TDF - Chap. 9 - Un fief (pas si) paisible

[Thalgrim]

Entendant le brouhaha qui indiquait que la salle commune de l'auberge était en train de se remplir, Myrosh se prépara à rejoindre l'assemblée. Il choisi de porter une longue tunique de velours rouge sombre ornée de motifs géométriques en dentelle argentée au niveau du col, des poignets et des avant-bras. Un soleil enflammé avait été brodé au niveau du torse au moyen de fils dorés. Après une brève hésitation, le prêtre rouge choisit de compléter sa tenue en portant son épée à la ceinture. Il espérait ne pas avoir à s'en servir, mais la manière dont s'était terminée la seule intervention de lord Tristifer dont il avait été témoin l'incitait à un minimum de prudence.

Myrosh descendit l'escalier vers la grande salle tandis que lady Aleth s'adressait à l'assemblée. Il haussa les sourcils en entendant la jeune femme prononcer son nom et raconter l'expédition dans les marais. Une fois parmi la foule, il constata qu'il n'avait probablement rien manqué d'important, puisque le principal intervenant de la réunion n'était visible nul part. Le prêtre rouge essaya de se trouver un endroit d'où il pourrait facilement assister aux discussions en ayant la table centrale en vue.

[Casaïr]

Darren, les lèvres pincées, n'était pas vraiment convaincu et n'appréciait visiblement que modérément le fait qu'on prenne par dessus la jambe la disparition d'un homme, alors que sa dernière destination connue était les marais.

"Fort bien, lança-t-il suffisamment fort pour être entendu de tous, je peux comprendre ce que vous dites. En ce qui me concerne, je vais aller le chercher maintenant. Si vous dites vrai, je reconnaîtrai m'être inutilement inquiété et vous devrez une tournée à tous. Par contre, il vaudrait mieux, si mes inquiétudes et celles de Lady Castellane s'avéraient fondées, que vous preniez la mine contrite de circonstance à notre retour."

Le chevalier laissa un lourd silence s'installer avant de faire volte-face et de reprendre la route pour le marais, non sans récupérer une grosse lanterne et assez d'huile pour tenir plusieurs heures si nécessaire.

Ce qui est bien, c'est que je n'ai pas eu le temps de me changer ; du coup, je suis toujours en armure de cuir

[DukeTogo]

Les reproches non voilées de Darren firent grincer des dents le vieux bras droit du lord : "Le pupille Hastwyck fait bien ce qu'il veut et depuis longtemps. Et d'abord, t'as pas fait la moindre bataille et tu veux me baver sur les godasses? Moi, ce qu'je dis, c'est que l'inquiétude, c'est une histoire de fillottes et de mamans."

C'est ainsi que Darren fit l'expérience du franc parler de Kieran Orell, un vieux boiteux à mauvais caractère qui d'un signe de tête convint cependant avec Béric de déployer quelques cavaliers.

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A l'auberge, lady Aleth combla autant que possible le vide de Tristifer. A un moment, il n'était plus possible d'amener encore à boire pour tuer le temps. C'était loin d'être simple de contenir l'agacement du vieux paysan. Michael Growne transpirait et ne parlait guère, messer Bartheld demanda du calme et pas de vulgarité en présence de la lady, Rose Seldon ne décolérait pas quand à Dame Adrienne... elle souriait calmement, consciente de l'effet qu'elle faisait sur la gente masculine. La présence remarquée du prêtre rouge l'intrigua et elle était assez femme d'expérience pour deviner qu'il était autre chose qu'un hurluberlu. Myrosh avait rapidement remarqué la présence de Yorik, son garde du corps dont le visage était une promesse de problèmes.

Le récit d'Aleth concernant les marais surpris un peu les villageois qui émirent quelques réserves, il faudrait certainement un peu de temps pour lever le voile pesant des superstitions anciennes. Cependant, la lady s'avérait convaincante et l'aura de Myrosh contribuait à rendre plausible l'excellente nouvelle. La majorité du public n'y accordait cependant qu'un importance relative étant donné qu'ils n'avaient pas la moindre idée des perspectives que les marais pouvaient apporter, d'autant qu'ils vivent au quotidien sans jamais y mettre les pieds. Les événements du marché, eux, restaient la préoccupation principale.

