TdF - Chap. 6 - Le tournoi des Frères

[Maëlys]

La façon dont Jansen s'était fait clouer le bec par Ser Norcroix n'avait pu que faire plaisir à Béric. Au moins il le tenait un minimum avant que cela ne se retourne contre lui ...

Il rejoignit ensuite le centre de la scène, où chacun put saluer la tribune ainsi que la foule du haut de sa monture. Au moins, on pouvait dire que la finale s'annonçait bien.
D'ailleurs, alors qu'il écoutait les paroles de Thoros de Myr une énième fois, il fut surpris par le commentaire de Ser Norcroix auquel il répondit :

"Je ne compte pas bafouer les règles en effet Ser Norcroix."

Il était inutile à vrai dire d'en parler tellement plus. Le maître d'arme était essentiellement concentré sur cette finale sur laquelle pouvait se jouer le destin de Darren Risley. Cela avait une toute autre dimension, quelque chose de totalement différent qu'une simple finale, même si il n'en revenait toujours pas d'être arrivé si loin.

Il attendit ensuite le signal pour se mettre de son côté de la lice.

[DukeTogo]

Ser Bayard Norcroix rapprocha son cheval de celui de Béric pour chuchoter pendant qu'ils saluaient encore la foule.

"Parfait, dans ce cas, mettons nous d'accord. C'est une belle épée que vous allez à la ceinture, Béric Kardalt. Ce serait fâcheux que vous la perdiez parce que vous me remettrez vos effets dans le respect des règles de chevalerie. Epargnez-vous cette perte, messire, ainsi d'autres blessures à la taille dont vous pourriez ne pas vous relever. Couchez vous rapidement et je vous promet que vous pourrez garder votre arme. Vous avez déjà un nom, vous gagnerez d'autres tournois."

Ainsi Norcroix savait que l'armure de Béric était abimé voir dangereuse en un point précis. Le rétameur avait du parler...

[Maëlys]

Pendant leur salut, Béric était rentré dans sa phase de préparation au combat, il avait le visage fermé et gardait la même posture qu'avant de livrer les batailles ou de faire un entraînement pour les gardes.
Mais il entendit néanmoins les paroles de Ser Bayard Norcroix, ce qui le perturba.

Les paroles chuchotées d'une voix si simple et pleine de complaisance, résonnaient dans sa tête :

"Parfait, dans ce cas, mettons nous d'accord. C'est une belle épée que vous allez à la ceinture, Béric Kardalt. Ce serait fâcheux que vous la perdiez parce que vous me remettrez vos effets dans le respect des règles de chevalerie. Epargnez-vous cette perte, messire, ainsi d'autres blessures à la taille dont vous pourriez ne pas vous relever. Couchez vous rapidement et je vous promet que vous pourrez garder votre arme. Vous avez déjà un nom, vous gagnerez d'autres tournois."

Le maître d'arme dornien garda le silence, des tas d'idées s'insinuaient d'un coup dans son esprit. Pourquoi était-il arrivé si loin dans le tournoi ? Son adversaire lui offrait un choix, capituler et vivre, ou bien être vaincu, perdre un de ses derniers legs familial et aussi perdre la vie avec de fortes chances. Il n'était pas au mieux de sa forme, il le savait, son combat face à Tanton Fossovoie puis Nation Piète avait entamé sa santé et il n'était pas au mieux de sa forme.
Il avait un choix à faire, jusqu'où son engagement était-il sincère et dévoué pour la famille qu'il servait. Darren faisait-il ainsi parti de cette famille, non peut-être pas, chacun est le cousin de quelqu'un à divers degrés ... Etait-il en mesure de sauver chaque personne ? Non peut-être pas.
Mais à la fois, était-ce une raison pour plier devant chaque insinuation visant à le faire tomber ? Non peut-être pas aussi. S'il ne s'était pas révolté contre le chevalier à l'armure sombre, il ne serait sûrement pas là... Si ce "Thorim" ne s'était pas interposé alors qu'il n'en avait pas la force à l'époque, il ne serait pas là aussi...

