TDF chap.11.A - Marchands de paix

[Iris]

Le lendemain du banquet ordonné par Lord Rhéomar, un messager annonça à Aleth, Béric et Darren que Lady Alysanne Bulwer était arrivée au port. Ils se rendirent sur place pour apprendre qu'elle n'était que de passage et repartirait dans la journée avec son frère, Jack Bulwer.

Lady Alysanne leur confia revenir de Hautjardin où elle avait reçu des propositions de mariage et -- surtout -- une mission de la part des Tyrell. Il s'agissait d’œuvrer dans le sens de l'apaisement des tensions entre deux maisons côtières : les Durvel et les Marsten. La dirigeante de Noircouronne hésitait cependant à agir. Darren devina qu'elle cachait avoir des relations avec les Durvel -- et plus particulièrement avec Lord Durvel -- et craignait que les Marsten ne la considérassent partiale. Elle souhaitait donc demander l'assistance des Castellane pour agir discrètement à sa place, promettant en retour de parler d'eux aux maîtres du Bief. Aleth ne pouvait refuser une telle opportunité, alors qu'elle était désespérément en quête de la moindre opportunité permettant de négocier la grâce de Darren. Son cher cousin avait été condamné à rejoindre le Mur suite aux événements du tournoi de Rubriant et il faudrait très bientôt aller à Hautjardin pour plaider sa cause.

Béric partit sur un minimaliste : "Au revoir Jack." dépourvu de toute émotion. Darren se rendit compte pour sa part que ledit Jack désirait encore échanger quelques mots avec Aleth, de sorte qu'il incita Béric à laisser la jeune Castellane échanger quelques mots en privé avec son ami. Le garde de nuit était arrivé voilà bien trop peu de temps aux yeux d'Aleth, et repartait bien soudainement. La perspective d'un espoir de sauver Darren compensait cependant la déception de ce départ.

[Iris]

La veille, impossible de passer réellement du temps avec Jack, mais c'était un jour de fête, et elle n'en s'en était pas fait : il resterait encore un peu ! Elle avait souhaité trouver une occasion pour lui donner l'écharpe brodée, mais à chaque fois... en définitive, elle plia l'écharpe dans une bourse -- qui devint fort bombée -- et de décida à lui offrir dès que...

Mais ce jour, elle apprenait qu'il partait déjà. Elle ne put cacher sa déception, même si elle s'efforçait de ne pas le culpabiliser en se tournant un peu en dérision : "Vous aviez dit deux jours au moins... je croyais que ce serait plus que deux... et pas seulement deux! Dire que je commençais juste à me réconcilier avec Dame Adrienne !"

"Jack, vous pouvez filer, porté par le vent du nord, vous ne quitterez pas Waterford sans mon présent, dussé-je vous étrangler avec !"

Sur quoi elle sortit cérémonieusement l'écharpe de sa bourse -- et tant pis si elle était sur les quais, elle n'avait plus le choix --

Il s'agissait d'une écharpe de soie d'un noir profond, brodée d'un côté de lierre et de l'autre de branchages et feuillages de barral : "J'espère que le barral est reconnaissable, je n'avais que des gravures comme modèle." s'excusa-t-elle avant de compléter avec entrain : "Le lierre c'est pour moi... il en pousse partout... vous n'êtes pas prêt d'être débarrassé de moi, même au nord du Mur." puis de nouveau plus lentement et un peu piteuse : "Enfin, vous pourrez toujours la ranger si vous en avez assez des broderies envahissantes. "

[DukeTogo]

Incrédule, Jack avait pris l'écharpe, à la fois ravi et gêné d'une telle attention.

Il s'agissait d'une écharpe de soie d'un noir profond, brodée d'un côté de lierre et de l'autre de branchages et feuillages de barral : "J'espère que le barral est reconnaissable, je n'avais que des gravures comme modèle." s'excusa-t-elle avant de compléter avec entrain : "Le lierre c'est pour moi... il en pousse partout... vous n'êtes pas prêt d'être débarrassé de moi, même au nord du Mur." puis de nouveau plus lentement et un peu piteuse : "Enfin, vous pourrez toujours la ranger si vous en avez assez des broderies envahissantes. "

Le sang du frère juré ne fit qu'un tour à en croire son expression. En un instant, il pris Aleth dans ses bras pour l'embrasser avec passion.

[Iris]

Aleth aurait été incapable de réagir, même si elle l'avait voulu. Elle était partagée entre des émotions contraires si intenses qu'elle ne savait plus quoi faire ni quoi penser. Son esprit était agité par une tornade qui mêlait passion romantique, penchant pour le romanesque, surprise, et peur que sa réputation fût dévastée, emportée aux quatre vents.

