TDF Chapitre 8 - Un fief (pas si) paisible

[DukeTogo]

Tom le Bref avait agrippé Jolan par la manche en s'assurant qu'il pouvait lui chuchoter quelque chose à l'écart des oreilles indiscrètes.

"Mon tout beau prince, psst, ta fillotte n'est point une mauvaise fouine mais surtout y'a plus grave, oh oui, y'a plus grave..."

Aussitôt parlé, aussitôt volatilisé. Tom se hâta de s'éclipser avec une agilité remarquable dès que le flot des réfugiés se déplaça pour ressortir. Il était plus simple pour Jolan de soulever sa petite soeur. L'agitation avait soulevé une nuage de poussière, des plumes de poulets volaient, les derniers chapardeurs - quelques gamins qui avait eu la jugeote de ne pas jouer des coudes - fouinaient à la recherche d'une éventuelle trouvaille valable. Myrosh participait au retour au calme de la grande place et adressa un signe positif à Jolan et Alyse, qu'importe si elle se détournait apeurée pour ses stigmates de brûlures faciale. Celtigar discutait avec un garde qui désignait l'échoppe des Bartheld. Il y'avait affluence devant. On s'était passé le mot. L'épée à louer rabattit son intérêt sur un bout de brioche qu'il trouva au sol et un geste de dépit en faisant demi-tour, comme s'il pestait sur l'impossibilité d'aller s'offrir une pâtisserie bien chaude.

Lady Castellane, rejointe par Ser Darren était sorti voir le nombre des personnes dirigés là par les gardes. Et puis elle eut un déclic. Il y'avait derrière le septuaire un petit bâtiment qui servait de remise aux étals du marché. Celui-ci serait plus pratique que d'encombrer la boutique des Bartheld dont elle avait capté le regard inquiet devant le monde qui affluait.

Béric avait fini de conduire Tristifer en lieu sûr et donna ordre à deux gardes de retrouver le cheval, plus par intérêt de l'animal paniqué que pour le restituer à Tristifer. Le maître d'armes dornien serrait les dents en songeant à la jument qu'il faudrait dresser à nouveau pour que les événements du jour ne laisse une bête difficile à maitriser. Tristifer pestait contre tout et tous. Cette population incontrôlée, ce gros voleur de Flowers, la mollesse des gardes à assurer le calme, et pourquoi on était pas déjà en train d'arrêter les pilleurs, tant et plus de haussement de voix. Béric vit que les soldats vivaient plutôt mal ce débit de reproche...

[Iris]

Rassurée par la tournure des événements, Aleth remercia l'Aïeule de lui inspirer l'installation du poste de secours dans la remise du marché près du septuaire. Elle avait par le passé déjà examiné les lieux, hésitant à en faire un dispensaire ou une école. Il s'agissait d'un local simple, une grande porte permettant d'entrer et sortir commodément ce qui s'y trouvait, un toit sain, et par chance, des fenêtres suffisamment grandes et nombreuses pour faire entrer la lumière, sans quoi la reconversion du bâtiment ne serait pas envisageable.

A tous ceux qui l'écoutaient ou étaient proches : "Nous allons installer un dispensaire dans la remise près du septuaire. Que tous ceux qui ont besoin de soin s'y rendent. Aidez ceux qui ne peuvent marcher. Des soins seront assurés aujourd'hui et un suivi dans les jours qui viennent sera organisé pour ceux souffrants de blessures plus sérieuses."

Elle essayait de s'inspirer des septa les plus expérimentées qu'elle avait vu en charge dans l'hospice de Villevieille : elles paraissaient savoir immédiatement quoi dire et quoi faire là où Aleth se demandait comment organiser les choses correctement et dans le calme. Elle essayait de se rassurer en se disant que ce n'était qu'un exercice d'intendance et que le pire était passé. Regardant rapidement, elle tentait d'évaluer les besoins en matériel et jugeait qu'il n'était pas possible de davantage user des réserves des Bartheld, qu'il conviendrait par ailleurs de dédommager convenablement pour leur aide.