Plusieurs secondes avaient passé depuis la phrase de Ser Norcroix et Béric était toujours sur sa monture à côté de lui, ne pipant pas mot.
Il prit une grande inspiration puis observa l'ensemble de la foule face à lui, Lady Mullendore, Lady Aleth, Ser Darren Risley mais également Jolan et les autres membres de l'assemblée. Quel était son choix ? Il était en tout cas temps de prendre une décision !

[DukeTogo]

Satisfait du silence du dornien, Ser Norcroix saluait la foule avant de faire un dernier sourire entendu à son partenaire : "C'est un plaisir. Vous gagnez aujourd'hui un bon ami." avant de rejoindre son coté de la lice.
Tout à ses pensées, Béric allait de son coté presque machinalement...

Jolan regardait les deux cavaliers se mettre en place en compagnie de Myrosh d'Asshaï. Voir le duel au plus près des barrières avait quelque chose d'enivrant. C'est là que Myrosh aperçut la brune incendiaire, à une dizaine de mètres d'eux, regardant avec intérêt la finale du tournoi.

Gyles eut la visite impromptue de sa blonde amie.
"Sacré toi, mais quelle grande gueule ! Bon, on est en train de ranger nos affaires, je vais pas tarder. Et n'oublies pas, gloire au Fourreau Magique !", ria-t'elle avec espièglerie.

[Crépuscule]

Après l'entrainement avec Myrosh

Jolan appréciait la compagnie de l'homme d'Asshaï, il dégageait comme une chaleur par delà sa sérénité ... même s'il était conscient que ce devait être un homme capable d'exploser à tout moment ... un peu comme un volcan.

"Je vois que les sequelles laissées par ser Darren n'ont pas amoindri ton habilité, peut être un peu ta vivacité, mais malgré tout je n'aimerai pas me retrouver face à toi dans la mêlée ... mais ..." Le jeune homme de la Trémière hésita un moment, mais la jeunesse associée à l'adrénaline coulant encore dans ses veines suite à l'effort, eurent raison des dernières barrières de sagesse " ... peut être pourrais-je me trouver à tes côtés ... l'affrontement ne sera pas sans difficulté, mais je pourrais tenter d'apprendre quelques leçons de combat au cœur de l'action, ça devrait être formateur et bénéfique à t'amener au terme du combat pour porter le nom de ton Dieu le plus loin possible."

Il tendit la main à son ardent acolyte, comme pour sceller un pacte silencieux.

En attendant la finale

Myrosh et Jolan s'installèrent au plus près du champ de la lice que les chevaux de Béric et de Ser Norcroix martèleraient bientôt de leurs sabots. La présence du fidèle de R'hllor avait cet avantage d'ouvrir un passage dans la foule à la fois fascinée et inquiétée par l'aura mystérieuse de l'étranger.

Jolan vit le chevalier de Hautes-Terres dans les tribunes nouvellement remplies qui avait rejoint les membres de sa maison. Jolan le salua, ainsi que sa compagnie s'il croisait leur regard.

"Dis moi Myrosh, je ne suis pas expert en cartographie, mais, il me semble qu'Asshaï, ce n'est pas vraiment la porte à côté, ça a dû être un sacré voyage. Tu as du voir de nombreuses contrées! Mon plus long voyage a été de partir de la Trémière au seuil des Marches de Dorne jusqu'au château des Castellanes, à Waterford, un peu plus au nord d'ici " dit-il d'un air amusé "J'avoue que je n'ai aucune idée d'à quoi peut bien ressembler Asshaï ..."

A la finale
Plus un mot ne sortit des mâchoires crispées de Jolan tant le stress de la finale de la joute l'avait à présent gagné. Il observa les deux finalistes, cherchant à entendre les mots qu'ils s'échangeaient ... mais la foule émettait un brouhaha incessant, impossible ... à moins de savoir lire sur leurs lèvres, ce qui n'était pas son cas. Il se concentra donc plutôt sur chacun de leurs mouvements, leurs expressions, sur les narines de leurs chevaux s'élargissant pour libérer leur souffle, leur queue fouettant l'air, leurs sabots piétinant alternativement la terre. Montures comme cavaliers avaient tous leurs muscles gorgés de sang, prêt à libérer l'énergie du combat, à se contracter ou s'étendre pour donner vie à cet art de la joute ... il y avait quelque chose de terriblement intense dans ce moment. Chacune des secondes qui passaient était unique et serait inoubliable et Jolan voulait n'en perdre aucune, au point que chaque clignement de paupière était une tragédie.