Lui rendait-elle son baiser ? Un peu sans doute.

Répondait-elle à son étreinte ? Surtout en ne le repoussant pas, et d'une certaine manière en trouvant plaisir à ce désastre par rapport aux règles de la bienséance.

Chancelante, elle tâcha de se tenir toute seule quand il la relâcha. Elle le regardait avec un sourire gêné et l'impression d'avoir les joues en feu.

" Jack... Combien de personnes nous regardent ? " demanda-t-elle en se mordant la lèvre pour réprimer un fou rire et reprendre contenance. A la dérobée, elle essayait de se faire une idée des dégâts, s'imaginant presque que le monde allait s'effondrer dans l'instant à présent qu'elle avait fait publiquement quelque chose d'impensable.

Finalement ce voyage au nord du Bief est une excellente chose, elle n'aurait pas à être là quand la rumeur se répandrait -- enfin, si les gens des docks étaient d'humeur bavardes... eux... Gyles... Myrosh... Peut-être la rudesse de leur existence les pousserait à une forme d'indifférence ? Et tout serait oublié à son retour du nord du Bief?

[Crépuscule]

Suite à l'incident de la veille, Jolan rata tout de l'arrivée de Lady Bulwer et des départs qui s'ensuivirent (mais ne tarderait pas à apprendre de Lysette tous les détails croustillants), cloué au lit sous bonne dose de lait de pavot, errant dans des songes fluctuant entre cauchemars délirants et rêves idylliques par moment entrecoupés de repos sans rêve.

[DukeTogo]

HRP : Ci-dessous, copier-coller du jet fait sur Donjon utilities...
(...) voyons du coté du port et des adieux fougueux de Jack et Aleth, pour une série de pair/impair. Dans l'ordre, Darren, Beric, Alysane Bulwer, Robert Garrys le capitaine du port et le 5° pour une éventuelle personne radoteuse.
DukeTogo: 5d6
detail 1 + 5 + 5 + 6 + 1
DukeTogo:
Ainsi, TOUT LE MONDE à vu sauf Robert Garrys... :p
Je confirme que Lysette saura...

Je rajoute 2 pairs/impairs pour Gyles et Myrosh
DukeTogo: 2d6
detail 5 + 6
DukeTogo:
Gyles a vu, mais pas Myrosh.

C'est ainsi qu'un peu plus tard, lady Alysane Bulwer et Jack Bulwer prirent la mer vers le sud, accompagnés de la petite Alyse Hastwyck mais aussi de Gyles et Myrosh, déterminé à trouver un remède au maléfice dans ce carrefour de sciences savantes et occultes qu'est la fabuleuse Villevieille. Lady Alysane s'appliqua à n'exprimer aucun signe de ce qu'elle avait vu tandis que Gyles lançait de grands sourires à lady Castellane. Jack était relativement gêné, il n'avait pas voulu mettre Aleth dans l'embarras mais pris par l'émotion et la joie, le surprenant cadeau de sa tendre amie, il avait réagi sans réfléchir quand sa belle avait montré ce qu'il avait pris comme un signe de tristesse et d'inquiétude. Personne ne lui prendrait jamais son écharpe, dussé-t'il se battre au péril de sa vie. Quand le grand bateau quitta le port, Aleth eut le plaisir de le voir sur le pont, portant déjà l'écharpe sous un soleil de plomb.

Aleth vit sur le port quelques dockers la regarder en chuchotant entre eux, nul doute qu'ils avaient vu. Béric faisait mine de ne pas relever, c'était facile à devenir car il n'était pas le plus grand des comédiens. Darren se comporta un peu pareillement mais portait sur le visage un joyeux sourire. Les deux marins de la maison Castellane calquèrent l'attitude du maitre d'armes, affairés au départ proche du petit voilier.

[Iris]

Partagée entre la joie de voir Jack d'humeur gaie, et l'embarras en voyant des gens parler en la regardant, Aleth était finalement soulagée de partir très vite, très loin et souhaitait y rester le plus longtemps possible.

Cette aventure était en outre l'occasion de peut-être pouvoir aider Darren : une raison supplémentaire de partir sans attendre !

...

