TDF chap.11.A - Marchands de paix

[Iris]

Les Marsten étaient presque à l'opposé des Dulver : accessibles, de noblesse plus récente et probablement moins prestigieuse, chaleureux... Ils ne posèrent pratiquement aucune question aux nouveaux venus -- ce qui les arrangeait, car la couverture était somme toute assez légère et artificielle.

Les familiers du domaine de Grand Cerf étaient : Lord Daven Marsten -- la trentaine, d'un bon naturel-- ; son épouse la triste Dame Ayleth dans les 25-30 ans et déplorant de ne pas avoir d'enfant depuis sept ans ; le cousin du Lord, Ser Ferdrel, également son héritier par la force des choses, et manifestement impatient d'avoir sa place ; Ser Arsley, un bon ami de Ser Ferdrel avec qui il partageait des manières douteuses à l'égard des femmes.

Seule information pertinente aisée à apprendre : Lord Daven avait échappé à plusieurs tentatives d'assassinat qui ressemblaient à chaque fois à des accidents.

Béric et Darren remarquèrent le manège curieux d'un homme du côté de l'écurie et Darren décida de le suivre jusqu'à l'auberge. Il s'agissait d'un certain "Mott le tueur", bâtard simplet et vantard, fanfaron et lâche.

Dans ladite écurie fut découverte par un serviteur une lettre portant le sceau de Lord Dulver et réclamant la mort de Lord Marsten à un assassin qui aurait laissé tomber la missive, là par mégarde. Béric, Aleth et Darren n'étaient pas dupe, mais la colère aveuglait Lord Marsten, tandis que Ser Ferdrel se réjouissait d'une guerre dans laquelle il serait possible de "perdre" opportunément son cousin.

Au milieu de cette situation confuse, les événements se précipitaient. Il fut possible d'établir que la lettre du supposé tueur était bien marquée d'un sceau officiel, mais pas d'identifier l'écriture pour celle de Lord Dulver ou de son mestre. Les guerriers, pris dans leurs préparatifs, étaient sourds à tout appel à la patience. Lady Ayleth revenait pour sa part de mystérieux rendez-vous avec quelque rebouteux, convaincue d'avoir le remède à sa stérilité. Enfin, Aleth manqua d'être violée par Ser Arsley. Béric intervint à temps, le chevalier voulut s'enfuir, Aleth le rattrapa par le col et le fit chuter durement, avant de l'invectiver si fort, si longtemps et avec une telle force de conviction que tout le château fut attiré et que Ser Arsley fut chassé du domaine.

Darren ramena enfin "Mott le tueur" qui avoua avoir déposé la "lettre de l'assassin" et d'avoir fomenté les "accidents". Il dit avoir agi pour un certain "Ormund le lugubre". Rose, une servante proche de Dame Ayleth, avoua le connaître, précisant sa description, et de fil en aiguille il fut possible d'apprendre où l'homme logeait.

[Iris]

Les troupes Marsten marchaient désormais vers le domaine Dulver -- et de leur côté, celles des Dulver en faisaient autant. Béric fila chez les Dulver pour tenter d'apaiser la situation, tandis que Darren et Aleth se rendaient chez le fameux "Ormund le lugubre".

L'ermite habitait à l'écart, dans une demeure inaccessible à cheval. En dépit de son nom assez ridicule, il s'avéra être un individu hautement charismatique, presque hypnotisant. Il prétendait les attendre, il leur donnait l'impression de lire en eux comme s'ils étaient des livres ouverts... Subjugués, ils en oubliaient presque leur mission et les priorités. Par bonheur, alors qu'ils luttaient pour garder les idées claires, Dame Ayleth Marsten et la servante Rose arrivèrent pour demander des explications à Ormund -- le rebouteux qui avait promis un remède infaillible contre la stérilité.

