TDF Chap. 5 - Un fief paisible (2)

[MeiYaw]

Enfin !!! J'ai finalement trouvé ce que je suis venu chercher ! Il faut absolument que j'en ramène un échantillon avec moi, pour servir de preuve, et montrer enfin à Aleth que je peux servir à quelque chose.

Je jette un oeil sur Tom : il semble encaisser les gorgées avec aisance. Il n'en est surement pas à son coup d'essai. Je compte bien utiliser sa capacité à résister aux effets de l'alcool et surtout l'empêcher de poursuivre, qu'il reste le plus sobre possible... Si toutefois c'est encore possible.... Son regard parait s'enivrer gorgée après gorgée. Je regarde rapidement la quantité à disposition dans l'entrepôt. Histoire d'évaluer le butin et rapporter quelques éléments concrets aux Castellane.
Je lui retire la bouteille de la main, et lui colle la mienne sur la bouche car je sais qu'il va se mettre à gueuler.

Tom, on ne peut pas rester là. On prend une caisse chacun et on s'en va. Tiens portes moi ça.

Et je lui colle une caisse de six Treille Aurée dans les bras. Dans la foulée, je remonte vers la fenêtre, et après m'être assuré que personne ne m'attendait à l'extérieur, je passe au travers et me retourne. Les bras tendus vers Tom, je lui fais signe de me passer la caisse.

Aller, donnes la moi !

J'espère qu'il va faire ce que je lui demande. Ni plus, ni moins....

[Maëlys]

Ayant quand même assez dégrossi la situation avec Jolan sur ce plan, Béric constata avec étonnement que l'heure était plus qu'avancée. Ils s'étaient installés là après le dîner, chacun un verre à la main ... Et désormais la nuit était déjà bien tombée.
Au loin, il remarqua deux gardes sur la ronde, c'était certes de l'ostentatoire mais la nécessité était là. Au lieu de toujours attendre qu'une attaque arrive, il vaut mieux la prévenir. C'était le même sujet pour Thalia... Prévenir plutôt que guérir.

Mais vu l'état actuel, on ne pouvait plus prévenir, il fallait amputer directement ce membre gangrené.

Reportant son regard sur Jolan il lui dit :

"Nous verrons demain pour parler à Tristifer, on verra déjà si une partie du plan est possible. Pour la suite, il faudra peut-être attendre le retour du Lord Castellane.
Mais pour l'heure, allons nous reposer, demain sera sûrement une rude journée."

[DukeTogo]

Aleth et Corvin s'était précipité pour monter au dernier niveau de la tour, le bruit de leur pas se mêlait à la cacophonie des corbeaux qui s'agitaient, ayant pressenti leur irruption imminente.
Le courant d'air engendré par l'ouverture des deux portes, celle du bas et celle du haut fit voler plumes et effluves âcres et malodorantes.

A l'intérieur, les corbeaux jetaient un regard torve sur les intrus en agitant leurs ailes noires. Corvin rabattit la porte tout en l'empechant de claquer avec l'aide d'Aleth tandis qu'on entendait vaguement la voix de Tristifer piailler : "Corvin! Corvin! Amenez-vous, bon dieu!"

Dos à la porte, Aleth haletait, reprenant son souffle avec un mélange d'excitation et de malaise dans ce lieu, sale, poussiéreux, au sol marbré par toute la fiente qui y régnait mais le plus a craindre semblait les corbeaux eux-mêmes qui les toisaient comme des proies. Complice, Corvin se retenait de pouffer de rire tout en lui faisant signe de l'index de ne pas faire de bruit. Elle, adossée à la porte avec de l'autre coté un oncle pugnace et intolérant, lui face à elle, lui souriant avec les yeux pétillants, seul rempart contre les sinistres volatiles.

Et puis, son regard changea comme si Corvin voyait Aleth comme pour la première fois. Son index quitta ses propres lèvres pour se rapprocher timidement de celles de la lady. Le jeune mestre dévisageait maintenant le visage angélique de sa complice d'aventure.

"Corvin! Mais vous êtes où quand on a besoin de vous?" L'insistance de l'oncle, vitupérant quelque part au bas de l'escalier, le réveilla quelque peu et il chuchota :
"Tristemine ne doit pas savoir... Ne crains rien."

[DukeTogo]

Tom le Bref resta coi quand Gylehan lui confisqua son précieux et profita de sa torpeur pour l'empêcher de l'ouvrir.

Puis, l'évocation d'emmener une caisse lui fit ouvrir grand les yeux de joie et il répondit par des signes de tête d'acquiescement.

