TDF Chap. 12 : Sept jours pour agir

[Iris]

Aleth se doutait que la nouvelle provoquerait un choc, mais n'avait pas anticipé sa violence. Elle soutint de son mieux sa mère, désolée de ce qu'elle lui infligeait, et pourtant, elle préférait cette vérité à une nouvelle dissimulation. La plaie suppurait, il fallait couper et libérer le corps du poison qui le rongeait insidieusement. Ce choc, elle priait pour qu'il pût être salvateur -- préparer une aube nouvelle.

"Mère..." murmurait-elle avec toute la tendresse contenue d'années à tenter d'être à la hauteur du souvenir de Dugal tout en étant confinée à son rôle de fille -- d'ombre.

" Ce que nous avons appris ce soir est horrible, mais c'est fini. Corwin est mort. "

" Personne n'a rien vu. Ce n'est pas juste de vous qu'il s'agit. Il est arrivé dans notre Maison quand Dugal est mort. Ces circonstances exceptionnelles et un talent démoniaque pour le mensonge lui ont permis de tisser sa toile, de prospérer dans la dissimulation et les ombres. Une fois qu'il était installé, il était bien plus difficile à déloger car nous lui avions donné notre confiance et notre affection. Nous ne pouvions imaginer pareille vilenie car aucun de nous n'a un fond aussi noir, parce que nous n'avions jamais été confrontés à tant de duplicité."

" C'est pour cela que je voulais que vous connaissiez la vérité. Les secrets sont trop facilement utilisés par des gens mauvais qui utilisent la honte comme paravent. Ils mentent, manipulent, trichent et méprisent tout ce qu'il y a de bon et de beau dans ce monde. "

" Nous connaissons la vérité et ce savoir, si douloureux qu'il soit, nous rend capables d'agir. Nous pouvons rendre le sourire à Lysanor. Pensez à Gyles : Corwin ne haïssait car le ménestrel avait le pouvoir d'arracher Lysanor à son emprise malfaisante. Si elle pouvait rire alors que ce monstre vivait et sévissait, alors il y a encore de l'espoir. Nous savons enfin de quel mal elle souffrait, nous pouvons enfin l'aider à guérir et revivre. "

"Mère, il fait nuit et froid, mais le jour se lèvera à nouveau."

[DukeTogo]

La vive réaction de Myrosh auraient pu surprendre les deux voyous mais ils étaient sur leur gardes. Cependant, ils furent surpris de la rapidité du prêtre rouge malgré sa démarche caractéristique. Frappant fort, il assomma net le premier venu. Le second riposta, son poing atteignant l'épaule de Myrosh sans parvenir à vraiment le bousculer. L'homme d'Asshaï mis un terme à la bagarre rapidement. Son premier coup contre le vilain encore debout fut violent. Son adversaire tenta vainement de répondre par un coup de pied ridicule avant de perdre conscience ainsi qu'une dent quand le poing du prêtre rouge s'écrasa sur sa mâchoire.

HRP : J'allais te proposer de gérer tout seul le combat sur Donjon utilities mais je m'y suis collé, sur ma lancée...

Peu de temps après, il vit venir quelqu'un, attiré par le bruit engendré. C'était Robert Garrys qui reconnut les deux types comme des racailles et fut amusé de les voir ainsi tabassés. Il proposa au prêtre rouge de boire un verre au comptoir d'Harald le docker, un type immense de près de sept pied de haut. Peu avare en récit, le capitaine du port expliqua que les voyous du coin ne lui cherchaient jamais de noises depuis qu'il y'a plusieurs années, Harald avait littéralement lancé un malotru sur des caisses distantes de dix pas. Harald portait le front bas, ne parlait pas.

Garrys narra l'intervention plus tôt des soldats et de Béric pour récupérer toutes les affaires de Corvin, qui ne prendrait pas la mer. Le capitaine du bateau concerné avait gardé l'acompte versée par le mestre et quitter Waterford à la faveur d'une pleine lune.