[Casaïr]

Darren se concentrait sur la lice, attendant de voir comment allait se passer cette finale si attendue et si incroyable en même temps. Pensez donc ! Un non chevalier en final, et dornien qui plus est ! On s'en rappellera pour des années de celle-là je pense...

Il avait bien vu ser Bayard échanger quelques mots avec Béric, mais de là où il était, impossible de savoir ce qui se disait. Toutefois, il eut une impression étrange qu'il chassa d'un mouvement de tête. Il se rassit normalement sur sa chaise, s'étant penché en avant presque inconsciemment, comme si ce simple geste pouvait lui permettre de surprendre quoi que ce soit de l'échange entre les deux combattants. Il regarda Aleth avec un petit rire gêné.

"Je ne sais pas ce que ressent Béric en ce moment, mais j'ai l'impression d'être plus nerveux que lui ! C'est son grand moment, à lui d'en profiter tant qu'il le peut encore."

[Maëlys]

C'est sans réellement penser à la finale que le maître d'arme se dirigea de son côté de la lice. Il ne cessait de se demander jusqu'où il pouvait s'engager dans cette cause, dans ce combat.

C'est arrivé à son bout de la lice qu'il interpella le garde Castellane :

"Ma lance s'il te plaît"

Il la soupesa quelques instants puis vérifia sa solidité contre le sol avant de la caler pour y attacher au niveau de la poignée le présent de Lady Mullendore. Tout en faisant ceci, il prenait de grandes respirations pour évacuer le stress présent, d'ailleurs c'était normal d'être stressé ... Tout le monde le serait dans cette situation. Il était l'adversaire que personne n'aurait vu en final, ils devaient tous penser qu'il aurait été vaincu dès la première joute...
Mais la respiration lui faisait du bien et en observant la tribune, il sut qu'il avait fait le bon choix. S'arrêter ici, après autant d'effort, aurait été imbécile.

S'avouer vaincu avant d'avoir combattu, ce n'est pas de la prudence, mais de la lâcheté. Et si il voulait porter ses valeurs jusqu'au bout, il devait porter ses efforts jusqu'au bout, jusqu'à la victoire. Il y avait également Darren, et cela il le faisait pour les Castellane, pour cette famille pour qui il fait tant et fera toujours plus.
Aujourd'hui ce n'était pas une simple finale, aujourd'hui c'était sa finale, qu'il mènerait pour l'honneur.

Ayant fini d'attacher le présent, il se se plaça en position pour le galop. C'était là que se jouait ce tournant dans sa vie, et rien, n'y personne, ne l'arrêterait.

[DukeTogo]

Un silence pesant s'abattit sur Rubriant.

Ser Bayard lança un dernier signe à son seigneur, lord Florent. La rancoeur des Tyrell? Ce sera de l'histoire ancienne. L'on chantera la beauté de lady Maergery Tyrell, les exploits et la galanterie du chevalier fieffé. Obtenir sa main restera très compliqué mais devenir son chevalier lige, voire même son amant sera une récompense de plus. Le tournoi des Frères devait supplanter le tournoi de Lestival, celui où Duncan le Grand s'était opposé au prince Targaryen. Pour ça, Lord Florent avait vu trop grand. Bayard était confiant. Le dornien était méritant mais également raisonnable et surtout sans réel fortune hormis une armure cabossée et une épée de fort belle facture, auquel il semblait très attaché.

Ser Norcroix adressa un baiser imaginaire à un rose rouge que son écuyer lui tendis. La rose du Bief allait triompher de la lance de Dorne. Il était aussi temps de faire oublier l'exaction d'Oberyn Martell sur Willos Tyrell, l'héritier d'Hautjardin.

L'étoffe de lady Maergery était attachée à la lance. La lance était coincée sous le bras et le bouclier du chevalier. Bayard fit hennir son magnifique destrier qui se cabra pour marteler l'air de ses sabots devant un public médusé. Le pas devint trot qui devint chevauchée. Mais que faisait le dornien dans cette posture agressive? Bayard tiqua, serra les dents. Soit, le dornien y laissera son foie, ses côtes et sa vie. Il empoigna plus fort sa lance prêt à se détendre pour frapper le bas du bouclier adverse. Kardalt fit de même.

