Fortuna Imperatrix Mundi

"Notre avenir? NOTRE AVENIR? De quel avenir me parle-tu alors que me quittes? Je ne t'avais rien demandé. Mais toi... toi..."

Ses mots moururent dans sa gorge avant de pouvoir reprendre.
"Tu me disais que nous partirions, loin d'ici. C'est... c'est toi qui m'a parlé du septuaire, que tu nous y avais vu, tout les deux, nous unir. Mais quelle idiote je fais, quelle idiote je suis!
Il ne te suffisait pas d'avoir mes jupons, il te fallait aussi mon coeur? Laisses-moi, pars... PARS !"

Elle le repoussa et refusa d'avoir tout contact avec lui. Mais de la colère, ça, non, elle n'en avait pas fini. Revancharde ou cruelle, elle continua.
"Ils ont raison, ils ont tous raison, tu es bien un Hastwyck, un tourne-casaque. Je n'ai pas voulu les croire. Toi, me protéger? Me défendre? Je n'ai besoin de personne pour me défendre. PERSONNE !

Jolan crut un moment qu'une autre personne s'était emparé d'elle. Secouée de tremblements, elle sortit du fourreau le poignard qu'elle portait à la ceinture. ses yeux devinrent rougies par les larmes et la colère, sa respiration était haletante.

"Des mensonges, tes promesses de mariage. Comme si les Sept t'avait parlé! Il aurait mieux valu que le Dieu Noyé vous emporte tout les trois! Va, cours rejoindre ta soeur et cette garce, va les défendre avec des flèches et des roses. Tu ne vaut pas mieux que moi : je sers à boire à des ivrognes et tu es son valet."

Elle renifla, cracha, ravala sa morve et telle une prophétesse habitée par quelque démons jura, s'adressant autant à elle-même qu'à Jolan :
"Fini de pleurer. C'est toi qui va pleurer."

La situation était dure, il s'y était attendu, il s'était dit qu'il devrait être fort, mais Bénédicte n'était pas du genre à s'effondrer en pleurant ...elle avait un caractère de feu ...et à présent, il allait brûlait dans les flammes de sa colère ... il souffrait déjà le martyre intérieurement et elle venait de calciner ses blessurres aves ses propres mots ...mais ces maux n'étaient rien comparés à ce que ses mots avait fait ...

Il ouvrit sa veste d'un geste, découvrant son buste, et écarta les bras.

"Vas-y! Frappe! Je t'ai donné mon cœur ici même, tu es droit d'en faire ce que bon te semblera."

Jolan la regardait mais restait attentif à ses mouvements, non pas pour se défendre, que les Sept décide de son sort, mais il n'accepterai pas que cette lame frappe sa porteuse.

Jolan se demanda un long moment si elle pourrait vraiment lui planter le poignard dans le torse. Et puis, elle baissa progressivement la main mais la relevait aussitôt si elle sentait qu'il faisait un pas vers elle.

Elle répondit quand elle retrouva son calme.

"Donner et reprendre, ce n'est pas donner."

Elle rangea le poignard dans son fourreau et entrepris de rentrer à Waterford à pied.

"Je ne reprends rien, mes sentiments étaient sincères, ils le sont toujours. J'aimerai qu'il puisse en être autrement."

Si la conversation était close, s'il n'y avait plus rien à dire, il essayera néanmoins de la convaincre de ne pas rentrer à pied. Il lui proposera de monter sur le cheval, lui marchera à côté.

S'il y'a un trait de caractère qu'avait bien Bénédicte, c'est d'être têtue.

"Ton cheval? Je ne veux rien de toi, ni pitié ni rien! Laisses-moi, je vais pas me perdre. Laisses-moi, je te dis! Vas donc t'occuper de ta soeur, qu'on voit un peu à quoi tu sers! Et de ta lady-la-jalouse!"