[DukeTogo]

"Il y a un problème, Dame Adrienne ? Si cela concerne la façon dont... Lady Brock a quitté les lieux, sachez que j'en suis le premier surpris."
Même si j'ai déjà bien réfléchis à la question, rajoutais-je pour moi.

"Lady Brock ? Et bien..." s'étonna Adrienne en analysant la gestuelle de Darren, son intonation, jusqu'à son regard intense en citant son amante d'un soir.

"Un problème? dit elle pour reformuler, sourcil levé, la question du chevalier. "A dire vrai, je voulais m'enquérir de connaitre votre ressenti sur la qualité du confort de ma maison mais... je sais reconnaitre un homme peu enclin à la reconnaissance."

Elle devait avoir sentit l'agacement chez le chevalier.

"Soit. Ainsi faut-il vraiment que vous autres nobles, ayez grand besoin de moi pour me bien considérer... mais je vois que vous n'écoutez guère. Alors que c'est un jour où je me dépossède à bon prix de vêtements luxueux pour les gens de votre maison, je crois que je vais ranger le peignoir de soie fine de lady Brock plutôt que de vous le proposer. Et quand le souvenir ne vous suffira plus, que vous chercherez en vain des réponses, que vous voudrez retrouver son odeur, vous vous représenterez ici en souhaitant que je sois de bonne humeur et que je ne l'ai pas déjà fait laver."

Et de lui désigner la porte, les yeux plissés, pour qu'il quitte sa maison.

HRP : Cela fut compliqué à faire transparaitre dans les textes, mais lady Brock n'a jamais été vraiment toute nue, si ce n'est à la fin. Il faut imaginer que ce qu'on nomme peignoir ou voile soit plutôt de la lingerie sophistiquée composé de plusieurs pièces.

[DukeTogo]

Dame Guenièvre reprit son calme mais Aleth savait qu'elle mettrait beaucoup de temps à s'en remettre, si elle arrivait un jour à ne plus culpabiliser.

La mère et l'épouse en elle n'avait pas pour autant disparue sous la détresse. Les mots d'Aleth était justes et inspirants. Pourtant, de son point de vue, il fallait protéger Rhéomar et Lysanor. Le premier parce qu'il ne s'en remettrait pas et le fait que Corvin soit déjà mort le priverait d'un sentiment de justice. La seconde parce que s'il advenait que l'on apprenne la souillure endurée par Lysanor, cela compromettrait son futur, sa vie de lady et de dame un jour. Aleth pouvait comprendre le pourquoi du raisonnement de sa mère. La virginité était une condition importante de validation de la nuit de noce d'un mariage et l'exemple de lady Jalane Negrebar, encore aujourd'hui vieille fille puisque supposée "porte-poisse" à cause de la mort de l'héritier Dugal Castellane qui devait l'épouser à son retour de campagne aux Iles-de-Fer.
Pourtant, la droiture et la vérité étaient des vertus et des principes moraux qui avaient du sens pour la châtelaine. Ainsi, la lady devait convaincre sa mère si elle voulait tenir le cap qu'elle avait en tête.

HRP :
1/Tu vas réussir un jet de Convaincre / Persuasion (4D6+2 - Avantage charismatique) diff 15 pour la convaincre qu'il faut tout dire, comme tu l'as prévu. Ainsi, elle se range à ton intuition et décision.
2/Si tu échoues à ce test, tu peux toujours décider de suivre ton projet bien qu'elle désapprouve.
3/Enfin, si tu fais un échec critique (soit 10 ou moins, pour rater de 5 points), elle démonte tes arguments et te convainc de ne pas parler de ce qu'a subi Lysanor.
4/ Tu ne fais de jet que si tu maintien ton cap, ayant maintenant entendu son point de vue.

[Casaïr]

"La maison est parfaite, lançais-je sans ciller mais sans énervement. Je n'aurai jamais pensé trouver un lieu pareil ici, et je suis heureux d'avoir pu le voir au moins une fois."

Je me retournais pour franchir la porte, qu'elle que soit sa pensée quant à mes dires, je m'en moquais éperdument. Mais j'étais malgré tout sincère dans mes propos. De toutes façons, ce n'est pas avec ma bourse vide que je pourrais y revenir...

