[SdA] Des temps incertains et troublés

[darkbaron]

"Cette grande ville dont vous parlez est très probablement la cité de pierre, Minas Tirith, qui s'élève, majestueuse. Si vous ne l'avez jamais vue de près, je suis sûr que cela vous plaira et je vous conseille de nous suivre, Leija. Vous ne le regretterez pas, demoiselle. Nous ne sommes certes pas des marchands, mais nous avons après tout des personnes précieuses à protéger. De plus, je suis certain que vous trouverez du travail sur place."

L'Elfe indiqua du bras un point dans l'horizon, précisément dans la direction de Minas Tirith.

"La capitale du Gondor, Minas Tirith, se trouve par là."

Une monture se rapprocha à son tour de celle de Celephinnor, qui semblait désapprouver son mouvement. Sur le magnifique cheval blanc se trouvait une Elfe. Cela se voyait aisément, même si son capuchon était rabattu sur sa tête car elle portait une longue robe qui laissait entrevoir des formes fines et gracieuses, des courbes indéniablement féminines, même si elles n'étaient pas forcément aussi prononcées que les rondeurs des certaines femmes humaines. Ses yeux étaient noirs et les quelques mèches de sa chevelure qui s'échappaient de son capuchon étaient tout aussi sombres, contrastant avec son teint pâle.

L'Elfe délicate s'arrêta près de Leija, qu'elle regarda intensément de son regard profond, puis prit la parole :

"Frère, ne crois-tu pas que nous perdons notre temps ? Avec tout mon respect, nous sommes attendus, donc ne tardons pas..."

Celephinnor soupira et haussa les épaules :

"Excusez ma sœur... Elle est encore jeune et a hâte d'explorer la cité !"

[Maëlys]

Leijana écouta les propos de Celephinnor avec intérêt, cette ville de Pierre comme il disait devait être intéressante, et trouver un convoi à escorter devrait y être possible.
Elle suivit la direction de sa main en espérant deviner les contours de la ville. C'est fou quand même, dans ces terres on peut voir à des lieues à la ronde, alors que dans le Nord, là où il faut tout le temps froid et où le moindre blizzard peut vous prendre par surprise, on ne voit guère à plus d'une lieue, et encore par beau temps !
La direction semblait néanmoins concorder avec les dires des dernières personnes qu'elle avait rencontré, pas très loin de ces montagnes.

Si seulement elle avait une de ces cartes comme les anciens ont, sur une peau de phoque bien tannée, elle pourrait mieux se repérer... Quoique, vu la distance qu'elle avait parcouru depuis son départ, elle doutait qu'une seule carte ne suffise, trop de lieues avaient défilé, beaucoup de peuples également.

Puis quand l'autre elfe approcha, elle se ravisa, posant une main sur son arme pour se rassurer. Cela n'avait rien d'offensif, guère plus que le réflexe d'un félin à découvrir les crocs lorsqu'il voit quelqu'un approcher et le regarder intensément.

"Leija va laisser alors, vu que d'autres attendre vous."

Une fois de plus, elle se rendit compte que ses mots fourchaient lorsqu'elle sentait une once de pression s'abattre sur elle. Elle respira profondément puis se ravisa :

"De toute façon, je n'ai pas de cheval pour vous suivre. Je ne ferai que vous retarder."

A part si ses interlocuteurs tentaient de la convaincre, elle comptait bien continuer sa route à pied jusqu'à la cité de pierre.

[darkbaron]

Quand elle avoua ne disposer d'aucune monture, la jeune elfe à la longue chevelure noire éclata de rire avant de dire :

"Mon frère, tu as toujours le don pour t'attirer une étrange compagnie ! Qui n'a pas de cheval dans des terres hostiles ne fait que marcher sur un fil ! Pour échapper à l'ennemi, il vaut mieux compter sur un bon ami. Les sabots de sa monture évitent à ses pieds bien des écorchures. Quelle folie de parcourir des terres aussi vastes de la sorte alors qu'un cheval vous épargnerait bien des peines... Vous ne craignez apparemment ni le danger ni la fatigue !"

