Chap. 4 : Union sacrée
Publié : 16 janv. 2015, 11:50
Le voyage de retour vers Waterford se passa fort heureusement sans encombre. C’est ainsi que l’Intrépide arriva trois jours plus tard au port de Waterford. Le soir tombait sur la petite ville calme. Robert Garrys affichait un air taciturne et amarra le bateau sans guère prendre de nouvelles des arrivants ni décrocher la mâchoire. Connaissant sa tâche, il avait héler aussitôt le voilier reconnu un garde pour qu’il aille chercher aux baraquements des chevaux pour les nouveaux venus. Peu de temps après descendu de bord, le petit groupe put prendre la route après avoir traversé le village. Tenant sa jeune soeur assise devant lui, Jolan chassa aussitôt toute idée d’aller voir Bénedicte. Demain viendrait bien assez tôt.
Ils trouvèrent le petit château à deux tours et Alyse qui avait retrouvé au fil des jours le goût de parler demandait avec admiration à son frère s’il habitait vraiment là, ce qu’il lui confirma. Elle s’agrippa à lui en sursautant en entendant le croassement d’un corbeau provenant de la roukerie, logiquement situé en haut d’une des tours.
Les gardes se redressèrent en reconnaissant Béric et assistèrent les arrivants pour descendre de selle et s’occuper de leur bagages et montures. Des clameurs venait de la grande salle dont le rire puissant de Rhéomar.
Un des gardes expliqua que le lord avait demandé à les voir dès leur arrivée, précisant pour lady Aleth qu’elle pourrait bien passer plusieurs jours à se laver une fois qu’il l’aurait vu en chair et en os.
C’est à peine si ils et elles avaient le temps de soulager leurs vessies avant de rejoindre la maisonnée dans la salle d’honneur.
La chaleur, les rires, la lumière des bougies contrastaient avec l’ombre et la fraicheur du dehors. Le lord siégeait au banquet dans son grand fauteuil de bois, dame Guenièvre à ses cotés et Tristifer de l’autre. Malgré l’heure avancée, Jared et Lysanor était présent. Mestre Corvin également et bien sur Kieran Orell, le vieil ami du seigneur.
Les éclats de rire furent remplacés par des élans vocaux satisfaits, des « ha! » comme si on n’attendait plus qu’eux pour -enfin- festoyer.
« Ha! ma fille! Jolan! Béric! Et qui est donc cette jeune fille? plaisanta le lord. Approchez, asseyez-vous, vous devez avoir grand faim! Daveth, sers-leur à boire sans délais! Installez-vous, vous nous raconterez votre voyage plus tard, le cochon de lait n’attend pas!
Oh et allez, debout vous tous! un toast de plus ou de moins… Plus d’honneur que d’honneurs !".
« Plus d’honneur que d’honneurs », répéta l’assemblée dans son grand complet.
« Et toi, redis-nous un peu comment ma fille, mon pupille et mon maitre d’armes matent les mécréants!" ajouta-t’il à l’attention de l’homme qui était au centre du banquet.
« Ah mon seigneur. Je n’aurais pas de mots assez fort pour décrire comment au milieu des pouilleux et des culs de basse-fosse, le sang-froid de lady Aleth, le courage de Jolan et le bras armé de Béric Kardalt ont tenu à distance d’ignobles vauriens qui voulaient secourir, que la honte les étouffe, leur camarade qui avait ourdi le projet fou de s’en prendre à plus noble que lui. Et comment celui-ci fut trainé par votre fille et votre pupille pour subir la justice du roi ou en l’occurence quémander le repenti en prenant le noir. Comme j’ai regretté ne pas pouvoir continuer avec eux pour ne pas laisser filer une piste concernant ces sinistres personnages…
Ha! Plus tard que tout cela! l’imterrompit le lord. Rechantes-nous donc cette chanson qui parle de mon vieil ours Kieran ici présent.
« La belle et l’Ours », demanda le troubadour.
Oui, celle là, y manque que la Belle, hahaha ! »
La bonne humeur du lord avait ceci de particulier qu’elle était terriblement communicative. Pour preuve, Dame Guenièvre souriait tout de même à lèvres pincées, Tristifer se servait à boire, remplissait le verre de son frère ainé et servait aussi le pauvre mestre accompagné d’un péremptoire « Buvez. » suivi d’un éclat de rire. Corvin traina un peu pour obtempérer et but une rasade après un regard un peu embarrassé à lady Aleth. Jared singeait Kieran en rugissant tandis que Lysanor pouffait devant le spectacle du troubadour qui arrivait à mimer l’ours pataud toutes griffes dehors et la belle au déhanché cahin-caha pour cause de talon de botte cassé.
Le troubadour semblait prendre beaucoup de plaisir à égayer un auditoire de si bonne humeur. A un moment, l’amuseur ceda à la place à un homme troublant de simplicité :
"Ecoutez, je me sens en si bonne compagnie en ce jour de retrouvailles que je veux partager avec vous mon vrai nom car celui par lequel je me suis présenté est à vous n'est qu'un nom de scène parmi tant d'autres."
Se fendant d'une révérence :
"Moi qui ne suis pas bien né, c'est pour moi un honneur de me tenir devant vous : votre dévoué Gyles je suis."
Vu l’ambiance et l’euphorie générale, il était inutile de compter sur de longs rapports et des entrevues privées.
Kieran se leva pour servir lui-même à boire à Béric et trinquer en silence avec lui, lui signifiant ainsi sans un mot toute sa considération pour avoir ramené tout le monde sain et sauf.
Bien sur, on arrangerait le couchage pour la petite Alyse qui s’endormit la première sur son assiette malgré le bruit environnant.
