[Changeling : the Lost] Un séjour à l'asile
Re: [Changeling : the Lost] Un séjour à l'asile
Morris haussa les épaules à la remarque de Jim.
"On ne doit pas se contenter de s'échapper. Tant que cet endroit existera, d'autres seront menacés. On doit y mettre fin tant qu'il en est encore temps. On n'aura peut-être pas d'autres occasions. J'ignore qui est innocent ou coupable parmi le personnel de cet endroit. Certains doivent ignorer qui on est, mais ce n'est sans doute pas un hasard si nous sommes tous ici alors que nous partageons une expérience commune. Nous avons déjà souffert et nous ne souffrirons plus !"
Le "Nain" regarda autour de lui afin de voir si d'autres partageaient son avis. Thomas semblait prêt à le suivre.
Martha, de son côté, soupira doucement et répondit :
"La rage et la vengeance vous habitent. La guerre est l'apanage d'une autre Cour que la mienne. L'Hiver est plus posé. Néanmoins, je partage votre avis. Contrairement à vous, je suis ici car j'ai choisi d'y être. Je voulais voir de mes propres yeux ce qui se tramait ici et j'en ai assez vu."
Elle se tourna alors vers Jim.
"Il me faudra récupérer mes biens dans ma cellule avant de partir. Je vous conseille de vous préparer et de réfléchir. Il ne faudra pas se contenter de fuir. Il faudra évacuer les occupants, mais aussi neutraliser les responsables et détruire toute trace de notre existence. Aucun dossier ne doit rester."
"On ne doit pas se contenter de s'échapper. Tant que cet endroit existera, d'autres seront menacés. On doit y mettre fin tant qu'il en est encore temps. On n'aura peut-être pas d'autres occasions. J'ignore qui est innocent ou coupable parmi le personnel de cet endroit. Certains doivent ignorer qui on est, mais ce n'est sans doute pas un hasard si nous sommes tous ici alors que nous partageons une expérience commune. Nous avons déjà souffert et nous ne souffrirons plus !"
Le "Nain" regarda autour de lui afin de voir si d'autres partageaient son avis. Thomas semblait prêt à le suivre.
Martha, de son côté, soupira doucement et répondit :
"La rage et la vengeance vous habitent. La guerre est l'apanage d'une autre Cour que la mienne. L'Hiver est plus posé. Néanmoins, je partage votre avis. Contrairement à vous, je suis ici car j'ai choisi d'y être. Je voulais voir de mes propres yeux ce qui se tramait ici et j'en ai assez vu."
Elle se tourna alors vers Jim.
"Il me faudra récupérer mes biens dans ma cellule avant de partir. Je vous conseille de vous préparer et de réfléchir. Il ne faudra pas se contenter de fuir. Il faudra évacuer les occupants, mais aussi neutraliser les responsables et détruire toute trace de notre existence. Aucun dossier ne doit rester."
Re: [Changeling : the Lost] Un séjour à l'asile
Ayant l'air de continuer à reprendre graduellement de l'assurance et du peps, Victor se redressa de la posture avachie, presque simiesque, qu'il avait adoptée jusqu'à maintenant, croisant ses grands bras contre sa poitrine osseuse et creuse, son regard passant posément de l'un à l'autre de ses interlocuteurs, s'esquivant parfois brièvement pour se poser sur l'infirmière à la peau noire, laquelle ne paraissait nullement se douter de leurs manigances, continuant d'arborer un air de bienveillance effacée.
Lorsque Jim reprit la parole, Victor eut presque l'air de ne pas faire attention à lui, mais en son for intérieur, il remuait les paroles de cet être autant que ce que son apparence laissait paraître. Non moins maigre que lui, mais d'une carrure le faisait presque paraître anorexique en comparaison de la musculature indécente de Victor, il ne paraissait pas avoir grand-chose en commun avec lui, s'exprimant avec une diction posée et articulée là où le Cyclope grognait taciturnement. Et sa voix avait quelque chose de distant, comme si ses pensées partaient quelque chose de très loin, d'invisible, là où lui-même donnait surtout l'impression de se concentrer sur le présent et sur le futur immédiat.
