TDF Chap. 12 : Sept jours pour agir

[Thalgrim]

Myrosh plissa les yeux en écoutant Jolan se justifier en criant. Les paroles de son amis sur le dévouement et le sacrifice faisait douloureusement écho à son propre passé et se perdit un moment dans ses souvenirs.
Le prêtre rouge ferma brièvement les yeux pour s'éclaircir les idées et passa la main sur son crâne rasé. Seul le présent importait désormais, et il ne devait pas laisser ses sentiments personnels altérer son jugement de la situation. Le regard de Myrosh s'attarda sur le cadavre de Corvin, puis sur celui de Bénédicte. Le visage de la jeune femme était à jamais figé dans une expression mêlant peur et surprise. Le serviteur de R'hllor hocha lentement la tête, comme s'il répondait à une supplication de la défunte. Elle méritait la justice. Les ténèbres qui tourmentaient Jolan devaient être arrêtées, d'une manière ou d'une autre.

"T'entends-tu seulement parler mon garçon? Es-tu en train de te réfugier derrière la devise de ta maison pour justifier un meurtre? Réalises-tu seulement que le seul sacrifice honorable est celui de sa propre personne? Les mots qui sortent de ta bouche sont ceux d'un homme uniquement dévoué à sa propre ambition, exactement le genre de personne que tu détestait hier encore. Ne laisse pas le poison de la lame d'ombre s'emparer de ton âme Jolan. Ne laisse pas le démon gagner!"

[Crépuscule]

"Je me déteste encore bien plus aujourd'hui Myrosh, je me déteste plus que tout le reste, je n'ai jamais rien voulu de tout cela, ce nom, son avenir ... s'il fallait arrêter le démon pourquoi as-tu arrêté le feu ? "

Jolan entendit la réponse en lui, il s'en rappelait, comme tout le reste,.

"C'est à moi de l'arrêter ... je n'en ai pas la force Myrosh ... je ne trouve pas le courage ..."

Il s'en rappelait, il s'était toujours rappelé de tout, il savait où le trouver, il devait le trouver dans son coeur.

Il se rappelait de tout, la tendresse de sa mère, les sermons de son père, les leçons de ce qu'avait été leur peuple et leur maison, les prairies de la Trémière, les entraînements avec Reswald dans la cour de la bâtisse, la naissance d'Alyse, ses petites mains fragiles serrant son doigt, les larmes de sa mère, le départ de son frère, l’arc bien trop grand pour lui qu’il lui avait offert, les sourires disparus de son père, les roses trémières qu'il faisait pousser, Lars, Percy, la pluie sur le vieux chêne, la dernière visite de Reswald, le visage de ser Thorim Drox, les jardins de Hautjardin, les roses jaunes, les papillons, Aleth, les adieux à sa mère, son arrivée à Waterford, Dugal, la chaleur de l'été et la sueur dans leur dos quand ils défendaient le Bief d'ennemis imaginaires, le cadeau de Lord Rhéomar, Justice mise entre ses mains tandis que Dugal recevait Honneur, leurs promesses le jour du départ de Dugal, sa rage contre les fer-né suite à la mort de Dugal, les années passées à ne plus quitter Aleth, leurs nombreuses confidences, le départ d’Aleth, sa rencontre avec Bénédicte, leurs nuits de passion dans la crique, l’ondulation de ses cheveux, chacun des traits de son visage, chaque courbe de son corps, son odeur, la douceur de sa peau , le retour d’Aleth, les révélations de Gyles, le voyage pour la Trémière, le premier sang sur la lame de Justice, Jack, Lady Alysanne, le chaos à la Trémière, la poursuite, le combat contre les manteaux d’or, les échanges avec son père, ses mots pour libérer Bénédicte, le piège puis la traque de Thallia, le souffle de sa flèche, l’attaque contre Aleth, le mariage, ses échanges avec lady Cendregué, le tournoi, la tension de la corde de son arc, l’empennage de la plume rouge, Emmet, Noirecu, la victoire de Béric, l’expression dans le regard de dame Guenièvre, l’amitié avec Myrosh, la folie populaire sur la place du marché, l’humidité des marais, les tonalités de la voix de Thallia, la douleur … la folie, les visons, la douleur … le casque, le parchemin … la douleur … l’incessant babillage de Lysette … l’adoubement de Béric … la douleur … la nuit, les terreurs, l’école, Aleth, Corvin, Dame Adrienne, Bénédicte, la chaleur du sang, la chaleur du feu …


Myrosh, Aleth, Béric, Dugal, lord Rhéomar, lady Guenièvre, Alyse, son père, sa mère, Reswald … Bénédicte. .. le courage se trouvait dans la place de chacun d’eux dans son coeur ....