"Toutefois, rajoutais-je avant que la porte ne se ferme, aussi bien renseignée que vous puissiez l'être, ce n'est pas auprès de vous que j'irais quérir d'éventuelles informations. Je ne suis même pas certain qu'elle veuille me revoir de toutes les façons !"

Quant à récupérer ses effets d'une nuit...

Je riais jaune mais saluais tout de même une dernière fois la maîtresse de maison avant de m'en retourner d'un pas tranquille, bercé par de doux souvenirs.

[Iris]

Aleth était désolée et craignait que sa mère pût avoir raison quant à la faiblesse de son père. Rhéomar lui avait toujours paru être un roc, un modèle d'honneur et de droiture, mais peut-être était-il aussi faibles que d'autres -- comme Jolan...

Toutefois penser que Corwin pût l'emporter par delà la tombe, en la forçant à garder secret l'un de ses crimes les plus odieux la révulsait. Elle voulait que Lysanor eût la preuve qu'elle pouvait compter sur ceux qui l'aimaient, que Corwin avait menti, que tout le monde n'était pas mauvais ou uniquement préoccupé par les apparences.

"Mère... C'est terrible, mais je crois qu'il faut révéler la vérité, il faut que Père sache, afin d'exorciser définitivement le mal commis par Corwin. Tant que le secret perdure dans la honte parmi nous, il continuera de sévir alors même qu'il pourrira dans une tombe solitaire. Libérons-nous de lui."

" J'ai aussi d'autres révélations à faire -- moins horribles, rassurez-vous."

" Je crois qu'il est nécessaire de nous réunir, tous, et de chasser les ombres qui veulent nous étouffer et nous anéantir."

[DukeTogo]

C'est ainsi que peu après, furent réunis dans la grande salle lord Rhéomar, Tristifer, Jared, dame Guenièvre et lady Aleth, ces dernières ayant attendus l'arrivée des premiers.

Bien évidemment, ces messieurs, n'étaient pas très bien réveillés, plus particulièrement l'héritier. Tristifer sembla ne pas remarquer l'affection lisible sur le visage de la châtelaine et interrogea bille en tête :

"Alors, ma nièce ? As-tu des bonnes nouvelles à ramener des négociations avec lord Dulver ? Comment as-t'il trouvé notre vin ? Excellent, n'est ce pas ?"

Lord Rhéomar fronçait les sourcils, intrigué, posant une main sur celle de sa femme venu près de lui. Il y'avait un peu de bruit dans la cour. Un chariot venait d'arriver et Aleth en connaissait les occupants.

[DukeTogo]

Ser Darren fut donc dehors, dans une ruelle très faiblement éclairée. Il faisait froid mais il se sentait vivant comme jamais. Le Mur attendrait, la mort attendrait. Une part de lui avait envie de fêter ça jusqu'à plus soif. Avec Gyles, peut-être... Bah, comment pourrait-t'il comprendre d'être réveillé à une heure pareille pour l'histoire d'une mystérieuse lady sensuelle et si - ooh -, une qu'il n'aurait jamais la chance de connaitre ? Comment pourraient-ils tous comprendre ?

Oui, il était vraiment si tard que l'auberge devait être fermée. Darren sauta donc en selle pour rentrer au château après avoir chaudement remercié le palefrenier qui ne comprenait pas pourquoi le chevalier guilleret l'avait pris dans ses bras. Comment pourrait-il comprendre ?

Une bonne surprise fut de voir le nombre de soldat debout au milieu de la nuit, en plein conciliabule dans la cour, encadrant un chariot. Comment pourraient-ils comprendre ? Allant sans délai laisser sa monture à l'écurie, il entendit le bébé lynx-de-fumée miauler dans les combles. Celui-ci n'était pas le seul à avoir faim. Darren sentit son ventre réclamer des provisions après tout l'effort fourni. Dormir maintenant ou assouvir son appétit pour ne pas se réveiller avec un mal de ventre? Dormir peut-être, rêver surement. Pardi, cette dorniènne avait raison, songea-t'il en humant ses mains à la recherche de l'odeur de son amante qui s'estompait. Il n'avait rien d'elle en dehors de souvenirs et d'un nom.

