Guenièvre de Castellane a écrit :"Et vous l'êtes à mes yeux, Aleth. Ce qui m'importe, c'est que vous le soyez toujours au yeux de tous. Vous ne devez pas oublier que nous sommes dans un monde d'hommes. Ce sont des hommes qui sont rois ou seigneurs. Même en Dorne, les changements de mœurs de la reine Nyméria commencent à s'estomper."
Aleth ne pouvait qu'approuver la reine Nyméria et s'affliger de l'injustice constante qui était le lot des femmes. Quelle que soit leur valeur, elles resteraient inférieures et tenues à des contraintes qui ne concernaient pas les hommes, plus libres de leurs déplacements, de leur parole, et de leurs activités (
Jolan... pfff...)...
Guenièvre de Castellane a écrit :"Et à ce titre, je vous recommande la plus grande prudence. Les hommes veulent être fort et avoir raison. Vous êtes appelée à vous marier un jour... vous serez bien avisez de ne pas vouloir faire jeu égal avec votre époux. En public, tout du moins.
Il en est de même pour tous : votre oncle aime le son de sa voix. Qu'il entende davantage la votre que la sienne, vos idées que les siennes et il aura tôt de se défier de vous sans mettre pouvoir donner du sens à son comportement. Vous devez prendre garde non seulement de lui mais aussi des autres, nobles ou hommes du peuple.
J'entends votre enthousiasme, Aleth, mais je serais parfaitement rassurée quand j'entendrais plus encore votre modération."
Il n'y avait rien de tel que le sujet du mariage pour assombrir la mine d'Aleth. Trois raisons à cela : il impliquait de quitter son cher Waterford ; il signifiait être une étrangère, une pièce rapportée, dans une famille qui aurait d'autres mœurs, d'autres règles... et pour peu qu'elle épousât un homme encore jeune, il ne serait au mieux qu'héritier, elle aurait donc au-dessus d'elle un époux, un beau-père et une belle-mère... cela pouvait durer plusieurs années voire toute sa vie si elle épousait un cadet ; pour finir, dans tous les cas, elle serait sous l'autorité d'un homme dont elle ignorait tout, et qui pouvait tout à fait bien avoir l'air fringant, honnête et digne... et se révéler avoir une maîtresse roturière (
Jolan, comment peux-tu ?!...)...
Dépitée et en même temps résignée : "
Je ne vois pas comment je pourrais espérer être considérée comme une égale, ou même seulement être respectée, par un homme qui ne m'aura jamais vue que ... modérée... Il aurait des raisons de se sentir floué quant aux qualités de la femme qu'il pensait épouser."
Ce n'était pas une question, simplement une observation qui exprimait son peu d'espoir quant à son avenir qu'elle ne voyait pas forcément radieux...
Soupir douloureux.
Aleth avait vaguement compris que son père était un seigneur bienveillant, et que la vie au domaine de Waterford était relativement heureuse par rapport à bien d'autres lieux. Les chances de trouver dans une autre maison, simplement une situation équivalente, lui paraissaient minces et elle n'était pas loin de confondre son mariage avec ses funérailles.
En dehors de ces considérations sinistres futures, l'avertissement de sa mère lui signalait que les choses seraient moins simples qu'elle l'avait espéré. Par quel prodige parviendrait-elle à obtenir le moindre résultat si elle devait rester constamment en retrait ? ... Les idées de son oncle lui semblaient bien arrêtées et elle doutait qu'elle pût les infléchir d'aucune manière sans s'exprimer et argumenter... et elle ne voyait pas le dosage qui lui permettrait de réussir à quelque chose alors même qu'il passait des humeurs les plus noires aux envolées d'enthousiasme incompréhensible aux yeux d'Aleth.
"
Si vous me le permettez, il y a deux sujets qui me tiennent à coeur, et qui n'ont aucun lien avec l'affaire dont je vous ai entretenu ce soir. Il n'y a pas d'urgence, nous pourrons en reparler plus tard si vous préférez."
A savoir... septuaire et dispensaire... Vu les difficultés que pouvaient, semblait-il, lui valoir son oncle, autant aviser de la possibilité d'autres soutiens qui faciliteraient la réalisation de ces chantiers.