Elle voyait plusieurs chose à faire en même temps et hésitait, regardant Darren, Jolan, Alyse et du côté du prévôt (ou à défaut, le cherchant des yeux), tout en se demandant où était Béric.

" Où est le prévôt Seldon ?"

Aleth voulait lui demander de rassembler les marchands de Waterford qui avait souffert de l'émeute pour leur parler et les indemniser, autant qu'il était possible avec l'argent dont elle disposait. Elle souhaitait également s'assurer que Rose et ses enfants allaient bien.

Hésitant entre s'adresser à un garde et à Jolan, elle opta finalement pour le second : "Jolan, il faudrait demander à Mestre Corwin du matériel supplémentaire. En même temps tu pourrais déposer Alyse au château. Elle pourrait aussi nous attendre chez Rose Seldon, il y a d'autres enfants, ce sera sûrement mieux qu'ici avec nous." Elle compléta en donnant une indication approximative du nombre de blessé et du type de dégâts subis. Elle hésita à requérir qu'il vînt en personne, mais ne voulait pas le forcer à se mettre en porte-à-faux avec les instructions prochaines d'un Tristifer probablement exécrable.

A un garde : "Assurez-vous que nos rares soient installés dès que possible au cachot." Ils n'étaient pas nombreux, mais ce serait assez vexant qu'en prime ils s'évadassent.

Tandis que les choses commençaient à se mettre en place, de manière la moins confuse possible, Aleth s'interrogea encore, et s'adressant à Darren qui était proche : "Qu'est-il advenu de Flowers ? Est-il toujours là ?" Si oui, Aleth souhaitait s'excuser pour le chaos généré par Tristifer, mais elle doutait d'en avoir l'occasion.

Considérant la situation, Aleth s'attendait à être occupée à divers détails et soins pour quelques temps, voire une bonne partie de la journée.

[Casaïr]

"Je ne l'ai pas vu sur le champ de bataille qu'était devenue la place, mais je pense qu'il a du s'enfuir dès qu'il a pu pour sauver sa peau. C'est ce que j'aurai fait à sa place, en tout cas."

Darren renifla bruyamment, lâchant, sans attendre forcément de réponse : "En tout cas, je viens déjà d'apprendre une bonne leçon sur ce qu'il ne faut pas faire en public. Ton oncle est un excellent professeur !"

Le ton était sarcastique, le regard songeur. Il finit par se diriger vers celles et ceux qui avaient besoin d'aide, portant si besoin les moins à même de se rendre au dispensaire de fortune.

[Crépuscule]

Jolan confirma qu'il allait se rendre au château pour ramener Alyse, mais avant cela il répondit d'un ton avec froideur :

"Flowers est parti, escorté par ses gros bras, je l'ai vu, l'un d'eux a poignardé un imbécile qui a voulu profiter de la pagaille. Myrosh s'occupe du blessé. Il faut que je vous parle tous les deux, suivez moi 2 secondes s'il vous plaît. Alyse, tu veux bien rester avec Gyles, je reviens tout de suite"

S'écartant suffisamment pour se retrouver seul et hors des oreilles de l'enfant. "Aleth, Tom vient de m'apprendre qu'un étranger à engager Celtigar pour te tuer. Darren ne la laisse jamais seule, Je reviens le plus vite possible, je vais prévenir Béric en partant."

En repartant Jolan tente de trouver Béric pour lui dire qu'Aleth est en danger.

[Iris]

" Qui est ce Celtigar ?" commença Aleth qui ignorait le nom de l'épée à vendre. Après une brève explication : "Comment ? Cet énergumène devrait me tuer ?"

Pour l'instant, le contraste lui paraissait tellement grand entre un vaurien insolent et un assassin qu'elle était prête d'en rire. Il lui avait bien vanté ses coups de taille et d'estoc, mais elle n'avait pas compris les choses comme cela. D'un autre côté, ce pouvait être un homme sans honneur ni conscience, aussi malpoli que mauvais -- elle ne pouvait l'exclure, manquant d'expérience pour jauger ce genre de personne.

