Ravi que Joango ne recule pas devant un projet aussi fou, Tyène gratifia son champion d'un regard brulant de promesse.
"Une mauvaise fille, mais une bonne reine, tu verras."
Elle se laissa entrainer par l'écuyer en pouffant d'un rire cristallin. Ensemble, ils allèrent et vénèrent dans les allées du grand jardin de la citadelle de Maegor. Joango cherchait des passages, des allées dérobées sans vraiment trouver. Ils croisèrent des tourtereaux, des dames de parages, des serviteurs et des hommes qui avaient besoin d'un grand bol d'air en comparaison de la chaleur régnant dans la grande salle du bal. Rien, il n'y avait apparemment aucun moyen de traverser la grande muraille qui les séparaient de l'autre moitié de la citadelle. Au moins, Joango réussit à chaparder une cape de laine brune pour couvrir les épaules de sa belle.
Il n'était pas question d'abandonner. Joango voulait être à la hauteur. Malgré tout les bons transports qu'il avait pour Tyène, une pensée lointaine comme enfouie lui intimait de ne pas risquer un caprice de la dorniène le délaissant en découvrant quel garçon d'étable ennuyeux il était en réalité. Plus féline que serpentine, elle n'en paraissait pas moins insaisissable. Cherchant encore une voie miraculeuse, il en vint à approcher de la porte gardée par des Manteaux d'Or. Il y'eut une première tentative en faisant mine de traverser d'un pas assuré, comme s'ils allaient et venaient régulièrement dans la citadelle. Cela échoua, malgré un aplomb certain et une certaine inventivité dans des prétextes pourtant plausibles. Il y'eut une nouvelle tentative en profitant d'une rotation des soldats dans le but de tromper ces nouvelles têtes qui se passa encore plus mal. Non, la petite brune n'était pas une petite pute envoyée pour réjouir Janos Slynt, le commandant du Guet. Tyène siffla son mépris, Joango était près à en découdre sans considération de leurs nombres. La situation aurait rapidement dégénérée si ce n'était l'intervention d'un homme qui fit hésiter les soldats en s'adressant à leur chef tout en franchissant la grande porte.
"Allons, officier. Vous sauriez reconnaitre le nouvel échanson de la Main et la prochaine lubie du roi si les aviez sous le nez, n'est-ce pas ?"
L'officier présent ne sut quoi en penser et rien dans l'expression de lord Varys ne l'adait à deviner si c'était du lard ou du cochon. Joango et Tyène échangèrent des regards perplexes. Un garde lâcha son avis éclairé à son chef :
"Je trouvais ça bizarre aussi, comment qu'elle s'prend pas pour de la merde." L'officier eut un mouvement de tête nerveux signifiant aux deux jeunes gens de passer. En quelques jours, Joango était passé de bâtard souvent corrigé à écuyer, puis d'écuyer à porte-gobelets. Improvisant vite, il se rappela l'attitude morne du jeune brun qui l'avait vu subtiliser la Treille Auré et afficha un visage contrit pour donner le change en avançant. En passant aussi, Tyène bouscula d'un vif coup d'épaule le garde qui l'avait agrippé plus tôt. Celui-ci se retint de la rattraper et épongea sa rancoeur en affirmant que le roi allait bien la soumettre et lui apprendre le respect. Elle marqua une pause pour lui adresser un geste obscène devant les rires gras des autres soldats.
Lord Varys attendaient quelques mètres devant, l'oeil malin en regardant tout cela et lâchant à l'officier qu'il espérait qu'il ne faisait pas erreur. Il eut ensuite un regard au sol devant les pieds des deux jeunes gens et tourna les talons pour se diriger d'un pas calme vers la première maison sur la gauche. Il avançait à petits pas, les mains cachés dans de larges manches. Tyène ne savait pas quoi penser de cet homme providentiel au physique enrobé et s'en remettait à Joango pour savoir s'il fallait le suivre ou non.