Aleth lui toucha rapidement le front et le nez : la petite ne couvait rien de particulier, simplement le contrecoup d’un voyage un peu long pour elle. Jolan ne laissa personne d’autre que lui, au moins pour cette fois, porter la jeune fille jusqu’à son lit.
Il y’a longtemps, bien des années auparavant, un autre Hastwyck portait son cadet jusqu’à son lit. Cette fois, celui-là ne prendrait pas la fuite et serait toujours présent au petit jour.
Ils trouvèrent le petit château à deux tours et Alyse qui avait retrouvé au fil des jours le goût de parler demandait avec admiration à son frère s’il habitait vraiment là, ce qu’il lui confirma. Elle s’agrippa à lui en sursautant en entendant le croassement d’un corbeau provenant de la roukerie, logiquement situé en haut d’une des tours.
Les gardes se redressèrent en reconnaissant Béric et assistèrent les arrivants pour descendre de selle et s’occuper de leur bagages et montures. Des clameurs venait de la grande salle dont le rire puissant de Rhéomar.
Un des gardes expliqua que le lord avait demandé à les voir dès leur arrivée, précisant pour lady Aleth qu’elle pourrait bien passer plusieurs jours à se laver une fois qu’il l’aurait vu en chair et en os.
C’est à peine si ils et elles avaient le temps de soulager leurs vessies avant de rejoindre la maisonnée dans la salle d’honneur.
La chaleur, les rires, la lumière des bougies contrastaient avec l’ombre et la fraicheur du dehors. Le lord siégeait au banquet dans son grand fauteuil de bois, dame Guenièvre à ses cotés et Tristifer de l’autre. Malgré l’heure avancée, Jared et Lysanor était présent. Mestre Corvin également et bien sur Kieran Orell, le vieil ami du seigneur.
Les éclats de rire furent remplacés par des élans vocaux satisfaits, des « ha! » comme si on n’attendait plus qu’eux pour -enfin- festoyer.
« Ha! ma fille! Jolan! Béric! Et qui est donc cette jeune fille? plaisanta le lord. Approchez, asseyez-vous, vous devez avoir grand faim! Daveth, sers-leur à boire sans délais! Installez-vous, vous nous raconterez votre voyage plus tard, le cochon de lait n’attend pas!
Oh et allez, debout vous tous! un toast de plus ou de moins… Plus d’honneur que d’honneurs !".
« Plus d’honneur que d’honneurs », répéta l’assemblée dans son grand complet.
« Et toi, redis-nous un peu comment ma fille, mon pupille et mon maitre d’armes matent les mécréants!" ajouta-t’il à l’attention de l’homme qui était au centre du banquet.
« Ah mon seigneur. Je n’aurais pas de mots assez fort pour décrire comment au milieu des pouilleux et des culs de basse-fosse, le sang-froid de lady Aleth, le courage de Jolan et le bras armé de Béric Kardalt ont tenu à distance d’ignobles vauriens qui voulaient secourir, que la honte les étouffe, leur camarade qui avait ourdi le projet fou de s’en prendre à plus noble que lui. Et comment celui-ci fut trainé par votre fille et votre pupille pour subir la justice du roi ou en l’occurence quémander le repenti en prenant le noir. Comme j’ai regretté ne pas pouvoir continuer avec eux pour ne pas laisser filer une piste concernant ces sinistres personnages…
Ha! Plus tard que tout cela! l’imterrompit le lord. Rechantes-nous donc cette chanson qui parle de mon vieil ours Kieran ici présent.
« La belle et l’Ours », demanda le troubadour.
Oui, celle là, y manque que la Belle, hahaha ! »
La bonne humeur du lord avait ceci de particulier qu’elle était terriblement communicative. Pour preuve, Dame Guenièvre souriait tout de même à lèvres pincées, Tristifer se servait à boire, remplissait le verre de son frère ainé et servait aussi le pauvre mestre accompagné d’un péremptoire « Buvez. » suivi d’un éclat de rire. Corvin traina un peu pour obtempérer et but une rasade après un regard un peu embarrassé à lady Aleth. Jared singeait Kieran en rugissant tandis que Lysanor pouffait devant le spectacle du troubadour qui arrivait à mimer l’ours pataud toutes griffes dehors et la belle au déhanché cahin-caha pour cause de talon de botte cassé.
Le troubadour semblait prendre beaucoup de plaisir à égayer un auditoire de si bonne humeur. A un moment, l’amuseur ceda à la place à un homme troublant de simplicité :
"Ecoutez, je me sens en si bonne compagnie en ce jour de retrouvailles que je veux partager avec vous mon vrai nom car celui par lequel je me suis présenté est à vous n'est qu'un nom de scène parmi tant d'autres."
Se fendant d'une révérence :
"Moi qui ne suis pas bien né, c'est pour moi un honneur de me tenir devant vous : votre dévoué Gyles je suis."
Vu l’ambiance et l’euphorie générale, il était inutile de compter sur de longs rapports et des entrevues privées.
Kieran se leva pour servir lui-même à boire à Béric et trinquer en silence avec lui, lui signifiant ainsi sans un mot toute sa considération pour avoir ramené tout le monde sain et sauf.
Bien sur, on arrangerait le couchage pour la petite Alyse qui s’endormit la première sur son assiette malgré le bruit environnant.
Aleth lui toucha rapidement le front et le nez : la petite ne couvait rien de particulier, simplement le contrecoup d’un voyage un peu long pour elle. Jolan ne laissa personne d’autre que lui, au moins pour cette fois, porter la jeune fille jusqu’à son lit.
Il y’a longtemps, bien des années auparavant, un autre Hastwyck portait son cadet jusqu’à son lit. Cette fois, celui-là ne prendrait pas la fuite et serait toujours présent au petit jour.