Lady Alysane, souriante a écrit :"Un homme réservé? Il aboie aisément sur les hommes et est heureusement bien plus tendre envers les jeunes femmes.
Jolan, j'espère que vous ne m'en voudrez pas de l'avoir mis sur votre bateau sans votre accord. Je craignais un peu ce passage..."
Aleth n'entendait pas dire "réservé" comme "taciturne" ou "timide", plutôt comme quelqu'un qui avait une carapace peu amène et une sensibilité assez passionnée pour tout sacrifier pour espérer se remettre de son deuil. A la mention de l'attitude plus tendre à l'égard des jeunes femmes, elle eut une réaction joyeuse et amusée, qui ne devait pas laisser beaucoup de doute quant au fait qu'elle l'avait effectivement plutôt vu sous cet aspect, et avait tout autant apprécié le personnage.
Lady Alysane, plus neutre a écrit :"Voilà est effectivement étrange. Je ne saurais donner d'explications à tout cela. Si la couronne est impliquée, cela n'a pas de sens de s'en prendre à je crois la seule maison du Bief à avoir pris fait et cause pour Robert Barathéon. Port-Réal est bien trop loin pour Noircouronne pour que nous ayons quelconque connexion et que j'en connaisse les rouages.
En tant que vassaux des Hightower, je puis vous dire que même ceux-ci ne vont que très rarement à la capitale. Et si jamais ils le faisaient, ce ne serait que dans l'ombre de notre gouverneur d'Hautjardin."
N'ayant pas compté sur le fait qu'Alysane fût mieux informée qu'eux, Aleth ne fut pas étonnée de la réponse, et de l'incompréhension.
"
D'une manière ou d'une autre, il existe une fin poursuivie à Port-Réal qui rend la loyauté négligeable en comparaison. "
Il n'était pas difficile de suivre le raisonnement implicite d'Aleth : à quoi d'autre serait prêt celui qui trahissait ses premiers alliés ?
Lady Alysane a écrit :"Considérez-vous comme les bienvenus à Noircouronne si cela devait être nécessaire. Lord Hightower a beau demeurer fâché contre votre père, il est homme d'honneur et ne discutera pas le droit de vous aider et de bien vous accueillir."
Lady Alysane avait regardé l'ensemble des présents, ce qui amena Aleth à comprendre ces paroles comme valables pour la Maison Hastwyck que pour la Maison Castellane. Elle accueillit cette offre d'aide avec gratitude et une révérence presque par réflexe : "
J'espère qu'aucun de nous n'aurons pas à bénéficier de votre hospitalité dans de telles circonstances."
Tout était dit ou presque.
Encore cette étrange impression de calme, de nostalgie, comme si elle voyait les derniers jours d'un été à la fois en les vivant et en s'en souvenant. Elle ne se sentait pas en danger, tout en percevant le danger ; elle sentait l'amertume de l'insouciance qui se délitait, tout en se sentant pleine de joie. Elle ne se comprenait pas elle-même.