4.1 Aleth and...

[Iris]

L'école était donc bien un sujet qui trottait dans la tête de Rose Seldon... Aleth se demandait de plus en plus comment diable l'épouse du prévôt était parvenue à manœuvrer l’irascible Tristifer...

Sur le fond, Aleth était d'accord : l'instruction offrait la liberté de pouvoir penser et choisir. Personne ne pouvait reprocher à Rose de souhaiter que ses enfants aient une meilleure vie qu'elle-même. Sur la forme, la jeune Castellane trouvait une ambition dévorante possiblement malsaine, susceptible d'inciter à bien des compromissions au mépris de tout honneur. Estimant que le bilan était globalement positif, elle eut un sourire appréciateur et hocha la tête :

Espérant que son interlocutrice aurait une réaction, elle s'efforça de placer une exclamation en débit plus rapide : " Figurez-vous qu'à ma grande surprise, j'ai appris que mon oncle semblait s'intéresser également à un tel projet !" Aleth espérait avoir la confirmation de l'intrigue de Rose dans un soupçon d'émotion de celle-ci. Peut-être le contentement d'obtenir confirmation que ses efforts portaient leurs fruits ?

Dans tous les cas, elle poursuivrait plus tranquillement :

" L'idée d'une école publique à Waterford me plait beaucoup. "

Hop, encore un retour sur Tristifer : " La plus grande difficulté sera d'obtenir de Tristifer qu'il accepte de se passer suffisamment de Mestre Corwin pour lui permettre d'enseigner sereinement et donc au mieux de ses capacités." Si jamais Rose avait le moindre ascendant, autant qu'elle ait bien conscience que le fait que Tristifer examinât la question ne la résolvait pas totalement. Sur quoi Aleth eut une soudaine inspiration :

" Une solution pourrait être de réfléchir à partager l'enseignement entre Mestre Corwyn et d'autres personnes... Un septon pourrait l'épauler. Il suffirait pour cela de procéder à quelques réparations du toit du septuaire, pour pouvoir l'accueillir dignement. Dès lors, avec deux maîtres instruits, les enfants auraient la possibilité d'avoir des cours tous les jours ou presque, ce qui leur permettrait de faire des progrès plus rapides, et d'approfondir davantage leurs connaissances."

Alors ? Rose allait-elle adopter la cause du septuaire via l'intérêt d'un septon - enseignant à temps partiel avec le Mestre ?

L'épouse Seldon ne pouvait douter qu'Aleth ferait son possible pour faire avancer ces affaires, mais donner envie à Tristifer d'accepter des dépenses pour le développement de Waterford dans le domaine social n'était pas évident. Rose était-elle capable d'influencer Tristifer autant qu'Aleth l'espérait ?

[DukeTogo]

Rose écarquilla les yeux en entendant la lady parler de Tristifer.

"Oh je gage que votre oncle est un homme généreux qui se soucie de l'éducation de la communauté."

Rose affichait une posture optimiste et Aleth ne sut interpreter la somatique du visage de l'épouse du prévôt.

"Vous avez entièrement raison. Il faut vraiment faire quelque chose pour le septuaire. Ou irons-nous sans piété?
Pour libérer mestre Corvin, je pense que mon époux se fera un devoir d'être encore disponible pour Tristifer. Il a à coeur de bien servir nos seigneurs, tout comme moi, très chère Aleth. Et il m'a semblé entendre que Corvin se ferait une joie d'enseigner en votre compagnie. Il ne tarit pas d'éloge sur votre douceur et votre sagesse."

Elle prit la main d'Aleth pour lui jurer son attachement à la remise en état du septuaire.

"Par le Ferrant, nous trouverons les fonds nécessaires à sa rénovation. Ce n'est qu'une question de temps et j'en fais une priorité."

(...)

Quand la lady sortit, elle fut rejoint par ses gardes. L'un d'eux sourit benoitement au sourire aimable de la charmante Aleth.

A dire vrai, la lady souriait davantage en son for intérieur. Elle venait d'obtenir l'adhésion d'une femme d'importance à Waterford. Nulle doute que Rose espérait voir un jour ses enfants mêlé à la noblesse. Et puis... l'éducation n'était pas antinomique avec la foi des Sept. Dans son esprit, elle voyait les échafaudages autour du Septuaire, les soldats défiler en rang d'oignon, les enfants apprenant en riant, les blessés la remerciant et le septon la prenant en exemple.

Rien ne lui serait impossible.