TDF - Chap. 9 - Un fief (pas si) paisible

[Crépuscule]

Après l'entretien de son arc Jolan descendit au jardin et cueillit quelques fleurs, dont une rose trémière et laissa le bouquet sur le lit de sa soeur, à son intention. Il n'était pas doué avec les mots avec les gens qu'il aimait, peut être que ce geste serait plus efficace. Il se demandait si elle allait bien depuis l’événement de la veille et espérait les fleurs pouvait adoucir sa journée.

De retour à Waterford, Jolan alla sur la place du marché, prendre le parfum d'après la bataille, se demandant si ce village avait révélé la veille un nouveau visage.
Après avoir fait un passage par le dispensaire de fortune de la veille, il mena ses pas jusqu'au septuaire et s'enquit auprès de Tom de savoir comment il se portait.

Puis, après avoir laissé passer la première vague de propos Tomesque, il lui demanda également sur le ton de la discution s'il avait déjà voyagé en mer, et s'il connaissait des fables ...

Enfin, il finit par lui demander s'il avait vu Myrosh ce matin en ville. Visiblement, il n'était pas sorti de l'auberge. Il le remercia de quelques pièces qu'il pourrait dépenser à l'auberge s'il voulait bien dire à Myrosh que Jolan l'attendait aux écuries.

[DukeTogo]

Dame Guenièvre retourna vers la fenêtre, son regard alternant entre Darren et dehors. Le ciel était dégagé et il faisait beau et chaud à Waterford. La lumière baignait la chambre seigneuriale et la surface du grand tapis exposée au soleil avait perdu avec le temps l'éclat de ses couleurs.
"Avant d'être au service de ton père, la servante et... mère de... ton demi-frère travaillait dans une autre maison, les Piète dont nous sommes voisins. Un jour, ceux là recevaient Ser Gregor Clegane qui venait voir ses cousins. Tu ne peux ignorer l'horrible réputation de ce banneret des Lannister. L'alcool aidant, il s'est vanté de connaitre ce qui n'allait pas tarder à se produire. Qu'il y'aurait la guerre, que son suzerain lord Tywin s'y employait depuis que son héritier ser Jaimie s'est vu devoir renoncer à la succession des Terres de l'Ouest depuis sa nomination forcée comme Manteau Blanc au service d'Aerys Targaryen. Il a aussi assuré que les targaryens, tous les targaryens seraient tués ou égorgés y compris ceux qui avait une once du sang royal dans leurs veines. Clegane demanda qui dans la région pouvait prétendre à des liens de parenté avec les Targaryen. De ce qu'elle a racontée plus tard à ton père, cela n'était pas du goût de lord Piète bien qu'il n'ait jamais été un grand loyaliste dans l'âme. Clegane s'énerva et tua sur le champ un serviteur pour l'exemple. Des noms furent évoqués... y compris celui des Risley."

Guenièvre expira lentement.

* * *

Mestre Corvin avait sursauté quand Aleth l'avait rattrapé alors qu'il atteignait son office. Il l'invita à rentrer. L'endroit était poussiéreux, signe que les serviteurs n'étaient pas autorisés à y faire le ménage. Corvin n'avait pas autant de matériels que d'autres mestres, comme celui des Bulwer par exemple. Peut-être l'apanage de l'âge et de l'expérience. Aleth réalisa qu'elle connaissait assez peu ce lieu qui servait aussi de chambre au jeune mestre. Corvin poussa avec hâte des affaires comme quelqu'un qui voulait cacher le degré de chaos régnant dans son lieu de vie, à commencer par son lit qu'il ne devait jamais faire à en croire la mise en boule des draps et couverture. Corvin parvint enfin à maitriser sa nervosité et révéla avec joie un petit garde-manger. Il y'avait un peu de pain, de fromage, de lard, de raisin aussi. Corvin défit un torchon légèrement humide qu'il présenta à Aleth : "Tu reconnais ça? C'était ta pâtisserie préférée, Lysanor en raffole aussi. Sers-toi, je t'en prie."