La propriétaire de la maison de la Jouvencelle profita d'un moment de calme pour prendre la parole.

"Lady Castellane, votre présence ici ne doit pas être le fruit du hasard et de fait, vous êtes ici en représentante de la maison du seigneur. Vous pouvez très certainement commencer l'assemblée car vous n'êtes plus une enfant, non?"

[Iris]

Le temps passait mais pas assez vite. Que faisait donc Tristifer ? A quoi cela rimait-il ? Aleth s'en voulait d'avoir accepté de venir, elle n'aurait jamais dû s'approcher, même de loin, des idées démentes de son oncle ! Voilà qu'elle se retrouvait invitée par Dame Adrienne à ouvrir une réunion dont elle ignorait tout de l'objet. Quelle poisse ! Il lui était difficile de s'esquiver -- bien que l'envie ne lui manquât pas. D'ici peu, le "bailli Tristifer Castellane" arriverait et fulminerait de ne pas avoir été attendu.

" Tristifer aime ménager ses effets et surprendre ses interlocuteurs : il ne m'a pas mise dans le secret de ses projets. Nous pouvons toutefois ouvrir la séance par les questions générales."

" Vous avez été rassemblé dans le but de mettre à plat la situation après l'émoi causé par l'émeute d'hier, et cela avant le retour de Lord Rhéomar, prévu pour très bientôt -- peut-être déjà dès demain ou après-demain. Je pense que tous, nous partageons le même désir qu'un tel événement ne se reproduise plus jamais à Waterford. "

Aleth guettait la porte de l'auberge afin de pouvoir atténuer l'émotion causée par l'arrivée d'une tornade maussade qui lui reprocherait à coup sûr de lui avoir dérobé la place de maître de cérémonie. Elle n'avait rien prévu et cherchait quoi dire d'intelligent, qui ne tombât pas totalement à plat.

S'adressant aux notables de Waterford : " Vous avez été choisi par Tristifer en sa qualité d'intendant et de bailli comme représentants de la communauté de Waterford, à même de connaître les aspects de son économie et de ses besoins. Cette réunion publique est l'occasion par ailleurs que tous aient conscience des enjeux en toute transparence."

En réalité, Aleth n'avait pas la moindre idée de ce que pouvait imaginer son oncle à ce propos et elle craignait le pire.

" Je propose que nous fassions un premier tour de table, pour que chacun puisse exprimer ses attentes, ses espoirs ou ses craintes par rapport au futur et au développement de Waterford."

Elle se tourna vers la première personne à sa droite en l'invitant à s'exprimer -- puis à passer la parole à la suivante et ainsi de suite. Elle espérait que ces tours de paroles pourraient prendre un peu de temps et que Tristifer en profiterait pour s'installer calmement sur la chaise vide. A vrai dire, elle n'y croyait pas une seule seconde, mais priait l'Aïeule en ce sens.

[DukeTogo]

On va prendre la liste initiale. Tristifer Castellane/Lady Aleth Castellane/Rose Seldon/Daven Bartheld/Miles Tanry/Mickael Growne/Dame Adrienne. Pair : on commence par le début, impair : par la fin

Rose Seldon fut fort aise qu'on lui donne la parole.
"Oui, des espoirs et des craintes. Bien sur que les habitants de Waterford en ont. Il faut des repères, à commencer par ramener un septon à Waterford et restituer aux Sept la place qui est la leur. N'êtes-vous pas d'accord, lady Castellane?" Comment ne pas être d'accord avec une telle évidence? L'aspiration de l'épouse du prévôt faisait sens et ravissait Aleth qui acquiescait. Dans la salle, Myrosh remarqua aux fossettes de Rose une expression satisfaite teinté d'une petite victoire à son endroit mais aussi à l'attention de Dame Adrienne.