" N'excluons pas l'hypothèse que ce Celtigar ait accepté l'argent simplement pour prendre l'avance. La dernière fois, elle était de 10 Dragons d'or. Peut-être suffirait-il de lui parler pour le persuader de nous désigner l'intermédiaire qui l'a engagé. D'ailleurs Tom pourrait pourrait-être aussi nous le décrire... Le capturer serait un grand pas en avant ! "

L'espoir d'avoir une piste vers l'improbable complot qui la visait lui redonnait le sourire, jusqu'à (pour combien de temps ?) effacer de son esprit la menace d'une lame froide venant répandre son sang sur les pavés de Waterford et mettre un terme à son existence.

"Pour l'heure je me suis engagée publiquement à assister de mon mieux les blessés de l'émeute : je ne peux pas me mettre à fuir. Il faudra parier qu'une présence suffisante de gardes et de nombreux témoins dissuaderont nos ennemis d'agir. Pour la suite, je ne me fais aucun souci : Béric m'enfermera dès qu'il le pourra à double-tour au château." conclut-elle pour rassurer ses compagnons.

A présent, elle était surtout perplexe, ne comprenant pas l'obstination à vouloir s'en prendre à elle. Qu'on l'attaquât dans la panique, juste après l'entrevue à Hautjardin, elle pouvait le concevoir, mais le commanditaire avait eu le temps de réfléchir. L'inaction des Castellane depuis l'attaque de l'archer était bien la preuve qu'ils ignoraient où chercher. Rien n'avait de sens, et ce vide conceptuel aboutissait à rendre la menace irréelle tant qu'elle ne prenait pas forme.

Essayant de ne pas sombrer dans des ruminations vouées à l'échec, elle s'efforça de se concentrer sur ce qui était à sa portée : aller à la remise dégagée, organiser les espaces, s'assurer d'une présente suffisante (donc excessive par rapport à la situation apparente) de gardes, vérifier que les blessés légers attendaient à l'extérieur, le moins mal possible, avec distribution d'eau pour se remettre de leurs émotions...

[Casaïr]

"Tu prends cela bien trop à la légère, rétorqua Darren qui cherchait Celtigar dans la foule. S'il a déjà accepté une avance, nul doute qu'il voudra le reste en échange de la réussite de sa mission. Après, peut-être sera-t-il effectivement possible de le retourner à notre avantage, reste à savoir si sa loyauté va à son employeur ou à l'or qu'on lui a promis."

Et aussi à en connaitre le montant...

Chassant ses pensées d'un revers de main, il reprit : "Finalement, je vais rester un peu auprès de toi, mais dès que ce sera fini ici, il sera peut-être bon que je n'attende pas l'assentiment de ton père pour te donner quelques leçons. Et il faudra peut-être te trouver une dague pour te défendre, au cas où. Tu ne seras jamais seule mais il suffit d'un grain de sable... En tout cas, ajouta le chevalier, il faut que nous soyons prêts à toute éventualité : pour avoir accepter un tel contrat et venir l'exécuter jusque sur tes terres indique aussi bien le culot que le potentiel talent de ce gaillard."

[Maëlys]

Béric ne cessait de passer son regard d'un garde à l'autre pour scruter tout ce qui se passait autour de lui. Déjà Tristifer était partiellement hors de danger, c'était un poids à gérer en moins. Il ne restait plus qu'à gérer toutes les autres emmerdes qui s'étaient incrustées en chemin ... Dont entre autre le cheval qui risque de garder des séquelles de tout ceci ! Il envoya donc deux des gardes récupérer la jument pendant qu'une partie de la troupe sécurisait la place et que les derniers l'aidait à protéger Tristifer d'une menace éventuelle.
Et c'est en se retournant vers ce dernier qu'il l'entendit ne pas arrêter de pester envers et contre tout, il échangea avec un bref regard avec les soldats et il devinait fort bien ce qu'ils pensaient. Il se rapprocha donc du frère du Lord puis haussa à son tour le ton, se laissant emporter par la colère, en pointant l'index dans sa direction :

"Taisez-vous Tristifer !
Tout ceci est de votre fait ! Ne faites pas de reproches à ceux qui tentent de récupérer votre connerie ! Maintenant vous allez rentrer au château avec les gardes !
Avec tout le respect que je vous dois, vous en avez assez fait aujourd'hui en ville !"