[Iris]

" Des petites galettes des rois !" sourit Aleth en prenant le gâteau qui lui était proposé " Merci.". Plus elles avaient de pâte d'amande et meilleures elles étaient. Pour un peu la pâte d'amande suffirait (crue ou cuite d'ailleurs), avec son parfum de rose et d'amande amère.

La jeune fille fit quelques pas pour regarder à quoi ressemblait le monde de son ami, voir le monde par sa fenêtre, au travers des carreaux de vitrail en forme de losange. Heureusement qu'elle était entrouverte, l'entretien de la pièce laissait un peu à désirer... Poussière, fromage, lard, gâteaux et draps froissés dans la même pièce... Corvin ne s'en rendait sans doute pas compte -- la force de l'habitude--, mais il y avait une odeur... particulière... Pas tout à fait celle de la chambre de la jeune fille, souvent aérée, proprette, avec ses fleurs et ses huiles parfumées...

Cherchant un sujet de conversation en grignotant, elle regarda un peu au dehors. La tour du mestre était côté ouest, de sorte que les pièces recevaient surtout de la lumière l'après-midi et le soir. Au moins l'appartement du mestre n'était-il pas orienté vers le nord où les pièces étaient inévitablement plus froides. Songeant à tous les difficultés quotidiennes que devait affronter Corvin, Aleth n'osait pas lui demander s'il se plaisait parmi eux. Tristifer en faisait trop, ce n'était pas supportable.

Soucieuse, elle glissa quelques mots à ce propos : "Tristifer vous malmène constamment. Ce n'est pas comme ça que les choses devraient se passer. Je devrais peut-être parler à Père à son retour... Il faut que cela change !"

Songeuse : "J'ai l'impression que beaucoup de choses vont changer... Jared va endosser de plus en plus sa charge d'héritier... Moi... combien de temps me reste-t-il ici ? Un an ? Deux ans ? Je me demande si j'ai vraiment envie de me marier... Je me disais que je devrais peut-être devenir septa ?... Et vous, comment êtes vous devenu Mestre ? Êtes vous satisfait de la voie que vous avez empruntée ?"

[DukeTogo]

Tom le Bref était d'humeur grincheuse ce matin car un fieffé coquin nommé Corbin Celtigar, un pourceau assassin qui lui reprochait une langue bien trop pendue, avait refusé de le laisser manger à sa table copieusement garnie, sous prétexte d'avoir été rasé de près par un coup de taille la veille au soir par sa faute. Celtigar avait même commenté "Espionner, c'est bien. Cafter, c'est mal." Autant dire qu'essayer de lui soutirer quelques monnaies trébuchantes relevait de l'impossible.

Finalement, la matinée n'était pas totalement gâchée. Le jeune seigneur avec la petite soeur trop curieuse proposait quelques pièces pour un travail facile. Il s'en alla donc trouver le prêtre rouge à l'auberge.

"Hey, vous! Loué soit... la Mère. Non? Ah bon, d'accord. Loué soit vot'dieu, messire. Y'a dehors le bon et jeune seigneur qui m'envoie, séance tenante, pas demain, pas hier, mais tout à l'heure sur le champ, dans vot'estaminet vous prier de le rejoindre à l'écurie. Il a aussi dit qu'en tant que septon d'un autre dieu que les Sept qui ne font qu'un je retiens un, vot'devoir était d'emmener la populace prier plus loin pour plus nous déranger dans not'demeure. Messire."

Fier de son effet, il secoua la tête vivement dans un numéro grotesque avant de se diriger vers la sortie.

[Casaïr]

Abasourdi par la nouvelle, Darren resta coi quelques instants, le temps d'assimiler ce que venait de lui révéler Dame Guenièvre alors qu'une foule de questions se ruait sur sa langue, impatientes d'obtenir des réponses.

"C... Comment notre nom a-t-il pu atterrir de la sorte dans la discussion ?! fut la première à sortir de sa bouche, mélange de stupeur et de colère. Surtout à la table de ser Piète !..."

Il avait craché le nom comme s'il s'agissait de poison, se remémorant du peu qu'il avait vu du personnage au tournoi des Florent. Le jeune chevalier se leva un peu trop brusquement, dût rattraper son siège qui menaça de basculer en arrière, puis entreprit de faire les cent pas pour se calmer, cherchant à se souvenir si son père lui avait parlé d'une telle chose sans y parvenir.