Le troubadour monte-en-l'air et le mendiant courtaud reprirent le chemin de la lucarne, transportant chacun sous le bras une caisse de Treille Auré. N'étant ni l'un ni l'autre de complets gringalets, la manoeuvre serait néanmoins délicate avec cette charge imprévue. Profitant de la première occasion où Gyles assurait sa prise en posant la bouteille entamée, Tom s'en enfila une nouvelle rasade et du l'abandonner la mort dans l'âme en la cachant derrière un fagot de tissus.

Les deux compères escaladèrent avec succès la façade intérieure. Tom était surexcité de cette aventure et baragouinait sans discontinuer :
"Qu'on m'attache, qu'on me pende, si ma bouche n'est pas une gourmande!"
"Quoi, tais-toi? Oui, je suis moi et alors?"
"Mon-tout-beau jouvenceau, t'as jamais vu un nain?"
"Ah la belle affaire! J'ai point ta belle gueule mais mon gourdin vaut bien tes deux mains!"
"On fait une pause? J'ai soif."
"Mais qu'elle genre de fillotte est-tu pour ne pas boire un vin charnu avant qu'il ne s'évapore?"

Une fois dehors, redescendu dans la ruelle sombre, Tom proposa un nouveau forfait. "Viens donc avec moi bénir le bosquet sacré du Septuaire. Il sent la menthe et le romarin!"

[DukeTogo]

PS : On ne se préoccupe pas de savoir si ces échanges ont lieu avant, après ou pendant les actions de Gylehan ou d'Aleth

La jeunesse de Jolan s'accompagnait d'une certaine fougue et il sembla quelque peu déçu de la tempérance de Béric.

Cependant, le commandement de ce genre d'opération revenait au dornien et donc Jolan attendrait les consignes du maîtres d'armes, particulièrement à cheval sur le respect des régles que lui seul énonçait.

Béric lui rappela que c'est l'arme à la main qu'on prenait des décisions instinctives et immédiates, pas en préparation.

Avant de faire ses choix et de décider des derniers détails du mode opératoire du piège, de qui viendrait ou pas, de la capacité ou non d'un soldat de la maison à se faire passer pour un négociant, il restait à obtenir de Tristifer l'objet de convoitise qui devrait faire sortir le loup de sa tanière...

Quand Beric vit Tristifer et lui exposa les principaux éléments, le cadet du seigneur s'exprima sèchement : "Tout ceci est de votre responsabilité, Béric. Cela fait des années que vous êtes à notre service et à peu près autant de temps que cette Thalia Penn à l'outrecuidance de sévir sur les terres que vous devez défendre. Faites donc ce pourquoi on vous paye et peut-être inscrirais-je à l'ordre des priorités cet onéreux projet que vous avez de tenir un haras sur le domaine."

"Attendre Rhéomar? Pourquoi faire, je vous prie? C'est moi qui dirige et je veux que vous appréhendiez cette nuisance. Allez. Vous avez ma permission pour sacrifier un chariot et notre bon vin, à condition de prendre notre moins bonne cuvée, déjà excellente."

[Iris]

Collée dos à la porte, Aleth gardait le silence, partagée entre la peur et l'excitation. Elle découvrait la roukerie à une heure où l'on imaginait volontiers des criminels ou des fantômes agir. Elle et Corwin se retrouvaient à jouer les apprentis comploteurs, et c'était follement amusant !

Entendant au loin Tristifer appeler Corvin, elle se mordit la lèvre pour ne pas éclater de rire.

Reprenant son souffle sans un mot, elle observait Corvin dont l'expression changeait. Elle le regardait avec de grands yeux un peu perplexe, ne saisissant pas ce qui pouvait être soudain devenu différent. Elle pressentait depuis un moment qu'il avait un faible pour elle, ou bien s'était faite des idées ? Trop occupée à essayer de démêler toutes ses émotions, ses pensées, ses espoirs et ses craintes, elle ne réagit pas au geste esquissé de Corwin.

" Allez-y, ça ira ! Je vais attendre un moment." répondit-elle avec une confiance affichée qu'elle était loin de ressentir. Elle se demandait juste si elle devait attendre un signal de Corwin confirmant que la voie était libre, ou attendre que Tristifer et Corwin fussent occupés pour filer. Elle hésitait et cela faisait beaucoup à dire à Corwin qui devait filer pour qu'ils ne soient pas découverts tous les deux.