HRP : Le chemin le plus court pour rejoindre les cuisines est bien sûr en passant par la grande salle.

[Iris]

Tout le monde était rassemblé. La grande salle était éclairées des bougies posées sur la tables. Les vastes espaces plongés dans l'obscurité, l'heure tardive et la fatigue contribuaient à donner une atmosphère irréelle, celle d'une longue nuit -- interminable. Il semblait à Aleth qu'il faisait perpétuellement sombre. Elle avait cru mourir au crépuscule, étouffée par les poisons de Corwin, et s'était ensuite éveillée dans un cauchemar, avant de plonger de nouveau dans les ténèbres, d'émerger encore dans une mer d'encre... La nuit, toujours la nuit. Une éternité qu'elle n'avait vu le jour.

La jeune Castellane prit une inspiration, cherchant ses mots, n'en trouvant aucun lui donnant pleine satisfaction :

" Je vous ai réuni pour vous faire part de nouvelles d'une extrême gravité. Elles portent sur des faits désormais passés... mais l'horreur est telle que leur révélation risque d'être bouleversante et détruire des certitudes. Ce que j'ai appris nous coûtera à tous beaucoup, mais j'ai l'espoir que ces vérités nous permettent également nous relever, plus forts -- et de fourbir nos armes contre nos ennemis. "

Comment dire ?

" Je vous demande d'être patient. Il y a beaucoup de faits nouveaux... et ... Père, Jared, Tristifer, vous n'aviez pu être informés des récents développements de sorte que..."

Que l'Aïeule m'inspire, ils ne savent même pas pour Corbin Celtigar ou Floki !

" Jolan, Corwin et la fille de l'aubergiste sont morts."

Par quoi commencer ? Comment parvenir seulement à expliquer toute l'affaire sans qu'elle devienne confuse ?

" Corwin était un traître -- de la pire espèce. Ses actes vont bien au-delà du simple fait d'avoir facilité les tentatives d'assassinat dont j'ai été l'objet."

Aleth jeta un regard du côté de sa mère qui ignorait ce "détail", et regarda toute l'assemblée. Elle ne souhaitait pas faire durer la tension, mais s'attendait à des réactions... au moins du côté de Tristifer.

[Casaïr]

Je flottais toujours sur les eaux calmes du souvenir alors que je mettais pied à terre pour conduire ma monture à l'écurie, reprenant juste assez mes esprits pour entendre le matou miauler de faim.

"Je vais m'occuper de toi, mon grand, attends voir."

Je grimpais pour le récupérer, lui grattais gentiment une oreille, puis redescendis l'échelle. De retour sur le plancher des vaches, c'est mon estomac qui se mit à grogner à son tour, accompagnant gaiement les suppliques du petit linx. Ignorant totalement à quand remontait le dernier repas de ce dernier, et ne sachant que trop bien la réponse concernant le mien, je pensais qu'avaler quelque chose nous ferait le plus grand bien avant d'aller nous coucher.

Je pris ainsi la direction des cuisines, prenant le chemin le plus rapide pour y parvenir, nécessitant pour ce faire de passer par la grande salle. Je pénétrais dans le château tout en jouant avec le chaton dans mes bras, évitant autant que possible ses petits griffes aussi pointues que des aiguilles. Toutefois, je fus surpris de voir de la lumière émaner de l'embrasure de la porte menant à la grande salle, et encore plus en entendant des vois. Incapable d'en comprendre le traître mot, et me demandant bien ce qui pouvait motiver des gens à se réunir ainsi à une telle heure, je frappais à la porte avant d'entrer.

Une soudaine appréhension s'empara de moi, mais je tâchais de la chasser, alors que je voyais Lord Rhéomar, son frère Tristifer et ma tante Guenièvre, Jared et enfin Aleth, tous assis à une extrémité de la grande table à l'exception de sa cousine. Pendant un temps qui me sembla bien trop long, je restais sur le pas de la porte, interdit, un filet d'eau glacée coulant entre mes omoplates. Que se passait-il maintenant ?...