De retour au château, Aleth alla s'informer auprès de Tristifer et Mestre Corwin a propos des Marsten et des Dulver. Il s'avéra que Lord Dulver était le fameux "Vautour" auquel Tristifer envisageait de prêter de l'argent et du côté duquel il voulait écouler le vin -- il fallait bien de nouveaux débouchés avec la crise Lyndal Flowers. Ces circonstances permirent aux "marchands de paix" de partir à bord de l'Intrépide avec quelques tonneaux de vin et l'instruction de les vendre, et de préférence à de bonnes conditions...

...

Le vaisseau quitta rapidement Waterford -- au soulagement d'Aleth, fort désireuse de se faire oublier tandis que la rumeur de son baiser enflait.

[Iris]

Aleth était apparemment fâchée avec le bateau... encore une fois... et s'efforça d'affronter dignement le roulis, tout en accueillant avec un soulagement évident les haltes.

La première halte au Bouclier gris fut anecdotique.

La seconde halte au Vieux chêne s'avéra plus intéressante. La dame Arwen du Rouvre les ignora, mais grâce à la réputation de vainqueur du tournoi de Béric Kardalt, ils furent reçus à la place par le Manteau blanc Ser Aerys du Rouvre. Le garde royal était en froid avec la reine et se méfiait du jeune prince héritier qu'il disait ressembler à sa mère dans les pires travers.

Seules de maigres informations avaient été récoltées, et c'était un peu en aveugle que les "marchands de paix" se rendaient au Puits, domaine des Dulver.

[Iris]

On arrivait au domaine du Puits par le petit port de Montcreux qui pratiquait des tarifs exorbitant -- 1 dragon d'or par jour pour laisser l'Intrépide à quai !

Aleth n'était pas loin de considérer qu'il s'agissait d'extorsion mais le but était de sauver Darren en évitant une guerre privée entre deux Maisons mineures, aussi toutes les contrariétés de coûts passaient-elles à l'arrière-plan.

Le domaine dans son ensemble était tenu de manière énergique, chaque source de revenu était exploitée au maximum et la population semblait animée de la même passion cupide que le Lord "Vautour".

Comme aucune information vraiment pertinente n'avait pu être obtenue avant d'aller au château, il fut décidé de procéder en utilisant au maximum la couverture offerte par les recherches de débouchés commerciaux de Tristifer. Celui-ci aurait sans doute été impressionnés -- et envieux -- devant une telle maîtrise, une telle âpreté au gain. On fit attendre la délégation Castellane durant des heures en plein soleil dans le but de les affaiblir pour l'entrevue auprès du Lord. Ce procédé ne donnait pas une bonne impression des moeurs locales.

La négociation prit rapidement des allures de défaites en rase campagne : Aleth se fit escroquer dans les grandes largeurs, véritablement dépouillée. Si elle avait voix au chapitre, alors non, vraiment, il n'y aurait aucun accord avec Lord Vautour. Du point de vue de la jeune fille, le seul intérêt avait été de découvrir une forme d'empressement de la part du Mestre à favoriser la guerre et négliger toutes les issues diplomatiques.

La guerre donc ? Les Dulver étaient furieux qu'un convoi avait été attaqués voilà environ deux lunes alors qu'il se rendait chez les Marsten. Les détails de l'attaque étaient très flous.

Ayant appris que Lord Dulver et son fils Ser Walton Dulver -- un combattant ayant gagné l'estime d'Aerys du Rouvre -- étaient en froid et vivaient séparément, on décida d'aller tenter de chercher du côté du fils.

[Iris]

Sur les terres des Dulver se trouvait un hameau dominé par une tour et un septuaire. Là vivaient le fils du Lord, Ser Walton, son oncle bâtard Gambul Hill, et le Septon.

Se faisant passer pour des marchands soucieux de leurs investissements, les trois membres de la délégation Castellane passèrent le reste de la journée au hameau à parler au Septon et à Ser Walton. Ce dernier, véritable colosse à l'allure fort avenante, s'avéra positivement charmé par Aleth. Incidemment, Ser Darren se fit remarquer de Ser Walton, par sa propension à paraître rire de lui et de son inclination pour Aleth. Plaidant en faveur d'une enquête visant à éclaircir les faits et éviter une guerre fratricide, elle obtint le soutien de Ser Walton et du Septon.

Après une nuit à la tour, la délégation, accompagnée de quelques gardes Dulver, fit le chemin menant chez les Marsten et chercha un ou des témoins à l'attaque. Dans les faits, il s'avéra qu'il n'y en avait pas et que l'attaque semblait avoir eu lieu dans des circonstances étranges, presque délibérément spectaculaires.

Sans indices probants ni l'ombre d'une explication -- mis à part un vague soupçon portant sur le mestre --, il fut décidé de poursuivre l'enquête chez les Marsten.