Et pourtant, tous les deux avaient cette même lueur dans le regard, quelque chose de hanté qui remontait à quelque indicible et terrible expérience dont la trace était marquée au fer rouge dans leur esprit. A y réfléchir, tous ici, depuis l'homme de fer au géant en passant par l'affreuse sorcière, avaient l'air d'avoir leur fantôme ; leur Croque-mitaine horrifiaient dont ils craignaient de sentir le souffle sur leur nuque à chaque instant de leur existence...
Assez, assez de ça ; Victor avait souffert, tremblé de peur à chaque instant, gémi au sein des affres de la folie, et voulait la fin de cette terreur passive. Il était temps de mordre la main qui leur avait attaché les colliers qu'ils portaient, et de réduire en ruines cette prison dans laquelle on les avait parqués, de la détruire telle une misérable ruche morbide. Il ne partageait pas nécessairement l'entièreté du sentiment de Morris – trop prosélyte, trop fougueux, trop myope dans ses projets. D'un autre côté, il n'aimait pas non plus ce qu'il ressentait comme de la supériorité et de la pédanterie de la part de la femme... Toutefois, il devait bien avouer que pour l'heure, il n'avait guère d'autre envie que de sentir ses poings briser quelque chose, et n'était pas fâché d'avoir des compagnons d'infortune dans l'entreprise qui s'annonçait.
« C'tout vu alors. On casse tout, et on laisse rien d'intact, aucun d'ces salopards debout, et aucun gars enfermé. » Énonça-t-il en un résumé qui manquait certes de subtilité, mais avait le mérite d'être clair et de contenir l'essence du plan à venir.
Beaucoup de questions restaient sans réponse, à commencer par celles que constituaient son épouvantable expérience sous la tutelle de son effroyable maître, ou encore les sibyllins propos de Martha, mais il y aurait tout le temps d'y réfléchir. Pour le moment, tout ce qui important, c'était de sortir, et par la grande porte.
Son regard se reportant sur son second interlocuteur, l'homme aux cheveux bruns, il lui demanda soudainement, ne se doutant pas d'à quel point sa question faisait écho aux réflexions de Jim :
« Au fait, tu sais t'battre ? »
Lorsque Jim reprit la parole, Victor eut presque l'air de ne pas faire attention à lui, mais en son for intérieur, il remuait les paroles de cet être autant que ce que son apparence laissait paraître. Non moins maigre que lui, mais d'une carrure le faisait presque paraître anorexique en comparaison de la musculature indécente de Victor, il ne paraissait pas avoir grand-chose en commun avec lui, s'exprimant avec une diction posée et articulée là où le Cyclope grognait taciturnement. Et sa voix avait quelque chose de distant, comme si ses pensées partaient quelque chose de très loin, d'invisible, là où lui-même donnait surtout l'impression de se concentrer sur le présent et sur le futur immédiat.
Et pourtant, tous les deux avaient cette même lueur dans le regard, quelque chose de hanté qui remontait à quelque indicible et terrible expérience dont la trace était marquée au fer rouge dans leur esprit. A y réfléchir, tous ici, depuis l'homme de fer au géant en passant par l'affreuse sorcière, avaient l'air d'avoir leur fantôme ; leur Croque-mitaine horrifiaient dont ils craignaient de sentir le souffle sur leur nuque à chaque instant de leur existence...
Assez, assez de ça ; Victor avait souffert, tremblé de peur à chaque instant, gémi au sein des affres de la folie, et voulait la fin de cette terreur passive. Il était temps de mordre la main qui leur avait attaché les colliers qu'ils portaient, et de réduire en ruines cette prison dans laquelle on les avait parqués, de la détruire telle une misérable ruche morbide. Il ne partageait pas nécessairement l'entièreté du sentiment de Morris – trop prosélyte, trop fougueux, trop myope dans ses projets. D'un autre côté, il n'aimait pas non plus ce qu'il ressentait comme de la supériorité et de la pédanterie de la part de la femme... Toutefois, il devait bien avouer que pour l'heure, il n'avait guère d'autre envie que de sentir ses poings briser quelque chose, et n'était pas fâché d'avoir des compagnons d'infortune dans l'entreprise qui s'annonçait.