[Thalgrim]

Myrosh d'Asshaï avait fait de son mieux pour soigner la blessure du villageois poignardé. Sa vie était désormais entre les mains de R'hllor, même si un septuaire n'était peut-être pas le lieu le plus approprié pour ça. Le prêtre parcouru du regard le lieu de culte: vu son état et l'individu qui s'en occupait, les gens du coins ne semblaient pas particulièrement pieux. Peut-être serait-il en mesure de raviver leur foi en leur montrant la lumière?
Quoiqu'il en soit, cette question pouvait attendre: même si l'émeute était en train de se calmer, elle n'était pas encore terminée. Myrosh sortit donc du bâtiment avec l'intention de prêter main forte aux gardes, et à ceux qui tentaient de ramener l'ordre. Une fois que la situation serait sous contrôle, il irait s'enquérir de l'état des autres personnes qu'il avait rencontré au tournoi.

[Iris]

" A défaut de Celtigar l'épée à louer, voilà Myrosh qui arrive."

Aleth le salua d'une courtoisie neutre qui pouvait dénoter avec la familiarité avec laquelle elle s'adressait désormais à son cousin -- qu'elle connaissait depuis presque moins de temps -- mais elle était scrupuleuse et ne se laisserait pas prendre en défaut de bonnes manières -- de chaleur peut-être. Elle parlait essentiellement sur le ton de la neutralité informative en évitant d'être entendue hors du cercle des personnes devant être avertie, et Myrosh, capable de reconnaître Celtigar, en faisait partie.

" Un dispensaire va être improvisé pour les blessés de l'émeute." Elle indiqua d'un geste où l'action allait se dérouler.

" Jolan part avertir Béric des récents développements de la situation, mettre sa soeur Alyse en sécurité au château, et avertir le mestre de la situation afin que nous ayons assez de matériel pour les soin."

" Darren m'a dit que vous deux et Béric aviez brièvement fait la connaissance d'un Celtigar-épée-à-louer hier soir. Il semble important que nous ayons une conversation avec lui mais l'homme est probablement dangereux -- ou d'une arrogance qui confine à la folie. En tous cas, il faut mettre la main dessus."

Avant qu'il ne s'en charge à mon sujet ? La menace était tellement irréelle, en dépit de ce qu'elle avait déjà vécu...

A présent que la situation était résumée, Aleth commençait à se soucier du détail de l'organisation du dispensaire et vérifiait s'il y avait de nouvelles instructions à donner pour favoriser l'efficacité de l'installation. Elle n'arrivait toujours pas à se représenter la menace, mais était assez tendue, pressée que les choses se déroulent afin de pouvoir rentrer au château se reposer et accuser le contrecoup du choc de l'émeute et de l'annonce récente.

[Thalgrim]

Ayant retrouvé Aleth et Darren, Myrosh salua la fille Castellane avec le respect et l'étiquette qu'exigeait son rang. Il salua ensuite Darren avec moins de retenu puisqu'à défaut de se connaître depuis longtemps, le tournoi avait tout de même contribué à rapprocher les deux hommes.
Le prêtre écouta la jeune lady, et passa sa main dans la barbe tandis qu'elle mentionnait le mercenaire Celtigar:
"Oui en effet, nous avons rencontré ce chiot hier soir. Il aboyait beaucoup et cherchait manifestement à attirer l'attention. Pourquoi le recherchez vous? Vous comptez avoir recours à ses services? Comme vous vous en doutez, il ne m'a pas fait une très bonne impression, mais ce n'est peut-être pas une mauvaise idée pour autant. J'ai cru comprendre en discutant avec Béric et Darren hier que les soldats de Waterford craignaient le marais de la sorcière... peut-être faudra-t-il nous entourer d'autres personnes quand nous nous y rendrons..."