Daven Bartheld pris ensuite la parole pour évoquer l'émeute en demandant qu'il y'ait au moins pendant quelques lunes plus de gardes pour assurer la sécurité du marché et ajouta en hésitant un peu qu'il serait bon que... la maison Castellane ne choisisse pas un jour de rassemblement pour accuser une personne. Le tisserand s'était appliquer à parler sans accuser Tristifer et sa femme dans la salle semblait ne pas approuver. Le reste de la populace par contre...

impair

Ce fut le début d'un sérieuse agitation. Chacun y allait de son commentaire. Nombreux, trop nombreux furent ceux qui se plaignèrent d'avoir perdu tant et plus dans la bousculade. L'un disait qu'il ne pouvait plus marcher sans souffrir le martyr. Un autre que le cheval de Tristifer l'avait écrasé, quand à dire où... Il y'avait trop d'interventions de part et d'autres pour qu'Aleth puisse tous les comprendre et au milieu de cette masse grouillante Bénédicte, la bouche close, qui la regardait avec un dédain non dissimulé. Se déplaçant rapidement, le reitre de Dame Adrienne saisit par l'épaule un homme passablement echaudé qui venait de déborder les deux gardes censés tenir la populace à distance respectable. Myrosh vit la patronne de l'homme de main désapprouver l'intervention. A ce stade, sans hurler, personne ne pouvait plus se faire entendre...

[Maëlys]

Darren eu l'occasion de goûter au franc parler de Kieran, le chevalier s'inquiétait pour Jolan ce qui en soit était justifié, ce pourquoi le maître d'arme calma Kieran et envoya de leur accord à tous les deux quelques cavaliers escorter le chevalier.

Béric rejoignit ensuite l'auberge déjà bondé si bien que son arrivée ne fut guère remarqué ce qui lui permit de se placer dans un coin de l'auberge pour assister à cette réunion, souhaitant entendre ce qui s'y disait sans être le centre de l'attention.

En tout cas, une fois n'était pas coutume Tristifer laissait la situation s'envenimer en n'arrivant pas dans les délais pour le début de la réunion. Voilà qui commençait bien. Gardant un oeil sur toutes les personnes présentes, il sentit la tension monter peu à peu jusqu'à ce que Lady Aleth intervienne et calme temporairement la situation.

L'absence de Tristifer étant bien trop longue, Lady Aleth commença seule la réunion, représentant ainsi la maison Castellane. Naturellement, le sujet dévia vers l'émeute, tout ce rassemblement n'était lié qu'à cet unique évènement à vrai dire aux yeux du maître d'arme. Vite, bien trop vite, les plaintes commencèrent à monter de toute part pour faire un ensemble inaudible, entraînant par la même occasion l'agitation et un risque de débordement.
Toujours installé près du bar, Béric se redressa et prenant toute sa stature hurla dans la pièce :

"SIIIIIILEEEEEEENCE !"

Si le calme s'installe juste après, il ajoutera :

"Vous êtes là pour débattre ! Ceux qui sont pas capable de se tenir finiront dehors !"

[DukeTogo]

Si plus tôt la vision du prêtre rouge maculé de boue avait fait sensation, l'avancée de Béric Kardalt couvert de bandages et rotant du sang en hurlant excédé n'était pas en reste. Le maitre d'armes obtint un silence provisoire non respectée par cette fouine de Tom le Bref qui grommelait contre l'idée de rétablir une foi active des Sept à Waterford.

Béric remarqua le petit sourire gourmand de Dame Adrienne qui appréciait son éclat de voix. Elle profita du silence pour s'adresser à Miles Tanry : "Il semble que la parole soit à vous."

