléchissait.

[DukeTogo]

"Par les Sept ! La vieille bique avait donc raison..." Tristifer réfléchissait en observant avec intensité Gareth et se tournant de temps en temps vers sa nièce.

"Hum... Non. On ne va pas vous héberger ici dans l'immédiat. Personnellement, cela me serait égal tant que vous ne fouiniez pas dans mes affaires. Mais il se trouve que votre coté frivole n'a pas échappé aux personnes les plus strictes de la maison qui ne veulent pas courir le risque de transformer le château en garçonnière à chansonnier. Cependant, si c'est une fin en soi pour vous, il vous faudra être patient. Disons... qu'un homme reçoit ce qu'il mérite quand il mérite.

Allez donc à l'auberge et ne nous mêlez plus à vos histoires de couchage."

Puis comprenant que Gareth était sans le sou, il hésita un moment, regarda une bourse sur le coin de la table, s'aperçu que Gareth la voyait aussi et puis lui dit : "Ne perdez pas davantage de temps. Le marché à déjà commencé. Lyndal Flowers sera reparti d'ici ce soir. Ne vous représentez ici que si vous avez du concret à nous donner."

Gareth comprenait qu'il n'aurait pas d'acompte. Tout comme il n'aurait pas d'argent s'il n'apportait pas les réponses qu'attendait Tristifer.

"Allez." Le geste vif de Tristifer désignait la sortie de son bureau. Aleth en vint à se demander si l'ordre péremptoire s'appliquait à elle aussi car déjà son oncle prenait un livre et appelait "Corvin! Corvin! Vous êtes où bon sang quand on a besoin de vous?"

[Iris]

Aleth garda le silence... et s'efforça, autant que possible de conserver une expression neutre alors que son oncle traitait sa mère de... vieille bique ?! ... ?!... Certes elle n'avait plus vingt ans, mais elle restait plus jeune que Tristifer !... et tout de même très belle pour son âge... et très digne et... bref : le qualificatif était injustifié à tous points de vue.

... "le côté frivole" ?... "garçonnière à chansonnier" ?... Sa mère soupçonnait que le ménestrel pourrait se comporter comme un séducteur impénitent ?... En même temps, avec ses histoires de fleur... et refroidie par les révélations sur Jolan, Aleth était toute disposée à s'attendre au pire en la matière de la part de n'importe quel homme à présent... Le raisonnement était simple : si les meilleurs défaillaient, alors a fortiori ceux qui avaient moins de principes moraux. Ah... elle ne se sentait pas du tout disposée à fondre devant les charmes du ménestrel. De toute façon, elle ne comptait plus fondre devant qui que ce soit. Les hommes se valaient bien, et elle ne pourrait se porter que mieux de repousser son mariage vers un lointain futur.

Mise à la porte, tandis que son oncle hyperactif passait au dossier suivant, Aleth entreprit de se diriger vers l'écurie. Sans spécialement regarder le ménestrel et sans émotion particulière :

" Je ne connais pas les prix pour avoir une chambre à l'auberge ou louer une petit logement en ville pour une semaine ou un mois... j'imagine cependant que je dois pouvoir vous avancer quelques cerfs, le temps que vous puissiez vous organiser et gagner votre argent par vos moyens. Ainsi vous n'aurez plus à craindre pour ces braves gens qui vous logent, et peut-être pourrez-vous même trouver une chambre avec une vue ou un emplacement qui facilite vos investigations si elles devaient durer."

" Autre chose... vous avez entendu parler de contrebande ?... mais par quel biais l'avez-vous appris ?... Voyez-vous une bande de brigands sévit obstinément dans les environs... je me dis que la contrebandes et le brigandage ne sont peut-être pas des activités si éloignées l'une de l'autre... "

Et si ce n'est pas le cas, le domaine est bien malchanceux d'avoir à subir les assauts de brigands et de contrebandiers, en plus de gardes corrompus...

" Si les gardes ne sont pas tous fiables, du moins... un soupçon pèse sur certains apparemment... en revanche le maître d'armes Béric Kardalt, que vous connaissez déjà, est un homme d'honneur qui entraîne à l'occasion des gardes au château... Il pourra sans doute vous aider. Je ne crois pas me tromper en disant que vous pouvez avoir toute confiance en lui et demander son aide pour démasquer les agents corrompus. N'hésitez pas à vous ouvrir à lui directement pour toute matière relative à la sécurité dans le domaine. "

Certes, Tristifer avait dit de faire remonter les données à Aleth ou lui... mais Aleth estimait que l'enquête serait plus efficace en y mêlant au moins Béric.