« C'tout vu alors. On casse tout, et on laisse rien d'intact, aucun d'ces salopards debout, et aucun gars enfermé. » Énonça-t-il en un résumé qui manquait certes de subtilité, mais avait le mérite d'être clair et de contenir l'essence du plan à venir.
Beaucoup de questions restaient sans réponse, à commencer par celles que constituaient son épouvantable expérience sous la tutelle de son effroyable maître, ou encore les sibyllins propos de Martha, mais il y aurait tout le temps d'y réfléchir. Pour le moment, tout ce qui important, c'était de sortir, et par la grande porte.
Son regard se reportant sur son second interlocuteur, l'homme aux cheveux bruns, il lui demanda soudainement, ne se doutant pas d'à quel point sa question faisait écho aux réflexions de Jim :
« Au fait, tu sais t'battre ? »
Re: [Changeling : the Lost] Un séjour à l'asile
Jim regarda longuement Victor, réfléchissant à ce qu'il pourrait répondre sans trop se dévoiler, puis il se lança.
"Je ne sais pas...Sincèrement...Je revois dans mes cauchemars des guerres et des morts, mais affirmer que je suis un combattant...C'est pour cela que je préférerai y aller tranquillement. Trouver le bureau du directeur, prendre nos fiches et les brûler, puis fuir les lieux avec diligence sans jamais regarder derrière nous, et en laissant le moins de traces possibles"
Peut être que Victor ne comprendrait pas les pensées de Jim, mais ce dernier ne souhaitait pas, pour l'heure, vérifier ce qu'il était réellement capable de faire. Il découvrait sa part de ténèbres, et cela l'effrayait. Toutefois, le nouveau venu pouvait remarquer que Jim semblait être bien plus âgés, par ses manières de réfléchir et poser son discours, que son corps dans la trentaine semblait laisser paraître.
"Ce n'est pas pour t'embêter...Mais stratégiquement, dans ce genre d'action asymétrique, il vaut mieux agir avec rapidité et discrétion, sans chercher le combat pur. Bien que vos forces nous ouvriront surement la voie si la situation devait...se dégrader". Jim parlait lentement, essayant de faire comprendre à son vis-à-vis qu'il prenait bien en compte sa volonté d'agir avec brutalité, mais lui même pensait que la sagesse n'était pas à cet endroit.
"Je ne sais pas...Sincèrement...Je revois dans mes cauchemars des guerres et des morts, mais affirmer que je suis un combattant...C'est pour cela que je préférerai y aller tranquillement. Trouver le bureau du directeur, prendre nos fiches et les brûler, puis fuir les lieux avec diligence sans jamais regarder derrière nous, et en laissant le moins de traces possibles"
Peut être que Victor ne comprendrait pas les pensées de Jim, mais ce dernier ne souhaitait pas, pour l'heure, vérifier ce qu'il était réellement capable de faire. Il découvrait sa part de ténèbres, et cela l'effrayait. Toutefois, le nouveau venu pouvait remarquer que Jim semblait être bien plus âgés, par ses manières de réfléchir et poser son discours, que son corps dans la trentaine semblait laisser paraître.
"Ce n'est pas pour t'embêter...Mais stratégiquement, dans ce genre d'action asymétrique, il vaut mieux agir avec rapidité et discrétion, sans chercher le combat pur. Bien que vos forces nous ouvriront surement la voie si la situation devait...se dégrader". Jim parlait lentement, essayant de faire comprendre à son vis-à-vis qu'il prenait bien en compte sa volonté d'agir avec brutalité, mais lui même pensait que la sagesse n'était pas à cet endroit.
Re: [Changeling : the Lost] Un séjour à l'asile
Le plus surprenant à ce moment, ce n'était pas la conversation des patients. Non, il y avait plus étrange encore : l'infirmière n'y prêtait pas la moindre intention et ce n'était pas de la simple négligence de sa part. En fait, elle semblait délibérément ne pas s'y intéresser. Était-elle de leur côté ?
De son côté, Martha s'était levée et avait commencé à marcher vers sa cellule. Là encore, en dépit de son devoir, Maggie n'intervint pas.