"Je vous suis reconnaissant de me prévenir d'une telle chose, surtout maintenant que j'ai croisé ce Piète au tournoi du Rubriant -brillamment éliminé par Béric soit dit en passant-, mais pourquoi Père ne m'a-t-il jamais parlé de ça ? Et pourquoi dois-je l'apprendre de votre bouche, ici et maintenant ?"

L'incompréhension se mêlait à une certaine forme de colère envers son père pour l'avoir laissé dans l'ignorance d'une situation qui pouvait s'avérer explosive dans un temps relativement proche.

[DukeTogo]

Corvin avait eu un sourire complice pour les galettes des rois.
"Aleth, douce Aleth, il y'a heureusement de bons cotés à être au château Castellane. Quand à Tristifer, il n'est pas très important à mes yeux." Il s'asseya sur le bord de son lit rangés à la hâte et lui proposa de s'asseoir et partager la pâtisserie.
"Septa... septa Aleth?" Il eut un petit rire amusé. "Oh excuses-moi, je ne voulais pas me moquer. Oui, tu deviendrais une très bonne septa. Tu fais attention aux gens. Je suis heureux que nous soyons amis. Et puis, septa, cela ferait très plaisir à ta mère... si c'est bien ça que tu veux."
Concernant son sacerdoce :"Et bien, j'ai... suivi l'enseignement de la Citadelle, j'avais avancé dans ma formation et puis les choses ont accélérés, j'ai pu avoir ma chaine juste avant de venir ici. Plutôt que septa, tu pourrais devenir mestre, plaisanta-t'il. Le monde est mal fait, ça ne devrait pas être interdit aux jolies jeunes filles. Tu ferais un enseignant formidable, j'en suis sûr. Archimestre Aleth, pourquoi pas?
Il portait ses mains à sa chaine en souriant."Tu veux l'essayer?"

* * *

La tante de Darren regarda le jeune chevalier en proie à une nouvelle agitation.
"Ton manque de sang-froid est la réponse à ta question sur le pourquoi des secrets passés sous silence. Si tu devais rejoindre le Mur, le Flowers qui vit chez nous pourrait être légitimé par ton père qui y mettrait ses derniers deniers dans une requête écrite à l'homme qui siège sur le Trône de Fer..."

De quoi parlais donc Dame Guenièvre? Son dédain pour le bâtard de son frère n'était pas une surprise. Il n'en restait pas moins le demi-frère de Darren et mieux valait que ce soit lui qui reprenne la maison Risley même si serait compliqué plutôt que voir les Tyrell donner ces terres à n'importe quel vassal de la région.

Guenièvre prit un air navré. "Tout cela concerne ta propre sécurité et par extension celle de ta famille. Je vais être plus clair. Si certaines vérités t'avaient été révélées à l'âge idiot où l'on a un corps d'homme et la cervelle d'un enfant, qui dit que tu ne les aurait pas répétées jugeant le secret trop lourd pour toi?"

"Il suffit maintenant d'exiger des comptes de ton père ou de tes ainés ou de te draper d'un orgueil honorable, s'agaça-t'elle. Si tu n'est pas capable d'écouter et de te maitriser, notre conversation s'arrêtera là."

[Iris]

La fenêtre entrouverte apportait un peu d'air frais à la pièce. Aleth rejoignit Corvin sur le lit en acceptant sans peine de partager le gâteau, souriant vaguement, perdue à moitié dans ses pensées, un peu émue d'être si près de son ami.

" Je ne sais pas ce que je veux." murmura-t-elle à la question de sa vocation. La voie de mestre lui aurait effectivement davantage plu, mais la question ne se posait pas. Elle avait le choix entre le mariage et la religion, et ce choix l'engagerait pour le restant de sa vie. "Tout ce qui est amusant et intéressant est réservé aux hommes." commenta-t-elle pour elle-même.

Amusée par la proposition de Corvin, elle hocha la tête en souriant, acquiesçant silencieusement à la proposition d'essayer la chaîne.

