TDF. Chap. 6.1 Hiboux et grive

[Crépuscule]

Réveillé par quelques glousse menus à proximité, puis distinguant des voix provenant du côté de la tente d'aneth, Johan enfila rapidement pantalon et chemise, attrapa arc et épée et se glissa sans bruit hors de sa tente.

Observant et écoutant en s'approchant, il comprit qu'il n'y avait pas de danger immédiat et se posta dans l'ombre, assis sur un ballot de paille, admirant le spectacle des deux emplumés.

Finalement, trouvant le moment approprié pour retarder voire faire s'évaporer la réponse tant attendue, Johan intervint d'une voix douce :
"Tant de compliments ... il y a de quoi faire des jaloux, mais ils sont gracieusement offerts, ce n'est pas du vol, là ma chère Aleth, je ne pourrais plus rien pour toi après ça si tu te fais emporter dans son nid par l'un de tes roucouleurs.

Alors c'est donc vous les fameux volatiles, je vois enfin la couleur de votre plumage, eh!

Les gars, si vous continuez à hululer si près des gardes, la lady pourra bientôt vous avoir empaillé pour vous admirer à son gré, vous feriez bien de ne pas tarder à prendre votre envol. Et si vraiment vous voulez vous démarquer, ramenez lui le nom de celui qui a payé l'archer qui l'a gratifié d'une flèche ... je suis sûre que votre lady n'y restera pas indifférente..."

[Iris]

Aleth sursauta à l'intervention de Jolan, prise sur le fait, rougissant de gêne puis blêmissant aussitôt de honte, serrant entre ses mains la pomme contre sa poitrine, comme si elle pouvait ainsi disparaître, cœur mis à nu qu'il fallait ramener à l'ombre, loin des regards et des jugements.

La tirade de Jolan à peine commencée, Aleth s'avança vers lui, s'arrêtant à mi-distance entre l'intrus et les hiboux, dérisoire bouclier désarmé et vêtu de fine baptiste qui dansait au moindre geste, au plus faible souffle.

" Oh Jolan !" son ton était un mélange d'indignation et de douleur. Le contraste avec l'ironie du jeune homme était flagrant.

Se tenant ainsi droite, sa pomme blottie contre elle, parlant distinctement, mais à voix suffisamment basse pour ne pas risquer d'attirer plus de monde :

"Cela ne suffit pas donc que Béric et Gyles surveillent mes faits et gestes jusqu'à mes sorties au septuaire, il faut encore que toi, tu m'espionnes ? "

" Oh comme j'aimerais que vous sachiez ce que c'est que d'être observée et mesurée à chaque instant de votre vie ! "

" Comme j'aimerais que vous puissiez vous imaginer ce que c'est que de ne jamais pouvoir se sentir libre un seul instant ! "

" Ne voyez-vous pas que vous me couvez jusqu'à l'asphyxie ? J'étouffe ! "

" Tu parles d'oiseaux empaillés ? Je vis dans une cage étroite, sans barreau, chaque jour de mon existence ! "

" Cessez de vouloir faire mon bonheur malgré moi !"

Sa tirade prononcée, elle soupira, son expression passant à la tristesse résignée aussi rapidement qu'elle avait été gaie, surprise, gênée, honteuse, indignée,... Elle baissa la tête, considéra la pomme. La fête était gâchée, comme celle du tournoi ce matin suite à l'intervention des Tyrell. La pomme n'était qu'un fruit dérisoire, une cible pour un archer. Après tout les fruits tombaient des arbres tout autant que les flèches.

[DukeTogo]

So, suite au raffut d'Hostella, il eut y'a 4 jets de perception/vigilance : Beric 9, les soldats pas mieux, Jolan 16... CQFD

"Cela ne suffit pas donc que Béric et Gyles surveillent mes faits et gestes jusqu'à mes sorties au septuaire, il faut encore que toi, tu m'espionnes ? "

L'entrée de Jolan surprit Ulric et Torman tout autant qu'Aleth. Le second commenta : "Bah finalement, ça doit être une fouine. Pas étonnant qu'il plaise à la belette."