" J'ai à faire au marché."

Concrètement elle alla signaler qu'elle demandait un cheval (a priori celui qu'elle avait l'habitude de monter), et requerrait une escorte pour se rendre au marché.

...

[darkbaron]

La réaction de Tristifer surprit quelque peu le ménestrel : "la vieille bique avait donc raison" ? Qui était cette vieille bique ? La dame du château ? Si c'était bien d'elle qu'il s'agissait, elle l'aimait encore moins qu'il l'avait cru, mais que pouvait-il faire contre ses préjugés ? C'était une bique désagréable... Peut-être pas vieille, certes, mais elle avait décidé de ne pas l'aimer pour il ne savait quelle raison.

Je prie la Jouvencelle pour que ses filles ne tournent jamais comme elle avec l'âge. Ce serait dommage pour de telles demoiselles...

Le musicien ne releva pas non plus toutes les accusations qui pesaient contre lui. Il était artiste, pas client ou gérant de bordel ! Certains nobles sont plus décadents que lui...

Dépité, Gareth salua Tristifer d'un signe de tête et sortit. Il avait compris qu'il ne pouvait plus rien tirer de lui. Non, pour obtenir quelque chose de ce noble si désagréable, il lui fallait des renseignements fiables et intéressants au plus vite... Au moins, il pouvait disposer et faire ce qu'il voulait pendant le reste de la matinée. Non, même pas... Tristifer venait de le charger d'enquêter au marché.

Une fois à la porte, il entendit avec surprise la fille du seigneur lui proposer son aide. Après avoir refusé l'hébergement ? Curieux... Ne crachant pas sur une main tendue, il se tourna vers elle pour lui répondre.

"Je vous remercie pour votre aide, mais je ne pense pas qu'elle soit utile. Que je sois dans une chambre d'auberge ou chez l'habitant, je ne serai en sécurité nulle part, et ceux qui m'hébergent non plus car il suffit de peu d'hommes pour attaquer une demeure ou une auberge. Comme j'en ai fait l'expérience, des malandrins rôdent dans votre port et nous savons en plus qu'il y a des contrebandiers et, comme vous venez de le rappeler, des brigands. Les pauvres gens ne sont probablement à l'abri nulle part... Seuls vos murs offrent une certaine protection, je le crains. Aucun brigand n'oserait vous assiéger."

"J'écoute toutes les rumeurs, aussi bien dans la rue que dans les auberges. Qui les a prononcées ? Je ne sais plus... Les gens aiment parler des activités malhonnêtes ou louches."

"Compris, je me fierai à ce Béric Kardalt s'il le faut, mais je dois vous avouer que je n'aime pas trop les hommes d'armes. Pour quelques honorables, combien qui ne valent guère mieux que des brigands ? J'étais à Port-Réal quand les hommes du Lion ont attaqué, menés entre autres par le chien enragé aussi haut qu'une montagne... Vous vouliez connaître le nom d'un domaine que je ne visiterai jamais. Si le sujet vous intéresse, voici justement le nom de la Maison dont jamais mes pieds ne fouleront les terres : Clegane. Si vous connaissez le seigneur de cette Maison, vous ne pourrez qu'être d'accord avec moi."

Il y avait une pointe d'amertume dans sa voix. C'était indéniablement un sujet qu'il détestait plus que tout...

La dame voulait se rendre au marché. A priori, il était lui-même quelque peu contraint de s'y rendre. Dans de telles circonstances, une seule réponse était possible.

"Bien. Je dois m'y rendre également. Je vous accompagne !"

[Iris]

Aleth se contenta d'un imperceptible haussement d'épaules. Si le ménestrel ne voulait pas d'aide, eh bien, à sa guise, elle n'allait pas lui dire comment gérer son affaire.

Si le sujet vous intéresse, voici justement le nom de la Maison dont jamais mes pieds ne fouleront les terres : Clegane. Si vous connaissez le seigneur de cette Maison, vous ne pourrez qu'être d'accord avec moi.

" Je ne suis pas sûre que ce que je suis susceptible d'apprendre au sujet d'une Maison soit du même ordre que ce que vous aurez pu découvrir à l'occasion de vos déplacements."

" Que s'est-il donc passé pour que vous soyez si déterminé à les éviter ?"

Gareth tendait la perche pour décrire ce qui lui était arrivé ou ce qu'il avait appris ? ... Peut-être aurait-il le temps d'en dire quelque chose avant l'arrivée à Waterford.

Une fois sur place, Aleth confierait son cheval à la garde et se dirigerait avec son escorte en direction du marché.