Celephinnor jeta un regard désagréable à sa sœur avant de regarder de nouveau la Lossoth pour lui dire :

"Veuillez pardonner ses paroles ! Elle est beaucoup plus polie et aimable, d'habitude... Elle connaît fort bien le sens du mot courtoisie, mais a légèrement tendance à l'oublier quand elle est pressée car elle veut faire impression. Malheureusement, ce que ma gentille sœur semble oublier, c'est que c'est moi qui suis attendu à Minas Tirith, non elle, et qu'elle ne fait donc que m'accompagner. En outre, je lui rappelle également qu'elle est à nos côtés car je l'ai bien voulu."

Il appuya ces derniers mots en regardant sa sœur, qui détourna le regard et rougit légèrement, gênée et honteuse, voire même vaincue.

"Mon amie, si vous me permettez de vous appeler ainsi, vous êtes donc la bienvenue. Bien sûr, nous ferons uniquement selon votre bon vouloir et, si cela ne vous dérange pas, ce sera pour moi un honneur de partager ma monture avec vous. Elle est assez vigoureuse pour nous porter tous deux."

Tout en disant cela, il souriait d'un air tout à fait charmant qui montrait qu'il était réellement prêt à l'accueillir parmi sa compagnie.

[darkbaron]

Peu de temps après la réponse de dame Meril, cinq Nains pénétrèrent dans la salle du banquet avant de prendre place pour manger. Ils étaient d'âges variables, certains ayant une barbe plus longue et grise que d'autres et il était clair que le plus important d'entre eux était également le plus jeune car c'était celui qui portait les meilleurs vêtements, ainsi que les armes les plus ornées. Comme tout ce qui était issu de l'artisanat nain, elles étaient d'ailleurs magnifiques tout en restant relativement simples. Le "jeune" Nain était indéniablement un noble de son peuple car les autres Nains s'adressaient à lui avec déférence.

Le plus âgé de tous, un Nain assez gras à la barbe fournie, tressée et presque blanche, qui se trouva être assis à côté de Meril, se tourna vers sa voisine de table en écarquillant les yeux, visiblement très surpris de la voir. Il était clair qu'il la connaissait. Il prit d'ailleurs la parole.

"Bien, ça alors ! Dame Meril de Dol Amroth ! Je suis franchement surpris de vous voir ailleurs que dans une bibliothèque ou en d'autre compagnie que celle des Elfes que vous aimez tant... Remarquez, la dernière fois que je vous ai vue, vous n'étiez pas ici. Vous êtes donc revenue vous occuper de la chancellerie de la ville..."

Meril sembla quelque peu gênée et répondit sur un ton aimable, voire même légèrement familier, tout en restant respectueux :

"Maître Nain, l'intendant m'a rappelée en ces lieux car il a besoin d'aide. Cela fait quelques mois que je réside ici et que je n'ai pour ainsi dire pas bougé de ma chancellerie, côtoyant livres et poussière. Les archives sont dans un tel état... Je suis ravie de constater que votre voyage s'est déroulé sans encombres."

Le Nain sourit et tapa amicalement dans le dos du plus jeune Nain, son autre voisin de table.

"Oui, je fais partie de la garde personnelle du jeune Gloin, que voici. J'ai toujours été un ami de son père et je tiens à lui comme à la prunelle de mes yeux, voire même davantage. Il est en quelque sorte le fils que je n'ai jamais eu et je le traite donc comme tel. Il sera notre représentant."

Le vieux Nain pencha la tête afin d'observer l'autre voisin de Meril, ainsi que le Dúnadan.

"Mes amis, je ne crois pas avoir l'honneur de vous connaître. Je me nomme Snorri. Et vous, chers camarades de repas ?"

[Eoin Mac Aoidh]

Et voilà des nains maintenant ! Il n'y avait pas à dire, ils avaient fier allure, et leurs barbes étaient même, on pouvait l'affirmer, des œuvres d'art, soignées et apprêtées. Sans doute même, se dit Déorwine, que c'était le seul peuple à faire ainsi.
Ainsi, il se pourrait que les Nains viennent eux aussi en aide au Gondor ? Que d'alliées formidables, à dire vrai, et l'aide du Rohan ne serait certainement que formelle, afin de rappeler le Serment d'Eorl, et peut-être pour fournir un peu de mobilité et d'éclairage à un groupe, rien de plus...

Mais ce n'était une raison pour se montrer discourtois, et le jeune homme inclina la tête.