Jolan baissa les yeux, ce soir il avait oublié leurs visages, mais quand il les releva, il avait le sentiment qu’ils étaient tous là, avec lui, en lui, il plongea un regard déterminé dans celui de Myrosh et lui dit :

“Honneur et Justice”

Myrosh entendit alors un petit bruit aigu de quelque chose tombant sur le sol. Son regard s’abaissant, il vit le morceau de verre ensanglanté au sol, et le sang, coulant abondamment d’une large entaille au poignet de Jolan, se mélangeant au sol à celui de Bénédicte.

“Honneur … et Ju..stice…”

Jolan tourna de l’oeil et tomba inconscient sur le corps de Bénédicte, sa vie s’enfuyant dans ce flot écarlate, emportant avec lui ce mal qui l’avait damné.

[Casaïr]

J’eus un léger rire de soulagement, je m’étais vraiment fait des idées ! Qui qu’elle soit, je finis par me persuader que je n’avais jamais vu quelqu’un comme elle jusqu’à présent, aussi vraie, aussi… spontanée. Un îlot de fraicheur dans un océan de faux-semblant. Je crois que j’aurai pu tomber amoureux rien qu’en vivant ce moment avec elle. Peut-être était-ce son but, au final ? Si c’était le cas, j’avais presque le goût d’y céder.

« Je veux le vrai toi », murmura-t-elle.

Entendre sa voix, ses mots, m’étourdirent quelques secondes, moi qui m’étais persuadé que je ne l’entendrai peut-être pas ce soir. Qui plus est, ces quelques mots résonnèrent étonnamment fort en moi, déclenchant une succession d’émotions que je n’étais pas bien certain de comprendre, accentuées par le contact de sa main sur ma joue. Je pris son menton entre mes doigts avant de l’embrasser tendrement, le temps de quelques batte-ments de cœur, tout en étant déçu de rompre ce doux échange. J’allongeais délicatement ma muse de ce soir avant de me placer au-dessus d’elle, m’apprêtant à m’introduire en elle, tout en caressant sa poitrine, profitant de cet instant hors du temps.

[DukeTogo]

Leurs regards plongés l'un dans l'autre, ils étaient en accord. Leurs désirs étaient les mêmes, ils respiraient au même rythme, vivaient la même intensité, la même sincérité. Ils étaient eux-mêmes, sans apprêts, sans fausseté, sans masques. Leur plaisir était authentique, simple et vrai. Ils étaient unis dans la même honnêteté, sans démonstration surjouée, atteignant ensemble un plaisir immense et enivrant.

Les bougies avaient déjà décliné, insensiblement, quand il s'allongèrent l'un contre l'autre. Tout contre lui, elle goûtait encore la chaleur qui émanaient de son amant. Lui si beau, si fort, lumineux, ... et tout à la fois offert à elle, corps et âme. Ils se reposaient, riant parfois. Elle ne se lassait pas de caresser sa peau d'abord à moitié endormie puis plus tard parfaitement réveillée. Elle grimpa sur lui, l'agrippant désormais de ses deux mains, le souffle troublé. Quelque chose en elle paraissait différent, insensiblement. Elle qui lui paraissait si délicate et éthérée révélait petit à petit une part jusque là profondément enfouie en elle. Un éclat plus sauvage semblait briller, sous la surface des eaux sombres de cette nuit enivrante. C'était un joyaux de vie, brut et ardent qui malgré un désir fort commençait à s'épuiser. Elle avait une expression à la fois rieuse et vexée de devoir reconsidérer à la baisse son désir de chevauchée.

Elle bascula sur le coté, se servant un verre d'eau qu'elle engloutit avant d'en remplir un autre qu'elle commença et donna à son amant. Elle s'étira, soupira en passant sa main dans ses cheveux coupés courts et s'allongea de nouveau à côté de lui, couché sur le ventre. Il découvrait son dos, les courbes de ses hanches. Elle le regardait tandis qu'il la contemplait, et son regard grivois laissait penser qu'elle appréciait d'être ainsi l'objet du désir qui montait en lui.