" Cessez de vouloir faire mon bonheur malgré moi !"

Divers jets plus tard, entre convaincre/intimider de Jolan, Volonté des deux gars + des jets d'ingéniosité/chance.

Ulric serrait les dents, le front baissé. Norman grimaçait et réagit le premier à l'attention de son comparse :
"T'as entendu la petite dame? Butes-le."
Le regard glacial que lança Ulric à Jolan n'était pas rassurant et pourrait peut-être même faire douter Béric le stoïque. Torman continua à l'attention de Jolan."...ou alors... tu sors bien gentiment tenir compagnie à la gourgandine qu'attends dehors. Y'a que d'elle qu'il faut s'inquiéter : c''est de loin la plus bruyante."

Ulric relâcha les épaules et promit à Aleth : "Personne ne te fera du tord."

[Crépuscule]

La fouine prit un air de chien battu quand il comprit qu’il venait de blesser son amie … décidément à vouloir éviter le mal aux autres, il ne cessait de blesser celles à qui il tenait, sa mère, Bénédicte, et maintenant Aleth … sa tristesse se transforma en colère contre lui même et contre cette vie qui ne cessait de le tourmenter, soudainement réellement jaloux des hiboux qui n’avaient pas à ce soucier de ce genre de tracas … La réaction de Torman le fit crisper le point sur le bois de son arc … une flèche vite décochée aurait vite fait de clouer le premier hibou en plein vol s’il venait à l’attaquer… mais malgré sa colère il ne souhaitait pas cela, en réalité il ne souhaitait qu’une chose mais sans pouvoir jamais plus l’avoir…

Torman évoquant Hostella, Jolan tourna les talons, mais avant de disparaître il se retourna vers Aleth :

“Aleth … j’ai seulement entendu du bruit, je voulais simplement …” mais la fin de sa pensée s’enfuit sans qu’il ne trouve les mots pour l’exprimer, sa gorge se serrant pour finir de lui clouer le bec … simplement n'était pas le mot … rien n’était simple, et certainement pas ce qu’il voulait.

Le jeune archer pivota et disparut laissant Aleth, Ulric et Torman. Croisant dehors Hostella, il lui intima d'aller se reposer avant de réveiller plus de monde, mais ne se préoccupa pas plus de savoir si elle obtempérait, lui même quittant le camp pour aller s’isoler à l’écart des tentes, s’ arrêtant seulement après avoir trouvé un coin tranquille et assez éloigné de l'agitation festive qui pouvait encore baigner une partie du campement, qui le rendait encore plus irritable.

[Iris]

Aleth avait exprimé à haute voix ce qui la rongeait insidieusement depuis longtemps et n'était pas spécialement fière d'elle, se sentant quinaude et comme vide pendant quelques instants. Le contre-coup des émotions lui donnait l'impression d'être à côté d'elle-même, pas vraiment là. Tout le monde parlait d'elle et s'inquiétait d'elle. Mais pourquoi cette colère froide, pourquoi ce désarroi ?

Les mots lui manquaient, la scène se déroulait sans qu'elle saisit tout. Un instant elle voulut protester qu'elle n'avait pas demandé la mort de Jolan, mais c'était absurde. Tout le monde était-il donc devenu soudainement fou ? Jolan commença à se justifier, elle esquissa un mouvement des lèvres pour répondre, réagissant aussitôt à la détresse de son ami par l'élan de le rassurer, mais il avait déjà disparu dans la nuit et elle n'avait pas pu bouger.

Elle prit conscience qu'Ulric lui parlait gentiment, et lui répondit d'un sourire un peu perdu. Elle répondit doucement, se tournant de nouveau vers les brigands pour défendre Jolan, du moins un peu.