Elle pensait se relever pour faire quelques pas avec et essayer de s'imaginer à la place de Mestre Corvin, commentant avec légèreté et cabotinant un brin, se prêtant au jeu avant de la lui rendre respectueusement. En même temps, depuis qu'elle s'était retrouvée sur le lit de son professeur, ami -- et chaste soupirant ? -- elle tendait l'oreille du côté du couloir, craignant un peu d'être surprise par un Tristifer hargneux, déboulant sans y être invité.

Revenant finalement à son sujet de préoccupation, qui ne la laissait guère longtemps en paix :

" Vous vous demandez peut-être pourquoi je me mets à m'inquiéter de mon mariage... Ser Emmon Cuy, que nous avons entrevu à la Trémière et à Rubriant souhaite me rendre visite à Waterford... Hier, Mère a aussi évoqué la question de l'utilité stratégique de mon mariage, pour des raisons tout à fait différentes et sans avoir connaissance du fait... et aujourd'hui Tristifer se comporte si bizarrement que je commence à me demander s'il n'aurait pas comme plan d'éviter la dépense de mes noces et de ma dot en m'épousant." Elle exprimait une grimace de dégoût dubitatif, mais de la part de quelqu'un qui avait déclenché une émeute, qui se prenait pour le seigneur et qui envisageait d'endetter le domaine, cela lui paraissait presque crédible.

Peu fière d'elle, se sentant presque aux abois, comme une biche que de nombreux chasseurs traqueraient : "Je crains que ma vocation de septa ne tienne en partie de la fuite en avant."

"C'est absurde, il n'y a que lorsque je suis menacée de mort que je me sens libre."

[Thalgrim]

En descendant dans la grande salle au matin, Myrosh salua d'un signe de tête un peu raide Corbin Celtigar. Même s'il se doutait que les bravades et les provocations du mercenaire faisaient parties de sa nature et n'avaient probablement pas d'intention malveillante, il digérait mal la manière dont il avait parlé de Thoros la veille au soir. Il s'assit néanmoins à sa table et profita du festin en discutant de tout et de rien. Le prêtre rouge retint un sourire lorsque Celtigar envoya bouler Tom le bref. Avant de s'éloigner en maugréant, le mendiant lui annonça toutefois que Jolan l'attendait aux écuries. Myrosh finit rapidement son déjeuner et se leva. En quittant la table, il lança à l'adresse de Celtigar:
"Bon voyage à toi, et puisse R'hllor te guider dans ta mission."

Le prêtre rouge se rendit ensuite aux écuries afin de retrouver le jeune Hastwyck.

[Crépuscule]

Jolan salua Myrosh chaleureusement.

"Je suis heureux de te voir mon ami.

C'est une belle journée pour chasser le gibier d'eau.
Je pensais aller dénicher quelques bécasses et peut être même quelques canards à l'envolée. Je voulais en profiter pour mettre à l'épreuve mon arc et m'assurer que l'entaille d'hier n'a pas entamer sa résistance. S'il doit faillir, je préfère que ce soit face à un emplumé d'eau douce qu'à un corbeau en devenir.

Et puis je crois aussi que j'ai besoin de prendre un peu l'air ... m'accompagnerais-tu ?"

Il le regarda brièvement d'un air entendu, ses yeux essayant de dire ce que ses mots taisaient.

[DukeTogo]

Peu avant, alors qu'il venait de sortir pour rejoindre Jolan, Myrosh fut rattrapé à deux pas de l'auberge. Celtigar, montrant une agilité remarquable venait de poser sa main sur son épaule.

"Une dernière chose, Myrosh d'Asshaï. Si un jour, tu avais l'occasion de défendre, protéger une jeune fille au détriment du danger, d'un danger bien réel à mëme de détruire ta vie, voire menacer tes proches, le ferais-tu?"

Celtigar était très serieux et parlait au prêtre rouge d'homme à homme, l'interrogeant sur son sens du devoir et de l'honneur quand bien même Myrosh n'était pas un ser. Sa question simple appelait une réponse simple, sans circonvolutions.

A la réponse du prêtre rouge, quel qu''elle soit, il aurait un hochement de tête et retournerait à sa table garni non sans avoir conclus: "A bientôt, peut-être"

Edit HRP : Crépuscule à été plus rapide que moi, d'où l'emploi du passé.