"Je me nomme Déorwine, fils de Déored, et je viens tout droit du Riddermark. Enchanté de faire votre connaissance, Snorri."

[Crépuscule]

Le jeune ithilien aux petits yeux noirs avala un peu précipitamment sa dernière bouchée pour répondre au nain :

"Narohtar, fils de Siriondil, enchanté de vous connaître Snorri, de même que vos compagnons.
Je suis l'émissaire des rôdeurs d'Ithilien.

J'espère que nous aurons l'occasion de converser assez longtemps pour vos entendre nous raconter ce fameux voyage qu'évoque Dame Meril.
Ma curiosité a été éveillée et ne demande qu'a être abreuvée à présent."

[darkbaron]

Snorri sourit et prit une pinte de bière avant de répondre d'un ton aimable :

"Notre voyage ? Bien, nous venons tout simplement d'Erebor, le Mont Solitaire. Le Roi sous la Montagne, Thrór, a été sensible à l'appel du Gondor et nous a envoyés. Le message de l'Intendant précisant qu'il ne requiert pas une force armée, le Roi s'est dit que cinq Nains suffiraient. Nous ignorons précisément pourquoi l'Intendant Beren requiert notre aide, mais nous sommes néanmoins prêts à faire notre possible pour le soulager du lourd fardeau qui semble peser sur lui."

Il se gratta la barbe et demanda à Meril en la regardant longuement :

"Vous savez ce qui inquiète tant un si grand seigneur des Hommes ?"

Meril répondit simplement en baissant le regard, apparemment troublée par la question :

"Je crains de ne pas pouvoir vous répondre en ces lieux, maître Nain, car le problème doit rester secret dans l'intérêt de tous."

Le Nain se renfrogna, visiblement peu satisfait par cette réponse, mais il se contenta de hausser les épaules et s'adressa aux Hommes :

"Vous qui êtes étrangers, quelle est la plus belle chose que vous ayez vue à Minas Tirith ? Cette ville de pierre vous plaît-elle ?"

[Crépuscule]

"N'y voyez aucune offense, je connais l'admirable habilité des vôtres au travail de la pierre, mais pour vous répondre en toute franchise, la plus belle chose que j'ai vu ici est bien la vue que l'on a depuis l'esplanade du palais. Mon coeur ne trouve son bonheur que face à l'immensité qui s'offre à lui et qui lui reste à découvrir, et peu de belvédère offre une vision aussi large que celui-ci."

[Eoin Mac Aoidh]

Déorwine se tortilla sur son siège. Il ne voulait pas offenser ses hôtes ni les Nains, mais il ne voulait pas mentir. Finalement, il coupa la poire en deux.

"C'est très différent de chez moi, en tout cas, moins ouvert mais beaucoup plus impressionnant. Par la taille, par les matériaux utilisés, et leur quantité, par l'architecture... Il semble parfois que les pierres tiennent par quelque miracle architectural ! Je ne saurais dire quel est la chose la plus belle en ces lieux, car la cité en elle-même mériterait ce qualificatif."*

Le Rohirrim n'avait voulu gêner personne, mais il ne pouvait pas dire se plaire ici, pas vraiment, malgré la splendeur de la Cité Blanche.

[darkbaron]

Snorri but une gorgée de bière avant de répondre en regardant sa voisine de table :

"Par les Pères des Nains, les Hommes n'ont-ils donc point appris la galanterie ? Mes amis, apprenez ceci : quand il y a une dame à table, son joli minois est la chose la plus belle que vous puissiez voir en ville ! C'est ainsi que l'on parle aux dames car elles sont les véritables joyaux de nos peuples respectifs."

En entendant cette remarque, la belle dame Meril de Dol Amroth rougit et détourna simplement le regard. Un autre Nain, un guerrier à la barbe brune et libre, visiblement entre les deux âges, et qui se trouvait presque en face de Snorri, lança alors en riant sur un ton particulièrement taquin :

"Oui, écoutez ce bon vieux Snorri ! Sa seule épouse est peut-être sa forge, mais lorsqu'il s'agit de parler aux dames, ce Nain est un poète."

Snorri grogna et but cul-sec sa chope avant de rétorquer :

"On peut consacrer sa vie à l'art de la forge et de la guerre et malgré tout comprendre la valeur des femmes. N'êtes-vous point d'accord ?"