Lucrèce en tous cas était ravie de son idée, elle la trouvait aussi amusante qu'excellente, collant merveilleusement avec plein de bizarreries et protesta :
" Grayson pour autant que je me rappelle n'a pas des yeux irisés ! Et puis je ne vous trouve pas vraiment d'air de famille, toi, Amanda et Grayson... mon idée est bien meilleure sans cet ajout..."
Mais Lucrèce n'était pas avare de baisers ou d'enlacements rieurs pour autant.
" Peur ? Tu penses que je devrais avoir peur ? Je ne sais pas... Voyons il y a une semaine je croyais que je devenais totalement folle, j'ai manqué de me faire violer et tuer par un psychopathe, des plantes se sont infiltrées sous ma peau pour me remettre mon genou en état, et maintenant j'apprends que je ne suis qu'en partie humaine... et que des gens ont dans l'idée que je ferais un superbe cobaye... Quand on y pense, ça fait pas mal d'un coup, ou en tous cas en peu de temps. Bon, c'est tout de même bien compensé par les côtés positifs, tout aussi ... énormes... Je dirais qu'il y a matière à gamberger... d'ailleurs dans les trucs un peu... bizarres... c'est amusant de faire l'amour dans une fleur, c'est très agréable, mais rien que l'idée que les plantes lisent en moi, je veux dire, qu'elles reflètent ce que je ressens de la manière la plus... intime... c'est... comme si... je ne sais pas... comme si j'avais mon âme toute nue qui s'exprimait à côté de moi... Je ne tiens pas spécialement à dissimuler ce que je pense, mais là, je me demande... c'est très agréable d'un côté, et en même temps, plutôt intimidant... "
" Toi ou Grayson ou Amanda, vos pouvoirs ne risquent pas vraiment de trahir votre pensée profonde, vous pouvez rester aussi mystérieux que vous le souhaitez, moi, je deviens aussi transparente que la vitre de la serre. C'est comme si j'avais des écriteaux alors que le reste de l'humanité ne montre que ce qu'elle veut. D'une certaine façon, ça me ravale un peu à une forme d'animalité, ou de sauvagerie ou je-ne-sais-pas, quelque chose de plus brut... Si quelque chose devait m'inquiéter, ce serait plutôt ça... à quel point ne suis-je PAS humaine ? Est-ce que je me trompe sur moi-même ? Ma perception des autres est-elle erronée ? Biaisée ? Tronquée ? Quand j'étais en danger, les plantes de la haie étaient sur le point de tuer Julien en l'étranglant, lentement, ... c'était horrible... et ça me renvoie mon reflet, si la haie a attaqué avec cette violence, c'était que je la ressentais. Peut-être que je suis une sorte de monstre ? Après tout, une forme de vie qui agit selon son instinct... Un lion est tout à fait sympathique, quand il est rassasié et fait la sieste ! ... et sinon, il peut lentement étouffer une proie, la lacérer, la traquer... Est-ce qu'au fond de moi j'ai cette cruauté ? Ne suis-je "innocente" que parce que j'ai été jusqu'ici en sécurité ? "
" Quant à la pilule... c'est quand même plus... raisonnable pour l'instant... et puis flûte ! On ne fait pas de bébé avec un homme qu'on connaît depuis une semaine ! *
rire*
" Mais... si... s'il y a un danger, ... ça ne pose pas de problème que je sorte demain passer chez un gynéco ? ... tiens, il faudra que je remette mon attèle, sinon j'aurais du mal à expliquer la situation si je croise quelqu'un... Il faudrait aussi que je fasse les démarches pour... tout quitter ? Dis comme ça, c'est vrai que ça fait un peu peur, et ça même si je sais aussi que je n'ai pas grand-chose à perdre ou laisser derrière moi."
"... tu ne viens pas sérieusement du futur ? vous n'avez tout de même pas vraiment bousillé vos forêts ?"
Après ce grand discours et tous ces efforts, ce dont Lucrèce avait envie, c'était de boire, de l'eau, du jus de fruit, autre chose, à la rigueur un fruit juteux ferait l'affaire... D'ailleurs de quels genres de fruits étaient-ils environnés ? Ce serait trop bête de gâcher ! Lucrèce pensait en ramasser aussi pour Grayson.
En attendant la réponse de son étrange amant (
totalement glabre au fait, ou pas ? 
), elle se blottit de nouveau contre lui, parce que finalement quand elle commençait à réfléchir, si en fait, elle avait un petit peu peur et voulait espérer qu'elle plaçait sa confiance en Luther à juste titre. Et puis elle songea aussi qu'elle était dans un nid douillet et à l'abri, cette seule pensée était réconfortante.