Comprenant qu'il ne pourrait plus jouer la comédie du sage reclus, il tenta de capturer Dame Ayleth mais Rose s'interposa et fut prise en otage. L'homme menaçait de l'égorger, mais personne ne voulait renoncer. Darren parvint en fin de compte à agir, libérant Rose et se saisissant d'Ormund.

Après un interrogatoire expéditif -- et quelque peu violent -- Ormund avoua : il était un agent Fer-né venu ici pour provoquer une guerre afin de permettre un pillage facile. Le mestre des Dulver était son complice. Dame Ayleth l'avait également aidée à son insu. L'attaque de ses complices était imminente.

Darren et Aleth filèrent sans attendre, rejoignant les troupes Marsten et révélant la vérité au Lord, incrédule. Puis il fallut chevaucher vivement cette fois du côté du domaine Dulver pour également clarifier la situation chez eux.

Un instant Darren et Aleth craignirent le pire : on ôtait le bâillon du terrible Ormund à la langue perfide et hypnotisante ! Mais le malandrin commit l'erreur d'accuser Aleth de mensonge à la face de Ser Walton dont le sang ne fit qu'un tour. Proprement assommé, Ormund ne risquait plus de causer de problème dans l'immédiat, mais le débarquement Fer-né ne tarderait plus.

Contrairement au plan d'Ormund, les troupes Marsten et Dulver étaient sur la plage pour les accueillir.

[Iris]

Les troupes du Bief attendaient, alors qu'apparaissaient plusieurs navires emplis de pillards assoiffés de sang. Aleth était présente, emportée par la précipitation des événements. Ser Walton lui confia son bouclier, dans l'espoir qu'il la protégerait des traits Fer-nés. Même si elle tâchait de garder son calme, si près de la ligne de front, elle se sentait très loin d'être à sa place.

Contre toute attente, le chef des Fer-Nés affirma avoir un sérieux contentieux à l'égard d'Ormund et vouloir le tuer de ses mains.

La négociation fut confiée à Darren. Il estima que les troupes fer-nés n'attendait qu'un prétexte pour aller au combat, et préféra livrer Ormund au chef fer-nés. Ce dernier clama qu'il voulait uniquement conquérir par la force, et non par la ruse. Son orgueil bafoué le poussa à exécuter sur le champ Ormund et ordonner le replis -- pour cette fois.

[Iris]

Un soir lors d'une promenade près de la mer

... Béric offrit à Aleth un stylet de fort belle facture, fait sur mesure, parfait pour être dissimulé dans une manche ...

L'arme permit à la jeune fille de menacer Ser Arsley, mais elle fut rapidement désarmée, ce qui fut pour elle une leçon importante : quand on n'est pas un bon combattant, la menace n'est guère efficace.

Aleth le portait depuis en permanence dans la manche gauche et s'entraînait dans sa chambre à dégainer et frapper... constatant qu'elle aurait encore beaucoup de progrès à faire avant d'être crédible.


Le dernier soir avant le départ de retour vers Waterford

Ser Walton avait invité les Castellane à rester un peu au Puits, mais il fallait repartir rapidement pour tenter de sauver Darren. Un corbeau vola vers Noircouronne pour avertir Alysane Bulwer du succès de la mission, et un autre vers Waterford, pour annoncer la même chose -- et le retour proche.

Ser Walton invita Aleth à une promenade vespérale -- cette fois ci sans Darren en train de pouffer de rire derrière, ni de Béric surveillant la bonne moralité de l'héritier Dulver. A cette occasion, Ser Walton exprima tout son intérêt pour l'intrépide aînée des Castellane. Il respectait et estimait le courage, et espérait qu'elle accepterait de le revoir.

...

... un jour prochain, Ser Walton viendrait sans doute à Waterford pour prendre le temps de faire plus ample connaissance...

... enfin... si Aleth était encore en vie à ce moment... ce qui, avec la chance qui la caractérisait n'était pas garanti, mais comment Ser Walton pouvait-il imaginer ce qui se tramait dans la tour du Mestre des Castellane ?