De son côté, Martha s'était levée et avait commencé à marcher vers sa cellule. Là encore, en dépit de son devoir, Maggie n'intervint pas.
Re: [Changeling : the Lost] Un séjour à l'asile
Victor était un homme (enfin, une créature à peu près humaine) pragmatique, et n'aimait pas le mélodrame, étant lui-même du genre à agir promptement plutôt que de se lamenter sur son sort, et à considérer toute plainte superflue comme un assommant couplet de minauderies. Cependant, à entendre le ton las qu'il empruntait et l'expression dolente de son visage, il se doutait bien que le sujet de ses souffrances ne devait pas être exagéré : s'il avait souffert au moins à moitié autant que le Cyclope, il était bien en droit d'avoir ses spectres et ses complexes...
Il y avait aussi que la voix de Jim, bien que n'étant de toute évidence pas du calibre de celles qui soulèvent les foules, résonnait d'un ton docte, posé, monocorde presque, et le tout dégageait quelque chose d'apaisant, ou tout du moins d’émollient. Cela rappelait à Victor des souvenirs ô combien lointain d'oraisons scolaires prononcées par des figures professorales, et même s'il ne s'agissait pas là de fragments de son passé particulièrement exaltants, ils étaient bien plus agréables que les images de course-poursuite, de violence et d'horreur qui peuplaient son imagination de ces dernières années.
En réponse aux encouragements à la tempérance et à la mesure prononcés par l'être au-delà de ses années, l'Ogre poussa un léger grognement dont il aurait difficile de dire s'il dégageait l'agacement, la réticence ou la concession. En tout cas, les bras toujours croisés et agrémentant sa réponse d'un froncement de la bouche et du museau, il renvoya :
« Hrmph, et laisser c'te cage aux horreurs grande ouverte ? Intacte ? » Le ton de Victor n'avait pas quitté la mesure qui l'avait habité lors de ses dernières répliques, mais on sentait néanmoins la menace et la rancune dans le grondement de basse de sa voix. « J'me prends pas pour un héros, mais comme il a dit... » Fit-il avec un signe du menton en direction de Morris. « ...tant qu'cet endroit rest'ra d'bout, ils vont mett' d'aut' gars comme nous en boîte. Et ça, pas question Gaston. J'veux bien prend' la clef des champs si ça sent l'roussi, mais en attendant, pas question d'laisser une chance à ces ordures. » Acheva-t-il en crachant le mot avec hargne.
Ceci étant dit, il tourna son œil unique en direction du visage pâle de son interlocuteur, et bien que l'expression du Cyclope ne fût pas particulièrement conciliante, il ajouta en une marque apparente d'aménité presque surprenante :
« T'vois c'que j'veux dire ? »
Il y avait aussi que la voix de Jim, bien que n'étant de toute évidence pas du calibre de celles qui soulèvent les foules, résonnait d'un ton docte, posé, monocorde presque, et le tout dégageait quelque chose d'apaisant, ou tout du moins d’émollient. Cela rappelait à Victor des souvenirs ô combien lointain d'oraisons scolaires prononcées par des figures professorales, et même s'il ne s'agissait pas là de fragments de son passé particulièrement exaltants, ils étaient bien plus agréables que les images de course-poursuite, de violence et d'horreur qui peuplaient son imagination de ces dernières années.
En réponse aux encouragements à la tempérance et à la mesure prononcés par l'être au-delà de ses années, l'Ogre poussa un léger grognement dont il aurait difficile de dire s'il dégageait l'agacement, la réticence ou la concession. En tout cas, les bras toujours croisés et agrémentant sa réponse d'un froncement de la bouche et du museau, il renvoya :
« Hrmph, et laisser c'te cage aux horreurs grande ouverte ? Intacte ? » Le ton de Victor n'avait pas quitté la mesure qui l'avait habité lors de ses dernières répliques, mais on sentait néanmoins la menace et la rancune dans le grondement de basse de sa voix. « J'me prends pas pour un héros, mais comme il a dit... » Fit-il avec un signe du menton en direction de Morris. « ...tant qu'cet endroit rest'ra d'bout, ils vont mett' d'aut' gars comme nous en boîte. Et ça, pas question Gaston. J'veux bien prend' la clef des champs si ça sent l'roussi, mais en attendant, pas question d'laisser une chance à ces ordures. » Acheva-t-il en crachant le mot avec hargne.