Joueuse, n'ayant peu de doute sur la question, elle lui murmura avec un regard coquin :

"Tu les aimes mes fesses ?"

[Thalgrim]

Myrosh s'agenouilla auprès de Jolan. En faisant le sacrifice ultime en connaissance de cause et sans en appeler au jugement d'une puissance supérieure, il combattait de la seule façon possible contre la noirceur qui avait irrémédiablement envahi son âme. Le prêtre rouge se rendait maintenant compte de son erreur : aveuglé par son affection pour le jeune homme, il avait ignoré les avertissement de Marwyn et s'était persuadé qu'il existait un remède autre que la mort au poison de la lame maudite.
Jolan perdait peu à peu conscience de son environnement, mais il senti une chaleur bienfaitrice se répandre dans son corps et réalisa que le prêtre rouge venait de le prendre dans ses bras. Tandis que la vie l'abandonnait, le jeune homme entendit distinctement les derniers mot que son ami lui murmura...

Myrosh ferma doucement les yeux de Jolan Hastwyck, puis se releva lentement en allongeant respectueusement le corps sur le sol. Il s'occupa ensuite de la même manière de Bénédicte, et la plaça à côté de celui qu'elle avait aimé. Satisfait d'avoir rendu une certaine dignité au couple, le prêtre rouge s'approcha du dernier cadavre. La vision que R'hllor lui avait envoyé plus tôt était encore bien présente dans son esprit, et il s'interrompit en remarquant similitude vestimentaire entre l'ombre qui avait agressée Bénédicte dans sa jeunesse et Corvin. Il grimaça de dégoût en réalisant l'horreur que cette découverte impliquait, et se contenta finalement d'ôter sa cape pour en couvrir le corps du mestre.

Myrosh sortit finalement du bâtiment, en refermant comme il put la porte derrière lui, puis il se mit en quête de Béric ou de lady Aleth. Il les trouva tous les deux en train de quitter l'auberge, et les héla, ignorant pour une fois toute forme d'étiquette. La mine du prêtre rouge était grave, et la tristesse se disputait à la détermination sur son visage marqué. Il entraina ses interlocuteurs un peu à l'écart, désireux que personne d'autre n'entende ses paroles.
"Il s'est passé quelque chose de terrible dans la futur école. J'y ai trouvé le corps de mestre Corvin, mais aussi Jolan. Notre ami a malheureusement succombé à la plus noire des folie, certainement un effet du poison de la lame d'ombre. Il a..." L'homme d'Asshaï déglutit et inspira en triturant sa barbe, comme si les mots qu'il s'apprêtait à prononcer ne voulaient pas quitter sa gorge.
"Il a assassiné Bénédicte avant de se donner la mort."

[Iris]

Aleth accusa le choc. Cette nuit infernale n'aurait donc jamais de fin ?

Jolan... mort... pris de folie... lui aussi...

Comme dans un rêve elle s'entendit répondre : "Jolan avait en lui cette fêlure qui n'a jamais pu guérir. La blessure est ancienne et il avait parfois des réactions excessives. Le poison... le choc de ce soir ont dû achever de rompre l'équilibre précaire qui le maintenait. Quant à Corwin, j'ai toujours cru qu'il était étrange parce qu'il était profondément malheureux, alors qu'il était malfaisant."

La jeune femme ferma les yeux un moment. Tout était devenu... c'était le chaos, la folie... que faire ?

Soudain elle se rappela que Myrosh ne savait pas :

" Vos investigations à Villevieille n'ont peut-être pas sauvé Jolan, mais les Sept m'en soient témoin, vous nous avez rendu un service inestimable. Vos recherches ont effrayé nos ennemis, suffisamment pour que Corwin révèle qui il était. Il a voulu fuir le domaine, mais pas avant de s'en prendre à moi. Je dois la vie à l'intervention de Dame Adrienne qui connaissait les penchants qu'il assouvissait à demi chez elle. Cela fait des années que nous sommes trahis par un homme qui avait toute notre confiance. Sans vous, le mal aurait perduré bien plus longtemps."

Elle commençait à réfléchir, cherchant comment... comment épargner ceux qui demeuraient... comment ne pas créer de nouveau malheur.