Et elle s'écarta pour laisser Corvin aller retrouver Tristifer. Pour sa part...Elle prit une profonde inspiration. Trois rencontres avec des brigands à son actif, elle n'allait pas se laisser démonter par de gros vilains corbeaux ! ... mais par précaution, elle se trouva un tout petit coin près de la porte, pour y attendre, se faisant toute petite. Gardant les oiseaux à l'oeil, elle examina l'ampleur de sa manche pour voir si elle ne pouvait pas s'en faire une capuche si peut-être elle s'accroupissait ?... ou bien se cacher la tête avec la jupe de dessus de sa robe ?... c'était un peu ridicule, et peu concluant... le temps défilait en même temps que ses pensées :

" Ils ont vraiment une sale tête ! Cessez de me regarder comme ça ! Vous êtes au service des Castellane, on ne picore pas la main qui nous nourrit !... A une heure pareille ne devraient-ils pas dormir ? Les chevaux dorment, les chiens dorment, les humains dorment... pourquoi pas les corbeaux ? Ce ne sont pas des chauve-souris à ne vivre que la nuit, ils volent le jour ! Allez, rendormez-vous à la fin ! "

Dans le noir, avec des corbeaux pour seule compagnie, Aleth cherchait un refuge dans ses pensées et ses souvenirs.

Noirs corbeaux... nuit noire...

... Jack Bulwer... reviendrait-il..?.. Elle espérait qu'il tiendrait sa promesse.

... Mais l'émotion lui rappelait Mestre Corwin il y a peu... Avait-il hésité à l'embrasser ? A cette seule idée, ses joues lui semblaient rosir.


Pourquoi ne s'attachait-elle qu'à des hommes qu'elle ne pourrait épouser ?

...

Combien de temps s'était-il écoulé ? Suffisamment ? Les corbeaux se calmaient-ils ? ... Si oui, elle tenterait peut-être d'ouvrir la porte pour tendre l'oreille et aviser si la voie était libre pour filer... Si cela se présentait mal, elle attendrait... le temps nécessaire.

[Maëlys]

Béric n'appréciait guère les discussions en présence de Tristifer, cela avait à chaque fois un goût de ... déception.
Mais cette fois-ci, il ne comptait pas se faire becter comme le voudrait sûrement le cadet du seigneur :

"Je fais avec les moyens que j'ai à ma disposition, la "garde" est au mieux incompétente ou faignante et au pire corrompue.
Des mains terreuses ne vont pas se transformer en gardes compétents toutes seules, aussi une partie de l'effectif sera libéré pour revenir aux cultures tandis que les meilleurs éléments formeront une garde stable dans le temps et à plein temps."

"Quant à attendre votre frère, cela tient surtout du fait qu'on ne risquera pas que quelques bouteilles de vin.
En son absence, je vous tiendrai néanmoins informé de l'avancée des choses."

À partir de là, il n'avait pas grand chose à ajouter à Tristifer.
Dès qu'il en aura la possibilité, il tâchera de retrouver Mestre Corwin :

"Ah ! Mestre je vous cherchais. Il me faut des copies des cartes du domaine de Waterford, les plus actuelles et les plus précises. J'ai besoin de travailler dessus au plus vite."

[MeiYaw]

Tout en manoeuvrant, je réponds tant bien que mal à Tom. Le but étant de l'occuper pour qu'il fasse ce que j'ai envie qu'il fasse, et notamment sortir d'ici et rentrer chez lui.

Oui, j'ai déjà vu un nain Tom. Je faisais partie d'une troupe de théâtre, nous avions beaucoup de succès d'ailleurs.Et notre troupe regroupait toute sorte de personnes. Y compris un nain. Qui avait la même prétention que toi d'ailleurs....
Hein ? Une pause ? Nan, laisse tom.... oups non, j'ai déjà fait cette erreur là, il risque de laisser la caisse lui tomber des mains. Non, on ne fait pas de pause. On est presque sorti donc on se dépêche. Le vin, je ne le boirais pas, il n'est pas pour moi. Mais tu feras bien ce que tu veux de ta part.

Enfin, nous sommes dehors. Et seuls si j'en crois ce que je vois. Trève de bavardages, il faut à nouveau faire silence.
Aurions nous réussi l'exploit de ne pas se faire repérer malgré les éclats de vois de Tom ? Les gardes de ce Flowers sont vraiment à la ramasse en fait !!

Le silence, je ne compte pas dessus longtemps. Aussi, je me tourne vivement vers Tom.

Bon retour chez toi, moi je me rentre aussi. Ne parle du vin à personne, jamais. C'est un secret, tu comprends ?

Je pense que c'est peine perdue et qu'il se vantera plus tôt que tard d'avoir une caisse de bon vin... M'enfin je ne risque rien à tenter le coup !