Ceci étant dit, il tourna son œil unique en direction du visage pâle de son interlocuteur, et bien que l'expression du Cyclope ne fût pas particulièrement conciliante, il ajouta en une marque apparente d'aménité presque surprenante :
« T'vois c'que j'veux dire ? »
Re: [Changeling : the Lost] Un séjour à l'asile
Jim comprenait l'avis de l'homme cyclope, mais il ne pouvait pas laisser organiser un massacre juste pour s'échapper. Il avait vu trop de sang et ses mains étaient si salis qu'il ne pensait pas pouvoir recommencer à faire le mal. C'est pourquoi il expliqua lentement:
"SI on fait tout sauter on aura la police aux fesses...C'est ça ce que tu veux ? On sait pas combien il y a d'autres patients dans les autres ailes, et même si je porte pas les tauliers dans mon cœur, ils ne sont pas tous pourris. Par contre, on peut essayer de donner une chance à tout le monde, et ça facilitera notre départ, en ouvrant les cages de toutes les personnes du centre. En foutant le feu aux archives, ils auront du mal à reconstituer le tout rapidement...C'est la seule concession que que je peux faire, même si ça m'embêterait que d'autres aient à souffrir. A moins qu'on ne trouve un plan pour foutre le feu à l'ensemble du bâtiment sans faire de victimes inutiles...Des avis les autres ?"
"SI on fait tout sauter on aura la police aux fesses...C'est ça ce que tu veux ? On sait pas combien il y a d'autres patients dans les autres ailes, et même si je porte pas les tauliers dans mon cœur, ils ne sont pas tous pourris. Par contre, on peut essayer de donner une chance à tout le monde, et ça facilitera notre départ, en ouvrant les cages de toutes les personnes du centre. En foutant le feu aux archives, ils auront du mal à reconstituer le tout rapidement...C'est la seule concession que que je peux faire, même si ça m'embêterait que d'autres aient à souffrir. A moins qu'on ne trouve un plan pour foutre le feu à l'ensemble du bâtiment sans faire de victimes inutiles...Des avis les autres ?"
Re: [Changeling : the Lost] Un séjour à l'asile
Thomas fut le premier à parler :
"Tout ce qui m'importe, c'est qu'aucun mal ne soit fait à Maggie. Aucun autre membre du personnel n'a eu la moindre douceur avec nous. Elle est la seule ici que je désire sauver, en dehors des prisonniers. Tous les autres sont des pourris, même les médecins. Ils nous traqueront comme ils l'ont déjà fait."
Morris acquiesça et répondit à son tour :
"Je suis du même avis. Ils ne nous veulent aucun bien, mais Maggie ne mérite pas de payer pour leurs fautes. On ne sait pas tout des gens ici, mais il est clair que le médecin en sait trop. Mon instinct me dit que ça ne peut pas être une coïncidence si tous les patients ici sont de même nature."
Martha avait apparemment récupéré un paquet sous le lit de la cellule et revint en le tenant afin de donner son avis :
"Il faudra être discret. On ne gagnera rien à avoir la justice humaine sur le dos. Néanmoins, nous devons mettre cet endroit hors d'état de nuire."
L'air de rien, Maggie, l'infirmière, s'approcha des malades et dit d'une voix claire, et avec un sourire presque complice sur le visage :
"Bon, il est l'heure de retourner dans vos chambres. Vous avez déjà bien joué, puis tout le monde a eu sa tournée de médicaments."
Ce qu'elle disait était surprenant car aucun n'avait justement eu ses médicaments. Avait-elle pu à ce point oublier ? Cela cachait-il autre chose ?
"Tout ce qui m'importe, c'est qu'aucun mal ne soit fait à Maggie. Aucun autre membre du personnel n'a eu la moindre douceur avec nous. Elle est la seule ici que je désire sauver, en dehors des prisonniers. Tous les autres sont des pourris, même les médecins. Ils nous traqueront comme ils l'ont déjà fait."