Continuer près d'elle était s'exposer à un flot incessant de remontrances et d'invectives soutenues. Bénédicte était très en colère, les larmes avaient vite cédé la place à la rancoeur. Quand Jolan eut la conviction qu'elle ne ferait rien de stupide, il la laissa continuer son chemin d'autant que certains mots commençaient à trouver leur cible, à savoir le blesser. Entrer en colère à son tour n'apportant rien, il eut la sagesse de ne pas prendre de risque et éviter un engrenage irrémédiable.

Revenant au château, il songea à ce qu'il venait de faire la mort dans l'âme. Il voulu aller voir sa petite soeur, être un grand frère était un sentiment pour le moins nouveau et il avait envie de nourrir son coeur du visage d'Alyse dormant paisiblement. Cependant, il fut stoppé par la servante qui ne dormait pas malgré l'heure et qui prétendait lui barrer le passage. Ce faisant, elle compris qu'elle faisait une erreur car Jolan semblait peu disposé à la patience, échauffé qu'il était de ce milieu de soirée fort éprouvant. Il l'avait déjà rembarré plus tôt dans la journée mais qu'importe. Oui, il était un pupille, un Hastwyck "tourne-casaque", et alors? Etre regardé de travers ne datait pas d'hier...

Il resta assis dans la pénombre un moment à regarder dormir Alyse et songea qu'il avait des raisons d'être fier d'être un Hastwyck.

Fin de scène

Chapitre 4. Durant le mariage Harte-Manning

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Jolan avait réussi à se faufiler hors du banquet qui devenait un lieu bruyant à trois lieux à la ronde. Comme prévu, il rejoignit le jardin du château et un certain bosquet isolée.
L'endroit était vide. Il attendit un peu, sous la faible lumière d'un maigre croissant de lune.

Et puis, il entendit des pas sur le gravier qui se rapprochait, rapprochait et stoppèrent soudainement. Dans la pénombre, il reconnut une silhouette féminine, malgré la cape supposée cacher ses traits. La jeune hésitait, regardant d'un coté ou de l'autre si elle pouvait prendre la fuite.

Alors qu'il était seul, Jolan se demandait s'il avait bien fait d'accepter, mais il ne pouvait se défiler, ce ne serait pas correct.

Vint une petite souris pointant le bout de son nez.
Jolan dit sans hausser la voix.
"La lune se joue-t-elle de mes sens ?"

"Ah c'est bien vous."

Rassurée, elle se rapprocha en se découvrant. C'était bien Milena Cendregué qui le rejoignait pour un rendez-vous secret organisé par Gyles, devenu l'espace d'un instant un genre de meilleure amie.
En avançant, elle regardait de part et d'autres et se détendit complètement : l'endroit était relativement à l'abri des regards.
Elle s'asseya à l'invitation de Jolan sur le banc de pierre présent.

Sans être aussi jolie qu'Aleth ou Silva, Milena était assez mignonne, avec une forme de timidité un peu craquante. Jolan comprit à ses regards en biais et son pincement de nez qu'elle ne prendrait la parole en premier.

Milena regarda Jolan d'un regard en coin : elle ne voulait pas déjà dévoiler ses yeux, sa timidité l'emporta à cet instant, mais pourtant, elle répondit poliment.

"Je vous remercie d'avoir demandé à ce troubadour de nous organiser cette entrevue. Le mariage était effectivement réussi... Je suis touchée de votre aveu, et je vous fais le même : j'ai également beaucoup pensé à vous tout au long de la cérémonie."

Rougissante, elle ajouta :

"Notre rendez vous ne me portera pas préjudice. Mère n'est pas là, je suis libre de dire tout ce que je veux, et de faire tout ce que je veux aussi !! Nous avons un peu de temps devant nous, et je suis curieuse de vous connaître : Père parle parfois de la famille Hastwyck. Une chance pour moi de me forger ma propre opinion vous concernant !" dit elle avec un petit sourire malicieux.