Le vieil agriculteur au menton proéminent regarda de droite et de gauche avant de vider son sac, reprochant notamment le retrait intempestif des paysans de leur champ pour aller travailler au vignoble de Tristifer, dont les revenus ne profitaient à aucun habitants hormis les seigneurs du château. Il tremblait de rage en rappelant comment l'intendant avait proposé de donner en compensation le vin qu'il jugeait impropre à la consommation des nobles. "Les gens du commun continueraient à boire du cidre et occasionnellement de la bière", brailla t'il en guise de dernière note.

[Iris]

Aleth remercia les Sept d'avoir eu pitié d'elle en envoyant Béric et même en inspirant à Dame Adrienne l'encouragement à poursuivre la réunion. Mais Miles Tanry n'était pas loin d'être aussi pénible que Tristifer et braillait ...

" Merci pour votre franc parler. Il est toujours précieux de savoir ce que les gens ont sur le cœur. Il n'y a qu'ainsi que nous pourront réfléchir aux solutions pour améliorer les choses."

Difficile de présenter cette intervention sous un meilleur visage.

" Messer Growne ?"

[Casaïr]

C'est parce qu'il était ici en tant qu'invité et non en tant que résident permanent que Darren s'abstint de remettre à sa place le soldat gouailleur, mais il ne fit pas plus preuve d'un enthousiasme débordant alors que Kieran acceptait d'accorder un peu d'importance à ce qui ressemblait pour lui à une simple fugue adolescente. Une fois certain d'avoir obtenu ce qu'il voulait, il adressa un simple signe de tête au soldat, le minimum possible de politesse qu'il se voyait lui offrir en cet instant, qui signifiait plus "c'est pas trop tôt" que "merci".

Une fois à l'extérieur, il attendit les hommes censés l'accompagner avant de prendre monture puis route vers le marais. Chemin faisant, Darren préféra parler aux cavaliers, sentant qu'il valait mieux être en bons termes avec eux. Après tout, il les obligeait à se rendre dans un endroit effrayant pour la quasi totalité des habitants de la région, tout cela pour porter secours à quelqu'un que tout le monde imaginait en train de courir la gueuse dans un fourré ou en balade sur son bateau.

"Je suis désolé de vous imposer cela, commença-t-il, je sais bien ce que vous pensez, et il est possible que vous ayez raison. Mais j'ai du mal à croire que quelqu'un qui voulait à tout prix explorer ce marais ce matin disparaisse avant de venir au moins nous assurer de sa bonne santé. S'il était revenu entre-temps, je ne vous aurai même pas dérangé. J'espère juste que, quoi qu'il soit arrivé, ce soit moins grave que ce que j'imagine."

Une fois cela fait, il prit la route menant à la dernière position connue de Jolan, pensant trouver des traces du pupille Hastwick et de quoi le suivre et le retrouver.

[DukeTogo]

Le forgeron de Waterford toussa un moment avant de prendre la parole.
"Euh... Et bien, je... je regrette ce qui s'est produit hier, c'est... un fâcheux incident..."

"Et? s'impatienta Rose Seldon. Mickael Growne devint pivoine avant de continuer.
"Hum... et bien, euh... j'ai pas d'problèmes, c'est à dire... C'est... qu'on est bien à Waterford, y'a d'travail, enfin. Bah..."

Il eut un regard circulaire navré qui l'était moins que celui de Dame Adrienne. Le forgeron prit enfin son courage à deux mains.
"Voilà, je vais bientôt partir, j'y ai reçu une offre de travail de Villevieille que j'peux pas refuser, l'chance de ma vie. Enfin... V'z'inquiétez pas, y'aura un remplaçant pour... euh... me remplacer."

Au moment où Aleth allait reprendre la parole pour sans doute féliciter et remercier messer Growne de porter haut le savoir faire de Waterford, Tristifer déboula précédé de quatres cavaliers et suivi d'autant pour se frayer un chemin. Il regardait d'un air satisfait la foule et un peu satisfait la grande table dressée par l'aubergiste qui eut le droit à un regard lourd de critique.

"Alors, lady Aleth, où en sommes nous, demanda t'il tout de go en s'installant entre elle et Dame Adrienne. J'ai manqué quelque chose?"