Morris acquiesça et répondit à son tour :
"Je suis du même avis. Ils ne nous veulent aucun bien, mais Maggie ne mérite pas de payer pour leurs fautes. On ne sait pas tout des gens ici, mais il est clair que le médecin en sait trop. Mon instinct me dit que ça ne peut pas être une coïncidence si tous les patients ici sont de même nature."
Martha avait apparemment récupéré un paquet sous le lit de la cellule et revint en le tenant afin de donner son avis :
"Il faudra être discret. On ne gagnera rien à avoir la justice humaine sur le dos. Néanmoins, nous devons mettre cet endroit hors d'état de nuire."
L'air de rien, Maggie, l'infirmière, s'approcha des malades et dit d'une voix claire, et avec un sourire presque complice sur le visage :
"Bon, il est l'heure de retourner dans vos chambres. Vous avez déjà bien joué, puis tout le monde a eu sa tournée de médicaments."
Ce qu'elle disait était surprenant car aucun n'avait justement eu ses médicaments. Avait-elle pu à ce point oublier ? Cela cachait-il autre chose ?
Re: [Changeling : the Lost] Un séjour à l'asile
On ne sort pas d'un séjour en Arcadu sans en avoir souffert des difformités, autant physiques que mentales ou morales ; seuls les êtres à la volonté la plus irréductible pouvaient être capables d'endurer les atrocités féeriques que ce royaume recelait sans être à jamais pénétré d'une certaine forme de folie. Victor, bien que hardi, n'était pas de cette trempe-là, et en conséquence, il ressentait bien les élans chaotiques de son esprit qui lui commandaient avec une insistance entêtante de faire pleuvoir une juste et fatale rétribution sur es geôliers. L'idée ne manquait pas d'être tentante, et notre Cyclope, à l'image du tristement célèbre Polyphème, voyait non sans envie défiler devant lui la possibilité de réduire en pulpe les organes des infirmiers entre ses poings, sucer la moelle de leurs os arrachés, et déchirer leur chair encore sanguinolente à belles dents. C'était grisant... et absolument horrifiant.
Car si l'on avait instillé en lui un peu du tempérament, de la force et de la brutalité d'une bête, Victor n'en conservait pas moins des goûts tout à fait humains, et en l'occurrence, plutôt qu'un tartare de viande humaine, un bon beefsteak avec des patates braisées et un bock de bière lui aurait admirablement convenu. Rien qu'à y penser, il se sentait saliver rêveusement, réaction qui aurait toutefois pu aisément être mal interprétée étant donné le sujet de conversation actuel, aussi secoua-t-il machinalement la tête avant de répondre aux objections de Jim :
« Hé, t'méprends pas. Si un gars m'pointe un flingue ou un couteau d'sus, j'préfère cent fois lui casser l'bras que d'me faire trouer la peau, mais j'ai pour autant pas l'intention d'tuer tout c'que j'croise... J'suis pas marteau non plus. »
Il était en effet vrai que durant ses longues années de service forcé sous la tutelle de son maître, Victor avait largement eu le temps de raffiner l'art de mettre quelqu'un hors-combat sans pour autant le tuer. Il ne fallait pourtant pas voir là une marque de charité ; bien au contraire, épargner la vie des fuyards qu'il devait pourchasser ne visait qu'à les laisser plus ou moins intacts entre les mains de son terrible patron...