Les yeux du public devinrent rond à quelques exceptions près. Lady Mullendore fermait les siens, ne voulant pas voir ça. Lady Castellane faisait mentalement une prière muette à l'Aïeule pour que ses pansements et ses baumes n'abandonnent pas le défenseur de sa maison. Gyles était tout sourire en ressentant l'intensité tout autour. Spectacle, comédie, chacun devenait quelqu'un d'autre en cet instant. Darren serrait le poing. De leur coté, Myrosh et Jolan sentaient le sol trembler sous les sabots des destriers.

La lance frappa avec précision le bas du bouclier. Un coup parfait et précis pour soulever son adversaire. En un seul et unique instant, le champion sentit un choc brutal, un surprise inattendue. Si seulement il n'y avait pas cette sensation étrange de flotter, comme s'il était retenu par des fils invisibles le tirant en arrière alors qu'une montagne de muscles sous lui continuait vers l'avant. Dans sa chute, il regarda la foule crier. Il n'était plus qu'une pétale usée, soufflée par le soleil brûlant de Dorne.

Ser Bayard Norcroix Lance 4D+2B : 3+1+4+3+1+6 = 16. Il touche sa cible.
Béric Lance 4D+1B : 5+2+4+3+6 : Les 4 meilleurs donnent 18. Mais avec une blessure, on garde les 3 meilleurs soit 15.
Beric brûle un point de destin pour gagner +5 au test : soit 20.
Aleth dépense un point de destin pour annuler le -1D de Béric, on revient à 18+5 = 23
Différence de 7 points !
Ensuite, Beric réussi son jet d'équitation et Bayard le rate, malus au cause du rang de critique d'écart.
Béric écope d'une seconde blessure.
Et d'une première victoire en tournoi.

[Iris]

Un tonnerre d'applaudissements pour une victoire aussi inattendue que méritée !

Un étranger, dornien de surcroît, dépourvu de titre, venait de montrer à tous que la valeur dépendait avant tout de l'individu. Un homme qui se caractérisait par une ténacité à toute épreuve, à la limite de l'obstination ou de la témérité. Il avait été déterminé à ignorer la peur, la douleur, la mort... au service de son rêve. Lui qui n'avait été qu'un simple soldat était devenu maître d'armes. Aujourd'hui, il brillait face à une grande partie de la noblesse du Bief, ayant triomphé de Ser Tanton Fossovoie, de Lord Naton Piète et de Ser Bayard Norcroix. Trois adversaires redoutables pris isolément, et vaincu les trois successivement, en dépit de ses blessures et d'un équipement de moins bonne qualité.

Hier Jolan Hastwyck l'avait emporté dans le concours d'archerie, dépassant le champion de la soldatesque des Florent et le meilleur archer de la Confrérie de la Liberté.

Aujourd'hui Béric Kardalt gagnait le tournoi, conquérant le titre au grand désespoir encore une fois, du champion de la Maison Florent.

Pour un peu Aleth regretterait qu'il n'y eût aucun autre combattant en mesure de défendre les couleurs de la Maison Castellane le lendemain lors de la grande mêlée, mais deux victoires sur trois épreuves... alors que personne, assurément personne, n'aurait parié sur eux, c'était une grande satisfaction.

Aleth applaudit avec joie et se préparait à repartir s'occuper des soins, découvrir l'état des blessures du héros. Avec un peu de chance, transporté de bonheur, il ne sentirait plus rien.

[Casaïr]

Darren avait sauté de son siège en criant de joie. Jamais il n'avait été aussi tendu dans un tournoi, et jamais il n'aurait pu prédire une telle fin ! D'ailleurs, à voir les mines alentour, personne n'avait joué les diseuses de bonne aventure.

Il embrassa vivement sa cousine sur la joue avant de partir en courant, criant, hilare : "Je vais le récupérer avant qu'il ne tombe raide, soufflé par sa propre victoire !"

Bon sang, je ne sais quelle étoile a veillé sur lui depuis que nous sommes ici, mais elle a bien fait son travail, c'est plus que certain !

Il se hâta, trébuchant presque dans les escaliers pour rejoindre le coin du champion du tournoi, prêt à l'accueillir comme il se doit.