" Jolan n'est pas méchant, il... il a du mal depuis que nous sommes revenus de la Trémière. Il adorait son frère disparu et prendre sa place en tant qu'héritier lui coûte beaucoup. Laver le nom de sa Maison et chercher des moyens la mener vers des jours meilleurs n'est pas facile... "

Serrant sa pomme contre elle, elle eut un sourire un peu triste : "Nous avons grandi ensemble vous savez, mais j'ai passé les deux dernières années ailleurs, dans la famille de ma mère, les Risley, puis au Grand Septuaire de Villevieille. J'avais deux amis avant de partir, Jolan et Mestre Corwyn. Aujourd'hui... j'ai l'impression que tout est sans dessus-dessous."

Prenant une inspiration et arborant un sourire un peu plus vaillant, s'exprimant toujours du même ton posé et tranquille en dépit de ce qu'elle exprimait : "Emmett vous a raconté, c'est bien. J'avais peur qu'il ne retienne pas tout et comme je n'avais pas beaucoup de temps avant qu'il ne file, j'ai essayé de tout expliquer d'un bloc... " Réfléchissant : "Me concernant, je ne pense pas être en danger avant la prochaine fois que j'irai à Hautjardin. J'imagine que ce sera pour la reddition des comptes et l'hommage annuel aux Tyrell, cela nous laisse un peu de temps. Peut-être aurez-vous l'opportunité de trouver quelque chose... ou un indice se manifestera de manière inattendue... sinon, eh bien, je mettrai les pieds dans le plat et affolerai suffisamment le commanditaire pour le pousser à la faute." son sourire était un peu moins rassuré, signifiant plus ou moins "ça ira, je ferai attention".

Elle regardait les deux brigands, avec sa pomme, se sentant un peu embarrassée et ne sachant que faire à présent. Elle ne souhaitait pas les congédier, mais avec deux personnes dehors, ça pouvait aller de travers ; elle ne souhaitait pas les priver de récompense, mais avec la scène qui venait d'avoir lieu, c'était un peu hors de propos ... elle aurait aimé avoir l'occasion de bavarder et badiner un peu, mais le choc du passage de Jolan était un peu difficile à faire totalement disparaître... elle s'inquiétait vaguement pour lui aussi, culpabilisant de s'être exprimée librement...

En cherchant un synonyme de "penaud" j'ai trouvé "quinaud", certes vieilli, mais il est marrant comme mot ! Il fallait évidemment que je le place

Note : évidemment, Aleth ignore à ce moment qu'elle sera à Hautjardin dans moins de trois lunes...

[DukeTogo]

Elle prit conscience qu'Ulric lui parlait gentiment, et lui répondit d'un sourire un peu perdu. Elle répondit doucement, se tournant de nouveau vers les brigands pour défendre Jolan, du moins un peu.

"Non, mais euh... je blaguais, hein, les petits gars qu'y me disent d'être raisonnable, j'aime bien les secouer un peu, c'est tout." répondit Torman avant de dire à Ulric :
"C'était quoi, ça, "personne te fera du tord" ? Fais gaffe, tutoies-z'y du nobliaux et tu se-ras pen-du.
- Lâches-moi.
- Par les couilles.
- C'est bon.
- Et ça te fera mal.
- ...
- Même à toi". conclua-t'il en sortant après un dernier sourire hilare à la lady. "Hostella? Ooh-ooh est-tu là?"

Ulric restait donc seul avec Aleth et tarda à la regarder à nouveau, suivant des yeux la sortie de son camarade, déjà sorti depuis un moment.
"Euh... On voulait pas faire de problème. Si je peux... rendre service... 'Venait voir si vous alliez bien... enfin..."

Aleth comprit qu'il était embarrassé par l'expression des tracas de la lady, réalisant qu'il avait peut-être mis les pieds dans le plat comme un ours maladroit.