Mais pour l'heure, ils allaient être les évadés,et en conclusion apparente de leurs délibérations, un consensus maladroit mais à peu près général semblait s'être établi : le but était clairement de mettre l'endroit le plus hors-service possible, tout en minimisant les pertes des deux côtés... et tout en épargnant cette « Maggie », qui qu'elle pût être. Victor s'apprêta d'ailleurs à poser la question, mais avant qu'il pût ouvrir la bouche, l'infirmière si passive jusqu'à maintenant vint candidement les sommer de réintégrer leurs foyers, avec cette douceur bêtifiante que l'on réserve d'ordinaire aux tous jeunes enfants. Cela faisait renaître chez l'Ogre des souvenirs de chaleur familiale qui lui mirent un pincement au cœur, mais il masqua sa mélancolie sous un froncement de sourcils perplexe et dubitatif, avant de se diriger vers l'Afro-Américaine devant laquelle il se planta en trois enjambées, la toisant du haut de sa dizaine de centimètres supplémentaires :
« Bon, j'aime pas les faux-semblants. » Énonça-t-il sans détour sur un ton qui, sans être particulièrement menaçant, n'admettait de toute évidence pas la plaisanterie. « Vous jouez à quoi dans tout ça vous ? »
Car si l'on avait instillé en lui un peu du tempérament, de la force et de la brutalité d'une bête, Victor n'en conservait pas moins des goûts tout à fait humains, et en l'occurrence, plutôt qu'un tartare de viande humaine, un bon beefsteak avec des patates braisées et un bock de bière lui aurait admirablement convenu. Rien qu'à y penser, il se sentait saliver rêveusement, réaction qui aurait toutefois pu aisément être mal interprétée étant donné le sujet de conversation actuel, aussi secoua-t-il machinalement la tête avant de répondre aux objections de Jim :
« Hé, t'méprends pas. Si un gars m'pointe un flingue ou un couteau d'sus, j'préfère cent fois lui casser l'bras que d'me faire trouer la peau, mais j'ai pour autant pas l'intention d'tuer tout c'que j'croise... J'suis pas marteau non plus. »
Il était en effet vrai que durant ses longues années de service forcé sous la tutelle de son maître, Victor avait largement eu le temps de raffiner l'art de mettre quelqu'un hors-combat sans pour autant le tuer. Il ne fallait pourtant pas voir là une marque de charité ; bien au contraire, épargner la vie des fuyards qu'il devait pourchasser ne visait qu'à les laisser plus ou moins intacts entre les mains de son terrible patron...
Mais pour l'heure, ils allaient être les évadés,et en conclusion apparente de leurs délibérations, un consensus maladroit mais à peu près général semblait s'être établi : le but était clairement de mettre l'endroit le plus hors-service possible, tout en minimisant les pertes des deux côtés... et tout en épargnant cette « Maggie », qui qu'elle pût être. Victor s'apprêta d'ailleurs à poser la question, mais avant qu'il pût ouvrir la bouche, l'infirmière si passive jusqu'à maintenant vint candidement les sommer de réintégrer leurs foyers, avec cette douceur bêtifiante que l'on réserve d'ordinaire aux tous jeunes enfants. Cela faisait renaître chez l'Ogre des souvenirs de chaleur familiale qui lui mirent un pincement au cœur, mais il masqua sa mélancolie sous un froncement de sourcils perplexe et dubitatif, avant de se diriger vers l'Afro-Américaine devant laquelle il se planta en trois enjambées, la toisant du haut de sa dizaine de centimètres supplémentaires :
« Bon, j'aime pas les faux-semblants. » Énonça-t-il sans détour sur un ton qui, sans être particulièrement menaçant, n'admettait de toute évidence pas la plaisanterie. « Vous jouez à quoi dans tout ça vous ? »
Re: [Changeling : the Lost] Un séjour à l'asile
L'infirmière ne sembla aucunement intimidée par Victor et le défia du regard en répondant sur un ton parfaitement calme :
"Je suis sans doute dans le même bateau que vous. Je me suis présentée à ce poste pour m'occuper de personnes fragiles et les soutenir, pas les brutaliser ou les martyriser. J'ai vu en ces lieux suffisamment d'actes inhumains pour savoir que je n'ai pas ma place ici, pas plus que vous. Je ne vous empêcherai pas de fuir, mais il ne faut pas que l'on apprenne mon rôle dans cette affaire. Cela me mettrait en danger. J'ai été engagée pour aider les patients et c'est ce que je ferai, même si ce n'est pas ce que le docteur avait en tête. Ce travail me pèse et il est de mon devoir d'y mettre un terme. Cette horreur n'a que trop durer à mes yeux..."