[Maëlys]

Béric s'était fait une vision de ce qu'il allait trouver au septuaire d'après les dires d'Aleth. Mais l'arrivée de Myrosh puis les vérités qu'il asséna plongèrent le dornien dans une forte confusion.
Jolan comment cela pouvait-il être possible ?! Il était impulsif mais pas au point de faire cette folie ...

Puis ce furent les paroles d'Aleth qui complétèrent le tableau en évoquant des "penchants" de Corwin ainsi que sa traîtrise au delà de l'histoire de Floki. Cela en était trop pour un seul soir !
Il réfléchit quelques instants avant de dire à ses deux interlocuteurs d'une voix neutre, essayant de pas faire transparaître ses émotions :

"Je vais aller au septuaire. Lady Aleth, rien ne vous y oblige à y aller. Vous pouvez rentrer au château si cela peut vous épargner, vous avez assez vécu de choses pour aujourd'hui je suppose.
Je vais tacher de condamner le septuaire pour la nuit, voir ramener les corps au château pour éviter tout risque avec la population. Les hommes seront sur le port pendant ce temps-là pour bloquer les bateaux.
Je retrouverai ensuite qui comptait le convoyer pour saisir les affaires de Corvin."

"En rentrant au château, vous pourriez informer notre Lord. Mais vous êtes libre de vos choix."

Puis se tournant vers Myrosh :

"Je peux compter sur vous ?"

[Thalgrim]

Les révélations d'Aleth sur Corvin emplirent Myrosh de colère et d'indignation.
"Il a s'en est pris à toi... vous?!" Le prêtre rouge s'arrêta de parler, faisant brutalement le lien entre les penchants à demi assouvies du mestre auprès de prostituée et la vision envoyée par R'hllor. Il réalisa alors pleinement ce qui pouvait cacher derrière les paroles de la jeune lady et laissa échapper une série de juron. "Le salopard.... Je crois que Bénédicte a été sa victime quand elle était plus jeune.... Avant de se confesser, Jolan m'a aussi dit qu'il avait échoué à la protéger..."

"Vous dites qu'il trahissait votre maison depuis des années? Mais comment? Et quel rapport avec les investigations que j'ai mené avec Gyles à Villevieille? À part des brigands, quelques gardes corrompus et mestre Marwyn, nous n'avons rencontré personne...." L'entrevu avec Ryam, précisément la raison pour laquelle Myrosh voulait initialement voir Aleth, lui revint soudain en mémoire. "Votre ancien mestre! L'archimestre Ryam! Il était nerveux quand nous avons sollicité une entrevue, et a essayé de nous intimider et de nous corrompre!"


Une fois que Béric eut exposé ses projets, le prêtre rouge hocha la tête.
"Bien sûr, tu peux compter sur moi. Mais si lady Aleth désire retourner au château, il lui faut une escorte vu les circonstances" À l'adresse de la jeune femme, il ajouta "Dans l'absolu, je pense que vous seriez plus en sécurité en restant avec nous pour le moment... Non que je remette en question les compétences de vos gardes, mais puisque Corvin était un traitre, on ne peut exclure que vos ennemis en aient introduit d'autres dans vos murs..."
La crainte que la garde abrite des traites n'était pas la seule raison qui poussait Myrosh a vouloir garder Aleth auprès d'eux. La jeune femme venait de vivre des événements particulièrement éprouvant, et il préférait être certain qu'elle ne se retrouve pas seule.

[Iris]

Aleth faillit dire qu'elle n'avait pas peur, mais comment concevoir une émotion alors qu'elle ne ressentait plus rien ? Elle réagissait à contre-temps, trop lentement. Pas de panique, de fuite hystérique, de rage, seulement cette absence. La colère de Myrosh ne suscitait aucune réaction. Elle devait faire à chaque fois un effort considérable pour parler, penser et décider. Aussi suivit-elle les deux hommes vers l'école, et les laissa-t-elle trouver une source d'éclairage -- il n'y en avait plus depuis que Jolan avait brisé la lanterne de Corwin.

Après un moment :

" Il faut ramener la dépouille de Jolan au septuaire du château. Je m'occuperais de la toilette funéraire dès que j'aurais pu parler à Père."