"Viens donc avec moi bénir le bosquet sacré du Septuaire. Il sent la menthe et le romarin!"

Non merci, je suis fatigué et je veux rentrer chez moi, vite.

Sur ce, je tourne les talons et retourne aussi vite que possible vers le château.

[DukeTogo]

Aleth attendit patiemment qu'il y'ait moins de bruit pour pouvoir se faufiler hors de la tour.
N'étant pas de nature à paniquer, elle avait su garder son sang froid au milieu des corbeaux. Elle reconnut les petits accessoires qui servaient à attacher les messages aux pattes des messagers de Westeros. Leur assemblage n'étaient pas une mince affaire car il fallait faire en sorte que les corbeaux, des volatiles fort caractériels, ne puissent s'en défaire à coup de bec. Sur la table de travail, il y'avait deux entrelacs prêt à recueillir des missives.
Elle eut l'impression que les corbeaux lui disaient quelque chose mais elle ne pouvait pas le comprendre.
Mais comment diable font donc les mestres pour les faire travailler? Elle se promit de découvrir un jour le comment.

(...)

Gylehan avait réussit à quitter les environs du port avec l'incorrigible Tom le Bref et dut lui céder une bouteille pour pouvoir s'en défaire - et aussi le faire taire - au moment où ils risquaient de se faire repérer. En quittant le troubadour, Tom commenta qu'il était bien comme tout les autres troubadours : un chapardeur.
Le lendemain, Gylehan donna la caisse à Tristifer ainsi que quelques détails, sans mentionner son complice d'investigation, qui fut visiblement satisfait même s'il fallut un peu lui rafraichir la mémoire pour qu'il se fende d'un remerciement pécuniaire.

(...)

Béric obtint du mestre quelques cartes. Leur études montra qu'elles n'étaient pas très à jour mais cela permettait d'avoir une meilleure vision d'ensemble. Son la direction de Béric, Jolan tint son rôle. Le résultat du guet-apens fut bon même si les Castellane ne parvinrent pas à capturer Thalia Penn. Sa bande essuya un sérieux revers car plusieurs brigands furent tués et d'autres capturés. L'interrogatoire de ceux-ci, avant leur pendaison ou leur mise au frais pour envoi au Mur ou prochain passage de Jack Bulwer donna peu de renseignements qui permettrait d'appréhender Thalia.
Le maitre d'armes retint cependant quelques aspects curieux... Thalia était une stratège mais comment un bandit de grand-chemin pouvait avoir des connaissances quasi-militaires? Egalement, elle connaissait la région de Waterford comme sa poche. Quoi qu'il en soit, il lui faudrait du temps pour se réorganiser.
Autre information, Béric apprit que le Marais de la Sorcière, au nord de Waterford, était occupé par d'autres brigands.
Pour l'heure, il fallait se préparer à partir pour le tournoi de Rubriant. Il s'occuperait de débusquer ces derniers à son retour en montant une équipe n'ayant pas froid aux yeux puisque le marais avait une sinistre réputation.

(...)

Durant le guet-apens contre Thalia, Jolan s'était montré inventif et déterminé. Il eut le temps d'entrevoir cette redoutée Thalia, une rousse mince et athlétique vêtue de cuir qui avait supervisé l'attaque du convoi de fausse marchandise depuis les branches hautes d'un arbre. Une première flèche s'était fichée à coté du conducteur du chariot, une seconde plus proche encore sur le coté.
Jolan eut la désagréable sensation que Thalia était meilleure archère que lui, manipulant l'arc long avec aisance.
Sa poursuite dans la forêt fut un moment intense. Jolan était un bon pisteur, la traquant dans la forêt jusqu'à dans un endroit fort ombragé où le manque de lumière jouait en sa défaveur. De chasseur, Jolan eut l'impression de devenir proie quand une flèche se planta sur le pin en fusant devant son visage. L'avait-elle manqué ou était simplement un avertissement?
En revenant vers Béric et les autres soldats, il vit la grimace d'un des brigands blessés quand il dit au maîtres d'armes qu'elle s'était échappée. Pour beaucoup, elle était un démon et il se demanda s'il n'y avait pas une part de vérité.
Les jours suivants, Jolan s'entraina davantage car il n'était pas encore le meilleur des archers. Il garda au milieu des flèches de son carquois la flèche intacte de la criminelle et l'étudiait souvent comme si elle pouvait parler. Dans son for intérieur, il espéra que participer au tournoi d'archerie de Rubriant lui permettrait de ne plus y penser...

- Fin de chapitre -