Une lueur de sincérité brillait dans le regard de l'infirmière. Elle ne supportait clairement plus les tourments qu'avaient subi les malades dans cet enfer médical et était prête à se faire pardonner en les aidant. Elle avait compris que cet endroit n'était qu'une mascarade d'institut psychiatrique et sa complicité passive était un poids sur sa conscience. Elle ne pouvait plus garder le silence et rester sans agir, alors que les personnes enfermées ici étaient innocentes et plus saines que certains voulaient le faire croire. Elle n'était pas devenue infirmière pour ça. De plus, elle en était venue à sincèrement aimer certains de ses patients.
Morris soupira et se dirigea vers sa cellule, tout comme les autres.
"Allez, viens, coloc ! Il est inutile de terroriser celle qui est sans doute notre alliée la plus loyale dans ce trou à rats fétide et malsain. Je suis sûr qu'elle veut vraiment nous aider à nous évader d'ici. Si j'étais toi, je songerais à poser ma lourde tête et à me reposer en attendant le grand moment !"
"Je suis sans doute dans le même bateau que vous. Je me suis présentée à ce poste pour m'occuper de personnes fragiles et les soutenir, pas les brutaliser ou les martyriser. J'ai vu en ces lieux suffisamment d'actes inhumains pour savoir que je n'ai pas ma place ici, pas plus que vous. Je ne vous empêcherai pas de fuir, mais il ne faut pas que l'on apprenne mon rôle dans cette affaire. Cela me mettrait en danger. J'ai été engagée pour aider les patients et c'est ce que je ferai, même si ce n'est pas ce que le docteur avait en tête. Ce travail me pèse et il est de mon devoir d'y mettre un terme. Cette horreur n'a que trop durer à mes yeux..."
Une lueur de sincérité brillait dans le regard de l'infirmière. Elle ne supportait clairement plus les tourments qu'avaient subi les malades dans cet enfer médical et était prête à se faire pardonner en les aidant. Elle avait compris que cet endroit n'était qu'une mascarade d'institut psychiatrique et sa complicité passive était un poids sur sa conscience. Elle ne pouvait plus garder le silence et rester sans agir, alors que les personnes enfermées ici étaient innocentes et plus saines que certains voulaient le faire croire. Elle n'était pas devenue infirmière pour ça. De plus, elle en était venue à sincèrement aimer certains de ses patients.
Morris soupira et se dirigea vers sa cellule, tout comme les autres.
"Allez, viens, coloc ! Il est inutile de terroriser celle qui est sans doute notre alliée la plus loyale dans ce trou à rats fétide et malsain. Je suis sûr qu'elle veut vraiment nous aider à nous évader d'ici. Si j'étais toi, je songerais à poser ma lourde tête et à me reposer en attendant le grand moment !"
Re: [Changeling : the Lost] Un séjour à l'asile
"Attendez quelques instants les gars
Jim s'approcha de Maggie et lui posa quelques questions:
"Merci pour tout...Maggie, y-a-t-il une salle des archives centrales ? Et un moyen de faire sortir tout le monde...Enfin, si nous ne sommes pas seuls, de cet enfer ? Pour agir cette nuit, il nous faudrait un plan, imaginez qu'on se perdre et que l'un de nous reste sur le carreau ? C'est pas ce que que nous voulons non ?"
L'homme souriait à la vieille infirmière, pour la mettre en confiance par rapport à Victor. Un peu comme les bons flics mauvais flics des romans noirs. Il espérait bien répartir les tâches, avant d'attendre l'obscurité pour agir...trop de précipitations, et ils ne sortiraient pas de là.
Jim s'approcha de Maggie et lui posa quelques questions:
"Merci pour tout...Maggie, y-a-t-il une salle des archives centrales ? Et un moyen de faire sortir tout le monde...Enfin, si nous ne sommes pas seuls, de cet enfer ? Pour agir cette nuit, il nous faudrait un plan, imaginez qu'on se perdre et que l'un de nous reste sur le carreau ? C'est pas ce que que nous voulons non ?"
L'homme souriait à la vieille infirmière, pour la mettre en confiance par rapport à Victor. Un peu comme les bons flics mauvais flics des romans noirs. Il espérait bien répartir les tâches, avant d'attendre l'obscurité pour agir...trop de précipitations, et ils ne sortiraient pas de là.