Elle avait réfléchi avant de dire tout cela. Avec l'été, on ne pouvait laisser longtemps des corps exposés à l'air. Il n'y avait pas de sœur du silence au domaine, pas non plus de septon, de septa, et plus de mestre. C'étaient normalement aux femmes d'assurer les soins des nouveaux-nés et des défunts.

" Il faut rendre le corps de Bénédicte à son père, qu'il puisse la pleurer tant que son visage n'est pas déformé par la mort."

" Corwin peut être enveloppé d'un linceul et enterré. Une tombe solitaire pour un homme qui a toujours préféré servir l'archimestre Ryam plutôt que de lier son destin à la Maison qui l'accueillait."

Elle prit une inspiration pour dissiper le malaise qui l'étreignait et elle reprit : "Pour ce qui est de la version officielle... Mestre Corwin nourrissait une obsession morbide à mon sujet et détestait Tristifer. Il avait préparé sa fuite du domaine et a voulu s'en prendre à moi et m'enlever dès mon retour. J'ai été sauvée. Jolan est arrivé. Mestre Corwin alors était blessé. Bénédicte est arrivée. Jolan et elle étaient très proches. Jolan étant encore fragile, du fait de sa récente blessure. La situation entre eux trois a dégénéré. On ignore qui a tué qui, quand, comment ou pourquoi. Les gens imagineront ce qu'ils veulent sur les blancs du récit."

Le baiser d'Aleth et de Jack deviendrait peut-être un élément déclencheur dans cette légende locale. Les manques de l'histoire donneraient peut-être naissance à des versions contradictoires. Quant à elle, la douleur de la trahison et du deuil lui permettait de ne pas avoir à répondre aux questions précises.

Regardant les autres, elle puisa dans ses forces et s'anima un peu plu pour leur expliquer : " Corwin a fait d'autres victimes : Lysanor, sans doute Alyse Hastwyck, et peut-être la fille de Rose Seldon. Nous ignorons combien de gens il a fait souffrir. Cette version le présente aux yeux de tous comme un dément criminel. Celles qui ont souffert sauront qu'elles n'ont pas été seules et que leur bourreau a été puni. Si Alyse Hastwyck a été victime, elle pourra au moins penser que son frère est mort en mettant un terme à la vie d'un monstre. Pour elle, il pourra rester un héros. Pour Lord Hastwyck, perdre son héritier, tout juste reconnu, est un drame, mais pouvoir penser qu'il a succombé en accord avec la devise de sa Maison -- Nul n'est si dévoué -- offrira peut-être un baume à sa douleur. "

De meurtrier dément, Jolan deviendrait ainsi peut-être un héros tragique. Il aurait peut-être aimé donner naissance à une légende romantique et fatale...

Tous ces mots avaient fatigué Aleth. Elle avait soif et un peu mal à la tête. Les heures s'enchaînaient et elle n'avait pris presque aucun repos.

[Casaïr]

« Je ne les aime pas, répondis-je d’un air très sérieux, je les adore ! »

Quittant cet air docte que je ne prenais jamais, je lui lançais un clin d’œil assorti d’un sourire enjôleur avant de vite les embrasser, puis de remonter le long de sa colonne vertébrale que je léchais avec gourmandise, pour finir en lui mordillant légèrement le cou puis le lobe de l’oreille. Ma belle inconnue semblait d’humeur joueuse, ravivant mon désir pour elle. Je n’avais guère de doute sur le fait qu’aussi bien elle que moi passions la meilleure soirée de notre existence et, quelque part, une infime partie de moi se désolait à l’avance de sa fin prochaine. Cette constatation fut immédiatement balayée par l’envie d’en profiter tant et plus et, si la chance nous souriait, peut-être qu’à l’avenir… ?

Reléguant ces pensées dans un coin, je retournais mon attention sur le dos de ma complice d’une nuit, le parcourant de mes mains pour en apprécier toute sa beauté, stimulant mon appétit et le sien -en tout cas je l’espérais. Puis, posant mes mains sur mes hanches, je lui soulevais doucement le bassin, ponctuant mon geste de baisers sur sa croupe ainsi offerte, et tandis qu’elle ramenait ses jambes sous elle pour maintenir la position, je m’introduis en elle délicatement, avec la ferme intention de rendre jaloux tous les couples batifolant actuellement à la Jouvencelle.