[Iris]

Regardant Torman filer et Ulric dans ses petits souliers, Aleth s'efforça de reprendre sourire et bonne mine :

" Tout va bien Ulric. Cela m'a fait plaisir de vous revoir tous les deux : vous avez bien fait de passer... et rassurez-vous, je n'aurais pas de problèmes à cause de votre venue. "


" Comment je vais ? " L'esprit flottant un instant à se demander si elle allait "bien" et que répondre honnêtement à une telle question. Elle songea qu'elle ne savait pas vraiment ce qu'il en était. " Je ne sais pas comment vous vous imaginez la noblesse. Dans le fond il y a beaucoup de calculs et de luttes de pouvoir..." réfléchissant à comment formuler le fond de sa pensée clairement : " J'estime que la fin ne justifie pas les moyens : ce sont les moyens employés qui au contraire rendent la fin juste ou injuste. Mais ce faisant... je me complique la vie par rapport à quelqu'un qui ne se soucie que de son profit sans s'encombrer d'aucune considération morale. Malgré cela, malgré les difficultés... "

Et avec le sourire d'une fillette qui avouerait avoir grignoté en douce dans le pot de confiture : "J'aime les énigmes et les mystères."

Précisant d'un ton léger, tenant la pomme d'une main : "En ce moment j'en ai deux. " et ponctuant sa phrase d'un 2 de l'autre.

" Je me demande quel lien il existe entre des intérêts dorniens et Rubriant. Je suis presque sûre qu'il se trame quelque chose. Certaines personnes étaient trop intéressées à la présence de Béric au tournoi, cela ne me plait pas... Surtout, n'allez pas vous mettre en danger pour une simple intuition. Si par hasard, vous appreniez quelque chose, ça m'intéresserait, mais pas de zèle. "

" Quant à l'archer qui vous a trahi... Je crois avoir dit à Emmett que je le soupçonnais d'être un agent infiltré dans vos rangs avec un commanditaire à Hautjardin, lui-même agent d'une puissance de Port-Réal. Votre bande a attiré l'attention du pouvoir : j'ignore de quoi il s'agit, mais vous devez avoir des activités qui les alarment, et ce n'est certainement pas le petit brigandage assez innocent que l'on vous connaît dans le Bief. Soyez prudent surtout. Beaucoup trop de choses demeurent encore dans l'ombre pour qu'il soit possible d'anticiper d'où viendra le danger."

" Je n'y crois pas trop, mais s'il vous était possible de retrouver l'homme qui a parlé à l'archer juste avant l'attaque, ou une piste pour le retrouver... lui doit savoir qui agit à Hautjardin. Wulfgar devrait pouvoir le reconnaître. "

Et avec un grand sourire : "Et sinon, j'adore les histoires et les anecdotes, sur tout et n'importe quoi !"

Elle alla à petite table contenant la coupe à fruit, se saisit du couteau pour trancher la pomme en deux, recollant les morceaux, avant de se rendre à ce qui faisait office de coiffeuse pour se saisir de deux rubans à cheveux, entreprenant d'emballer le fruit, de l’emmailloter dans les liens ornés à leurs extrémités de feuilles de lierre, faisant pour finir deux jolies, coquettes et grosses boucles.

S'approchant de lui pour lui offrir : " Vous partagerez avec Torman." et de déposer un léger baiser sur sa joue : "Vous pourrez l'embrasser aussi, et avoir enfin un motif pour l'embêter à votre tour." conclut-elle avec un sourire malicieux.

[DukeTogo]

Aleth avait du prendre appui sur l'épaule massive d'Ulric et se mettre sur la pointe des pieds pour lui donner un baiser sur la joue. Le regard rieur qu'il lui rendit témoignait qu'il l'appréciait.

"Je m'étais pas posé la question de comment j'imaginais la noblesse. Les quelques nobles que nous... que j'ai eu l'occasion de connaitre étaient du genre impatients ou des pleureuses. Toi, tu es... courageuse. Et gentille. Et tu sens bon. Hum.

Je vais trouver qui a voulu de te tuer. Je vais reparler à Wulfgar et à d'autres. Quelqu'un à forcement remarqué quelque chose.

Pour ce qui est des dorniens, j'en connais pas. Mais toi, oui." conclut-il en souriant.

Prenant la pomme coupée en deux. "Merci pour ça." Il hésita un moment puis sortit rapidement.